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Critiques de Valeria Luiselli (44)
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Archives des enfants perdus

To leave is to die a little.

To arrive is never to arrive.

MIGRANT PRAYER

( Partir c’est mourir un peu

Arriver est ne jamais arriver.

PRIERE DU MIGRANT)



L’écrivaine mexicaine Valeria Luisella aborde ici un sujet actuel et grave, d’enfants migrants en détention. Plus de quatre-vingt milles enfants mexicains et des pays du Triangle du Nord ( Guatemala/ Honduras/ San Salvador ), sans papiers, sont détenus à la frontière sud des États-Unis. “Des enfants perdues* “, qui fuient une violence terrible et des abus sexuelles systématiques dans leurs pays, infestés de gangs para-étatiques. Des enfants à la recherche non d’un Eldorado, comme présentée par les politiques et les médias, mais tout simplement d’une protection, souvent chez des parents déjà immigrés aux États-Unis.

L’écrivaine relate le sujet dans le contexte d’un couple de chercheurs américains, des documentaristes . Un couple recomposé avec deux enfants, un pour chacun d’une première union, chacun à la poursuite d’un projet sur le son, sur différents sujets en apparence non compatibles. Un couple “On the road” ( comme Kerouac ) avec les deux bambins......partis de NewYork ils descendent vers le sud-ouest sans destination précise alors que leur couple bat de l’aile......

Des enfants perdues,

Un couple perdu,

Dans les dédales d’un monde perdu,

Celui d’Emmet Golwin, Larry Clark, Nan Goldin **......





Ce qui est particulier dans ce livre lu en v.o. ( l’écrivaine écrit en anglais), est le ton et le style de narration. Simple, concis, sans fioritures, impersonnel et une structure très singulière que je vous laisse découvrir. La femme d’origine mexicaine est en partie la narratrice, l’homme y est référé comme « mon mari », et les enfants comme « la fille »(cinq ans) et « le garçon »(dix ans). Ce dernier étant le savoureux narrateur de la seconde partie, et co-narrateur de la troisième et quatrième partie.

Plus on avance dans le livre, plus on se rend compte de la justesse de ce ton et de ce style. En faites ces deux histoires qui semblent emboîtées, traitent de deux sujets différents actuels mais aussi intemporels, le problème de l’immigration, infantile dans ce cas, et la difficulté de l’homme en tant qu’être humain, à prendre ses responsabilités dans une vie de couple et de famille. Vient s’y greffer aussi divers thématiques et de superbes réflexions sur les mots,la photo, les sons, les archives, la littérature, et même sur la danse contemporaine avec Martha Graham..... et aussi de nombreuses questions d’éthique,

«  Comment pourrais-je même oser penser faire ou faire de l’art avec la souffrance d’un autre ? »,

Pourquoi constituer une archive sur ces « enfants perdus »? Quel en est le but ? “Pour le faire écouter et susciter- de la pitié ? - de la rage ? Et après faire quoi ? ....Personne ne décide de ne pas aller travailler ni de faire une grève de faim....Tout le monde continue leur vie normale ...., après avoir écouté une émission à la radio à ce sujet. »



Excellent livre multi- thématiques, où on ne se perd jamais grâce aux narrateurs,

qui à travers leurs états d’âmes et digressions, maintiennent le cap de ce voyage qui ressemble à une migration, et est en faites un voyage migratoire. Un livre qui nous montre oh combien nous simples humains sommes désarmés face à la misère du monde......Un des meilleurs livres que j’ai jamais lu sur la complexité de ce dit Monde !

Superbe découverte grâce à ma libraire , l’unique librairie pour 40000 habitants de la ville voisine.



“When life itself seems lunatic, who knows where madness lies? ....To surrender dreams—this may be madness.”

(Quand la vie elle-même semble délirante, qui sait où alors est la folie ? ..... Mais renoncer à ses rêves- Ça peut-être la vraie folie.)



*Des enfants qui ont perdus leur droit à l’enfance “.

** Photographes américains, témoins d’un monde perdu.
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Archives des enfants perdus

Ils se sont rencontrés à New-York. Lui acoustémologue, enregistrant les bruits, les sons, les silences, elle journaliste et documentariste, ils travaillaient sur le même projet, visant à collecter des extraits des multiples langues parlées dans la grande ville.

Ils se sont mariés et avec leurs enfants respectifs (lui, un fils de 10 ans, elle une fille de 5), ils ont recomposé une famille. Lorsque leur projet commun est arrivé à son terme, chacun s'est cherché un nouvel objectif professionnel.

Il a entrepris un travail sur les Apaches, les derniers Indiens à s'être soumis à l'Homme Blanc, et veut maintenant tailler la route vers l'Arizona sur les traces de ces guerriers.

Elle, elle a senti que leur vie commune touchait elle aussi à sa fin, et ne sait pas trop dans quoi se lancer. D'origine mexicaine, elle est préoccupée depuis longtemps par le sort des enfants migrants en provenance du Mexique et du triangle Guatemala-Honduras-Salvador. Subissant l'ultra-violence des gangs, la misère et les abus en tous genres, ces enfants sont confiés, parfois très jeunes, avec un numéro de téléphone cousu sur leur t-shirt, à des passeurs pour tenter de gagner clandestinement les États-Unis et d'y rejoindre un parent déjà immigré. A supposer qu'ils arrivent vivants à la frontière, qu'ils arrivent à sauter le mur, à ne pas mourir dans le désert du Nouveau-Mexique, ces enfants tombent souvent sur les Border Patrols puis dans les filets des services de l'immigration avant d'être expulsés sans grande forme de procès vers leur pays d'origine.

Elle décide d'aller sur place pour (se) rendre compte de cette réalité et la documenter.

La petite famille s'embarque donc pour un long road-trip vers le sud-ouest des Etats-Unis, dans une atmosphère de fin d'époque et de "faisons-comme-si-tout-allait-bien", d'incompréhensions et de désamour. Les enfants à l'arrière, des boîtes de documents et de livres dans le coffre, le père au volant, la mère en copilote le nez dans les cartes routières, et dans les hauts-parleurs, les radios locales, des play-lists ou des livres audio. Et tout au long du parcours, des réflexions et des interrogations. Celles de la mère, surtout, narratrice de la première partie : "Inquiétude éthique : et qu'est-ce qui me fait dire que je peux ou devrais faire de l'art avec la souffrance d'autrui ?" Elle n'a pas de réponse, moi non plus, et sur cet aspect cette lecture me laisse un peu perplexe. Quel est l'objet de ce roman, quelle(s) histoire(s) raconte-t-il ? Je m'attendais à quelque chose de plus concret sur ces "enfants perdus" et la politique migratoire des Etats-Unis*. Mais je ne suis pas sûre que cela soit le thème principal du livre, tant il est question d'autres pertes, d'autres séparations : celle du couple semble inéluctable, et entraînera celle des enfants, la perte de l'amour, de l'innocence, des repères, des souvenirs, presque celle de la vie. Et le père, la mère et le garçon (narrateur des 2è et 4è parties) s'acharnent tous trois, d'une façon ou d'une autre, à documenter, archiver le présent pour en garder des traces, sonores, écrites ou photographiques, à tenter de capter les échos du passé.

La construction de ce roman est un tour de force : la 2ème partie répond magistralement à la 1ère en complétant la narration de la mère par celle du garçon, le chapitre "Echo Canyon" est une performance stylistique d'une seule longue phrase de 25 pages en mode flux de conscience, la façon dont la rencontre des enfants est amenée m'a épatée, le dernier chapitre est très touchant, l'écriture est une merveille de concision. Ce livre est remarquable par sa forme, mais j'ai eu un peu trop souvent l'impression que celle-ci prenait le pas sur le fond. Mais malgré quelques longueurs, "Archives des enfants perdus", qui fourmille de références littéraires, est un roman subtil et puissant qu'on n'oublie pas de sitôt.



Et, une fois de plus, merci Bookycooky pour cette idée de lecture!



*je devrais lire "Raconte moi la fin", un essai de la même auteure sur cette question.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Archives des enfants perdus

Si vous voulez accompagner un couple et leurs deux enfants sur les routes des USA de New-York vers le Sud, si vous voulez avoir un point de vue différent sur les Indiens, mais aussi sur les enfants perdus, ces enfants latinos qui migrent pour rejoindre leurs parents aux USA, si vous voulez réfléchir, vous attarder, vous émouvoir, alors plongez dans ces archives très particulières.





Le père est acoustémologue, càd qu’il enregistre tous les bruits qui l’entourent, le vent, les oiseaux, la rivière, les trains, les gens, le silence. Passionné par les Apaches, il entraine sa famille près de Skeleton Canyon, Echo Canyon, pour suivre la trace de Geronimo et du chef Cochise, expulsés par les « yeux blancs » pour les parquer dans des réserves à la pauvreté extrême.

La mère est journaliste et amasse des documents, tracassée par ces enfants dont on ne semble pas faire grand cas, ces enfants qui doivent se débrouiller, à n’importe quel âge, lancés sur les routes, les fleuves, le désert, à pied, par train appelé la « Bestia », et qui souvent reviennent en avion à leur lieu d’origine, expulsés par des gens qui les imaginent à la recherche d’un paradis, alors que tout simplement ils fuient l’enfer.

Les enfants de ce couple, « le garçon » âgé de 10 ans et « la fillette » de 5 ans, enregistrent ce que disent leurs parents, écoutent, réfléchissent…et agissent.





Ce roman magistral laisse des traces, je peux vous le dire. Touffu, passionné, plein de références vivantes à la littérature, il questionne et remue. Très original de par sa narration, il nous fait pénétrer au cœur même du problème universel des expulsés.





Merci à Idil (Bookycooky) qui m’a incitée par sa critique enthousiaste à me lancer dans ce nœud mouvant et inextricable, par essence difficile à archiver.

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Raconte-moi la fin

DITES-MOI COMMENT CELA SE TERMINE



L'ouvrage aurait pu s'intituler : comment vivent les gosses latinos et réfugiés aux États-Unis ? Une question pertinente et actuelle depuis l'arrivée du grand humaniste Trump à la Maison-Blanche avec son idée géniale d'un énorme mur entre son pays et le Mexique. C'est la question à laquelle Valeria Luiselli se propose de répondre. Et pour le faire est s'est portée volontaire comme interprète-traductrice au tribunal de l'immigration de New York City.



Le livre "Tell Me How It Ends", que l'on pourrait traduire par "Dites-moi comment cela se termine", vient de paraître en anglais et en espagnol. Qu'une version française suivra est sûre et bien pour 2 raisons : le sujet est à la fois trop important et original, d'où son succès non seulement outre-Atlantique, mais aussi déjà outre-Manche et la jeune Valeria Luiselli n'est point une inconnue en France. En effet, ses oeuvres précédentes "Des êtres sans gravité" et surtout "L'histoire de mes dents" ont été chaleureusement accueilli chez nous. L'histoire de ses dents a été couronné du Prix du meilleur livre de fiction par le Los Angeles Times, il y a 2 ans, ainsi que du Prix Azul au Canada. Par ailleurs, ses livres ont été traduits dans plus de 20 langues.



Valeria Luiselli est née à Mexico City en 1983 et a passé une bonne partie de sa jeunesse en Afrique du Sud. Après des études de philosophie dans sa ville natale, elle a étudié la littérature comparative à l'université de Columbia à New York. Dans le "Big Apple" - pour employer le surnom de New York - elle enseigne à présent la littérature et donne des cours d'écriture créative. Notre Valeria est l'épouse de l'écrivain mexicain Alvaro Enrigue (°1969), auteur de "Hypothermie", "Vies perpendiculaires" et plus récemment "Mort subite".



Le sous-titre de l'ouvrage "An Essay in Forty Questions", se rapporte aux 40 questions du formulaire standard du tribunal de l'immigration que ces enfants sont supposés remplir, s'ils veulent éviter un renvoi immédiat. Comme la grosse majorité ignore l'anglais, c'est là qu'interviennent des volontaires comme notre Valeria. Une tâche pas simple, car comme l'indique l'auteure pour les mômes leur histoire ne connaît ni début, ni fin.

Si, certaines questions sont évidentes et logiques, comme "Pourquoi es-tu venu aux États-Unis ?" et "Avec qui es-tu venu ?", d'autres le sont beaucoup moins, telle "À quel endroit exact as-tu passé la frontière?" Même des questions apparemment simples comme "Où sont tes parents ?", ne peuvent recevoir de réponses pour la simple raison qu'ils n'en ont aucune idée, puisqu'ils se sont enfuis de chez eux.



Beaucoup de gosses voyagent cachés à bord de trains à marchandises, comme celui qui relais Tapachula dans le Chiapas en passant par Ciudad Juárez à El Paso au Texas, surnommé "La Bestia", qui a causé la mort à des milliers d'entre eux, ou duquel ils sont sortis physiquement blessés à vie. D'autres enfants essaient de traverser le désert à pied et espèrent rencontrer "un migra" ou agent de la patrouille des frontières (Border Patrol), qui les mettra dans un centre de détention, surnommé "hielera" ou icebox, nom dérivé du sigle ICE (Immigration and Customs Enforcement).



Ceux qui sont moins chanceux deviennent des "bones in the desert" (des os dans le désert), sont violés, ce qui est le cas de 80% des filles, capturés et employés comme esclaves ou recrutés par des gangs pour le trafic de drogue. S'ils ne font pas l'objet de parties de chasse organisées par des rustres criminels locaux, soit comme sport, soit parce qu'ils ont horreur de ces petits basanés ! Bref, les risques et horreurs sont multiples et défient l'imagination.



J'arrête là ma petite description, tout en insistant sur le fait que Valeria Luiselli a signé une oeuvre qui combine une documentation solide avec une approche admirablement compatissante. Elle ne s'est pas pour rien portée volontaire pour un job qui doit être au point de vue humain foncièrement triste. Et frustrant, si un gosse pour qui elle a fait tant d'efforts est purement et simplement renvoyé par décision de l'un ou l'autre officier du tribunal des immigrés.



Ce qui depuis l'avènement du président-au-grand-coeur au pouvoir, arrive évidemment de plus en plus souvent. À ce point qu'un critique professionel a qualifié l'ouvrage comme : "Le premier livre à lire obligatoirement sur l'ère Trump". Et c'est aussi mon avis.





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L'histoire de mes dents

Gustavo Sanchez Sanchez, dit « Grandroute », autoproclamé meilleur commissaire-priseur du monde.raconte aux pauvres lecteurs que nous sommes comment il est venu à exercer ce métier et comment il a abouti à un morceau de bravoure totale à savoir la vente aux enchères de ses propres dents, qu'il fait passer pour des dents d'illustres grands hommes.Il se fait retirer r toutes ses dents pour les mettre aux enchères en faisant croire qu’elles appartiennent à différentes figures historiques, de Platon à Virginia Woolf.



Farce complètement farfelue et rocambolesque autour d'un personnage qu'il est tout autant, ce texte écrit par une jeune romancière mexicaine vivant à New York n'est jamais linéaire et facile à appréhender.



Un style et un projet aussi atypique que cynique et drôle, qui pourra dérouter un lecteur peu habitué à ce genre de littérature.



A l'origine, comme Valéria Luiselli l'explique dans une post face, cette histoire une commande pour une exposition et a fini par devenir une réflexion le sens et la valeur des objets, et plus profondément l’attachement sentimental aux objets quotidiens. De même on apprend que le livre a largement évolué entre la première parution ( édition en espagnol) et les suivantes ( édition en anglais), la romancière ayant utilisé des éléments qu'on lui a donné au gré de rencontres et ateliers pour faire évaluer certains de ses personnages et même construire des arbres généalogiques dans le roman, qui n'existaient pas à l'origine.



Cette réflexion, qu'on peut voir comme une critique de l'art contemporain, rend, une fois qu'on a pris connaissance de ses éléments, la fantaisie de départ plus profonde et moins gratuite que prévu et font de cette histoire de mes dents un objet aussi déroutant que prenant et certainement l'un des OLNI ( objets littéraires non identifiés) les plus marquants de cette rentrée littéraire 2017 .


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'histoire de mes dents

Roman qui se veut résolument original dans sa structure, sa présentation et son histoire. Je m'y étais plongée sur conseil de ma libraire et vu la référence à Vila-Matas (encore lui !) au quatrième de couverture.



C'est largement trop déjanté pour moi, je n'ai pas ris ni même souri, mais j'ai apprécié cette recherche de style pour sortir des sentiers battus. J'aime tellement peu les romans construits avec algorithmes ou lorsque l'on sent les études à l'américaine de "creative writing" dans la trame convenue de beaucoup trop de romans aujourd'hui que je souligne grandement ce genre de tentatives.
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Archives des enfants perdus

Archives des enfants perdus est un magnifique livre de l'autrice mexicaine Valeria LUISELLI que je découvre avec cette histoire. Celle d'une famille, d'un voyage à travers les USA, de New York vers l'Arizona. C'est aussi l'histoire du recueil de témoignages, but du voyage. Le père s'intéresse aux Apaches, la mère aux enfants perdus tels que sont appelés les enfants mexicains passant illégalement la frontière entre Mexique et USA. Ceux -ci sont laissés à eux-mêmes; ils errent dans le désert hostile et souvent meurtrier. Leur seul salut réside dans leur interpellation par des policiers qui les emmènent dans un centre de détention avant que les autorités statuent sur leur sort : admis ou expulsés. Les enfants du couple, issus des mariages antérieurs du père et de la mère vont tenter l'aventure des enfants perdus à force d'en attendre parler par la mère. Suspens pour le dénouement. Il se dégage une énorme humanité dans ce roman parfois si proche de la réalité et où chaque lecteur peut retrouver quelques situations vécues particulièrement lors du long voyage ver l'Arizona. La famille voyage avec sept boites à archives contenant les notes du père et la mère et destinées à recueillir la collecte des témoignages. Les deux enfants possèdent également leur boite. Ce livre m'a été offert par un collègue lors de mon départ à la retraite (31/12/2022) après avoir travaillé pendant 39 ans dans un service d'archives comme archiviste. Je recommande vivement cet ouvrage.
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Archives des enfants perdus

C’est l’histoire d’une famille, de nos jours, aux États-Unis. La mère avait une petite fille, le père un petit garçon, ils forment tous les quatre une famille. Un beau jour, le père a décidé qu’ils quittaient New-York pour s’établir en Apacheria. Le lendemain des dix ans du petit garçon les voilà tous les quatre sur la route.

« Je me rappelle avoir lu Kerouac quand j’avais vingt et quelques années, à l’époque où je sortais avec un libraire. Il était fan de Kerouac et m’avait offert tous ses livres, l’un après l’autre. Je les lisais comme si j’étais obligée de finir un interminable bol de soupe tiède. »

C’est le projet du père, et le sien seul.

« Ce qui se passe lorsqu’on habite avec une personne, c’est que même si on la voit tous les jours et qu’on peut anticiper toutes ses répliques dans une conversation, même quand on peut lire derrière ses actions et estimer de manière assez précise ses réactions selon les circonstances, même quand on est sûr que pas un seul repli de cette personne ne reste inexploré, même dans ces conditions, un beau jour, l’autre peut soudain devenir un inconnu. »

C’est l’histoire d’un voyage, nourri de rancoeurs et d’incompréhension, c’est la fin d’un amour et c’est un déchirement annoncé, la séparation d’un frère et d’une soeur, c’est l’histoire de deux passionnés qui nous font découvrir le monde de la documentation, « tariste » et « thécaire », c’est l’histoire d’enfants qui « cherchent à échapper à leur cauchemar quotidien » en tentant de rejoindre quelqu’un aux États-Unis et dont on retrouve les corps, morts d’hyperthermie dans les plaines d’Arizona, c’est l’histoire d’une mère qui plante des graines un peu trop conceptuelles dans la tête d’enfants qui prennent trop au premier degré, c’est une histoire incroyable racontée de manière inouïe. C’est évidemment impossible d’en parler correctement, ça m’est impossible à moi en tous les cas, tant j’ai été bouleversée par ce roman.

« Peut-être en raison de son prénom étrange, Emmet, j’ai toujours cru que c’était une femme, jusqu’à ce que j’apprenne que c’était un homme. Cela ne m’a pas empêchée de continuer à l’apprécier, mais peut-être pas autant. »

À la fois éminemment concret (chacun a sa ou ses boites et y collecte ses propres données) et profondément lyrique, ce roman possède une étrangeté qui plaît ou déplaît, il n’y a pas de juste milieu. Original aussi bien dans sa forme que sur le fond, il a exercé tout au long de ma lecture une profonde fascination qui ne s’est jamais démentie.

« Toutefois, je ne suis plus certaine de savoir ce que signifie « plus tard ». Quelque chose a changé dans le monde. Il n’y a pas si longtemps, il a changé et nous le savons. Nous ne savons pas encore comment l’expliquer, mais je pense que nous pouvons tous le sentir, quelque part au fond de nos entrailles et de nos circuits cérébraux. Nous ressentons le temps différemment. Personne n’a été tout à fait capable de capturer ce qui est en train de se passer ni d’expliquer pourquoi. Peut-être est-ce simplement que nous sentons une absence d’avenir, parce que le présent est devenu trop envahissant, et donc l’avenir inimaginable. Et sans avenir, le temps n’est vécu que comme une accumulation. »

C’est aussi un roman intensément triste, il faut être prêt à y faire face.

Un grand choc de lecture !

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Archives des enfants perdus

Une famille entreprend un périple en voiture de New York vers l’Arizona. Les parents sont en couple depuis quelques années, l’un ayant un garçon, l’autre une fille, de précédentes unions. Ils sont documentaristes et traquent de la matière à reportages à l’aide de leurs micros, sur des sujets différents, toutefois. C’est ainsi que le thème des enfants migrants, arrivés seuls sur le sol américain, va s’inviter dans le véhicule, ainsi que le sujet des Apaches, derniers guerriers à s’être soumis aux Blancs. Mais pas seulement… le roman, par la voix de la mère et narratrice de la première partie, brasse beaucoup de thématiques variées.



Pendant les cinquante premières pages, j’ai été déconcertée par le fait que les quatre personnages principaux n’aient pas de prénom, par certains passages assez fumeux, et aussi parce que le thème principal semblait noyé dans une histoire de couple et/ou de famille au bord de l’éclatement. J’ai ensuite été agacée par quelques longueurs et par le grand nombre de citations recopiées par l’auteure pour éclairer son propos, puis j’ai fini par prendre un rythme de croisière et apprécier davantage le mélange entre infos sur les mineurs isolés, ou sur les Indiens Apaches, réflexions sur l’image ou le son, et road-trip familial.

À partir de la deuxième partie, un changement de narrateur bienvenu, m’a permis de reprendre la route de manière moins intellectuelle, puis un épisode auquel je ne m’attendais pas a relancé mon intérêt avec davantage de tension narrative et une jolie performance au niveau du style.

Globalement je suis donc contente d’avoir lu ce roman, et épatée par le travail qu’il représente, même si je suis soulagée d’enchaîner avec une lecture plus facile, tant pour le style que pour le sujet. C’est un bon roman, mais qui aurait gagné à être recentré sur les mineurs isolés, en évitant d’accumuler les recherches au niveau de la forme.
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Archives des enfants perdus

Un roman puissant et envoutant.

Ils se sont rencontrés, aimés et ont décidé de vivre ensemble dans un appartement à New-York, lui avec son fils de 6 ans, elle avec sa fillette de 2 ans. C'était il y a 4 ans mais maintenant tout se délite.

Ils décident alors de partir en voiture vers l'ouest, lui pour écrire sur les indiens déracinés, elle sur les enfants perdus ; ces enfants arrivés seuls aux USA et qui vont être expulsés.

Ils verront bien ce qui se passera au bout du voyage.

Cette traversé sera un voyage d'apprentissage pour eux 4.

La parallèle entre l'éradication des apaches et l'extradition des enfants perdus est omniprésent.

Il est question de déracinement, d'amour qui s'enfuit, d'un presque frère et d'une presque soeur qu'on va séparer.

L'écriture est sublime, ensorcelante et déchirante.

Un roman formidable.

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L'histoire de mes dents

Voilà un livre atypique et farfelu, pas désagréable mais qui laisse un goût pour le moins étrange.



On suit les aventures de Grandroute. Celui-ci est atteint de collectionnite aigüe depuis l’enfance (ongles, pailles, tout y passe) et souffre d’un complexe concernant ses dents. Il se découvre sur le tard une passion pour la vente aux enchères et devient commissaire-priseur. Il invente des méthodes de vente originales et il décide un jour de vendre ses propres dents en les faisant passer pour celles de personnages célèbres.



Si j’ai trouvé ce début assez amusant bien que déroutant, j’ai nagé dans la perplexité par la suite. C’est une plongée dans l’absurde le plus total. J’ai hésité entre un rire franchement nerveux et une envie d’envoyer le livre en l’air en hurlant au foutage de gueule. Le récit tourne à l’exercice de style, sûrement brillant mais très agaçant. Cela devient une succession de digressions, un étalage de références littéraires, d’extraits de textes, de mots en chinois, latin ou russe et de phrases sans queue ni tête qui semblent tout droit sorties d’un cadavre exquis.



Je suis têtue, j’ai continué à lire pour voir jusqu’où tout ça pouvait bien aller. Et voilà que la dernière partie et la postface apportent un nouvel éclairage sur tout le récit ! L’ensemble prend alors un tour beaucoup plus ironique et devient une réflexion sur l’intérêt qu’on porte aux objets, à la valeur qu’on leur accorde en fonction des histoires qu’on nous raconte sur ces objets et qui influencent nos perceptions. On découvre alors une mise en abyme du récit puisque, de la même manière, on porte un regard différent sur le texte après avoir lu les histoires qui l’entourent. Que ce soit une œuvre d’art ou ce livre, le sens qu’on lui donne dépend de ce qu’on nous en raconte et c’est plus l’esprit de l’œuvre que l’œuvre elle-même qu’on achète ou qu’on lit. Car, en fait, le réel ne nous suffit pas, personne ne s’en contente et nous aimons tous qu’on nous raconte des histoires.



Ce texte a donc finalement une démarche assez intéressante. Il semble placer la littérature dans l’art contemporain et donne l’impression de mettre le lecteur au cœur d’une expérience. Je dois dire que je ne sais pas encore vraiment ce que j’en pense. En tout cas, il ne laisse pas indifférent.

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Archives des enfants perdus

C’est dans un périple en voiture de New York vers le Sud des Etats-Unis que nous entraîne ce roman de Valeria LUISELLI qui tend plus vers l’essai que vers le roman.

Il y a à la fois la vie d’une famille recomposée de deux parents et deux enfants, avec son mode d’éducation très réfléchi, mais également la quête de deux esprits différents, lui vers les derniers indiens à s’être soumis, les Apaches, elle vers les enfants migrants depuis l’Amérique centrale jusqu’aux états du Sud des Etats-Unis.

L’homme veut faire une étude sur ces indiens, la femme veut constituer des archives sur les enfants perdus, et « le garçon » et « la fillette » vivent ce voyage entre aventure et ennui. Tout au long de ce périple, les parents tentent d’inculquer à leurs enfants des valeurs intellectuelles et littéraires qui vont leur permettre de se construire comme de futurs adultes intelligents.

Hormis les sons riches et inattendus qui ponctuent le roman, j’ai trouvé le style de l’auteure froid et dénué de sentiments. Le récit a un côté méthodique et déshumanisé qui ne m’a pas accrochée, et je n’ai pas adhéré à cette éducation sans instinct et contrôlée qu’ils pratiquent.

Je regrette que ce roman n’ait pas réussi à me passionner alors qu’il traitait de sujets passionnants et je le referme avec un sentiment d’inabouti. C’est dommage.
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Archives des enfants perdus

Ils sont quatre à effectuer un périple en voiture à travers les Etats-Unis pour rejoindre le Sud. Une voiture avec en son bord les deux parents et leurs deux enfants de dix et cinq ans nés d'unions respectives, et dans le coffre des boîtes d'archives contenant livres, enregistrements et un joyeux fatras. Une famille recomposée où le père poursuit sa quête professionnelle sur Geronimo et sur les Apaches, et où la mère veut constater par elle-même le sort des enfants sud-américains immigrants, des enfants souvent refoulés près de la frontière mexicaine et séparés des leurs.



Ce roman est absolument étonnant et fascinant de la première à la dernière ligne tant par sa forme que par ses propos. Valeria Luiselli mêle l'histoire intime de cette famille à celle des Etats-Unis et à sa politique migratoire actuelle. On est sur la trace des indiens, on plonge dans l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui, on sourit des descriptions si précises sur le comportement des deux enfants, de leurs mimiques et de leurs discussions. Et l'auteure nous livre bien plus que des réflexions. A travers la voix de la mère puis celle du garçon, il y a leurs visions, leurs perceptions du monde et de celle de leur famille qui vit sans le savoir son dernier voyage.



Il y a une grâce dans cette écriture où l'imaginaire côtoie le réel, une sincérité qui m'a bouleversée et une musicalité envoûtante. Une beauté et une fragilité que l'on ressent viscéralement, des sons qui nous enveloppent et qui contrastent avec l'horreur du sort réservé à certains de ces enfants qui ont perdu le droit à l'enfance.

Un livre où des enfants se construisent et d'autres se perdent, un livre où les sons oubliés ou en passe de le devenir sont capturés et archivés, un livre dont l'écho résonne et vous habite longtemps.



C'est subtil, intelligent et puissant bien loin d'une enquête de type journalistique. Un coup de coeur émaillé de références littéraires, de photos et de notes qui en font une lecture rare.
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Raconte-moi la fin

Aux États-Unis, plus de soixante mille enfants non accompagnés ont été arrêtés aux abords de la frontière avec le Mexique en 2014 alors qu’ils fuyaient la plupart du temps la violence des gangs d’Amérique centrale. La principale réponse du gouvernement Obama a été d’accélérer les procédures de jugement et d’expulsion, rendant l’examen des dossiers par des avocats et la défense de ces enfants beaucoup plus difficile.



Raconte-moi la fin, court essai percutant et remarquablement écrit de Valeria Luiselli (publié en 2017, traduit de l’anglais par Nicolas Richard pour les éditions de l’Olivier, 2018) est né de cette crise, de la volonté de la comprendre et d’en parler autrement face à des médias et des hommes politiques qui présentent la plupart du temps les immigrés – y compris lorsqu’ils sont des enfants – comme une invasion menaçante sans jamais s’interroger sur les causes racines de cette immigration.



Valeria Luiselli, qui est née au Mexique et vit aujourd’hui à New York, attendait en 2014 le renouvellement de sa carte verte et ne pouvait donc plus enseigner. Elle a alors commencé à faire des recherches sur cette crise, à étudier le droit de l’immigration et est devenue en 2015 interprète bénévole pour des associations cherchant à trouver des avocats et à assurer la défense de ces enfants.



Portant le sous-titre «un essai en 40 questions», Raconte-moi la fin est construit autour du questionnaire mis en place par les ONG pour commencer à comprendre le parcours des enfants, leur trouver un avocat pour assurer leur défense, aider à déterminer s’ils pourraient être éligibles à l’immigration sur le territoire des Etats-Unis.



On ne sait pas comment se terminent les histoires des enfants évoquées ici par Valeria Luiselli, question que sa fille ne cesse de lui poser, d’où le titre de l’essai. Valeria Luiselli ne connaît en général sans doute pas « la fin » de l’histoire des enfants qu’elle questionne : les histoires individuelles qu’elle évoque ne visent pas à créer de la compassion (même si elle est forcément présente) mais à faire connaître la situation de ces enfants, l’origine de la violence qui les pousse à fuir et à entreprendre un voyage si périlleux, qui apparaît généralement comme le dernier recours pour leur survie. Ainsi, Valeria Luiselli transforme le parcours déchirant des enfants en histoires, et une expérience émotionnelle terrible en récit politique, afin de passer de la sidération à la considération, pour reprendre les mots de Marielle Macé.



La question de la forme écrite de ces histoires est centrale, pour la défense de ces enfants, pour transformer leurs histoires en récit politique et plus tard en roman, dans l’impressionnant Archives des enfants perdus, récemment paru aux éditions de l’Olivier et dont nous parlerons bientôt sur ce blog.



Le lecteur ressent ce qu’il faut de tact pour « administrer » un tel questionnaire à des enfants qui ont le plus souvent traversé l’enfer (disparitions, viols, kidnappings en route vers les Etats-Unis pour tous les réfugiés en provenance d’Amérique centrale), et créer un espace où les enfants se sentent en sécurité pour parler malgré l’inhumanité des procédures ; les paradoxes déchirants perceptibles à la lecture sont la neutralité obligatoire de celle qui les questionne et qui sait que l’intérêt des enfants est d’avoir à raconter les histoires les plus insoutenables car ce sont celles qui permettront de leur éviter une expulsion du territoire des États-Unis, danger très souvent mortel. Certains ne le peuvent pas, comme ces deux fillettes de cinq et sept ans originaires du Guatemala, venues seules aux Etats-Unis pour rejoindre leur mère, trop petites pour comprendre et pour mettre des mots sur leur histoire.



Essai politique, Raconte-moi la fin permet de toucher du doigt les causes de l’immigration, la violence endémique en Amérique centrale qui trouve ses racines aux États-Unis (avec des gangs formés initialement à Los Angeles et expulsés vers l’Amérique centrale, qui se sont développés plus tard comme une gangrène des États-Unis à l’Amérique centrale en passant par le Mexique).

La compréhension profonde des destins de ces enfants et de leurs causes est mise en regard des réactions souvent ignorantes des citoyens américains croisés sur les routes et qui se réfugient dans la peur et le rejet, réaction opposée à celle des étudiants de Valeria Luiselli qui forment une association pour aider les jeunes demandeurs d’asile.



Choisir de ne pas agir est devenu inacceptable. Valeria Luiselli le fait comprendre avec force dans ce livre, lecture indispensable.



Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de Charybde : https://charybde2.wordpress.com/2019/10/13/note-de-lecture-raconte-moi-la-fin-valeria-luiselli/
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Archives des enfants perdus

Elle a une fille de 5 ans, qu'elle élève seule. Il est veuf et élève seul son fils de presque 10 ans.



Ils se sont connus au cours d'un travail de documentation des langues parlées dans New York.



Elle se dit documentariste, il se préfère documenthécaire.



Le reportage achevé, il s'enthousiasme pour le projet d'aller à la recherche de l'écho des Apaches disparus, dans le sud-ouest des Etats Unis, dans ce qui était l'Apacheria.



Elle aurait préféré continuer d'assister des parents d'enfants en passe d'être déportés au Mexique, n'ayant pas réussi leur passage clandestin aux Etats Unis.



Ils partent tous les quatre au lendemain des 10 ans du garçon. Dans le coffre de la voiture : une petite valise pour chacun, quatre boîtes d'archives pour le père contenant cartes, livres, extraits d'archives sur les Apaches, une boîte pour la mère contenant elle aussi cartes et livres sur les lieux d'enfermement des réfugiés, et une boite vide pour les souvenirs qu'amasseront chacun des enfants. Pour les parents du matériel d'enregistrement sonore, pour ce garçon, cet appareil photo Polaroïd qu'il vient de recevoir en cadeau d'anniversaire ... 



Au cours de ce road trip, la mère copilote, décrit les paysages, cherche des podcasts ou des livres audio pour divertir les enfants.  Après les états de l'est, la traversée de la Shenandoah Valley quasi sauvage précède les grandes plaines puis l'Oklahoma, un brin du Texas, et enfin le Nouveau Mexique et l'Arizona.



Ce roman est l'histoire de ce voyage, démarré avec des objectifs divergents où se creusera lentement la séparation du couple, au fil des incompréhensions et de la non-communication ...  Mais la séparation du couple sera aussi la séparation des enfants ...



Un roman lent, au rythme de cette traversée des Etats Unis par les petites routes, au fil de la crainte de ne pas trouver d'essence ou d'hébergement, au travers de cette Amérique rurale, sauvage et si méconnue.



Un roman triste et poignant ; un roman qui parle de la solitude en couple, quand chacun vaque à des tâches contiguës mais divergentes, quand la dérive des intérêts creuse un fossé infranchissable 



Un roman sur les souvenirs, sur la mémoire des lieux, sur la mémoire de l'enfance, sur les petits riens qui réactivent des souvenirs 



Un roman qui va longtemps vivre en moi ...



 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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L'histoire de mes dents

Nous suivons Gustavo « Grandroute » Sanchez, vendeur de dents de célébrités aux enchères, pour ainsi dire sous forme de performance, liée à l’histoire de sa propre dentition, en arrière-plan une ville de seconde zone du Mexique.

J’ai aimé l’originalité de l’emplacement où l’action de déroule, du sujet, des personnages, du déroulement de l'action et ai beaucoup aimé les ‘annotations’ en fin de livre avec incursion d’art contemporain ainsi que l’humour omniprésent.

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Des êtres sans gravité

Où s’arrête la fiction et où commence la vérité ? Ou bien l’inverse. Une problématique vieille comme la littérature dont les auteurs aiment s’approprier toutes les subtilités, mise en abyme comprise. Dans le genre, la jeune romancière mexicaine Valeria Luiselli est particulièrement douée. Dans Des êtres sans gravité, ses intrigues sont excessivement poreuses, de plus en plus à mesure que le livre avance. Une ménagère à Mexico qui écrit un roman sur son existence quelques années plus tôt à New York. Travaillant pour un éditeur, elle découvre le poète mexicain Owen qui a vécu la bohème d’une vie américaine au côté de Garcia Lorca, entre autres . Elle comble les vides et lui invente un quotidien et des pensées intimes. Et puis, c’est le poète lui-même qui prend le relais et raconte … Bref, ça a l’air compliqué mais la souplesse de l’écriture de Valeria Luiselli rend l’entreprise plus qu’agréable à condition de se laisser aller et de dériver sans se poser (trop) de questions. Un talent prometteur que cette jeune romancière
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L'histoire de mes dents

Ce livre, commande pour une exposition dans la galerie d’art d’une usine de jus de fruit à Ecatepec, dans un quartier pauvre de Mexico, est le résultat d’une collaboration entre l’écrivain et un groupe d’ouvriers de l’usine. En cela, il constitue déjà une œuvre particulière et intéressante.



Le héros est un sympathique escroc à la petite semaine, ancien portier de l’usine de jus de fruit et actuellement commissaire-priseur de son état, possesseur des dents de Marylin … et inventeur de théories sur le discours des commissaires-priseurs. L’atmosphère est très bien rendue et rappelle les romans de Céline et le très beau « Amores Perros » d’Inarritu. Le tout est parsemé de clins d’œil à Sartre, Proust, Montaigne, Quintilien, …



Malheureusement après ce début déjanté très réussi, le roman s’essouffle et j’ai dû m’accrocher pour terminer cette histoire. Et donc impression mitigée …

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Des êtres sans gravité

Valeria Luiselli écrit en apesanteur. Son roman est léger mais profond en même temps, à la fois drôle et sérieux.
Lien : http://www.lapresse.ca/arts/..
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L'histoire de mes dents

Ce livre est né de la commande véridique d'une entreprise de jus de fruits, le groupe Jumex qui finance parallèlement à son activité commerciale une galerie d'art du même nom installée dans une banlieue déshéritée de Mexico. L'auteur, Valeria Luiselli, a créé son personnage, Grandroute, avec la collaboration d'employés de l'usine réunis hebdomadairement dans un atelier de lecture improvisé. La progression de son histoire a tenu compte des réactions de ces ouvriers-lecteurs au fur et à mesure que des épisodes du roman leur étaient livrés. Grandroute, le héros, après avoir végété de nombreuses années dans un emploi de gardien de sécurité, est soudain devenu commissaire priseur après avoir effectué un stage aux Etats Unis. Mais un commissaire priseur d'un genre particulier. En effet il collectionne les objets les plus hétéroclites, dont certains proviennent même d'une décharge privée, et les revend aux enchères en attribuant leur possession à des auteurs célèbres de la littérature mondiale, tels que Unamuno, Virginia Woolf et bien d'autres. Il crée à leur propos des anecdotes qui stimulent l'imagination du public des salles de vente et parvient à amasser une fortune considérable. Cela va-t-il durer, et dans quelles aventures cocasses notre personnage va-t-il s'embarquer ?

Ce roman ressemble à une parabole : le post-capitalisme ne finit-il pas par vendre du vent, et ne devrait-il pas tout aussi bien se reconvertir dans les productions immatérielles que constituent les belles histoires ? L'histoire m'a d'abord déconcertée, mais elle ne manque ni d'intérêt, ni d'originalité. Elle est même furieusement inventive quant au fond et à la forme : elle s'apparente dans le domaine de la littérature à ce qu'est la performance dans celui de l'art.
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