Ma conclusion générale tient en une phrase : les adultes doivent apprendre à accepter l'existence d'une littérature d'excellence dont ils et elles ne sont pas les destinataires privilégiés
Dans ta chambre, je vois…
Dans ta chambre, je vois
quelques cartes postales accrochées près de ton lit,
une photo de Papi sur laquelle le soleil tombe,
un fauteuil pour faire tes siestes,
et sur la commode, près de la baie vitrée, tes lunettes.
À côté, accroché au mur,
un calendrier.
Avec des photos de nous – mon frère, mes cousines et moi –,
de mes parents,
de toi avec tous tes petits-enfants –
celle-ci remonte à plusieurs années déjà –
et des cases blanches à remplir.
Je m’assois pour le feuilleter :
mai (c’est la bonne page, sans doute une infirmière en change
tous les mois), rien ;
avril, rien ; mars, rien…
À mesure que je les tourne,
je me revois faire le même geste
il y a trois ans au moins,
quand tu vivais encore seule,
dans une maison avec des balançoires au fond du jardin,
des miettes de pain sur la table parce qu’on y a mangé le midi
et encore aucun moineau.
La littérature ado pourrait donc avoir, par la fiction, ce rôle d'exploration du désir, des fantasmes... Or « combien de livres pour la jeunesse français pouvez-vous citer spontanément dans lesquels un acte sexuel est évoqué explicitement ? », questionne la blogueuse Mabu. On vous aide : très peu !
La littérature ado fait « miroir », en premier lieu car une majeure partie de ses romans a pour motif la quête initiatique - que les romans soient intimistes (« miroir », donc) ou relèvent de l'imaginaire.
C'est ça, pour moi, la littérature ado : la confrontation entre un personnage très jeune et des événements très durs, avec une part de merveilleux et quelque chose de fondamentalement lumineux.
(Paroles de Christelle Dabos, p. 83)
"Quand j’arrive chez toi à onze heures
dans ta maison de retraite,
tu es déjà à table.
Bonjour, Monsieur,
tu me dis en souriant.
Tes cheveux blancs bien coiffés font comme une auréole.
Bonjour, Mamie,
je réponds en baissant mon masque,
c’est Benjamin !
Thierry, petit farceur !
tu m’as dit la dernière fois, en riant."
La littérature transforme l'expérience humaine et nous la reflète. C'est dans ce reflet que l'on comprend nos propres vies et expériences comme faisant partie d'une expérience humaine plus large. Lire, alors, devient une affirmation de soi.
Entre 2018 et 2019, une première liste d'environ 400 romans-candidats a été échafaudée par un ensemble de blogueur-euses, écrivain-es et libraires bénévoles choisi-es pour leur connaissance de l'édition jeunesse (45 personnes).