« Hier encore, un père m'appelle, désemparé, faisant état de la gravité de la situation avec son fils
Bien souvent, cependant, je remarque qu'une simple discussion suffit à calmer ce qui a motivé l'appel : l'angoisse et la culpabilité de ne pas être les parents qu'il faudrait être. Ils souhaiteraient que je le leur dise quoi faire pour être de bons parents, voire des parents parfaits, c'est-à-dire : bienveillants, à l'écoute, drôles, toujours calmes
Ce qui ne correspond en rien aux êtres humains que nous sommes, avec des hauts et des bas.
Il ne s'agit pas ici d'affirmer que nos enfants ne doivent plus aller voir de psy, je sais combien ce peut être utile. Mais plutôt de souligner que, dans bien des situations, la meilleure manière de ne pas avoir à les y emmener, c'est de chercher dans sa famille les ressources nécessaires pour s'en sortir et, bien entendu, de s'écouter et de savoir s'occuper de soi.
Alors, on essaie ? »
Pour le psychothérapeute Valentin Spitz, l'essentiel est donc de remettre les parents au centre du jeu : les spécialistes les plus avisés de leur enfant, ce sont eux-mêmes.
Ce livre, fondé sur dix cas réels, offre ainsi, en dix épisodes, des ficelles pour dédramatiser, et avancer.
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« Ah non je n’avais pas du tout envie d’y aller mais j’avais fait un effort. C’était loin à la campagne, tu étais encore tout petit et si mignon. Elle n’en avait rien à faire qu’on soit là. Et puis son chien, son sale chien, son gros chien.
Elle les a toujours pris pour ses enfants, ses chiens ; elle les aime plus que nous, elle les appelle « ma fille », « mon fils », tu te rends compte ?
Bon, bref, le chien t’avait agressé. En arrivant, il t’a sauté dessus, la porte s’est refermée et tu as hurlé de douleur.
Elle s’en fichait totalement, tu sais !
J’ai dû aller à la pharmacie toute seule dans le froid, il neigeait. »
Elle comprend que diriger est aussi communiquer.
Qu'elle est un personnage.
Les hommes se mettent à la vénérer, les femmes à la détester. Juliette se découvre un talent extrême pour le relationnel et elle a souvent cette étrange impression : celle d'avoir fait cela toute sa vie.
D’elle on m’a tout dit. Qu’elle était nymphomane, folle, égoïste. Qu’elle avait eu mille amants. Qu’elle avait dirigé des entreprises. Qu’elle avait été extraordinaire. Qu’elle avait été monstrueuse. Qu’elle les avait écrasés. Qu’elle les avait sauvés. Qu’elle avait été la plus belle femme du monde. Qu’elle avait eu Paris et les hommes à ses pieds. Les femmes aussi. Qu’elle avait eu des chiens et des grosses voitures. Qu’elle s’était appelée Nicole. Puis Juliette. Qu’elle avait fait le tour du monde. Qu’elle avait préféré son garçon à toutes ses filles. Qu’elle avait aimé. Follement. Qu’elle avait tout sacrifié. Pour eux.
L’intelligence émotionnelle est la capacité à reconnaître ses propres émotions, à les analyser et à composer avec celles des autres, à laquelle s’ajoute la nécessité de verbaliser son ressenti et d’être authentique pour mieux communiquer avec autrui. Au-delà du bagage éducationnel, culturel que nous transmettons à nos enfants, quel beau cadeau que de leur apprendre aussi cela !
(...) car rien de ce qui a existé ne peut exister à nouveau et que là réside la cruauté du réel. Notre regard d'adulte sur les territoires de l'enfance les abîme, les enrhume ; la nostalgie n'est qu'une chimère qui nous empêche de vivre. Nous écrivons pour ne pas être emportés avec elle.
C’est étrange ce phénomène que suscite l’écriture : soit on vous en veut de trop en dire, car on se reconnaît dans vos personnages, on vous traite d’impudique, voire d’exhibitionniste ; soit on vous en veut car on n’a pas « son » personnage dans le roman, car on « n’existe pas ». Auprès de ceux qui nous aiment, on a toujours tort quand on est écrivain.
Comment prononcer ce mot ? Ce serait lui reconnaître ce rôle de "Papa" qu'il n'a jamais eu, ce serait mentir, trahir. Ce serait me vider de mes dernières forces. Je veux fuir mais je n'y parviens pas. Je reste là, planté face à cette table et face à ce dément, à attendre je ne sais quoi, qu'il m'aime peut-être.
– Sais-tu ce que Philippe Solers dit à propos de l'écriture ?
– Non, ai-je avoué en réalisant que je n'avais jamais lu Solers.
– Il dit que, pour savoir écrire, il faut savoir lire et que, pour savoir lire, il faut savoir vivre. Alors maintenant tu vas arrêter de te morfondre. Tu vas vivre. Vivre, cela veut dire accepter de ne pas tout réussir, vivre cela veut dire accepter de souffrir ; vivre cela veut dire chercher et ne pas trouver. Vivre, cela veut dire que tu vas appeler tes amis, que tu vas sortir, que tu vas bien manger, que tu vas boire, que tu vas fumer, que tu vas faire du sport, que tu vas baiser, que tu vas retrouver un travail ; et peu importe le temps que ça prendra. C'est ensuite que tu écriras. Comme jamais tu n'as écrit.
Je lui ai raconté que, lorsque j’étais enfant, ma gorge se nouait. Les mots ne sortaient plus, je m’étouffais. Il suffisait que j’aie à entendre la voix de mon père au téléphone pour que l’angoisse m’envahisse. […] A l’école, quand je devais prendre la parole, ou au sport, partout, j’étais hanté par une conviction inaltérable : le monde ne m’aimait pas. Je ne valais pas assez pour être reconnu de lui. Ma sensibilité était si exacerbée que le moindre mot, le moindre geste me faisaient vaciller. Pendant des années, j’avais combattu cette violence intérieure.
Elle m’appelait toutes les semaines. Je lui mentais, prétendais que j’avançais. C’était faux. Mentir est quelque chose que je ferais souvent dans les années suivantes. Les mois ont passé. « Je suis pris par d’autres projets, mamie, mais je vais m’y remettre. »
Ma peur la plus forte était qu’elle meure avant que j’aie publié « son roman ».
Je savais qu’elle en attendait beaucoup. Et comme souvent je ne me sentais pas à la hauteur. Pas à la hauteur de ses attentes. Pas à la hauteur de la vie tout court qui m’était donnée de vivre. En fuite toujours.