AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de michelekastner


Meno savait qu'il abordait une mission difficile. Schiffner n'aimait pas ces conversations avec ses auteurs et c'est lui, son lecteur, qu'il envoyait en première ligne. Meno estimait - il en avit déjà parlé une fois avec Schiffner, sans obtenir d'autre résultat qu'une crise de rage de son directeur, qui lui fit penser à un accès de mauvaise conscience - qu'il y avait quelque chose de déloyal, peut-être même d'obscène dans ces entretiens. On indiquait à l'auteur quels passages feraient selon toute vraisemblance obstacle et on le laissait ensuite décider si et dans quelle mesure il était disposé à la censure, c'est-à-dire à l'auto-censure. Certains disaient qu'il s'agissait d'un procédé honnête ; mais à l'humiliation due au fait que l'on n'imprimait pas les textes tels qu'ils étaient s'ajoutait celle née de ce qu'on laissait à l'auteur le soin de les tuer lui-même par étapes successives. Il ne restait plus alors aucune possibilité de se défendre contre certains reproches ; l'auteur n'avait-il pas donné lui-même à son texte la forme dans lequel il paraissait ? Cette pratique était monnaie courante dans toutes les maisons d'édition ; mais Meno avait des serrements de coeur lorsqu'il s'y adonnait et éprouvait alors de la compassion pour ses auteurs - et ce n'était pas seulement parce qu'il en était un lui-même.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}