Julien me traite comme sa petite sœur: il me donne des coups de temps en temps, trouve à redire sur tout ce que je décide et désire ce qu’il y a de mieux pour moi. Il est protecteur et ressent ce besoin de m’entourer de bonheur, toujours. Il paraît aussi que «le gars qui veut me parler» tombe tout à fait dans ses critères pour le rôle «du gars qu’il me faut». Généralement, ses goûts sont à peu près aux antipodes des miens, mais c’est tout de même gentil de sa part d’essayer.
Ce serait vraiment le boutte de rater son vœu d’anniversaire. J’hésite toujours, réfléchissant à ce que je dois souhaiter. L’amour avec un grand A ou un défi professionnel renversant qui se rapprocherait du rêve? Et si je demandais juste d’être heureuse? Ça engloberait les deux, sauf que c’est trop flou, je dois faire un vœu clair à l’univers. Le travail qui tombe du ciel serait peut-être superficiel, et l’amour, sans valeur. Je finis par formuler un maladroit: «J’aimerais être épanouie professionnellement et sentimentalement», ce qui ne manquera pas de me faire regretter toute la soirée mon inutile minute d’analyse préalable.
La vie est trop courte pour être petite.
Benjamin Disraeli
C’est facile à dire, seulement des fois, les bonnes affaires arrivent toutes en même temps!
Mon amie ne pleure pas. Elle est triste, et en colère aussi, du moins je crois. C’est impressionnant de voir à quel point quelqu’un qui vient de se faire laisser peut être rempli de cynisme.
On passe notre vie à courir après le bonheur ou l’idée qu’on s’en fait. Parfois, on s’épuise en ramant vers ce qu’on veut, sans savoir que c’est loin d’être ce qu’il nous faut. C’est tellement plus doux, la vie, quand on se laisse entraîner par le courant plutôt que ramer à contresens. Plus beau, plus drôle, plus tout.
C’était une évidence, mais elle est venue plus tard, beaucoup plus tard, après les raz-de-marée de désir, les tsunamis de passion, les déluges de désespoir, les montagnes russes d’émotions fortes. Parce qu’on a tous eu besoin de se laisser emporter par cette déferlante, d’être renversés, chavirés par plus grand que soi, pour se prouver qu’on est en vie et, par ricochet, qu’on peut aussi survivre à tout ça.
Après cette effervescence, on apprécie le calme, le vent doux qui fait trembler les feuilles, le frimas qui se pose sur les sapins, le givre qui trace des dessins sur les vitres. Après le vagabondage, on a envie de se bâtir un nid, avec la famille qu’on s’est créée, faite d’amis, d’un amoureux, d’enfants ou pas, de tout plein de petits bouts de quotidien.
la nature magnifique
ne se pavane pas
elle s'offre seulement
à qui vient la voir
la nature est une grand-mère
qui attend la visite
mais qui ne veut pas
trop de monde en même temps
Non, nous ne sommes pas que des demi-personnes, qui cherchent désespérément leur autre moitié. C’est quand on comprend ça qu’on peut trouver l’équilibre dans l’amour.
Le couple est une entité formée de deux individus qui, ensemble, sont plus forts. Ce qui fait qu’une union peut fonctionner, c’est que chacune de ses parties est un tout indépendant, complet, viable, et oui, capable de plier un drap contour en solo sans que sa vie s’écroule.
Comment plonger dans une relation sans trop se mouiller? C'est impossible. À trop se protéger, la relation se termine et persiste le doute éternel que c'est parce qu'on ne s'est pas suffisamment investi. Qu'on n'y a pas mis tout notre cœur. Je préfère le grand plongeon à la découverte timide et en surface de la pointe des pieds dans l'eau. Je ne serai jamais une amoureuse à temps partiel.