Compte tenu de ma nette inclination pour les romans mettant en scène écrivains et artistes du XIXe siècle, il n’est pas étonnant que j’aie reçu celui-ci pour Noël. Et je dois dire que ce cadeau m’a d’autant plus surprise et enchantée que cela fait bien longtemps que mon entourage ne se risque plus à m’offrir de livres...
Tout l’intérêt de ce type de récit est de permettre de mieux connaître un artiste en allant souvent au-delà de la simple narration d’éléments biographiques. Il s’agit d’essayer de saisir un tournant, de restituer la complexité d’une psychologie, ou encore de replacer le parcours d’un homme ou d'une femme dans un contexte historique, tout cela pour mieux comprendre sinon son oeuvre, au moins les conditions de sa création.
Ainsi Jean-Paul Delfino en relatant les dernières heures de Zola a-t-il réussi grâce à un dispositif narratif original à mettre en perspective les combats politique et littéraire de l’écrivain et la manière dont ceux-ci furent reçus, ainsi que l’acharnement dont il fut l’objet. Matthieu Mégevand a quant à lui parfaitement rendu par la brièveté et l’intensité de son récit les paradoxes, les forces et les faiblesses de Toulouse-Lautrec, et la manière dont celui-ci les as dépassés pour exercer son art. Paul Vacca mêlait dans Au jour le jour les éléments de biographie d’Eugène Sue avec l’histoire et les personnages des Mystères de Paris pour retracer le cheminement qui l’avait conduit à l’écriture et à l’engagement politique qui en a résulté. Les exemples ne manquent pas pour nous montrer que la réussite résulte souvent dans des choix narratifs singuliers et assumés.
Arne Ulbricht s’est quant à lui intéressé aux années d’entrée en écriture de Maupassant : la relation particulière qu’il entretenait avec Flaubert, sa rencontre avec Zola et le groupe de Médan, son insatiable amour des femmes et sa non moins insatiable vigueur sexuelle, sa frustration à n’être pas publié à ses débuts... Mais on n’apprend que très peu de choses que l’on ne sache déjà - pour peu que l’on s’intéresse un tout petit peu à cette époque.
Si le livre n’est pas désagréable à lire, il n’en reste pas moins d’une désolante platitude, l’auteur enchaînant les jours et les années avec la rigueur d’un élève appliqué. Soucieux de bien souligner la genèse de l’oeuvre, il émaille son récit d’indices et de scènes qui donneront lieu à des nouvelles (mais ne craignez pas de ne pas les (re)connaître, l’auteur est très explicite !).
Je ne doute pas qu’Arne Ulbricht se soit fort documenté pour écrire son livre (qu’il présente comme une déclaration d’amour à la littérature française) mais je dirais qu’une bonne biographie académique aurait tout aussi bien (mieux ?) fait l’affaire... Dommage.
Lien :
https://delphine-olympe.blog..