Tonie Behar

——— Mais les vaches ne sont pas des voitures, Monsieur , elles ont besoin de sortir . Quand j’étais petite , ma grand - mère me disait toujours que pour avoir du bon lait , il faut que la vache soit heureuse d’aller au pré .
Comment voulez- vous que ces vaches soient heureuses si elles ne peuvent pas aller brouter et ruminer dehors ?
Et les veaux ?
——- Que font - ils des veaux?
——— Ben quoi les veaux ?
———- Les veaux mâles sont les déchets de l’industrie laitière , ils vont à l’abattoir , voyons ! 
Des déchets ? » ……

- Au moins dans tout ça, aurais-je découvert mon point G . C'est le G de shopping !

On a beau se fabriquer une existence réglée comme du papier à musique, la vie se met parfois à jouer sa propre partition.

«  L’enfer n’existe pas pour les animaux, ils y sont déjà » .

VICTOR HUGO .

L'album Space Odity de David Bowie tournant sur la platine la faisait agréablement planer.

«  L’absence diminue les médiocres passions
et augmente les grandes,
Comme le vent éteint les bougies et allume le feu » …

FRANÇOIS de LA ROCHEFOUCAULD .

Ce jour maudit, Kevin, son ami, son poto, son frère, était mort d'une balle en plein coeur, tué par un gamin qui avait grandi comme lui dans les quartiers Nord, qui avait sans doute eu le même parcours scolaire, s'était baigné dans les mêmes calanques, soutenait la même équipe de foot et s'était engagé dans le même trafic sanglant en imaginant s'en sortir.

Kate Moss n'avait qu'à bien se tenir, Dalhia Arditi était dans la place !

Tu sembles surpris que je ne sois pas mariée. Tu crois qu'après la désillusion que tu m'as causée, j'allais volontairement mettre ma vie entre les mains d'un des vôtres? Père, mari, amant ou patron, vous avez tous les pouvoirs. La leçon est apprise : je resterai fille.

Le monde a changé. Aujourd'hui, il faut produire ou mourir. Comment pensez-vous que nous soyons passés d'une production de 100 000 litres de lait par jour en 1960 à 1 500 000 litres en 1966, ainsi qu'il est indiqué dans ce rapport ?

L'amour libre, c'est le premier truc que les hommes ont retenu du combat féministe... parce que ça les arrangeait. Son application a été immédiate et enthousiaste. Bien sûr, le droit de coucher sans se marier, la contraception, l'avortement... tout cela est absolument nécessaire. Mais pour les hommes, c'était bon, plus rien n'avait besoin de changer. Nos autres revendications comme l'égalité des salaires, l'accès aux postes de pouvoir, le partage des tâches domestiques, le congé parental... ont toujours du mal à être entendues. Sans parler des actes de violence qui continuent... Les mentalités n'ont pas changé en profondeur. On est resté en plein patriarcat.

Parce que c'est là que tout a commencé pour moi, sur les grands boulevards.

𝑪’𝒆𝒔𝒕 𝒇𝒐𝒖 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒋𝒆 𝒎𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔 𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊𝒆 𝒎𝒊𝒆𝒖𝒙 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒎𝒂 𝒗𝒊𝒆 𝒂𝒑𝒓𝒆̀𝒔 𝒂𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒅𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓𝒕 𝒍𝒂 𝒗𝒆́𝒓𝒊𝒕𝒆́. 𝑰𝒍𝒔 𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒎𝒆̂𝒎𝒆 𝒅𝒖̂ 𝒎𝒆 𝒍𝒆 𝒅𝒊𝒓𝒆 𝒃𝒊𝒆𝒏 𝒂𝒗𝒂𝒏𝒕 !

C'est pas tes redingotes que j'aime, c'est ce qu'y a dedans.

Les mentalités n’ont pas changé en profondeur. On est resté en plein patriarcat.

Je sais bien que pour ton monde, je ne serai jamais une honnête femme, mais une ouvrière enrichie par la grâce de ses charmes, comme toutes les autres filles du quartier [...] tout un peuple de femmes qui n'a pas droit à votre respect, même si vous partagez avec nous les moments les plus joyeux de vos vies. [...]
On dirait que les hommes de ton milieu ne conçoivent pas de rire, aimer et manger avec leurs épouses, comme si ces activités étaient trop dégradantes pour leur condition.

En curieux de la nature humaine, il trouvait les femmes des années 1980 épatantes et émouvantes, flirtant en permanence entre espoir et désillusion, se battant comme des tigresses pour faire carrière et trouvant peu de relais auprès des hommes pour les soutenir. Elles s'en accommodaient, portant sur leurs larges épaules rembourrées leurs ambitions professionnelles et familiales, leurs envies de promotions et celles de biberons, leurs rêves d'un appartement bien décoré avec celui d'un chèque pour payer le loyer. Elles cherchaient toutes l'homme idéal, un macho au coeur tendre qui leur ferait bien l'amour et peut-être un ou deux gosses après qu'elles l'auraient relooké de la tête aux pieds.

Betsy entra dans sa chambre sans frapper et Max sursauta. Décidément, il n'arrivait pas à se faire à ces manières tellement libérées qu'elles empiétaient sur la liberté d'avoir la paix.

Il nourrissait pour elle un amour ardent dont il ne parlait jamais. Elle était son jardin secret, son refuge, son rocher. Le monde extérieur pouvait bien se montrer hostile, les obstacles pouvaient bien se dresser sur son chemin, Max ne se sentait jamais en danger car l'amour de sa mère était le plus puissant des boucliers. Avec elle, rien ne pouvait l'atteindre.

Vêtue de son pantalon et de son blouson, personne ne la dévisageait, ne commentait sa tenue, ses jambes ou ses yeux, personne ne l'abordait dans la rue, personne ne la complimentait, ne la sifflait, personne ne l'appelait "ma petite fille". Les conducteurs de bus et les commerçants lui parlaient naturellement, sans user de leur habituel ton protecteur ou condescendant. C'était reposant et assez grisant.