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Citations de Valentina D`Urbano (62)


Parfois, on oublie les choses qu’on a vécues. On les laisse de côté parce qu’elles semblent infantiles, absurdes, et on les abandonne, on les refoule. Puis un événement vient les ramener à votre mémoire. Et la vision de la réalité se modifie.
C’est une sorte d’étang. Son eau est claire, inerte. Mais si l’on jette un caillou dedans, elle s’agite, se remplit de terre, se trouble.
Cette terre qui salit l’eau était là, immobile, avant qu’une main décide de la faire remonter à la surface. Mais ça ne durera pas, bientôt tout rentrera dans l’ordre.
C’est un cycle.
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Quand meurt celui qu'on aime, quelque chose vous saisit au ventre et vous retient. Pas le cœur, non, les battements cardiaques ne changent pas, le sang circule, la poitrine est indolore, le pincement au cœur n'est qu'une invention de ceux qui écrivent des romans-feuilletons dans l'hebdomadaire du jeudi.
Le douleur qui vous plie en deux concerne l'estomac.
Elle ne fait pas mal comme un coup de poing, c'est pire. Elle part de l'intérieur, vous égratigne la gorge, vous noie les entrailles et referme tout.
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Rien ne vous réchauffe (...) quand vous vous égarez.
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C'était peut-être le milieu qui nous avait produits. On avait peut-être ça dans le sang. C'était peut-être les gens qu'on fréquentait, l'ennui, l'absence de buts. Le certitude de ne pas pouvoir évoluer, la prise de conscience de l'inéluctable. Dehors, les années se succédaient, et le monde changeait. Au fond de nous-mêmes, on restait figés.
On n'avait pas de raison de vivre, on n'était pas capables d'en trouver une. On vivait, un point c'est tout.
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Le ciel est bleu et froid partout, pensai-je, dans n'importe quel endroit du monde. Quel que soit le lieu, on porte en soi ce qu'on possède.
On n'a besoin que de son corps, il abrite toutes vos déchirures, toutes vos cicatrices. Les amours qui vous rejettent et celles que vous vous êtes construites pour avancer.
C'est en soi que réside ce qu'on a, pas dans les êtres ni dans les objets qui vous les rappellent.
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Ne reste pas là à pleurer sur ma tombe.
Je ne suis pas là, je ne dors pas.
Je suis les mille vents qui soufflent.
Je suis l'étincelle diamant sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le blé mûr.
Je suis le crachin d'automne.
Quand tu te réveilles dans le matin calme ...
Je suis les étoiles qui brillent la nuit.
Ne reste pas là à pleurer sur ma tombe.
Je ne suis pas là, je ne dors pas.
(Chant navajo)
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C’est la méchanceté des gens qui empoisonne, pas l’eau-de-vie.
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Je le regarde prendre des ciseaux dans un tiroir. Je regarde la lame fendre le papier.
Je ferme les paupières. J'entends les ciseaux.
Un bout de la photo atterrit à mes pieds. Sur le sol, je découvre mon visage, mon visage qui ne me regarde pas.
Maintenant il n'y a plus que moi.
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Je suis née dans une famille étrange, une famille de femmes.
Je suis née par la volonté de ma grand-mère Elsa, qui s'opposa de toute ses forces à ma mère. Onda n'avait que dix-huit ans et elle aurait bien aimé se débarrasser de moi.

Je vins au monde par une nuit de mars, après seize heures de travail. Ma grand-mère appela une sage-femme qui travaillait de l'autre côté de la vallée et n'avait rien à voir avec Roccachiara, qui ne connaissait personne au village et n'aurait donc pas répandu d'inutiles bavardages.
[....]
Je reçu le prénom de Fortuna, qui signifie "chance".
Un prénom étrange, fruit de la décision d'Elsa une nouvelle fois. Sans doute lui parut-il approprié, sans doute crut-elle qu'il me porterait bonheur.
Née dans une telle famille, j'avais effectivement un besoin désespéré de chance.
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Pendant quelques minutes, Onda contempla, incrédule, la porte close. Elle sentait que des yeux intrigués l’épiaient des fenêtres voisines et elle fut envahie par une rage sourde mêlée de honte. Mais aussi par une sensation plus enracinée et plus secrète, comme un fardeau amer pesant sur sa langue.
Elle aurait voulu insulter la femme qui l’avait traitée comme un chien errant, flanquer un coup de pied à la porte ou briser l’un des pots blancs qui décoraient l’entrée. Mais elle était incapable de faire le moindre mouvement.
Ces désirs lui enflammaient la tête, et son impuissance la blessait. Les gens qui croyaient en ses dons avaient peur d’elle. Ceux qui n’y croyaient pas la chassaient en l’accusant de mentir.
Ballottée de part et d’autre, elle ne savait à qui donner raison.
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Les gens s'aiment, ils ne cessent de s'aimer. Je l'ai vu.
Les êtres brandissent leur amour en public, ils vous le jettent à la figure avec arrogance.
Aimer quelqu'un et être aimé vous rend meilleur, c'est une garantie aux yeux des autres.
Je crois que c'est de l'amour coagulé.
De la bigoterie, de la camelote.
Une chose qui brille mais dont le cœur est noir, rouillé, grippé, inutile.
L'amour, le vrai, c'est celui que les gens dissimulent.
Celui qui rend fragile et méchant, celui qui rend mesquin. Celui qui rend avide. Prêt à tout.
L'amour est sombre, poisseux, c'est le sang qui se fige et dessine les contours d'une cicatrice.
La patine rêche et opaque qui s'est déposée sur les os usés de Luce, voilà à quoi ressemble l'amour.
De la moisissure qui vit sur vous, bien que vous soyez mort.
Ce que vous n'aimeriez montrer à personne.
L'amour que vous avez honte d'éprouver.
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Le lendemain, Luce ne se présenta pas à l'école.
Elle ne vint pas non plus le surlendemain, ni le jour suivant.
Les autres filles se racontaient en ricanant des histoires à son sujet. Elles disaient que Luce était prisonnière du cercueil dans lequel elle dormait, ou de l'ossuaire.
L'une d'elle affirma que, compte tenu de sa maigreur et de ses guenilles, on l'avait mise dans un champ, à la sortie du village, pour qu'elle serve d'épouvantail.
Je les écoutais en simulant l'indifférence. Nous avions la même âge, mais elles semblaient beaucoup plus jeunes que moi. Et elles étaient stupides.
J'étais la seule à connaître la vérité.
Si Luce ne se montrait plus, c'était à cause de moi. À cause de ce que je lui avais dit. Je l'avais sans doute blessée à mort. Elle ne voulait plus me voir. Elle ne se montrerait jamais plus. Son fantôme viendrait me griffer le visage dans mon sommeil.
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Parfois, on oublie les choses qu’on a vécues. On les laisse de côté parce qu’elles semblent infantiles, absurdes, et on les abandonne, on les refoule. Puis un événement vient les ramener à votre mémoire. Et la vision de la réalité se modifie.
C’est une sorte d’étang. Son eau est claire, inerte. Mais si l’on jette un caillou dedans, elle s’agite, se remplit de terre, se trouble.
Cette terre qui salit l’eau était là, immobile, avant qu’une main décide de la faire remonter à la surface. Mais ça ne durera pas, bientôt tout rentrera dans l’ordre.
C’est un cycle.
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Ne reste pas là à pleurer sur ma tombe.
Je ne suis pas là, je ne dors pas.
Je suis les mille vents qui soufflent.
Je suis l'étincelle diamant sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le blé mûr.
Je suis le crachin d'automne.
Quand tu te réveilles dans le matin calme...
Je suis les étoiles qui brillent la nuit.
Ne reste pas là à pleurer sur ma tombe.
Je ne suis pas là, je ne dors pas.

Chant navajo
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Il y avait aussi derrière les chapelles des riches une section éloignée qu'entourait une clôture en fer forgé.
A l'intérieur, les croix et les pierres tombales étaient plus petites, comme si des décennies d'humidité, de pluie et de neige les avait réduites. On y trouvait des photos et des fleurs, beaucoup plus de fleurs que dans le reste du cimetière.
C'était un coin à part, dissimulé derrière de hautes haies, presque invisible depuis l'allée de gravier qui partait de la grille. On n'y venait pas par hasard. Pour le remarquer, il fallait connaître son existence. Et il fallait avoir une raison de s'y rendre.
C'était le cimetière des enfants.
Le préféré de Luce.
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Alfredo ne s'apercevait jamais de rien. Il s'abandonnait aux choses sans opposer de résistance. C'était un geignard, un morveux, ce genre de mec qu'on a d'instinct envie de tabasser, ce genre de mec dont la seule présence vous insupporte. Moi, je le détestais.
Et je l'aimais plus que je ne le croyais. Maintenant je le sais...
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24 juin 1987
Les jumeaux, voilà comment les gens nous appelaient.
Ils disaient qu'on était identiques, même si on ne se ressemblait pas.
Ils disaient qu'on était devenus le portrait craché l'un de l'autre à force de se côtoyer, deux gouttes d'eau. J'étais devant l'église.
Les graviers blancs se faufilaient dans mes sandales, me torturaient les pieds. Mais je n'y faisais pas attention, je continuais mon chemin jusqu'à l'ombre du parvis.
Vue de loin, l'église du quartier est un énorme blockhaus gris maladroitement encastré entre les immeubles. On dirait qu'on l'a fichée, enfoncée dans un trou trop étroit. Pourtant elle est là depuis des années et, de près, on la voit pour ce qu'elle est : quinze mètres de béton et des petits vitraux apparemment noirs, une porte renforcée, au sommet une croix tordue et toute rouillée qui tient comme par miracle.
On l'appelle la Pagode.
Ici, tout a un surnom. L'église, c'est la Pagode. Le quartier, c'est la Forteresse.
Et nous, on était les jumeaux.
Aujourd'hui aussi on nous a appelés comme ça. Il y avait un tas de gens dans l'église, ils murmuraient tous la même chose. Je ne me suis pas retournée, j'ai parcouru d'un pas lent la nef au sol brillant, et ils se sont écartés devant moi. Ils me regardaient à la dérobée, parce qu'autrement c'est mal.
J'ai eu l'impression d'être importante, au centre de l'attention, et j'ai trouvé absurde que cela m'arrive ainsi. Il me semblait que tous les yeux étaient pointés sur moi, même si les gens avaient l'air hébété, l'air de ne pas savoir quoi faire.
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On n'avait pas de raison de vivre, on était pas capables d'en trouver une. On vivait, un point c'est tout.
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La facilité avec laquelle on s'habitue à la mort d'un être est épouvantable. On sait qu'on ne le reverra pas. Ce n'est pas qu'il est parti : on ne peut nourrir le moindre espoir de le retrouver par hasard. On sait qu'il n'y aura aucune coïncidence de ce genre.
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Mais si les autres ne pouvaient qu'imaginer ce qui se passait chez lui, je savais ce qu'il en était vraiment. Depuis l'enfance, j'entendais tout à travers les cloisons minces de l'immeuble. Éternellement la même rengaine. Alfredo me disait de ne pas m'en mêler, que ce n'étaient pas mes affaires, qu'il était capable de se débrouiller. Moi j'enrageais, je criais, je boudais, avant de me résigner: malgré tout, il aimait son père, il fallait bien que je l'accepte. Et il ne lui nuirait jamais.
Qu'on puisse éprouver de l'amour pour un individu qui constituait une source de souffrance était, à mes yeux, un mystère. Pas une fois je n'ai vu Alfredo se rebeller contre le vieux, contrairement à moi qui lui ai asséné des coups de pied en profitant du fait qu'il était trop bourré pour bouger et me reconnaître. J'espérais qu'il mourrait, j'espérais le tuer.
Un jour, j'y parvins presque.
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