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Critiques de Tristan Garcia (252)
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7

Le titre de ce livre est-il « 7 » ou « 7 romans » ?Car c’est bien sept romans qui n’en font plus qu’un qui nous attend. 7 ce chiffre mystique et mythique: les 7 jours de la semaine, les 7 plaies d’Egypte, les 7 merveilles du monde, les 7 femmes de Barbe-Bleue, les 7 péchés capitaux…les bottes de 7 lieues du petit Poucet qui était d’une fratrie de 7… depuis l’enfance le chiffre 7 nous tient en éveil.



Le héros de « 7 romans » aura sept vies comme les chats et chaque vie posera une question philosophique ou métaphysique car Tristan Garcia avec l’audace de sa jeunesse et son savoir universitaire ne tente rien de moins que d’expliquer la condition humaine. Jusqu’où l’homme peut-il aller pour donner un sens à sa vie ?



Sept histoires, sept contes pour étancher notre soif de connaissance et pour nous rassurer, nous simple mortel. Une vie sans fin avec l’impression de lire sa vie dans une boule de cristal, (tiens ! qui étaient au nombre de sept chez Hergé) voilà ce qui attend l’immortel de Tristan Garcia, et pour le lecteur, un sacré voyage philosophique et littéraire.



Oui je l’avoue je ne suis pas venu à bout des 589 romans et essais de la rentrée, mais je sais, après avoir dévoré « 7 romans » de Tristan Garcia, que je viens de lire certainement un des romans le plus étonnant, le plus ambitieux, le plus jouissif et le plus ébouriffant de l’année.



Vertigineuse mise en abime, ce récit gigogne a la force des grands romans fantastiques et philosophiques du XIXe et XXe siècle : l’ombre de H.G Wells, Oscar Wilde… Ray Bradbury, Isaac Asimov….plane sur « 7 romans » Surtout que les 570 pages ne vous effraient pas, on ne les sent pas passer.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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7

7 est un ouvrage" inclassable" qui dévoile sept nouvelles. Au cœur de la première, l'auteur invente la drogue à remonter le temps. Dans une autre, nous plongeons dans le monde du rock :une ex- star découvre que le morceau le plus important de sa carrière avait été enregistré sur un rouleau de bois daté de 1813 ....

Une troisième aventure : "Sanguine" dans l'univers de la mode, la plus belle femme de l'univers ne pense qu'à la defiguration....

Extraterrestes, philosophes, héros immortels, idéologies, vies antérieures, croyances, technologie.....le livre de Tristan Garcia nous immerge dans les mondes parallèles,nous transfére dans le passé, au cœur d'échanges d'identité, de prophéties à l'allure de contes de fées plus ou moins morbides..... Irrationnel, méditation sur le temps, réflexion à propos de la condition humaine , répétitions, interrogations sur l'importance de la religion, autant de questions que posent ces sept fictions dont la critique n'est pas aisée......

Je précise que je ne connais pas cet auteur !
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7

L'éternité, c'est long, surtout vers la fin. C'est de qui déjà ? Woody Allen ? Peu importe, c'est le sentiment que l'on a en refermant le livre monstre de Tristan Garcia, 7, qualifié par l'auteur de romans (mais oui) et qui s'impose comme l'ouvrage le plus surprenant de la rentrée littéraire au côté de La septième fonction du langage (hum, encore ce chiffre 7), dans un genre très différent, cela va sans dire.Tristan Garcia n'obtiendra pas de prix littéraire, sans doute, mais son (ses) roman(s) pourrai(en)t bien devenir culte. Pour certains lecteurs, en tous cas, qui se seraient laissés entraîner, volens nolens, dans les multiples strates de 7, objet difficilement identifiable mais oh combien jubilatoire pour les esprits non cartésiens, à part vers la fin, c'est vrai mais personne n'est parfait et il est bien connu que terminer est plus difficile que commencer. 7 commence par 6 récits indépendants de 40 à 60 pages, tous baignés par un halo de fantastique. Il n'est pas besoin de savoir où l'auteur souhaite nous entraîner. Se laisser porter par ces histoires à l'absurde logique suffit à notre bonheur. Et puis vient le septième segment qui a lui la longueur d'un roman "normal" : 255 pages, divisé en 7 chapitres, évidemment, lesquels se rapportent aux 7 vies d'un immortel. Stupeur et tremblements : nous voici dans un remake de Replay, la merveille de livre signée Ken Grimwood (si ce n'est déjà fait, lisez-le !). Sauf que non, c'est autre chose, une variation sur le même thème, ou comment renaître et tenter de changer les choses avec cette impression, et pour cause, de déjà vu. Bien entendu, ce sont nos choix de vie que Tristan Garcia interroge. Et puis changer le monde tant qu'on y est puisque l'humain est un être naïf et plein d'espérance. Tristan Garcia joue avec tout cela, malicieusement et cruellement, parce qu'au fond c'est le rêve de tout un chacun : vivre des vies multiples. Il y a des liens, dans cette dernière partie, avec les 6 histoires précédentes, mais ils sont ténus et laissés en grande partie à l'imagination du lecteur. De cette exploration de la condition humaine, entre bonheur et malheur, révolution et résignation, amour et haine, l'auteur tire des conclusions fatalement pessimistes. L'homme est un animal triste, n'est-il pas ?; et qui plus est tout à fait conscient de l'être. Donnez-lui l'éternité et vous verrez bien ce qu'il en fera. Des confettis de petites joies dans un océan de mal être. Par sa construction, son caractère philosophique et son style sans fioritures, 7 s'impose comme le roman des possibles, impossible à décrire fidèlement. A lire absolument pour les esprits curieux et qui croient à l'éternité, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. Quitte à trouver qu'elle est vraiment, mais vraiment, interminable.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Histoire de la souffrance, tome 1 : Âmes

Une montagne de 700 pages ! Mais quelle montagne ! Si belle et si exigeante qu’il faut souvent s’arrêter, multiplier les camps de base, prendre le temps de réfléchir à ce que l’on a lu, laisser les pensées les plus tenaces nous réveiller au petit matin. Une montagne si dense, si puissante qu’il faudrait la gravir par les quatre faces pour en révéler tous les secrets. Un roman qui en contient six ou sept, qui se relit encore et encore, pour en apprécier toute la richesse. C’est avec de tels livres que la NRF se distingue (cette capacité à dénicher et à dompter les monstres) et que la littérature reprend ses lettres de noblesse (confère ma critique précédente). Dur de résumer un tel ouvrage en quelques lignes. Essayons quand même. Tristan Garcia raconte l’histoire des hommes au prisme de leurs souffrances. Une entreprise ambitieuse qu’il mène brillamment à son terme en réinterprétant des légendes, en inventant des contes, en renouant avec la tradition des épopées. Lire « Âmes », c’est retrouver le souffle, la jubilation, le lyrisme et parfois la truculence de JH Rosy Ainé (La guerre du feu), Michel Tournier (Le roi des Aulnes), Günter Grass (Le tambour), Voltaire (Candide) ou Rudyard Kipling (L’homme qui voulut être roi). Chaque volet de cette fresque romanesque est une somptueuse découverte. J’ai aimé l’inéluctable fin du ver écorché vif, l’impitoyable instinct des hommes de Néandertal, les doutes et les tourments du maître romain, le supplice des larrons de Jésus, la quête absurde de l’aveugle régicide, le combat féroce et feutré des dignitaires chinois rivaux et amnésiques, l’odyssée tragique de la princesse et des lépreux à sa suite, les aventures à la « Mulan » de la vierge japonaise. À chaque histoire ses personnages inoubliables, ses scènes proches du fantastique qu’on imagine sur un écran de cinéma panoramique. Attention, c’est un livre difficile, qui ne se lit pas debout sur le quai du métro. Il demande de la concentration, du recueillement, de la patience. J’y ai laissé quelques nuits blanches. Mais quelle récompense ! Merci à Tristan Garcia et à Gallimard pour avoir eu l’audace d’ériger un tel monument.
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Faber : Le destructeur

Faber, Basile, Madeleine : trois enfants nés dans les années 80, un trio inséparable depuis la cour de récréation de l’école primaire de Mornay, trois gamins unis à la vie à la mort qui se rêvaient un avenir brillant, qui ne voulaient pas d’une vie de français moyens, dans une ville moyenne d’un pays moyen. Emportés par la fougue de Faber, le génial, le flamboyant, le surdoué, le meneur d’hommes, les trois amis grandissent, s’impliquent dans les grèves lycéennes, se cherchent et cherchent un combat à mener. Mais les années 2000 sont peu propices à la lutte et la vie les rattrape. Faber se radicalise, quitte la ville; Madeleine et Basile rentrent dans le rang.

Quand bien des années plus tard, Faber revient à Mornay, il n’est plus que l’ombre de lui-même, Madeleine s’ennuie dans son couple et dans son travail, Basile est professeur dans leur ancien lycée. Leurs rêves se sont perdus en route mais il reste des comptes à régler…





Un livre qui aurait pu être fabuleux mais laisse une impression de gâchis. A la juste description d’une ville, certes fictive mais comme il en existe tant en France (centre historique, quartiers aisés, cités périphériques, etc.) s’ajoutent une histoire d’amitié forte, la personnalité charismatique de Faber, héros tout-puissant, deux fois orphelins, se trimbalant une aura sullfureuse. Mais ce qui se voulait le roman d’une génération, perdue de vivre dans un pays libre et démocrate, tourne très vite en eau de boudin. Faber est finalement un héros sans envergure qui peine à trouver une cause pour laquelle se battre et ses exploits sont peu glorieux. Ses deux comparses passent de timorés à frustrés et n’ont que très peu d’intérêt. Mais le pire du roman, c’est sa fin. Si jusqu’alors le roman se lisait sans passion mais sans ennui, la fin bat des records de complaisance. Tristan GARCIA y met en scène un personnage qui porte le même prénom que lui, ce n’est sans doute pas un hasard mais alors qu’est-ce? Une lubie narcissique et nombriliste ? Quoi qu’il en soit, le procédé enlève toute crédibilité à un récit qui en manquait déjà cruellement…

Faber, destructeur peut-être, mais qui ne casse pas trois pattes à un canard.

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Faber : Le destructeur

Palinodie et complaisance pour tenter d'insuffler vie à un génie du mal nain de jardin.



Publié en août 2013 et complaisamment acclamé par une part non négligeable de la presse "littéraire", le cinquième roman de Tristan Garcia (le premier que je lisais) m'avait attiré sur la foi d'une quatrième de couverture habilement rédigée et d'un "pitch" bien relayé en amont, autour de la question de l'intelligence, de l'engagement et du désarroi d'adolescents de la "classe moyenne" dans la France contemporaine.



Hélas, trois fois hélas, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi vide, aussi frelaté, et aussi insultant vis-à-vis d'un minimum d'intelligence, de sensibilité et de culture de la part de ses lecteurs "potentiels".



Le héros, Faber, orphelin d'origine maghrébine, vivant dans une petite ville de province, est censé incarner, auprès de celui et celle qui deviennent très vite ses meilleurs amis d'enfance, une sorte d'intelligence suprême qui va se dévoyer et les entraîner dans sa chute...



En fait d'intelligence suprême, l'auteur nous montre essentiellement un garçon fin, observateur des rapports sociaux de cours de récréation (thème qui n'a jamais été montré, avec talent et authenticité, ni en littérature, ni en bande dessinée : Vargas Llosa, Musil, Golding, Card, Gide, Bioy Casares, Sempé, Cauvin ou encore Zep en conviendront aisément), qui devient un lycéen lecteur précoce de livres "politiques", fréquentant des étudiants plus âgés que lui (chose rarissime et exceptionnelle, comme chacun sait), tout en devenant un véritable "génie du mal" (dont le symbole sera longtemps d'avoir remplacé le lithium d'un professeur bipolaire par un placebo - oui, monsieur !) et en atteignant bientôt le point culminant de sa carrière : l'occupation de son lycée, pendant les grandes grèves de 1995, avec l'aide d'élèves du "technique" et de "gars de la cité". Iconoclaste en diable, ce garçon, on vous l'avait bien dit...



L'histoire est donc d'une rare banalité, et absolument pas à la hauteur de l'ambition affichée. Pire encore, la narration est noyée dans une perpétuelle afféterie de détails censés "matérialiser" le texte, mais qui prennent très vite l'allure (et ne la quittent plus) de laborieuses énumérations de mobilier d'intérieur, de noms de rues, d'enseignes de boutiques, pour un "effet de réel" du pauvre, qui, très loin de Brett Easton Ellis ou de Houellebecq, ressemble surtout à un pitoyable remplissage.



Le contraste entre les ronflements des absolus affichés ("destructeur", "génie du mal", "entraînant les autres dans sa chute", "méritant la mort") et la réalité décrite pourrait (on l'espère un moment) constituer une sorte de gigantesque "second degré" (l'aspect outré des 30 premières pages, les seules du livre à proposer quelque chose d'intéressant, était en ce sens prometteur, avant de s'effondrer, très vite, comme un soufflé assez lamentable). Les dernières pages et leur sentencieuse "leçon" dissiperont toutefois définitivement ce (très) mince espoir.



Tristan Garcia a donc réussi la prouesse de créer un personnage mythique : le "génie du mal de jardin", qui est (pour ne prendre qu'un exemple parmi les myriades possibles) au "Démon" de Selby ce que le véritable nain de jardin est à la mythologie scandinave et aux contes de Grimm et d'Andersen.



J'avoue pour finir ne (réellement) pas parvenir à comprendre comment un texte aussi vide, aussi frelaté, dont les effets sont si basiques et si honteusement pompés partout, le talent en moins, parvient à retenir une attention positive de la part d'une partie non négligeable de la critique littéraire "officielle". Mystères de l'édition et du médiatique contemporains...



Je suis rarement aussi dur avec un livre. J'ai aussi rarement eu autant le sentiment d'avoir été "trompé" sur un contenu.

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7

Ce roman contient 7 histoires n’ayant aucun lien entre elles.



J’ai lu les 3 premières, tentée la 3ème, mais me suis arrêtée au milieu. Je n’ai pas du tout été emballée par l’écriture de Tristan GARCIA, ni par ses histoires. Ca, on sait que l’auteur est très cultivé et a des connaissances. Il le fait bien comprendre dès le départ. C’est lassant.



Je suis toujours un peu dépitée et je culpabilise lorsque je n’aime pas un auteur. Je me dis que je ne comprends rien. Alors, pour ne pas être en reste, je l’ai prêté à une de mes amies, oh combien plus cultivée que moi. Et elle a ressenti exactement la même chose que moi. Comme quoi… Il ne suffit pas d’être érudit, mais encore faut-il emmener le lecteur dans son imaginaire. Ce que Tristan GARCIA n’arrive pas à faire.



Il ferait bien de se référer à Pierre RAUFAST, « la variante chilienne ». Lui, c’est un vrai conteur…

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Les machines fantômes

Dans un futur proche, divers personnages voient leur existence bouleversée par les Intelligences Artificielles (IA). Adrien, le trader qui contourne les lois. Aurore, la chanteuse sulfureuse qui mène une double vie. Kader, ex-soldat d’élite traumatisé. Lou, joueuse en ligne douée et un peu tricheuse. Ils seront confrontés à Joachim, jeune homme asocial, talentueux et maître de la manipulation.



Ce roman d’anticipation explorant le thème des IA bascule dans un thriller dont l’évolution est surprenante. Le traitement des IA est à la fois subtil et onirique, l’auteur utilisant des métaphores pour leur donner vie. C’est très plaisant à lire ! De façon générale, la plume est plus littéraire que bien des romans d’anticipation, le texte est riche et agréable.



Le récit sait rendre réalistes des scènes du quotidien qui alternent avec des moments d’action. L’auteur attendant désespérément des visiteurs lors d’un salon du livre d’une bourgade de province m’a beaucoup fait sourire, on dirait du vécu ! Je n’oublie pas non plus la peinture des lieux qui est très réussie, notamment la vision glaciale de la Défense, quartier que j’évite quand je le peux. Dans la même veine, j’ai apprécié les personnages qui sont approfondis et recèlent des surprises. En filigrane émerge le thème des apparences et du contrôle de son destin.



Les principaux acteurs sont évoqués sans jamais être décrits frontalement : les IA. Peu à peu, le lecteur apprend à les connaître et devine un monde étrange qui se cache et qui est partout, autour de nous. Sans jamais tomber dans la hard SF, ils prennent vie et montrent une complexité inattendue.



Si vous avez envie d’un roman sur les IA bien écrit et rythmé, n’hésitez pas à découvrir celui-ci.
Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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7



Ce roman est magistral.

Sa construction est renversante. 7 histoires, 7 nouvelles qui forment un tout, qui se font écho sans jamais se citer. Un thème central, celui de l’universalité temporelle.

Qu’il est difficile d’en parler sans le dévoiler. La quatrième de couverture est très bien rédigée. Sur le fond je n’en dirai pas davantage afin de vous préserver le vertige de la lecture. Sachez que ce roman qui flirte avec le fantastique est, à mon avis, inclassable.

On ressent un travail colossal : recherches approfondies, cohérence progressive, mise en scène.

Comme dans un puzzle, le tableau général se construit, n’ayant aucun sens au départ pour mieux prendre forme petit à petit. Alors quand arrive la dernière pièce, on bascule dans la jouissance intellectuelle.

La démonstration est sans appel. Elle est proche des préoccupations de notre époque, de nos propres réflexions existentielles.

Parce qu’il est question d’immortalité, j’ai pensé à Replay de Ken Greenwood. Il s’agit d’explorer les conséquences de différents choix de vie mais ici ils sont toujours issus d’une certaine forme de religion, pas au sens propre, davantage en référence aux idoles modernes que nous nous créons car, quoi que nous fassions, nous avons besoin de croire en quelque chose.

Ce jeune auteur, publié chez Gallimard, nous emmène dans la grande littérature contemporaine. Et pourtant son style n’est pas ampoulé, son vocabulaire est simple mais chaque mot est choisi avec discernement pour saisir le lecteur, faire sens sans artifice.

Je suis éblouie.

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Les machines fantômes

En ce temps pas si lointain, les compagnies bancaires ont supprimé le trading à haute fréquence qui permettait, en gagnant des millisecondes d’empocher des millions de dollars. Dorénavant, c’est le retour à l’humain. Enfin, est-ce bien sûr ? Car, dans les placards des machines, dans les puces des multiples systèmes qui nous entourent, certaines intelligences continuent à vivre et à nous observer.



Depuis des dizaines d’années, le thème de l’I.A. maléfique a surgi dans l’imaginaire et fleurit dans les œuvres de SFFF. Y compris des textes ou des films plus grand public. Tous les artistes qui se sont emparé de ce sujet n’ont pas nécessairement fait preuve de finesse et, dans de nombreux cas, ont sorti la grosse artillerie, version grosse Bertha. Ne serait-ce que pour cela, j’ai beaucoup aimé Les Machines fantômes. Car Olivier Paquet s’y montre d’une bien plus grande subtilité, d’une plus grande finesse. Il aborde le thème de la place des machines « intelligentes », mais du côté humain. Les I.A. sont là, mais on les voit peut. De toute façon, difficile de les représenter. Mais dans ce roman, elles n’apparaissent que dans leurs interactions les unes avec les autres, ou avec les humains. Le sujet de ce texte est vraiment, à mon sens, la possible cohabitation de ces deux groupes : les machines et les humains. Pourra-t-on vivre ensemble ou les unes se sentiront-elles légitimes à guider les autres ? Et si oui, de quelle manière : brutale ou éclairée ?



Mais ces interrogations passent par des êtres faits de chair et de sang, avec leur failles et leurs doutes : « Les adultes détenaient un monopole immense : celui de donner du pouvoir à leurs histoires. Un enfant n’en a aucun. »On commence avec un trader, mis un peu sur la touche dans son entreprise, mais qui garde une réputation sulfureuse de modeste magicien. Or, cet homme aime séduire. Et il tente d’utiliser une découverte exceptionnelle qu’il a faite pour mettre dans son lit un jeune cadre nouvellement engagé. Erreur fatale ! Il vient de donner à un ennemi possible des sociétés telles que nous les connaissons une arme potentiellement létale.



Des mois plus tard, plusieurs personnes vont se trouver embarquées dans des situations étranges, hors de leur existence normale. Et elles vont devoir faire des choix qui auront des conséquences pour eux comme pour le reste des humains. Aurore, chanteuse en perte de vitesse, voit sa rivale prendre sa place en quelque sorte. Sa musique, son personnage, ses attitudes sont jugés trop agressives face à la nouvelle égérie des foules, plus lisse, plus consensuelle. De son côté, Kader, tireur d’élite dans l’armée, était chargé d’abattre des ennemis d’état (ou en tout cas annoncés comme tels par ses supérieurs). Mais une mission l’a conduit à tuer un enfant. Il est depuis mis sur la touche, obligé de consulter un psychiatre et ronge son frein. Enfin, Lou, jeune femme qui, en plus de sa vie classique, mène des parties régulières de jeu en ligne avec son équipe. Tous les quatre se trouvent, malgré eux, opposés à l’ancien collègue d’Adrien, le trader en fuite depuis sa chute retentissante : il est le nouveau Kerviel dans les médias. Tous les quatre vivent devant nous, pleinement. Et tentent de comprendre ce qu’il se passe et pourquoi ils ont été contactés, d’une façon ou d’une autre.



Comme dans Composite (publié récemment, bien après Les Machines fantômes), les I.A. sont derrière certaines décisions stratégiques et semblent vouloir se mêler des destinées humaines. Puisqu’elles sont capables de choisir selon des critères objectifs, pourquoi ne pas diriger en quelque sorte ces créatures inférieures ? J’emploie ces termes mais jamais Olivier Paquet ne se permet cette facilité, ce mépris. Les machines dont il est question n’émettent aucun jugement de valeur. Et c’est d’ailleurs un problème. Elles considèrent les situations et font des projections afin de calculer la meilleur solution parmi plusieurs imaginées. Mais des critères qui nous paraissent essentiels ne le sont pas pour elles au premier abord. Sont-elles capables d’apprendre et, donc, de ne pas asservir l’humanité ? Telle est la question. Dans mes dernières lectures, je me suis aperçu que cette question, cette thématique revenait souvent : dans I.A. 2042 – Dix scénarios pour notre futur, KAI-FU Lee et CHEN Qiufan imaginent des avenirs très réalistes (et parfois très effrayants) dans lesquels les I.A. prennent une importance capitale dans nos sociétés ; dans Alfie de Christopher Bouix et Le Système de la Tortue de Pierre Raufast, les I.A. apprennent à comprendre, parfois avec balourdise, les comportements humains afin d’aider, mais parfois sans tenir compte de l’essentiel ; dans Resilient Thinking, de Raphaël Granier de Cassagnac, ces mêmes I.A. sont prêtes à tuer une part non négligeable de l’humanité pour arriver à ce qu’elles considèrent comme le meilleur but. Et je pourrais continuer, car la liste est longue. Certains textes sont un peu manichéens, ce n’est absolument pas le cas de ce roman, Les Machines fantômes.



Je découvre l’œuvre d’Oliver Paquet à rebours, ayant commencé par une de ses dernières parutions (si j’excepte le recueil de nouvelles Faux-semblance). Pour l’instant, j’aime. J’aime ce regard porté sur l’actualité, suffisamment distancié pour permettre des réflexions fortes et pressantes. J’aime cette capacité de créer des personnages dont je me sens tout de suite proche, dont j’ai tout de suite envie de connaître la vie, les tergiversations. J’aime enfin ce style au service de l’histoire. Pas transparent et fade, mais pas pour autant trop présent ni étouffant. J’ai aimé lire Les Machines fantômes, un ouvrage passionnant et fort utile en cette période pré-I.A.
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Les machines fantômes

Nos machines vont-elles un jour nous détrôner ? Voilà une question qui trotte dans la tête de l’humanité depuis un moment déjà, et le sujet a été abondement abordé en science-fiction ces dernières années. Olivier Paquet apporte lui aussi sa pierre à l’édifice avec son dernier roman, « Les machines fantômes », qui traite la question de manière originale. L’auteur met en scène plusieurs personnages qui se voient consacrer, dans un premier temps, un chapitre chacun, avant d’être finalement réunis par les événements. Leurs profils sont très variés : le premier est un trader qui manipule avec plaisir des sommes d’argents colossales, la seconde une chanteuse populaire qui rêve d’anonymat, le suivant un sniper exclu de l’armée suite à un traumatisme dont il n’a aucun souvenir, et la dernière une informaticienne fan de jeux vidéo qui tente d’assister sa meilleure amie dans sa recherche de l’âme sœur. En dépit de leurs différences, tous ont en commun de vivre à Paris et d’avoir été un jour la cible d’un jeune homme manipulateur qui nourrit le rêve d’une société dans laquelle les IA seraient aux commandes. Pas pour nous dominer ou nous asservir, non, mais pour notre propre bien, et de manière tellement subtile qu’on le remarquerait à peine. Chacun de ces personnages va ainsi se retrouver malgré lui entraîné dans une aventure périlleuse dont aucun de parvient à véritablement cerner tous les enjeux tant celui qui tire les ficelles brouille les pistes. Et puis il y a cet agent secret qui tourne lui aussi autour de nos protagonistes et dont le rôle n’est pas bien clair : allié ? ou ennemi plus dangereux encore ? Le roman reprend les principaux codes du thriller (des mystères qui s’accumulent, du suspens, des filatures, de l’action…) et cela fonctionne à merveille. L’intrigue est menée tambour battant et, si on peut regretter une petite baisse de rythme dans la seconde partie du récit, l’ensemble reste malgré tout de bonne facture.



Le plus gros point fort du roman réside dans ses personnages. Qu’ils soient sur le devant de la scène ou simplement de passage, tous ont en commun de susciter sans mal l’empathie du lecteur tant l’auteur parvient efficacement à rendre compte de leurs tourments intérieurs. Si les quatre protagonistes sont évidemment les plus détaillés, et donc les plus marquants, toute la galerie de personnages mobilisée par Olivier Paquet est convaincante. J’ai pour ma part beaucoup apprécié les chapitres intermédiaires baptisés « Modélisation » qui proposent de courts interludes mettant en application une intervention directe et silencieuse des IA dans nos vies. Pour ce faire, l’auteur s’amuse à imaginer plusieurs versions de la vie d’un personnage lambda en changeant quelques paramètres grâce à l’intervention d’une IA (et si tel message était consulté à tel moment ? Et si tel numéro disparaissait soudain d’un portable ? Et si le GPS proposait un itinéraire différent ?…) Relativement courts, ces chapitres n’en fourmillent pas moins d’idées et ont l’intérêt de mettre en lumière des thématiques et des profils de personnages que l’on rencontre trop peu en SF (ou ailleurs) : la réinsertion professionnelle après un passage en prison, la délocalisation et ses ravages dans la population française, l’engagement syndical, la solitude des personnes âgées, l’esclavage moderne… Chaque personnage a son propre ton, sa propre vision du monde, et c’est cette diversité des points de vue qui donne une grande partie de son charme au roman qui alterne ainsi entre moments solennels ou dramatiques, et scènes plus amusantes dans lesquelles l’auteur donne libre cours à sa causticité (le passage sur la solitude des auteurs en salon est particulièrement amusante).



Outre les personnages, on peut également saluer l’habilité dont l’auteur a fait preuve en construisant son intrigue qui parvient très souvent à surprendre le lecteur (révélations inattendues, personnages qui se croisent sans le savoir...). Les thématiques traitées sont, elles aussi, intéressantes, et particulièrement révélatrices des problématiques de notre temps : surveillance de masse, protection des données personnelles, évolution de la notion de vie privée, solitude engendrée par la prolifération des relations virtuelles… On sent bien la critique sous-jacente, mais l’auteur a l’intelligence de ne pas diaboliser toutes les pratiques qui tournent autour du numérique. Ainsi, l’une de ses héroïnes trouve son épanouissement dans un jeu vidéo en réseau qui lui permet de se sentir intégrée dans une communauté. De même, l’auteur ne se prive pas de réutiliser dans son récit les codes des réseaux sociaux en reproduisant par exemple une conversation entre joueurs ou une succession de commentaires répondant au tweet d’une personnalité (l’occasion de rendre efficacement compte des différents types de profils que l’on peut rencontrer sur le net et de la « décomplexion » que provoque le fait de parler à travers un écran). Pour toutes ces raisons le roman se lit vite, voire très vite, même si la seconde partie est à mon sens un peu moins palpitante que la première (exemples de « modélisation » mis à part). Petit bémol également en ce qui concerne les « méchants » de l’histoire que j’ai trouvé assez caricaturaux et trop peu développés. Joachim bénéficie certes d’un chapitre assez long sur son enfance (et je l’ai trouvé passionnant) mais celui-ci arrive malheureusement un peu tard dans l’histoire et s’achève de manière trop abrupte.



Olivier Paquet questionne dans son dernier roman la place des IA dans notre société et s’interroge sur le degré de latitude que l’humanité serait prête à leur donner sur nos vies. Construit comme un thriller, le récit se lit avec plaisir et séduit à la fois par la qualité de ses personnages, tous plus vulnérables et plus paumés les uns que les autres, ainsi que par la multitude et l’originalité des thématiques qu’il met en avant. A découvrir.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Les machines fantômes

Les machines fantômes est un récit de science-fiction mettant en scène cinq individus confrontés à une guerre silencieuse entre intelligences artificielles dans un futur très proche.



J'ai bien aimé le traitement que l'auteur a choisi pour ce thème. Le fait que des intelligences artificielles décident de se faire la guerre car elles ne sont pas d'accord entre elles sur la question de leur ingérence dans le quotidien de l'humanité est assez original. En revanche, je regrette que l'auteur ait laissé cette guerre se dérouler entre les lignes et non pas de façon visible. On ne saura jamais les motivations qui conduisent les IA à s'affronter.

Quelques pistes sont toutefois données lors des modélisations effectuées par les machines invisibles où elles comparent plusieurs destins d'humains selon qu'elles interviennent ou pas dans des événements mineurs par le truchement de petites modifications (un SMS opportun, une donnée GPS modifiée, etc.) qui apportent de grands impacts sur la vie des citoyens.



Côté humain, ce fut une réelle déception. J'ai trouvé les personnages peu crédibles dans leur relation. L'idée de mélanger des personnalités aussi différentes : 1 trader, 1 chanteuse, 1 ancien tireur d'élite et 1 joueuse de jeu vidéo, est intéressante mais je n'ai pas réussi à accrocher. Leur interaction me semblait vide et aseptisée. J'avais l'impression qu'ils étaient eux-mêmes des machines. Ce ressenti m'a donné des impressions de longueurs dans le récit.



En revanche le style de l'auteur m'a beaucoup plu. Une écriture fluide et des explications simples sur la technologie ont permis de maintenir mon intérêt pour le récit. Autant je regrette les interactions entre les personnages principaux autant l'auteur a su créer des personnages secondaires ou épisodiques très intéressants avec des réflexions pertinentes sur la société.



La fin est assez attendue entre les courses poursuites et les jeux de cache-cache. Construit comme un thriller, le récit en maîtrise les codes et au fur et à mesure des révélations, l'intérêt du lecteur est maintenu.



Un bon roman en dépit de quelques longueurs. Olivier Paquet interroge la place laissée à des dieux numériques dans notre quotidien et la société sur sa peur de perdre la maîtrise de sa vie.
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Les machines fantômes

Thème particulièrement en vogue ces dernier temps, l’Intelligence Artificielle (ou I.A) se fait de plus en plus envahissante dans notre vie quotidienne.

Si certains avertissent du danger de cette prolifération, d’autres se félicitent de cette nouvelle aide pour l’humanité et les défis qui l’attendent.

Avec Les Machines Fantômes, l’écrivain français Olivier Paquet (Les Loups de Prague, Le Melkine…) se penche sur cette épineuse question qui va bien au-delà du champ de la science-fiction.

Comment faire face à l’émergence de ce nouveau paradigme où l’homme lui-même semble devenir obsolète ? Avec le portrait croisé de quatre personnages, le récit nous emporte dans un techno-thriller surprenant aux questionnements passionnants.



Pour construire son intrigue, Olivier Paquet choisit quatre personnages improbables ayant tous en commun leur rapport à la technologie…et leur artificialité !

D’abord, il y a Adrien, trader chez Optired particulièrement doué dans son genre et capable de retourner des situations commerciales que d’autres jugeraient impossibles. Adrien ne correspond pourtant pas vraiment au requin-type de ce milieu, moins motivé par l’argent que par la performance et la possibilité d’aider autrui. Un vrai paradoxe en somme.

Ensuite, c’est au tour d’Aurore Germain d’occuper le devant de la scène, une jeune femme que d’aucuns connaissent sous le maquillage de Stella MacCall, chanteuse pop sur le déclin, dépassée par une nouvelle égérie pour adolescentes répondant au nom de LéaH.

Après le monde de la musique, c’est Kader, ex-sniper de l’Armée Française reconverti dans la sécurité privée pour boîte friquée qui reprend le micro. Assommé par un grand-père malade qui le déteste et rejeté par un frère radical prêt à tout pour exister, Kader doit également composer avec ses terribles souvenirs de guerre et une société française banalement raciste.

Enfin, on termine ce tour d’horizon par Lou, hardcore-gameuse préférant la vie en ligne et les héros de Runecraft (clin d’œil évident aux fans de Warcraft) et qui doit s’adapter au départ de sa copine Cristina, davantage attirée par la drague sur Tinder que par les nouveaux donjons d’un monde froid et artificiel.

Pour chacun d’entre-eux, Olivier Paquet construit une histoire et une trajectoire de vie bien différente jusqu’au moment où ils croisent le personnage-clé de Machines Fantômes : Joachim/Hans.

Qui est ce jeune homme aux boucles blondes trop innocentes pour être honnêtes ? Un jeune trader ambitieux ? Un psychologue particulièrement malin ? Un gamer ? Ou tout cela à la fois ?

Installant patiemment son intrigue, le roman met un certain temps à décoller en présentant les pièces d’un puzzle plus large qu’escompté au lecteur qui pensait peut-être retrouver ici un pur objet science-fictif.

En effet, dans Machines Fantômes, la science-fiction reste discrète. Le monde dans lequel évoluent nos héros n’est pas si éloigné du nôtre, les évolutions technologiques moins criardes et tape-à-l’œil que dans certaines œuvres de SF récentes. Balles intelligentes, marché boursier assisté par IA, MMORPGs, drones en tous genres… l’univers créé par Olivier Paquet nous est familier, restant du coup beaucoup plus crédible et plus réaliste. En vérité, si l’on excepte les I.As terrées dans les angles morts, le roman parle avant tous de trajectoires humaines et repose sur les ressorts du techno-thriller pimentée aux services secrets français style DOA. On a connu pire comme ascendance. Entre espionnage et trahisons, l’histoire offre son lot de retournements de situations et de fausse-pistes au lecteur. Ajoutez-y l’écriture élégante et ultra-efficace du français, et vous voilà devant un page-turner redoutable qui ne néglige pourtant jamais ses personnages.



De leur côté, les Intelligences Artificielles tant attendues se font discrètes. Olivier Paquet ne tombe pas dans le piège de la surenchère et les immisce dans son récit avec une pudeur qui fait plaisir à voir. Ne vous attendez pas à d’infâmes machines machiavéliques mais à plutôt à une nouvelle forme de conscience, entre constellations intelligentes et créatures virtuelles. Toujours à la limite du champ de vision, les IAs représentent à la fois le moteur de l’intrigue et son enjeu principal.

Que font ces nouveaux êtres intelligents à l’écart des hommes ? Comment les voient-elles ces hommes étranges qui se trahissent, se détestent et s’aiment sans discontinuer ? Déjouant le piège du manichéisme pur et dur, Olivier Paquet s’interroge sur ce que perçoivent de nous des intelligences mécaniques et artificielles. Entre deux chapitres centrés sur ses personnages de chair et de sang, le lecteur assiste à des modélisations de vies humaines et des expérimentations sur le destin. Le libre-arbitre, mine de rien, devient un autre thème du roman, ou comment influencer le destin par un battement d’aile de papillon virtuel.



Sur ces entrefaites, le lecteur finit par comprendre que l’artificiel bouffe ces histoires de A à Z. Du soldat d’élite dont la vie n’est plus qu’un paraître pour les autres à la chanteuse pour adolescent(e)s qui n’existe pas vraiment en passant par cet écrivain forcé de faire bonne figure dans un festival perdu au milieu de nulle part. Machines Fantômes emploie donc la science-fiction pour s’intéresser au caractère artificiel de nos existences modernes dans une société où l’apparence, la race, la jeunesse, le genre, les opinions politiques et les niveaux sociaux résument qui vous êtes.

C’est aussi le long chemin de croix pour ces différents personnages qui doivent réapprendre à être eux-mêmes pour sortir de leur torpeur. De façon surprenante, l’intervention théorique des I.As n’est ni bonne ni mauvaise, elle devient une sorte de révélateur, dissipant le mensonge et remplaçant un créateur que l’homme semble avoir perdu en cours de route, orphelin du destin incapable de décider qui il est dans ce capitalisme merdique qui, décidément, devient le vrai marionnettiste en chef de cette histoire parfois poignante. Grâce à la profondeur psychologique de ses personnages, Olivier Paquet retourne le réel pour révéler le vrai et les méchants se changent parfois en gentils le temps d’un chapitre. À moins que les choses ne soient encore plus complexes que cela…



Techno-thriller saupoudré de science-fiction, Les Machines Fantômes montrent que les écrivains français ont encore des choses à dire sur l’humain et sur notre rapport à la technologie. Jamais barbant mais souvent haletant, Machines Fantômes empoche la mise grâce à sa galerie de personnages plus vraie que nature et à son message sur nos vies artificielles à l’heure du capitalisme et de la démagogie politique. Une excellente surprise.
Lien : https://justaword.fr/les-mac..
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Faber : Le destructeur

Comme un immense écrin qui renferme un bijou, le roman "Faber- le Destructeur- révèle toute sa beauté et sa puissance dans les dernières pages. Une vile ordinaire, des classes sociales ordinaire, un lycée ordinaire. Là, un ado exerce son talent démoniaque. Qui est-il ? Un génie? Un ange, un Satan, un Dieu, un enfant de Dieu, un clochard, ou tout cela à la fois. Avec une maîtrise narratique totale et une puissance rarement égalée, Tristan Garcia ("La meilleure part des hommes") dresse le portrait d'une génération qui n'a rien à se mettre sous la dent. Pas de rêves, pas de moteurs, pas de croyances, encore moins de défis. Cette génération est celle d 'une certaine France d'aujourd'hui, au carrefour de deux siècles. Alors comment faire, en l'absence de désir? On croit en un homme. Faber ! A lire, il aura un prix, mérité, cet automne, c'est évident!
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7

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque, car il était le prix inter. Je l'ai lu, je l'ai rendu et j'en ai commandé illico 2 exemplaires, un pour moi, pour le le relire, le garder, et un autre pour le prêter à mes amis lecteurs.

Autant l'avouer, j'ai beaucoup aimé ce roman; il s'agit bien en fait d'un seul roman et non pas de 7 nouvelles.Tristan Garcia m'a emmenée dans l'éternité et ça m'a fait du bien de me sentir immortelle le temps de la lecture !

J'ai lu avec plaisir les 6 petites histoires qui précèdent ce qui est pour moi la vraie grande histoire,La Septième, elle même découpée en 7 de sa première vie à sa dernière.On a très envie, à la dernière page de reprendre le livre par le début et de relire les six textes pour se resituer dans les vies de l'auteur.

Pour moi, c'est du grand art, et sans croire à la résurrection, on sent bien qu'une seule vie est faite d'une multitudes d'expériences qui peuvent être si intenses qu'on peut effectivement vivre plusieurs vie en une seule.Tristan Garcia touche de si près la grande peur de l'humanité: la mort, que l'on ne peut rester indifférent à son texte. Vivre plusieurs vies, afin de ne plus avoir peur de la mort, j'aime bien.....
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La meilleure part des hommes

Prix de Flore en 2008, "La Meilleure Part des hommes" est un roman qui évoque l'arrivée du sida au sein du mouvement homosexuel dans les années 1980. Il explore les vies et les expériences d’une galerie de personnages et en particulier, celle de la narratrice avec les trois hommes les plus importants de sa vie, leurs relations et leurs interactions et leurs quêtes individuelles.

Tristan Garcia nous fait connaître de façon intime une génération déchirée avec les thèmes éternels que sont ceux de l’amour, la perte, l’identité, les dilemmes moraux et la quête de sens dans un roman long et dense, parfois un peu complexe.

Une lecture exigeante, mais qui en vaut la peine…

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Histoire de la souffrance, tome 1 : Âmes

Une histoire de la souffrance, voilà qui est intrigant et qui fait un peu peur. Tristan Garcia annonce d'emblée trois tomes, on savait l'importance de la souffrance et sa tendance à traverser les âges, mais la capter, la donner à ressentir, la raconter... ça ressemble à un sacré défi. L'auteur adopte une forme qui lui permet d'enjamber les époques tout en les reliant, nous lirons des histoires réparties dans le temps et comme il l'annonce en préambule nous pourrons choisir de les lire dans l'ordre ou pas - j'avoue que je préfère l'ordre, parce qu'il y a un fil, même ténu, des petits cailloux qui dessinent un chemin. Dans ce premier tome nous parcourons du chemin, dans le temps depuis l'éclosion de la matière il y environ 2 milliards d'années jusqu'en l'an 869, et dans l'espace à travers plusieurs continents. Les histoires peuvent sembler indépendantes les unes des autres mais quelques signes, des objets, des souvenirs et des couleurs laissent apparaître des liens entre les personnages. Ces couleurs sont celles des âmes qui voyagent dans le temps et désignent leur type d'influence. A travers elles, l'auteur dessine à chaque fois un univers singulier, très personnalisé en situant ses histoires dans des lieux et des époques caractéristiques, et chemin faisant une vue d'ensemble qui donne à percevoir la dimension de l'univers. C'est assez vertigineux.



Dès le début j'ai été happée. Les premières pages qui racontent la naissance de la sensation et la souffrance du ver marin sont incroyables ; les origines de la souffrance sont donc à chercher très très loin. Chacune des histoires qui suit nous offre des personnages qui font face à une forme de souffrance même lorsqu'ils tentent simplement de vivre en paix ou essayent de s'extirper du monde. Civilisations, cultures, religions portent en elles les reliquats des violences passées qui ont servi à les asseoir et les germes des violences futures puisque "ça ne s'arrête jamais". Impossible de ne pas ressentir d'empathie pour les figures qui nous sont racontées, depuis la mammifère de Mésopotamie en quête de nourriture jusqu'au vieillard indigène du désert australien en passant par l'ermite de la Chine ancienne, les lépreux indiens ou les jumeaux d'Ur. Il y a chez Tristan Garcia un grand talent de conteur mais surtout une remarquable profondeur de champ au service d'une folle ambition. Après une telle lecture on se sent tout petit, sorte de grain de poussière dans l'univers, on a l'impression de ressentir chaque particule de matière qui nous constitue et la charge d'histoires et de souffrances qu'il charrie. C'est phénoménal.



Je ne crois pas avoir jamais lu quelque chose de ce type, à la fois intelligent et puissamment littéraire. C'est un livre qui ne se picore pas dans les transports en commun ou dans une salle d'attente, il demande du calme et de l'attention mais il offre aussi une immersion capable de nous transporter dans une autre dimension. Je crois que je lis aussi pour vivre ce genre d'expérience et je suis très très curieuse de la suite (le tome 2 - Vie contre vie vient de paraître chez Gallimard).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Les machines fantômes

Un thriller très contemporain mêlant habilement anticipation, intelligence artificielle et espionnage.



On découvre en profondeur les personnages principaux du roman (un chapitre par personnage au début du roman).

Ils sont peu nombreux (je viens de lire deux romans de Ian McDonald, ce qui explique ce commentaire).

Ils sont intéressants et variés.

Ils apportent quelque chose à l’histoire.

Ils sont chacun à leur tour plus ou moins franchement touchés, manipulés, confrontés à des Intelligences artificielles.



Et c’est le second point fort du roman (après ses personnages) : les I.A.

Elles restent quasiment hors-champ. Elles ne parlent pas. Elles ne révèlent pas leurs buts, leurs motivations. Elles ont émergé à plusieurs endroits, sous plusieurs formes (un peu comme la vie sur terre non ?). L’auteur à l’intelligence de les laisser dans l’ombre, presque inaccessibles.

Elles ne nous parlent pas. Elles font de simulations (certains chapitres sont des scénarios, des simulations de comportement humain).

Certaines simulations sont choisies…dans quel but ? Pour quel motif ? Le récit ne joue pas cartes sur table et cela donne une saveur particulière à l’intrigue.



Intrigue palpitante mêlant finance (un peu), espionnage (beaucoup).



Mon seul bémol : un des personnages sorte de maitre-espion m’a semblé moins crédible, trop ignoble.



Bonus 1 : Les IA manipulent des humains dans ce livre, mais ici et maintenant ? Nous sommes d’accord que les algorithmes ne sont pas doués de conscience, hein ? Cependant ces programmes choisissent qui “matche” avec qui, si le prêt peut être accordé, si l’on présente un risque, … Ils conservent nos secrets … Le texte nous rappelle à quel point on dépend déjà de choix “calculés” pour nous.



Bonus 2 : la scène de l’auteur qui participe à un Salon du Livre.

Si je me rends dans un tel salon, je regarderais les stands et les auteurs autrement !



Bonus 3 : En parlant de hors-champ, le roman est très cinématographique.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Le saut de Malmö et autres nouvelles

Petit recueil à un prix modique -2 euros- de nouvelles autour du sport, 9 nouvelles tirées de son recueil en l'absence de classement final qui prouve la passion du philosophe Tristan Garcia pour le sport... l'ensemble de ces nouvelles nous parle de sportif qui doivent gérer une situation compliquée, cycliste dopé par son manager, ahtlète de haut niveau incapable de renouveler son exploit ect... rarement une oeuvre de fiction n'aura tant réussi à sonder les failles, fragilités et autres tourments intérieurs du sportif de haut niveau..où quand un sportif réfléchit trop, ce n'est pas forcément très bon....
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Les machines fantômes

Olivier Paquet nous offre ici une oeuvre de grande qualité sur les possibilités des "Intelligences Artificielles" à contrôler notre monde mais également une fresque humaniste à souhait.



Des micros logiciels, ou IA sont dissimulés dans tous les réseaux informatiques, un personnage en profite pour essayer des les manipuler à son compte mais celles-ci vont choisir leur propre chemin, et surtout elles vont se diviser comme une conscience qui éclate pour le bien ou le mal.



Les personnages de ce roman sont très bons tous autant qu'ils soient, avec leurs qualités et leurs défauts de caractère ou décisionnel, chaque erreur se paye mais la rédemption est possible pour certains. On retrouve parmi nos personnages, une ex star de la pop, un tireur d'élite, un espion, un trader, une joueuse de mmorpg entre autres.



Le tout se déroule principalement à Paris et dans un petit bled de province, donc les décors vous les connaissez, mais c'est sympa aussi de trouver une histoire qui se déroule dans des lieux que l'on connait comme le quartier de La Défense par exemple.



Le récit est coupé en chapitres presque indépendants, je veux dire par là que chaque chapitre est comme une "nouvelle" qui présente un personnage et l'intègre au monde décrit par Olivier Paquet, pour finalement se regrouper avec un fil rouge qui maintient l'histoire en place et imbrique le tout de manière impeccable. J'ai trouvé cette construction audacieuse et presque artistique.



Je tiens également à souligner la superbe couverture d'Aurélien Police, qui encore une fois fait mouche avec son talent.



Je conseille évidemment ce roman au fans d'anticipation, de SF, mais également à tous ceux qui veulent un bon livre d'action.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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