On trouvera très japonais l'art d'Uchida. Il est vrai que ses textes passeront sans doute pour plutôt exotiques aux yeux d'un lecteur occidental. Je ne prétendrai pas le contraire. Je m'en garderai bien. La chose est triste, mais une telle condition paraît encore nécessaire afin qu'un livre japonais soit susceptible chez nous de retenir un peu l'attention. (Préface de Philippe Forest)
Sur la vaste scène, l'ours se tenait sur ses quatre pattes. Son aspect était horrible au-delà du dicible. Le plus étrange, c'était que le public semblait le regarder en toute tranquillité. Je me demandais bien ce qui avait pu me prendre de venir à ce spectacle. Quant à cette femme que j'avais accompagnée ici, je commençais à la trouver bizarre.
J’allai voir à la porte, mais il n’y avait personne cette fois, rien que la neige épaisse dans la rue. Soudain, alors que j’allais revenir sur mes pas, j’entendis du bruit du côté de la pièce principale. Quand j’arrivai, les hommes du groupe de tout à l’heure étaient tous morts, effondrés les uns sur les autres. La femme à la raie au milieu et au hakama rouge, revenue de je ne sais où, se tenait juchée pieds nus sur leurs corps amoncelés. L’air indifférent, elle les piétina et s’en alla.