Citations de Valentine de Le Court (30)
C'était une fille gentille. Elle l'avait toujours été. Et les filles gentilles ne se battent pas pour récupérer ce qui leur revient de droit, elles pleurent.
Son bonheur augmenta encore le jour suivant quand elle découvrit que ses plats avaient été dévorés. Il ne restait qu'un fond de riz dans un bol jaune et bleu....Un grand succès. Pour une femme, nourrir sa famille est une déclaration d'amour. Et réussir à combler son homme par sa cuisine, c'est une sorte d'érotisme.
Il est simple d'être un homme infidèle dans un monde où les femmes restent persuadées qu'elles seront plus heureuses en couple que seule. Au final, ils gagnent, quoi que les femmes tentent pour se déclarer indépendantes. Dans leur tête, la plupart des femmes se considèrent encore porteuses d'un corset, même à l'heure des jeans troués et du string panthère.
Pauvres épouses de tous pays, se lamenta Maria-Fernanda, à la merci des mâles et de leur pénis voyageur. Les hommes étaient bien tous pareils, des animaux dirigés par le petit morceau de chair qui leur servait de radar de vie.
C'est tellement cocasse. Comme si cela avait la moindre importance, la couleur politique. Tout ce qui compte, c'est d'être dans la place aux commandes.
Tandis que les sopranes en robes soyeuses mouraient en pleine lumière dans les bras des barytons lançant leur chant de cygne vers les plafonds moulurés, dans les tréfonds sombres, une seule mélodie, aux cent bras, habillait leurs voix d'un manteau d'arpèges étincelants. (p.106)
Elle dégainait son violon sur une scène de verdure, elle courait les pelouses de notes et accrochait des soupirs aux branches basses. (p.106)
Les jeunes dans le tram portaient des vestes en aluminium. Ils avaient l'air de robots frigorifiés.
Je n'ai jamais compris pourquoi les femmes s'insurgent d'être trompées, si l'homme vous revient ensuite, s'il a couché utile.
Elle passe ses dimanches allongée dans la poussière d'un vieux grenier au milieu de livres jaunis, tandis que les autres rient au salon. Ses amis les plus chers vivent entre les pages des romans qu'elle relit en boucle sans jamais se lasser. (p.148)
La Grand-mère connaît les secrets des mariages réussis. Penchée sur la bassine en cuivre qui exhale le parfum des groseilles, elle distribue avec largesse sa science à ses filles et belles-filles. « Laisser son mari en paix est la meilleure recette d’une union harmonieuse, répète-t-elle à l’envi. Les hommes ont leurs petites manies, leurs rites inaccessibles. Il est essentiel d’apprendre à aimer leurs instants de solitude. Mais, ajoute-t-elle, si votre époux s’engage dans une allée de traverse, vous vous devez de le remettre sans faiblesse sur le chemin de la perfection. » Elle nomme cela « le pouvoir salutaire du froncement de sourcil ». Son bon sens mérita la fidélité admirative de son époux.
La corruption des hommes politiques. Pourquoi le peuple est-il choqué chaque fois à nouveau ? Si ces gens d'en bas en avaient l'occasion, ils en profiteraient tout autant. Chacun triche à son niveau, de la secrétaire qui fait les photocopies de son club de pétanque aux frais de la société, jusqu'aux étudiants qui partent avec le papier toilette des restaurants.
Vivre de manière raisonnable, c'est parfois ne pas vivre du tout, tu ne penses pas ?
Personne ne la remarquait. Ils étaient occupés, enchaînés à leur écran personnel, les doigts tricotant avec frénésie des conversations silencieuses.
La première nuit en Belgique, dans la pièce nue à la peinture lépreuse, Maria-Fernanda crut que sa tête allait éclater de chagrin. Le sommeil refusait de l'emporter vers le lendemain.
Aucun portrait nulle part et toujours absents. Existaient-ils seulement ? Ou faisaient-ils partie eux aussi du décor de leur maison ? Tout ceci n'était-il qu'un film dans lequel elle serait une actrice non consentante ?
L'amour s'arrête au bout d'un certain temps. C'est prouvé par toutes les études scientifiques. - Sans doute ne sommes-nous pas tous pareils. Regarde ton père et moi, nous sommes toujours épris. Peut-être parce qu'on ne se tient pas au courant des nouveautés de la science. (p.140)
[à propos des] grosses doudounes des passantes. Ces dernières semblaient avoir recouvert un amas de pneus d'un sac poubelle brillant.
Chaque jour, ses pensées s’effilochent un peu plus. La Grand-mère déroule de longs phylactères de mémoire qui flottent un instant derrière elle, avant d’être perdus. La maladie, insatiable, grignote la mémoire. Pour conjurer l’avancée vers le néant, on lui fait réciter sans fin les prénoms de ses petits-enfants. Elle oublie les derniers nés, puis les autres. Fermera-t-elle un jour la porte à son mari, angoissant inconnu dans les ténèbres de son mal ?
C'était normal qu'elle se charge des corvées ménagères, elle qui ne travaillait pas. Il était pensionné aujourd'hui, mais le pli était pris. Et comme il n'existait pas de retraite pour les femmes au foyer... Vivre avec un homme, c'était être grugée. Pas toujours. Souvent quand même. (p.12)
L'amour et la haine, sont des poisons bien plus puissants pour réduire à rien ce que nous sommes.