- Comment s'appelle le cheval brun avec une tache blanche sur le museau ?
- Hermès.
- Malin, dit Grady.
On entendit le bruit de la mitraillette, une salve rapide de trois coups. Hunt n'entendit rien d'autre. Il n'entendit pas le cheval ni les impacts des balles. Le téléphone à la main, il se contentait d'écouter, sans trop savoir quoi dire.
- Tu as combien de chevaux dans ton écurie ? demanda Grady.
Hunt ne répondit pas.
- Pour moi, c'est seulement des animaux, mais je parie qu'ils représentent beaucoup plus à tes yeux.
- Pourquoi est-ce que tu ferais ça ?
- Tu sais que je vais retrouver ta femme. Je vais la trouver et on pourra rejouer à ça. Tu veux que je te rappelle à ce moment-là ?
- Si tu avais dû la trouver ce serait déjà fait. Tu espérais seulement qu'elle soit là.
- Non c'est toi que j'espérais trouver ici.
Hunt entendit l'arme tirer à nouveau. Cette fois-ci, il entendit le cheval hennir une fois. Puis une deuxième.
- Je vais prendre mon temps avec celui-là, dit Grady.
- Je vais te tuer, menaça Hunt en se disant qu'il était sérieux. Pour la première fois de sa vie, il le pensait sérieusement. Nouveau tir de l'arme automatique.
- Il ira jamais au champs de courses.
- T'es cinglé
- Tu pourrais empêcher ça.
- T'as rien et t'es désespéré.
- Je pourrais commencer par ta femme, et puis je prendrais la fille, de toute façon, je serai sans doute obligé de la tuer pour lui sortir la drogue du bide. Je pourrais faire tout ça devant toi. Je t'obligerais sûrement à regarder. Tu veux sauver quelqu'un, tu veux sauver ce dernier cheval ? Tu devrais venir me retrouver ici. Je te promets que ça sera rapide. Tu es déjà mort de toute façon.
Pendant un moment, ses yeux scrutèrent la forêt épaisse. Le camp formait une petite clairière au milieu des arbres. De la terre noire sous ses bottes et rien à part la muraille interminable des troncs d'arbres dans toutes les directions. ( p 106 )
Des gens ont besoin d’un produit. On va le chercher chez le producteur et on l’apporte au vendeur. C’est aussi simple que ça. Et ça va pas s’arrêter simplement parce que le gouvernement a décrété que ça s’arrêterait. On est content quand il s’en mêle, ça fait grimper les prix. On peut vendre au tarif qu’on veut, et les gens achètent parce qu’ils peuvent pas s’en empêcher.
Le magasin était un bric- à -brac de pétrole, chapeaux de pêche, tee-shirts, bières, chips, hot-dogs, pantalons de travail, chaussures, et même de la nourriture pour chevaux et des graines pour oiseaux. On y vendait tout et n'importe quoi, et s'ils ne l'avaient pas ils pouvaient l'avoir dans la semaine. ... / ... Il remonta l'allée et regarda les marchandises en vente derrière le comptoir. Cigarettes et billets de loterie, une vieille chemise Budweiser et un chapeau assorti qui étaient accrochés dans le magasin d'aussi loin que Morgan pouvait s'en souvenir. ( p 260 )
Il y avait d’autres choses à prendre en considération. Il savait ce que la confier à quelqu’un signifiait : pas de drogue, pas d’avenir, juste un aller simple pour la prison. Il ne pouvait pas permettre ça. Il y avait des tas de trucs qu’il n’avait pas faits dans sa vie. Il était passé à côté de plein de choses, la famille, la paternité, la sécurité. A cause d’un passé qu’il aurait voulu pouvoir effacer chaque jour de sa vie. Mais, ça, il savait que c’était impossible.
Dix ans qu’il n’avait pas remis les pieds là-bas, n’avait même pas appelé chez lui pendant tout ce temps. un fils de douze ans dont Ray craignait qu’il ne le reconnaisse même plus. C’est à tout ça qu’il avait pensé quand Memo avait appelé pour lui proposer ce job, lui offrant une raison de rentrer chez lui, même si au cours de ces dix dernières années ses propres raisons n’avaient jamais été assez bonnes.
Trois heures plus tard Drake était assis dans sa voiture et regardait les portes de la prison de Monroe, attendant la libération de son père.
Tout ce qu’il avait espéré était une échappatoire, un moyen de fuir la violence qui, il le savait, allait bientôt se déchaîner.
Qu’il est terrible pour une personne de savoir ce qu’elle aurait pu être. Ce qu’elle aurait pu devenir. Mais à la place d’avoir à continuer sa vie en n’étant rien, et de savoir qu’elle va seulement mourir et que tout s’arrêtera là.
OAKLEY HALL,
À trente-six ans, elle avait plus de dix ans de moins que lui, et portait l’étoile qu’il arborait jadis. Les cheveux blonds pour lesquels il avait toujours eu un faible à l’époque où elle était son adjointe aujourd’hui réunis sous son chapeau en une queue de cheval. Tout en elle lui paraissait nouveau, comme si elle n’avait jamais été la personne qu’il avait connue autrefois. Le stress et la pression de ses responsabilités visibles sur son visage où de nouveaux sillons s’étaient formés dans la peau, accentués à présent par ce qu’elle venait de voir.