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Critiques de Umberto Eco (1113)
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Le Nom de la rose

Le Nom De La Rose regroupe à lui seul presque tous les marqueurs qui révèlent selon moi les plus grandes réussites de la littérature, toutes époques confondues. Tout d'abord, il me faut applaudir bruyamment cette trame narrative (ce que j'appelle pour faire simple le scénario), qui est tout bonnement exceptionnelle.



Umberto Eco se permet non seulement d'écrire l'un des plus grands chefs-d’œuvre de tous les temps, mais en plus de s'adonner à un genre que certains considèrent comme " mineur " de la littérature, à savoir le polar, prouvant ainsi tout le contraire, s'il en était besoin. (L'auteur est, à cet égard, un digne compatriote du grand Sergio Leone qui lui aussi a su faire son renom au cinéma en signant des films majeurs appartenant pourtant au genre réputé " mineur " qu'est le western.)



Mais s'il n'avait été que la difficulté déjà grande de relever un tel défi, Umberto Eco se serait presque ennuyé donc, il n'a rien trouvé de mieux que de faire un polar, certes, mais un polar médiéval, ce qui n'est pas rien. Et comme si tout cela ne suffisait pas, pour corser encore un peu plus la difficulté, il plante son histoire en plein dans le ventre de l'obscurantisme religieux et doctrinal, à l'époque des grandes hérésies et des plus " belles " heures de l'inquisition, du temps des papes avignonais.



Mais attendez la suite, vous n'avez encore rien vu. l'ouvrage étant déjà tellement improbable qu'il est sûrement bon de rajouter en plus une ou deux petites gageures par-ci par-là, comme par exemple faire des inclusions d'ordre philosophique sur le rôle du livre ou du rire, de disserter sur le savoir, le fanatisme, la tolérance, sur la révolte des classes populaires, sur l'idée même de bibliothèque et sa fonction à l'échelle de l'humanité, sur les liens troubles qui existent entre Pouvoir, Possession et Savoir, et probablement mille autres encore qui m'auront échappé.



Le style d'Umberto Eco est toujours finement ciselé, docte et jamais dénué d'humour. Sans compter qu'il est truffé de clins d’œil et d'appels du pied soit à des héros de fiction comme Sherlock Holmes (Guillaume de Baskerville) et son fidèle Watson (qu'on retrouve dans le sonorité de " Adso ") ou bien aussi à des auteurs ayant existé, au premier rang desquels Jorge Luis Borges, qui était au naturel à la fois bibliothécaire et aveugle et qui a donné naissance à un très vénérable moine, amoureux fou de sa bibliothèque (tiens, tiens) et aveugle au demeurant (là, ça me dit quelque chose) et qui se nomme dans le roman Jorge de Burgos. Mais bien sûr, le plus grand clin d'œil de l'auteur réside dans la clef même de l'intrigue qui est tout droit issue des Mille Et Une Nuits (Histoire Du Roi Des Grecs Et Du Médecin Doubane, pour ceux que cela intéresse, mais je n'en dis surtout pas plus.)



Deux mots du synopsis désormais : Guillaume de Baskerville, moine franciscain anglais, est mandaté par l'empereur du Saint Empire Romain Germanique pour négocier avec des émissaires du pape avignonais, farouche ennemi de l'empereur, dans le terrain neutre constitué par une abbaye bénédictine des Alpes, non loin de Nice, mais côté italien.



Cette abbaye renferme la plus grande bibliothèque de toute la chrétienté et est le creuset où sédimente le savoir universel depuis des siècles. Les franciscains prêchent que le Christ était pauvre et ne possédait rien, ce en quoi ils veulent l'imiter. Cette posture intéresse l'empereur car en pareil cas, tous les biens matériels lui échoient à lui, directement ou indirectement.



La pape, quant à lui, prêche que rien dans les écritures ne s'oppose aux possessions matérielles au bénéfice du clergé et même lui, personnellement, est assez intéressé par elles. Tout l'enjeu de la conférence sera donc de trancher si oui ou non le Christ était pauvre et si ceux qui se réclament de lui doivent l'être également.



Cependant, tout serait décidément trop simple si, au moment même de l'arrivée de Guillaume de Baskerville et d'Adso à l'abbaye, un moine n'avait été retrouvé mort dans des circonstances plus que douteuses. Et ceci ne serait encore rien si, jour après jour, d'autres moines ne trouvaient la mort dans des conditions chaque fois plus mystérieuses et troublantes.



Oui, vous avez deviné, le fin limier Guillaume de Baskerville (magnifiquement campé par Sean Connery dans l'admirable adaptation à l'écran de Jean-Jacques Annaud) va devoir enquêter sur ces morts énigmatiques… Complots, rancœurs, luttes d'influence, énigmes, pièges politiques, coups de théâtre, tout y est.



Je lance donc un très grand coup de chapeau à Umberto Eco pour la maestria, l'envergure et le rythme avec lequel il mène son roman de bout en bout. C'est de mon point de vue du très, très grand art. J'aurais cependant deux minuscules griefs à adresser malgré tout à l'auteur sur deux points qui m'ont un peu dérangée à la lecture.



Premièrement, la surabondance de citations en latin, voire en allemand, non traduites dans mon édition, ce qui est parfois gênant car on n'est pas obligé d'être latiniste ou germanophone pour pouvoir jouir d'un bon roman (Mesdames et Messieurs les éditeurs, de petites notes en bas de pages seraient peut-être les bienvenues).



Deuxièmement, l'auteur s'est lâché, à deux ou trois reprises, dans des énumérations un tantinet barbantes à mon goût (description du portail de l'église, rêve d'Adso, par exemple).

Hormis cela, grand plaisir, grande jubilation, grand bonheur à la lecture que je ne peux que vous recommander vivement, bien que ces menues considérations ne soient que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. : Chers amis Babeliens, je ne vous surprendrai probablement pas en affirmant qu'au-delà du clin d’œil au personnage de Borges, le texte lui-même, d'une part lors d'une discussion entre Guillaume et Adso, d'autre part par la parabole globale contenue dans ce roman, le texte disais-je fait largement écho à la thèse défendue par Borges dans l'une des nouvelles constitutives du recueil " Fictions ", à savoir, celle intitulée (ça ne s'invente pas sur un tel site) La Bibliothèque De Babel.



Dans cette nouvelle, Borges soutient qu'à l'échelle des siècles, la disparition des livres (autodafés, pertes accidentelles, auteurs censurés ou tombés dans l'oubli) n'est pas un problème car les livres s'influencent les uns les autres, dans une sorte de transmission héréditaire et que donc, même si les parents disparaissent, les enfants, les petit-enfants, les arrière-petit-enfants possèdent en leur sein, certes sous forme diluée, mais tout de même, l'essence de ce qui était contenu dans ces livres perdus et que d'ailleurs, s'ils étaient encore présents, leur impact sur ces descendants ne serait probablement pas plus important de toute façon. Bien sûr, à l'échelle de quelques années, ces pertes se font sentir, mais pas si l'on augmente dans le temps la fenêtre de perception de ces ouvrages.



P. S. 2 : (Tentative d'éclaircissement du titre du roman)

p. 300-301 : La vérité est que je " voyais " la jeune fille, je la voyais dans les ramures de l'arbre nu qui palpitaient, légères, quand un passereau transi volait y chercher refuge ; je la voyais dans les yeux des génisses qui sortaient de l'étable, et je l'entendais dans le bêlement des agneaux qui croisaient mon errance. C'était comme si toute la création me parlait d'elle, et je désirais, oui, la revoir, mais j'étais aussi prêt à accepter l'idée de ne la revoir plus jamais. (...) Chaque créature est presque écriture et miroir de la vie et de la mort, où la plus humble rose se fait glose de notre cheminement terrestre, comme si tout, en somme, ne me parlait de rien d'autre que du visage que j'avais malaisément entrevu dans les ombres odorantes des cuisines.

p. 437 : De l'unique amour terrestre de ma vie je ne savais, et ne sus jamais, le nom.

p. 535 : Stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus. (qui peut se traduire comme : « La rose des origines n'existe plus que par son nom, et nous n'en conservons plus que des noms vides »)
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Le Nom de la rose

Ce roman est, à lui seul, une véritable bibliothèque, d'où son grand succès universel. Il a su réjouir un public varié. A vrai dire, rares sont les best-sellers qui soient en même temps des livres de grand mérite littéraire. Umberto Eco est de ces romanciers avec qui on sympathise dès les premières pages par la finesse de son comique (je parle ici de l'introduction). Cette bonne humeur qui nous informe qu'on est devant un romancier original qui nous présente un roman original même en choisissant des genres déjà exploités. "Le Nom de la Rose" est un plaisir pour le lecteur qu'il soit un amateur du roman policier, des récits borgésiens, des romans historiques, ou des querelles religieuses.



Spécialiste du Moyen Age, Eco a choisi cette époque curieuse, mystérieuse et tumultueuse comme cadre temporel à son roman, son premier après plusieurs oeuvres d'essayiste et de critique. J'aimerai noter ici que très peu d'écrivains ont réussi ce passage de l'essai vers le roman (même Manguel n'a pas fait parler de lui en tant que romancier). Ainsi, en connaisseur, il a placé tous les ingrédients apanages du Moyen Age. D'abord, les querelles théologiques (la question de la propriété et la pauvreté chez le Christ), les hérésies (histoire de Fra Dolcino) et l'Inquisition, auxquelles Eco a redonné une allure accessible et intéressante pour le lecteur d'aujourd'hui, et plus d'une fois, on constate l'aspect actuel de ces problèmes (le fanatisme surtout et la vanité de ces querelles qui s'attachent à des vétilles). Ensuite, les descriptions réalistes des objets, des habits et de l'architecture de l'époque, mais aussi de l'esprit médiéval qui est encore encré dans l'obscurantisme et l'ignorance (à l'exception de quelques esprits lumineux). Enfin, l'incendie, événement assez fréquent à l'époque (comme pour la cathédrale de Notre-Dame de Paris) et qui est un élément indispensable. de cette manière Eco avait réussi le côté historique de son roman.



Loin de ce choix du Moyen Age, qui était un terrain connu pour l'auteur et partant, un plaisir de reproduire ses connaissances sous forme romanesque, il faudrait signaler l'influence assumé par Umberto Eco de son auteur préféré (avec Joyce) Jorge Luis Borges. Cette influence ne se limite pas seulement à ce choix d'une bibliothèque labyrinthique (La bibliothèque de Babel), une bibliothèque qui cache les livres et d'où seuls les initiés peuvent sortir et dont le maître incontestable est Jorge de Burgos qui devient le méchant de l'histoire au fur et à mesure. Borges est là aussi dans la formation du personnage de Guillaume qui ressemble à Lönnrot (La Mort et la Boussole), version borgésienne de l'Auguste Dupin de Poe. Or, la plus grande part borgésienne dans ce roman est cette idée à la Pierre Ménard de reproduire des faits du Moyen Age comme les raconterait un moine de l'époque pour un public du XXe siècle (et la postérité) ; ce dernier qui aura tout le loisir d'interpréter comme il veut les événements et les symboles.



Par ailleurs, "Le Nom de la rose" qui se lit comme un roman policier a pu se démarquer d'entre les oeuvres de ce genre par un grand mérite littéraire et historique, par sa trame savamment mené jusqu'au point même où le lecteur se croit dupe d'un stratagème de l'auteur qui l'introduit lui aussi dans un labyrinthe de références, d'histoires véritables, de citations (surtout les fameuses citations latines auxquelles je reviendrai) vraies ou fausses, de théologie et de métaphysique, mais aussi de connaissances scientifiques d'actualité au Moyen Age. le grand mérite de ce roman est l'introduction de ces éléments dans un roman policier. le lecteur (qui ne s'intéresserai pas à tous ces éléments) sera lui aussi dédommagé par d'autres éléments qui eux satisferont un grand public amateur du roman policier classique, à savoir, l'action, le suspense, les mystères, les fausses pistes, les déductions, les crimes, le criminel supérieurement intelligent et une présence féminine. A tout cela, s'ajoute la bonne humeur, du fin Guillaume et la bouffonnerie de ce personnage unique en littérature, Salvatore qui parle une langue bizarre, mélange de toutes les langues du monde comme sorti de la tour de Babel.



Beaucoup de lecteurs se sont plaints de ces citations latines parfois trop longues restées sans traduction dans l'édition française que j'avais lue (j'ai constaté, plus tard, que la version arabe contient des traductions en bas de pages). Ces citations sont dans le roman comme le choeur dans la neuvième symphonie de Beethoven ; sans comprendre ce qui est dit au dernier mouvement, on écoutera avec plaisir cette oeuvre.



Quel titre choisir pour cette oeuvre plurielle ? L'abbaye du crime ? ou Adso de Melk tout court ? il fallait bien un titre plus ouvert, plus mystérieux comme "Le Nom de la rose" ; "ROSE of all Roses, Rose of all the World!" comme le dit le poète Yeats. Un titre pluriel et vague, aussi vague que l'érudition qu'on trouve dans le roman.



Pour écrire son roman, Eco a fait de longues recherches, même s'il pénétrait dans son propre terrain. Dans sa bibliothèque personnelle figuraient des livres comme "The Medieval Library" de J. Thomson, le catalogue de tout ce que l'on trouvait dans les bibliothèques du Moyen Age ou encore "Encyclopédie de l'architecture", sans oublier le "Manuel de l'inquisiteur", de Bernard Gui. Il a même contacté un herboriste pour l'informer sur un poison à la même faculté que celui du livre (il raconte ailleurs que cette lettre, trouvé par la police, aurait été d'un fâcheux effet). Et que dire des dialogues savants entre Guillaume et Ubertin, ceux de l'inquisiteur avec Michele et le dernier entre Guillaume et Jorge des dialogues à la Settembrini-Naphta. Ainsi ce duel de séduction entre Guillaume et le tueur mystérieux devait se reproduire entre le lecteur et le romancier, un lecteur qui doit être plus intelligent que lui et qui doit le surprendre par la force et l'ingéniosité de ses interprétations.



Et Adso dans tout cela ? le jeune homme s'éclipse volontiers derrière son maître Guillaume auquel il voue une admiration respectueuse. Il incarne la curiosité du novice assoiffé du savoir et qui combat vainement la tentation de la chair. Il suit son maître dans la bibliothèque pour chercher un livre (magiquement réaliste) mais surtout pour chercher l'aventure (d'ailleurs c'est le plaisir qu'à tout lecteur en entrant dans une bibliothèque ou librairie, c'est cette aventure qui compte, ces retrouvailles et ces découvertes qui nous surprennent). Il aide son maître, il découvre à travers les dialogues des autres et les explications de Guillaume de nouvelles notions comme la fameuse luxure du savoir.



P.S. dans ma critique sur "Mon nom est rouge", j'avais signalé une ressemblance avec "Le Nom de la rose" à plusieurs niveaux.

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Le Nom de la rose

En ces temps troublés de l’An de grâce 1327, hérésie, Inquisition, pauvreté, vols et pillages défigurent l’Etat chrétien.

Ex-inquisiteur, le moine franciscain Guillaume de Baskerville se rend en compagnie de son élève, le jeune bénédictin Adso de Melk, dans une abbaye du Sud du pays où doit se tenir une importante réunion entre les partisans du Christ pauvre, dont fait partie la confrérie franciscaine de Guillaume, et les fidèles zélateurs de la papauté revendiquant une église riche, représentés pour la circonstance par le Grand Inquisiteur Bernardo Gui.

A leur arrivée sur les lieux, Guillaume et Adso sont témoins d’une agitation anormale au sein de la communauté bénédictine. En effet, un drame est survenu. Le corps disloqué d’un jeune moine a été retrouvé au pied d’un des bâtiments de l’abbaye.

Connaissant le caractère perspicace et fin psychologue de frère Guillaume, l’abbé supérieur Abbon, demande alors au moine franciscain de tenter de faire la lumière sur cette mort tragique. Pour les besoins de son enquête, Guillaume pourra aller et venir à sa guise au sein de l’abbaye ; seule la bibliothèque, renfermant des livres sacrés, lui sera interdite, à l’exception du scriptorium où travaillent les frères copistes et les enlumineurs.

D’emblée, Guillaume se heurte au comportement mutique de certains frères. Mais d’autres décès viennent entacher la bonne réputation de l’abbaye ; un moine est retrouvé plongé dans une barrique de sang de porc ; l’autre, le corps dévêtu, flottant dans le sanatorium ; un autre encore, la tête écrasée…

Guillaume relève de mystérieuses taches brunes au bout des doigts des victimes et ne tarde pas à se convaincre que c’est précisément au cœur de la gigantesque bibliothèque que réside la clef de l’énigme.

La présence de l’inquisiteur Bernardo Gui, un être ambitieux et cruel au caractère intransigeant et fanatique, jette encore de l’huile sur le feu. Ce dernier organise à tour de bras des procès en hérésie et tente par tous les moyens de décrédibiliser Guillaume en s’immisçant dans l’enquête.

Le moine franciscain devra user de toute sa psychologie, de son brillant esprit d’analyse et d’une grande témérité pour démêler les fils d’une enquête ténébreuse qui cristallise autour d’elle passion, folie et exaltation religieuse.



Quelle fresque moyenâgeuse grandiose qu’Umberto Eco a écrit là ! Si la lecture de ce gros pavé demande concentration et réflexion, elle est aussi captivante, troublante et productive de bout en bout !

L’auteur italien, dont c’était le premier roman en 1980, a joué sur de nombreux tableaux - historique, philosophique, policier, romanesque - pour construire cette imposante fiction, étourdissante de démesure et d’érudition.

Tout est savamment orchestré pour nous plonger dans les remous d’un Moyen-âge saisissant de réalisme. L’ambiance y est trouble à souhait. Pauvreté du peuple, richesse du clergé, meurtres mystérieux, personnages aussi terrifiants qu’énigmatiques… le lecteur est frappé d’emblée par le climat sombre baignant les lieux.

A côté d’une intrigue digne des meilleurs romans policiers, l’auteur médiéviste, latiniste, possédant une culture phénoménale, a su parfaitement intégrer à son récit les éléments historiques et religieux afin de bâtir un gigantesque monument de littérature.

L’histoire, scandée par les divers offices religieux qui régissent l’abbaye, est racontée par le jeune narrateur Adso de Melk et se déroule sous le chiffre symbolique de sept jours. Si le mystère s’intensifie au fil des lignes, on y décèle peu à peu les nombreuses influences et les clins d’œil que l’auteur a disséminés au détour de pages fécondes en révélations et en libertés de réflexion.

L’utilisation de certains noms fait ainsi partie des petits tours malicieux du magicien Eco : le fin limier Guillaume de Baskerville rappelle bien sûr l’œuvre de Conan Doyle « Les chiens de Baskerville », le moine franciscain endossant le rôle du génial enquêteur Sherlock Holmes, accompagné d’un Watson qui prend les traits du jeune disciple Adso de Melk.

Le farouche gardien au savoir encyclopédique de la colossale bibliothèque se nomme quant à lui Jorge de Burgos…un hommage non déguisé à Jorge Luis Borges dont la fantastique érudition et les œuvres hallucinées ont pour beaucoup inspiré l’auteur dans la rédaction du roman.

La bibliothèque, construite en un étourdissant labyrinthe, est elle-aussi directement inspirée d’une nouvelle du grand écrivain argentin, « La bibliothèque de Babel », tout comme les multiples références sur les œuvres sacrées (de la bible aux textes grecs ou musulmans…) et leur impact sur les consciences des individus.

Cette bibliothèque, élément central du roman d’Eco, renferme tous les savoirs de l’humanité (notamment un ouvrage d’Aristote) dont la chrétienté ne tient pas à diffuser les secrets de vie qu’ils renferment.

Entre volonté de conservation et désir de dissimulation, Umberto Eco nous offre une magistrale démonstration du pouvoir de l’écrit, menace effective pour tous les fanatismes religieux, mais néanmoins merveilleux moyen d’ouverture sur le monde et de transmission des connaissances.



Si notre seul regret est de ne pas être suffisamment à la hauteur pour appréhender toutes les subtilités de l’œuvre protéiforme de l’italien, la fusion et la profusion des thèmes abordées dans des domaines riches et variés (spiritualité, philosophie, enquête, histoire, art, religion…) offrent une fructueuse lecture magnifiquement fertile, capable d’alimenter longtemps notre esprit de réflexion…

Sous le couvert de l’intrigue policière, Umberto Eco a peint avec « Le nom de la rose » une fresque majestueuse de l’époque médiévale doublée d’un formidable plaidoyer pour la tolérance, la liberté et la culture, dressé en rempart contre l’obscurantisme et le fanatisme.



A noter, la superbe adaptation cinématographique de Jean-Jacques Annaud, César du meilleur film étranger 1987, avec Sean Connery, Christian Slater, Michaël Lonsdale et le génial Ron Perlman dans le rôle de Salvatore.

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Le Nom de la rose

Lorsque la bande-annonce du film a commencée d'apparaître sur les écrans de cinéma, je sus que le moment était venu de lire Le nom de la rose.



Bien m'en a pris, puisque cette oeuvre foisonnante et captivante m'a passionné jusqu'à la dernière page.



Accessoirement, cela m'a permis de me rendre compte des différences entre le livre et le film (les écritures littéraires et cinématographiques imposent parfois quelques modifications...)
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Le Nom de la rose

Il était taillé dans la pierre de mes dix commandements du lecteur, «Le nom de la rose » tu liras.

Et ainsi fut fait.

Guillaume de Baskerville, moine franciscain, accompagné de son secrétaire et narrateur Adso est envoyé par Louis de Bavière dans une Abbaye afin de résoudre une énigme qui voit les morts suspectes, au sein de la communauté, se multiplier.

Eco est un enlumineur, il cisèle son récit, il le met en relief, en couleur.

Avec un souci du détail parfois déroutant, en particulier dans la description de l’Abbaye, de sa bibliothèque et du labyrinthe dans lequel on finirait par se perdre rien qu’à lire.

Un roman dans lequel se croisent des personnages réels et d’autres nés de l’imagination de l’écrivain. Il y a l’enquête, bien sûr, mais pas que… Ce livre parle de livres anciens, de religions, de guerres fratricides, de rivalités, d’inquisition, d’orgueil.

Révisez votre latin, sortez vos dictionnaires de vieux français, (arder, patarins, penduda, et autres fraticelles par exemple…sont des mots que vous croiserez fréquemment) le langage pourrais vous troubler parfois, mais quel régal.

Je dois tout de même vous confesser, amis lecteurs, que j’ai éprouvé quelques difficultés à la lecture de ce roman. Ce fut tout de même une belle expérience.

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Le Nom de la rose

365 avis , Ajouter une critique ? Réponse oui …..

Je ramène ma fraise , pour dire évidement que ce roman est un excellent polar et un excellent roman historique. La caractérisation, la trame narrative , le contexte historique sont au top .

C'est un délicieux texte rempli à ras bord de mentalités et d'histoire médiévales restituées et actionnées avec une justesse infinie. le fumet de l'époque est dans ces pages si agréables à tourner.

Mais : L'objet principal , central des deux moyen-âges , j'ai nommé : le livre (Le parchemin et l'encre) sont au centre du récit et dans les relations riches avec l'église aussi.

Les problématiques monastiques et les attributs judiciaires de certains ordres dont les mendiants sont brillamment posés dans ce livre qui organise clairement les différentes juridictions ecclésiastiques en action qui sont bien posées .

Le monastère (l'abbé) , l'évêque, les ordres mendiants et l'inquisition (légats), le tribunal pontifical sont le cadre institutionnel de ce polar.

L'ambiance et la donne médiévale sont complétement millimétrées et à mon humble avis c'est un fabuleux roman historique qui extrait la quintessence du moyen-âge récent.

Au coeur du roman est le manuscrit et l'atelier des copistes. Il y a une hiérarchisation générale des textes ( cf. la symbolique de l'escalier de la bibliothèque que l'on grimpe pour lire).Tout le monde ne copie pas tous les textes et la lecture est structurée en liberté d'accès hiérarchisée selon des paliers de compétences , d'utilités d'accès , ceci sur un mode permanent ou bien plus ou moins circonstancié et plus ou moins limité et autorisé ( Granted en anglais par exemple).

Nous tous nous pensons que la science est d'aujourd'hui , la recherche aussi ,et que ses promesses sont pour un demain (plus ou moins lointain) mais du ressort du futur.

Il faut savoir que ne fut pas toujours le cas .dans le moyen-âge de l'Europe occidentale et non sans raisons. , La science et le savoir était contenu dans des textes anciens. L'antiquité gréco-romaine est un Age d'or de la pensée et de la science (plurielle) .Vous N'avez pas idée de l'immensité variée des savoirs antiques (agronomie , philosophie, sciences politiques, médecine , zoologie …. Et j'en passe).

En occident tout ou presque à sombré dans l'oubli (pas dans l'orient romain et grec). le moyen-âge fut héroïque dans la sauvegarde du savoir. le haut moyen- âge occidental a ainsi étendu la diffusion de l'écriture caroline qui permit une standardisation de l'écriture et de la lecture et aussi la copie fidèle de tout ce qui restait des textes latins essentiellement (moins des textes grecs) . Les trésors variés de l'antiquité furent sauvés par une crispation volontaire et consciente de l'église romaine et apostolique. Il fut impératif de sauver l'antiquité classique à tout prix.

Ces textes eurent une aura quasiment sacrée, même beaucoup de ceux qui allaient contre les enseignements du christianisme .Ainsi fut sauvé Aristophane ou encore l'amour dit grec ou bien une certaine licence morale et même la démarche juridique et scientifique.

Beaucoup de ces textes furent quasiment « sacrés » et leur accès fut contingenté différentiellement et tributaire de maintes justifications et autorisations d'accès. le livre était aussi une propriété privée et un objet de grande valeur à partager avec modération , mais aussi à préserver et à garder au sens propre du terme. Des listes de textes circulaient et des listes de lieux de conservation circulaient également. Les versions des mêmes textes avait des origines différentes et elles étaient hiérarchisées entre elles

L'immense mérite de L'auteur fut de placer cette problématique au centre de son œuvre . C'est mieux pour l'action en faveur de la vulgarisation historique sur le moyen-âge que d'avoir écrit mille pages d'histoire médiévale sur le sujet qui seraient par nature restées plus confidentielles que ce fabuleux roman éloquent. Je dirais pour conclure que Galilée mourut d'avoir énoncé que la terre tournait autour du soleil . Mais des moines obscurs le pensèrent certainement avant lui, bien que perdus dans les limbes silencieuses et anonymes du passé profond de l'occident. L'amateur de science-fiction que je suis , vous dira aussi que les extraterrestres potentiels n'étaient pas ignorés non plus par tous de par la millénaire théorie de la pluralité des mondes. Ces textes furent copiés et diffusés inlassablement , de même la rondeur de notre planète est une connaissance également millénaire fondée sur la géométrie et sur les mathématiques.

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Histoire de la laideur

Lorsque ce pauvre Umberto Eco a décidé de nous abandonner pour un monde meilleur (enfin, on peut espérer..), je me suis dit qu'il serait bien que je fasse une fiche ou deux sur ces écrits. Oui, oh, eh, je sais bien que ça fait dix jours maintenant mais je n'y suis quand même pour rien si le temps passe à toute vitesse, non ?



Bon, reprenons ! J'avais donc le choix entre relire "Le nom de la rose" ou "Comment voyager avec un saumon", lus il y a bien longtemps, trop pour pouvoir en faire une chronique sérieuse, là, au moment où je pianote sur mon clavier. Sinon, je pouvais également tenter de lire pour la énième fois le fameux "Pendule de Foucault"... Oui, vous avez bien vu... lire et non relire. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Mais je n'y parviens pas. Je n'accroche pas. Puis me vint cette idée de génie (oui, mes chevilles vont bien) : le livre de Noël ! Nan, ce n'est pas un titre ! C'est un cadeau que j'ai eu à cette époque et je viens de me souvenir que j'avais oublié de vous en parler ! Eh bien voilà la bonne occasion !



L'an dernier, je vous faisais part de mon avis mitigé sur l'autre tome, "Histoire de la beauté". Cette fois, ce n'est pas du tout la même chose : j'ai vraiment apprécié de bout en bout ce livre ! Peut-être parce que le thème est, finalement (et paradoxalement) plus attirant ? Je pense que ça y joue beaucoup. Car, ce que je reprochais déjà au premier, le manque de structure, les redites, est présent ici aussi. Et, bizarrement, cela ne m'a pas dérangée cette fois.



Cette étude est intéressante non seulement pour l'art, bien sûr, mais aussi pour se rendre compte que la notion de laideur, bien que très subjective, varie en fonction des siècles.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le cimetière de Prague

Bon, ne lisez pas cet ouvrage si vous espérez une visite de Prague : on n'y fout jamais les pieds, dans ce cimetière. L'action se déroule en Italie et à Paris dans toute le seconde moitié du 19ème siècle. On y suit la vie pathétique de Simon Simonini, un Piémontais qui déteste tout : les femmes, les étrangers, les francs-maçons, les juifs, les anarchistes, les Illuminés de Bavière... C'est un notaire minable, doué pour la contrefaçon et le mensonge. Il va donc devenir espion pour le comptes de différentes factions car c'est dans cette profession que ses défauts sont le plus appréciés. La campagne garibaldienne puis le Paris de la IIIe république vont être pour lui une fange dans laquelle il va se vautrer goulûment, trahissant et inventant des menteries à tour de bras. Il inventera tant de mensonges que certains deviendront vérités. Mais surtout, surtout, il laissera à la postérité un document qui fait encore saliver les pires crapules : le Protocole des sages de Sion, une foutaise antisémite notoire qui passe encore pour parole d'évangile chez les imbéciles les plus notoires. Simonini érige l'antisémitisme en complot ultime. Tous les malheurs du monde s'expliquent : c'est la faute des juifs.



Sans surprise, on retrouve donc dans ce Cimetière de Prague toutes les marottes d'Umberto Eco. La construction d'un complot. Le travail de faussaire. La passion pour les romans à feuilleton. L'histoire italienne. L'ésotérisme... Et son affreux Simon Simonini est une sorte de creuset où se mélangent tous ces composants. Empruntant à la construction des oeuvres de Dumas et Sue (l'ouvrage est même parsemé de gravures), Eco tricote une vie de petit espion mal dans sa peau mais surtout mal dans sa tête. Rien ne va alors il faut un coupable, si possible judaïque car c'est ce qui se vend le mieux. Cette imbécillité crasse dans le racisme systématique est tellement exagérée qu'elle est en par moment risible. Combien de contradictions et les retournements de veste moraux il faut accepter pour que ce genre de thèse branlantes tienne, l'espace de quelques secondes, en équilibre précaire dans le cerveau asphyxié de ce malade. Certains passages sont tellement outrés dans la justification qu'ils en sont savoureux de crétinisme, car comme toujours avec Umberto Eco, l'ironie vient soutenir le travail d'érudition pour le rendre supportable. C'est délicieusement malsain car Simon Simonini est indéfendable quand il parle de Charcot, d'un certain docteur Froïde ou de Dreyfus. Sa logique est tellement foutraque que pas une seconde on ne peut croire que ce livre est une apologie du racisme, de l'homophobie ou de la misogynie.



Pourtant, il se trouve tout un tas de cornichons pour voir un danger dans ce livre sur la création du mensonge. On argue que les gens moins équipés moralement pourrait puiser dans ce roman du carburant pour alimenter leur petite chaudière haineuse interne. C'est possible, les cons ont des ressources insoupçonnées quand il s'agit de se distinguer dans la nigauderie. Mais interdire à tous cette histoire savante et rigolarde sur les vidocqueries chafouines de toute cette époque rocambolesque, c'est à mon sens niveler l'intelligence par le bas. Il faut dire tout haut comment ces faussetés sont nées et quels bas instincts nous poussent à croire le nègre fainéant, le juif accapareur et la femme hystérique (et l'auvergnat radin, le 62 alcoolique et l'anglophone demeuré). Car ce livre, même daté dans son intrigue façon Mystères de Paris, reste d'actualité, surtout quand je lis, au pif, que les binationaux sont suspects, que les noirs jouent un football différent du notre ou que ce n'est pas pour rien si un juif priapique contrôle le FMI et cherche avec une mauvaise foi jésuitique à se faire passer pour un type de gauche. La tentation du complot est toujours la plus forte, ce livre vous le démontre page après page.
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Le Nom de la rose

Il est rare de trouver une œuvre littéraire aussi aboutie que « Le nom de la rose ». La saisissante adaptation cinématographique de Jean-Jacques Annaud a certes contribué à son succès, mais alors que le film se concentre sur l'élucidation des crimes à l'abbaye, le propos du livre est beaucoup plus vaste. Il offre une passionnante réflexion théologique et philosophique qui m’en a appris un quintal sur les divers courants hérétiques et les manœuvres de l'inquisition.



Que d'événements et de découvertes ont lieu en sept jours dans cette abbaye "située entre Provence et Ligurie, en l'an de grâce et de disgrâce 1327" ! Unité de temps, de lieu et d’action : Umberto Eco a donné à son roman la densité et le rythme d'une pièce classique, sous la forme d’un manuscrit divisé en sept chapitres, comme les sept jours de la création du monde et les sept péchés capitaux. Chaque chapitre est ponctué par la cloche qui, de matines à complies, règle les huit étapes de la journée monastique, mais aussi par la découverte d'un nouveau cadavre, dont la mise en scène est ciselée comme un travail d'orfèvre.



Les aspects triviaux du Moyen Age et la noirceur des personnages sont une délectation pour les amateurs de romans historiques. Sans oublier l'humour des dialogues entre le moine franciscain Guillaume de Baskerville (on notera la référence à Sherlock Holmes) et son jeune disciple Adso de Melk, qui fait office de narrateur. Au fur et à mesure que l'improbable duo en robe de bure mène l'enquête et explore le labyrinthe qu'est la bibliothèque de l'abbaye - la plus vaste de la chrétienté - le lecteur, captivé, progresse sur la voie de la connaissance, à grand renfort de sentences latines, jusqu'au dénouement... flamboyant.



Suspense, érudition, humour, luxure et cruauté : un chef d'œuvre à la mesure de l'âme humaine, dans ce qu'elle a de plus vil comme de plus lumineux.
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Le Pendule De Foucault

Nous devions avoir 10 ou 12 ans. Nos familles venaient toutes d'emménager dans un immeuble neuf du centre-ville de ***** et l'été nous tendait les bras. Le chantier de l'immeuble n'avait pas totalement disparu, alors nous avions récupéré quelques matériaux de construction pour monter une cabane branlante. Rapidement, notre bande prit un nom pompeux avec le mot Chevalier dedans. Un chef émergea du lot. Quelqu'un fabriqua même des cartes de membres découpées dans des fiches Bristol à petit carreau et protégées dans des petites pochettes de plastique volées au bureau de son père. Le symbole de notre groupe (un aigle) fut dessiné par le moins maladroit d'entre nous (une fille, car à cet age-là, la discrimination se fait entre Lego et Playmobil, pas selon les sexes) sur le sol de la cabane. Des tabous apparurent, dont celui de marcher sur notre aigle, sous peine d'expulsion. Évidemment, il était interdit de parler de notre club à quiconque, pourtant, on recrutait encore un cousin ou un ancien du quartier qui avait connu l'endroit avant la construction de l'immeuble. Comme l'immeuble avait été bâti à l'ombre de la cathédrale de la ville, notre cabane se trouvait fort logiquement coincée à l'arrière de la maison de dieu, dans un coin plutôt sordide que seuls les clodos utilisaient pour uriner. Notre QG était là, adossé à la cathédrale, et on jouait au balon contre le mur épais sans que le sacristain y trouve à y redire. Comme les saints nous surveillaient depuis les vitraux, on faisait gaffe. Le club est mort de lui-même à la fin de l'été. On manquait d'une bande rivale pour réellement exister.



Le pendule de Foucault parle de ça (mais pas que). C'est un livre sur les petits garçons qui s'ennuient et qui forment des clubs secrets. Sauf que quand ils grandissent, ces petits garçons continuent de jouer, mais ils ne se contentent pas de lancer des marrons sur les toits des environs ou d'inventer un nouvelle manière secrète de se dire bonjour, ils ont des jouets d'adulte.



Ce livre raconte en fait dans le désordre comment trois hommes travaillant pour une maison d'édition milanaise se mettent, pour de rire, à inventer une conspiration templière. Au départ, c'est un jeu d'esprit, puis ça gonfle, ça enfle et ça gagne en démesure. Car en occultisme, tout est dans tout : dès que l'on invoque les Templiers, les assassins d'Hiram ne sont pas loin, les roses-croix débarquent et le golem de Prague fait parler de lui. Leur petit jeu s'emballe et le Plan, ce petit jeu amusant, prend le pas sur le réel. Car un mensonge, s'il est suffisamment dit et redit, finit par devenir vrai. À force de faire des analogies entre la Torah, le comte de St-Germain, la svastika et Cthulhu (oui, oui, même Cthulhu), une certaine vérité prend forme et leur échappe totalement.



Syncrétisme brésilien, cérémonies druidiques, Agartha, cathares albigeois, derviches tourneurs, Vieux sur la Montagne, frimaçons, Provins... Impossible de lister tous les sujets abordés par Umberto Eco à travers ce roman. Car le Plan inventé par les trois personnages, il couvre l'entierté du spectre de l'hermétisme et de l'occultisme. Et disons que c'est un peu le rayon d'Eco, ce fond de commerce. Alors c'est un festival continu de références sur 650 pages. Le Plan avance par petits sauts et comble totalement le conspirationniste qui sommeille chez le lecteur. Jacques de Molay a maudit Philippe le Bel, c'est certain. Les alchimistes avaient prévenu Einstein que le pouvoir nucléaire était trop lourd à porter. Évidemment, que l'enseignement de Jésus est incomplet, il manque au moins deux évangiles. Les références magiques dans l'oeuvre de ce Guillaume Branlelance sont évidentes à qui veut bien lire correctement ses pièces. Vous saviez que les Illuminés de Bavière contrôlent le FMI, non ? Tout est là, il suffit de relier les points entre eux.



Sauf que, ce vieux renard d'Eco, d'une main il donne de l'eau au moulin des croyants de toutes les chapelles occultes, de l'autre il démonte tous ces mythes. Il vous montre comment la numérologie fonctionne même avec les objets de tous les jours, à quel point l'interprétation d'un texte médiéval varie de sens en fonction des attentes du lecteur qui peut y voir un texte anodin ou un message cryptique, qu'il suffit de nier notre appartenance à une secte secrète pour prouver son existence, que les meilleurs secrets sont ceux qui n'existent pas puisque par leur nature même, ils ne sont jamais trahis... Le croyant pourra lire le livre en y voyant une apologie à l'hermétisme, l'incrédule y verra une charge furieuse contre le mensonge érigé en savoir.



En plus, le livre parle de l'Italie quittant le fascisme pour aborder des rivages tout aussi sombres. C'est aussi un livre qui montre le fonctionnement magouillard de certaines maisons d'édition qui pratiquent cette arnaque légale qu'est la publication à compte d'auteur. C'est accessoirement un livre qui met aussi de l'avant l'informatique de son temps, avec un programme en Basic pour devenir le nom de dieu (d'ailleurs, la traduction fait datée désormais, le texte par de file, de word processing, de computer... que ce language fait vieillot).



Le pendule de Foucault est un livre qui me dépasse. Il foisonne de références, d'auteurs abscons, d'idéologies dépassées, de rites étranges. À chaque fois que je le relis, j'en sors ébouriffé. C'est une piqûre de rappel contre les Dan Brown de ce monde, les publications des frères Bogdanov et la thèse de sociologie d'Elisabeth Tessier. C'est à la fois l'ultime complot et une ôde à ces petits garçons qui nous étions et qui s'amusaient à mettre du secret sur nos étés d'ennui pour nous donner de l'importance.
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Reconnaître le faux

Umberto Eco dans ce texte court mais dense balaie quelques façons de reconnaître le faux, parlant de vérité et d’éthique, de contrefaçon et d’ironie pour distinguer, avec une érudition teintée d’une espièglerie plaisante, entre dire le faux, mentir et falsifier. Un thème qui a souvent fait partie de ses romans, lui qui ne considère pas que la fiction narrative soit un mensonge.

À une époque où beaucoup s’ingénient à diffuser le faux et à remettre en question des vérités intangibles, c’est un vrai plaisir de suivre la brillante pensée d’Umberto Eco, déconstruisant les notions de falsification et de complot.
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Apostille au Nom de la rose

Ce livre dont l'importance est inversement proportionnelle à son épaisseur, constitue l'indispensable complément au Nom de la rose.

Que ne l'ais-je lu depuis longtemps qu'il était à ma disposition!

Umberto Eco explique de façon simple et accessible à tous, le processus de création littéraire d'une sorte de chef-d'œuvre... Et avec quel brio!

C'est passionnant, avec en ligne de mire la réconciliation de l'art et de l'amabilité.

Umberto Eco le dit et y parvient: Peupler les rêves des lecteurs par l'obsession plus que par le bercement... Même s'il souligne l'importance de la musique propre à chaque roman réussi.... Et l'importance des cent premières pages (un cap à passer) pour lire Le nom de la rose.

Babéliotes, lecteurs du Nom de la rose qui n'avez pas encore lu cet Apostille... n'attendez pas pour le consulter et en goûter l'intelligence.

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Le Nom de la rose

Roman somme et polar bibliophile et médiéval où l'auteur déploie toute sa connaissance et son érudition de l'histoire des idées et des croyances au Moyen Âge pour mener l'enquête - aux arrières-plans philosophiques - à travers le personnage de Guillaume de Baskerville, l'enquêteur inspiré - dans un monastère bénédictin dédié à la conservation et à la copie des livres de l'Antiquité. Aristote a-t-il écrit un ouvrage sur la comédie ? Le rire est-il permis ? Ce livre mystérieux à-t-il figuré dans la bibliothèque ? Pourquoi les moines meurent-ils tous , mystérieusement assassinés ? Les inquisiteurs s'intéressent à l'affaire qui a fait scandale dans l'Eglise, on brûle et torture quelques innocents. La question de la liberté de penser resté posée dans un monde médiéval à la riche culture mais qui n'en poursuit et extirpe pas moins l'hérésie comme le mal absolu. Un chef d'œuvre d'intelligence, de culture et d'ironie.
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Cocaïne

Ce roman a été publié en 1921, son auteur Pitigrilli, s'appelle Dino Segre. Il est réédité en 2018.



L'histoire est celle d'un dandy italien, très malin, capable de s'adapter aux situations et aux personnes, qui après un improbable amour de jeunesse en Italie, part pour Paris, s'installe à Montmartre, devient journaliste, est rejoint par son premier amour, Madeleine devenue Maud. A Paris, il découvre la drogue en multipliant les expériences sentimentales ou sexuelles. En fait, il aura deux amours, la belle Maud et une séduisante arménienne très riche, Kalantan. L'histoire se poursuit en transatlantique vers l'Argentine, Dakar pour se conclure en Italie.



Le titre du roman est à la fois le nom de la drogue qui le conduit vers les paradis artificiels et le surnom qu'il donne à Maud, Cocaïne. L'amour qu'il lui porte finira par ne plus supporter ses infidélités non dissimulées, le héros n'étant pas en reste de son côté. C'est certainement le côté le plus intéressant du roman que cette relation complexe et jusqu'au-boutiste.



C'est donc un roman d'amour et de jalousie, d'humour cynique jusqu'à son terme assez glorieux de désespoir qui contient nombre de bons mots et quelques passages méritant d'être cités. La présence de la drogue et de ses flottements ajoute une touche suave et morbide à l'histoire. Le style est excellent et le dictionnaire est quelquefois nécessaire tant le vocabulaire est recherché.



J'ai trouvé cependant difficile de s'intéresser aux différents personnages lesquels, hormis Kalantan, la belle arménienne, m'ont paru plutôt fades et sans saveur. Ce livre a été censuré il y a une centaine d'années, aujourd'hui les passages relatif au sexe sont plutôt assez poétiques que choquants. La censure est venue de l'Eglise et des politiques italiens de l'époque pour lesquels l'auteur ne cache pas son mépris.



Le roman est suivi d'une postface d'une quarantaine de pages très denses, écrite par Umberto Eco qui détaille la globalité de l'oeuvre de Pitigrilli qu'il a lue dans son intégralité. Il la replace dans le contexte de l'italie fasciste dont l'auteur était aux antipodes.



Ce roman me laisse une impression mitigée: une écriture très riche pour une histoire sans réel intérêt sauvée par le style et la faconde de l'auteur.



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Histoire de la beauté

Faisons, en premier lieu, l'éloge de la beauté : beauté du livre, admirable objet, enrichi de multiples et magnifiques illustrations, que j'ai pris plaisir à feuilleter. Le thème n'est pas nouveau mais il est intéressant à plus d'un titre. En effet, on peut s'interroger sur la beauté : les critères sont-ils objectifs ? Ont-ils évolué au fil des siècles ? De l'aspect purement technique à la question philosophique, le sujet est vaste. Ici, les deux auteurs, Umberto Eco et Girolamo de Michele, ont pris le parti du classement thématique. Pourquoi pas après tout ? Mais, et c'est là, à mon avis, que cela se gâte, ces chapitres thématiques se suivent de façon chronologique de l'Antiquité jusqu'au Moyen âge. Et, soudain, tout se mélange pour revenir ensuite à une certaine chronologie. Voilà comment on se retrouve avec des tableaux du XVe et XVIe suivis du Déjeuner sur l'herbe (1863) de Manet... pour revenir au XVIe et au XVIIe siècle. Cela devient vite déstabilisant... à la limite du fourre-tout (je dis bien "à la limite" car les textes tentent de faire des liens).



D'autre part, un deuxième problème fait que je suis vraiment mitigée sur le résultat final de cet ouvrage et sa portée : cette Histoire de la beauté dévie souvent sur la laideur (thème ayant fait l'objet d'un deuxième tome). De deux choses l'une : soit on fait un parallèle, tout à fait légitime par ailleurs, entre ces deux concepts, soit on ne traite que d'un seul à la fois. Mais insérer ainsi des propos sur la laideur de temps à autre démontre la difficulté qu'ont eu les auteurs à séparer les deux sujets.



Bref, c'est bien dommage car il y avait de quoi faire sur un tel sujet. A mon avis, mais encore une fois cela n'est qu'un simple et tout petit avis, il aurait peut-être mieux valu faire un classement chronologique pur, étudier l'évolution des critères au lieu de faire quelque chose de pseudo chrono-thématique qui enferme les auteurs dans un carcan qui n'aurait pas lieu d'être.
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Le Nom de la rose

Nous sommes en l'An de grâce 1327, la chrétienté est en crise. L'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville se rend dans une abbaye bénédictine du Sud de la France pour participer à une rencontre entre franciscains prônant la pauvreté du Christ et partisans d'un pape amateur de richesses, qui réside en Avignon.



Cette rencontre est capitale car elle doit leur permettre de trouver un accord. Or le pape s'oppose à toute idée de modernisation et se livre à une lutte sans merci contre l'empereur Louis de Bavière et n'hésite pas à accuser d'hérésie toute personne ne pensant pas comme lui.



Dès son arrivée, il se voit prié par l'abbé Abbon de découvrir au plus vite la raison de la mort violente d'un de ses moines, Adelme d'Otrante retrouvé assassiné : il est tombé pendant la nuit d'un bâtiment appelé l'Edifice, dans lequel se trouvent les cuisines et surtout l'immense bibliothèque, véritable chef-d'oeuvre architectural.



L'inquisiteur Bernard Gui, dont la réputation de cruauté n'est plus à faire, est attendu, et l'abbé craint pour l'avenir de son abbaye. Baskerville se met à l'ouvrage, assisté du jeune Adso de Melk qui est en fait le narrateur du roman. D'autres morts vont venir compliquer sa tâche.



Guillaume va rencontrer différents moines pour tenter de résoudre ce crime et nous allons ainsi faire la connaissance de personnages hauts en couleurs : Ubertin, Venantius, Jorge, Béranger…



Chaque nouvelle découverte qui permettrait à Guillaume de se rapprocher de la vérité s'accompagne d'un nouveau meurtre selon une chronologie se rapprochant de prime abord de l'Apocalypse.



le récit est divisé en sept journées, rythmées selon les différents offices de la journée.



Ce que j'en pense :



C'est un roman que j'ai eu beaucoup de plaisir à relire. C'est le film qui m'avait conduit à cette lecture, à distance du phénomène médiatique de la sortie du livre.



Je me souvenais qu'il fallait passer le cap des cent premières pages pour entrer vraiment dans l'histoire, qui est loin d'être simple et j'avais gardé en tête le côté polar, probablement à cause du film que j'ai vu plusieurs fois.



En fait, cette fois-ci, j'ai plus été passionnée par le contexte : l'Inquisition, les richesses et l'Église, la pauvreté prônée par François (qui est d'actualité avec le Pape actuel), l'Église et le savoir ou la connaissance qui ne doit surtout pas sortir de la bibliothèque par exemple, la place de la femme et le principe de chasteté, ou le rire qui doit être proscrit, « le rire est chose fort proche de la mort et de la corruption du corps » répliqua Jorge en un grondement. P 104 en un mot l'obscurantisme qui a une résonance particulière à notre époque, où des intégristes d'une autre religion condamne le savoir.



La bibliothèque joue un rôle central, d'abord parce que l'intrigue s'y déroule, mais aussi par son architecture très particulière, octogonale, avec des ailes différentes qui ont des noms latins permettant d'identifier les ouvrages innombrables qui ont été rapportés de tous les pays, notamment arabes. On y accède par un labyrinthe dont seuls ceux qui y travaillent et veillent jalousement (trop) sur les ouvrages. Tout baigne dans un grand mystère et à aucun prix les livres donc la connaissance ne doivent parvenir au commun des mortels.



Seuls les « érudits », les « gardiens du temple » en somme y ont accès, et rien ne doit sortir. Si le peuple accédait à la connaissance, ce serait tellement dangereux, les gens pourraient réfléchir par eux-mêmes au lieu d'être lobotomisés. Cela ne vous rappelle rien ?



Umberto Eco parle aussi de l'idolâtrie des hommes d'église envers les objets de culte, de l'accumulation de richesses des uns et du voeu de pauvreté des autres pour être au plus près du Christ, les déviances, les indulgences (absolution contre de l'argent), l'amour, la chasteté, la femme et tant d'autres choses…



Je me suis régalée avec certaines notions telle la « Sapience » union de la Sagesse et de la Connaissance « Sagesse de celui/celle qui possède le savoir, la science à un degré élevé ainsi que les qualités de jugement, d'habileté, de raison, de prudence », terme qu'on retrouve dans la religion judéo-chrétienne mais qui n'est guère usité dans la conversation courante ce qui est fort dommage.



Guillaume de Baskerville, le nez chaussé de ces lunettes improbables, me plaît beaucoup par sa personnalité, sa réserve, sa façon de raisonner tout au long de l'enquête et derrière ce duo qui mène l'enquête on entrevoit bien-sûr Sherlock Holmès et son comparse le Dr Watson, avec un clin d'oeil au « Chien des Baskerville » de Conan Doyle car les personnalités se ressemblent beaucoup. Un polar médiéval réussi, mais ce roman va bien au-delà du polar.



J'ai bien aimé le choix d'Umberto Eco d'utiliser Adso comme le narrateur du récit, car il peut se permettre des réflexions « naïves » que l'on peut attribuer à son jeune âge au moment des évènements mais, comme il est âgé en faisant le récit, il nous livre des états d'âme, des pensées remaniées par la vieillesse, l'expérience…



Un seul bémol, Umberto Eco nous abreuve de citations latines pour être plus authentique, mais mes souvenirs de latin sont tellement loin que je n'ai rien pu en tirer, alors j'aurais bien aimé des traductions sous forme de notes de bas de pages par exemple, car je me suis sentie frustrée et comme j'ai l'esprit rebelle je n'ai pas pu m'empêcher de penser « qu'on voulait me priver d'une certaine connaissance »…



Bref, j'ai adoré, encore plus que la première fois, et j'ai constaté au passage que ce roman méritait plus que les quatre étoiles que je lui avais attribuées lors de mon inscription à Babelio…



Note : 9,6/10
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Le Nom de la rose

Un vieil homme raconte la terrible enquête qu’il a menée avec son maître des décennies auparavant. Alors qu’il était novice, Adso était le secrétaire de Guillaume de Baskerville, ancien inquisiteur. En 1327, les deux frères furent appelés dans une abbaye en Ligurie pour résoudre une mort étrange. Mais, rapidement, les morts se succèdent dans l’enceinte religieuse. Les suspects deviennent les victimes et tous les indices pointent vers la bibliothèque, lieu interdit aux hommes, territoire exclusif du vieux bibliothécaire aveugle, Jorge de Burgos.



Pendant sept jours, Guillaume et Adso suivent les traces d’un criminel et mettent au jour toutes les luxures de l’abbaye. Ils se heurtent au silence buté et à l’austérité des moines. Entre passages secrets, mystères et labyrinthe, l’enquête progresse laborieusement. Comment sont morts les moines ? Pourquoi ? Que cherche-t-on à cacher dans l’immense bibliothèque ? Guillaume ne se décourage pas et il sait obtenir les réponses qu’il attend. « Ne me demande pas de te confesser. Ne clos pas mes lèvres en ouvrant les tiennes. Ce que je veux savoir de toi, tu me le diras d’une autre manière. Et si tu ne me le dis pas, je le découvrirai par moi-même. Demande-moi miséricorde, si tu veux, ne me demande pas le silence. Vous êtes trop nombreux à vous taire dans cette abbaye. » (p. 149)



Guillaume de Baskerville est un fin observateur, il sait lire les codes et « les traces par lesquelles le monde nous parle comme un grand livre » (p. 36) et il use avec habileté d’une logique qu’il sait sans cesse remettre en question. Il ne néglige aucun indice et reste ouvert aux coïncidences. « Nous sommes ici en train de chercher à comprendre ce qui s’est passé entre des hommes qui vivent parmi les livres, avec les livres, des livres, et donc même les mots écrits dans les livres sont importants. » (p. 144) Un livre, plus que tous les autres, attise la convoitise des hommes depuis des siècles. Se pourrait-il qu’il se trouve dans cette abbaye et qu’il explique enfin le caractère licite du rire ? Pour trouver ce livre, il faut d’abord déchiffrer le secret de la bibliothèque et se tirer de son labyrinthe et de ses pièges. Le lieu censé être ouvert à la connaissance et au partage du savoir se révèle être une place dangereuse, voire mortelle. « C’est une histoire de larcins et de vengeance entre moines de peu de vertu !, m’exclamai-je, plein de doute. / Autour d’un livre interdit, Adso, autour d’un livre interdit, répondit Guillaume. » (p. 496)



Ce polar historique mêle meurtre et enquête avec histoire de la papauté et de la foi. On assiste à un procès mené par l’Inquisition : les hérésies ravagent le Royaume de Dieu et les inquisiteurs entendent y mettre bon ordre. Se déroulent alors des joutes rhétoriques sur les textes saints et antiques, sur la question de la vérité et de la vraie foi. C’est tout un pan de l’histoire chrétienne qui est présentée. Si certains passages sont un peu longs, l’ensemble reste très intéressant. Que les non latinistes prennent leur courage à deux mains : les citations latines qui foisonnent à chaque page ne sont pas traduites (pas dans mon édition en tout cas), ce qui fait perdre un peu du sens. Mais, globalement, le roman se lit très vite. L’enquête est finement menée en la personne de Guillaume de Baskerville. Adso, qui semble n’être qu’un faire-valoir, est en fait un des éléments majeurs de la résolution de l’énigme. Le roman de la rose est un très bon roman policier et historique. Il ne me reste qu’à revoir le film qui met en scène Sean Connery et Christian Slater dans la peau des deux frères enquêteurs.
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Le Nom de la rose

Une abbaye est normalement un lieu serein dédié à la prière et non une scène de crime, mais un crime odieux a été commis, alors un homme, Guillaume de Baskerville, ex-inquisiteur, se rend dans le sud de la France avec un tout jeune assistant afin de faire la lumière sur ce décès.

C’est d’ailleurs ce dernier, Aldo de Melk, qui nous raconte cette histoire palpitante, alors qu’il est déjà âgé.

Vous aimez les romans historiques qui se déroulent au moyen-âge ?

Si vous avez envie d’une lecture exigeante avec une qualité d’écriture certaine, de nombreuses références à la religion et à la philosophie, avec des questionnements sur le sens de la vie, sur la connaissance et la science, le tout se déroulant au sein d’une abbaye dont nous parcourrons chaque cellule, chaque salle, chaque couloir avec les moines, de jour comme de nuit, dans le froid et le silence, alors ce roman est fait pour vous.





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Comment voyager avec un saumon. Nouveaux pa..

Franchement ! Mais quel regret ! Quel regret d'avoir laissé de côté et laissé prendre la poussière si longtemps ce recueil de notes et parodies de l'excellent Umberto Eco parce qu'indubitablement c'est une mine d'informations. Quant au pouvoir des mots pour commencer, mais aussi pour ce voyage de l'homme moderne dans les méandres de la vie quotidienne et surtout de ses imperfections les plus élémentaires décrites avec une plume élégante et bourrée d'humour.

Au fil des pages et des anecdotes que l'auteur nous invite à découvrir, il n'est pas un instant où le sourire se profile et s'affiche, car les histoires sont plus ou moins réelles ou imaginaires, mais toutes teintées à des degrés divers d'une part d'absurde et de bêtise.

Désormais je mets ce recueil à portée de mains, avant (très certainement) d'attaquer les écrits plus fouillés de l'auteur érudit à l'instar du Pendule de Foucault ou du Nom de la Rose.
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Le Pendule De Foucault

J'ai devore ce qui me semble etre un veritable tour de force.Les ingrédients de nombreux best-sellers sont mis ici a nu.Umberto Ecco a pu grace a sa grande culture monter un plateau de jeu humain,complexes mais lisible;je trouve pour rationaliser deux milles d'ans d'histoire en une seule combinaison.Epoustouflant!Et la lecon sur nos croyances,sur les manipulations et sur ce qui devrait nous rendre davantage prudent face aux theories.Une fois le livre termine,il reste tout de meme un sacre jeu de construction,un portrait de groupes de croyances humaines éclairants et un dernier clin d'œil en forme de rire umbertien.Une fois depasse le premier chapitre,le recit demarre,on a entre les mains un chef-d'oeuvre.Cette histoire du secret des Templiers qui explique tous les evenements majeurs de tous les siecles de l'histoire humaine a partir de l'existence des Templiers.Le tout est de s'accrocher et de depasser le premier chapitre deroutant surtout si comme moi on est nul en geometrie.On peut juste se laisser bercer par la poesie

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