LA CHRONIQUE DE VALERIE EXPERT - MON ITALIE
- Est-ce que je suis vivant?
Foutue race à la croissance exponentielle! Je ricane sombrement : à quoi cela nous aura-t-il servi d'être sept milliards d'imbéciles?
Ce Prince Démon était beau. Sa beauté était aussi sombre que celle de la jeune Elfe était pâle ; elle approchait d'ailleurs d'une image parfaite qui n'était pas sans rappeler le visage vu au fond du Miroir Eternel. La peau, ruisselante de lune, avait le poli du bois ouvragé et révélait en des reliefs troublants le volume des muscles. Les cheveux étaient négligemment rejetés vers l'arrière, masse plus noire que la nuit.
Réveille toi le matin avec au coeur des passions.Il faut vivre passionné, surtout vous, Mortels à la vie si courte ! Quoi de plus triste que de s'ennuyer, quoi de plus vide que de ne rien faire ?
Jim rêvait. Il était redevenu un petit garçon que les adultes ne voulaient pas écouter. Lorsqu'il parlait, ses mots étaient des bulles de savon qui montaient dans les cieux sans colporter de sons. Il était trop jeune, trop inexpérimenté. Il ne trouvait pas les bonnes phrases, celles qui auraient véhiculé l'urgence de la situation, le danger, la vengeance, la haine, la violence, le sang. Il se débattait. Il criait. Jessica devait être sauvée. Mais personne ne l'entendait...
Un court moment, le Prince Démon voulut céder à la fuite, partir avant que le mal ne devienne irrémédiable et pleurer la mort d'un amour sans pleurer la mort d'un corps adoré. Mais les yeux de Rosendael se rivaient à lui et le retenaient plus sûrement que n'importe quelle chaîne. Laocoon vacilla, fermant les paupières pour retenir à lui le vaste chagrin qui maintenant le consumait. Il maudit le Miroir magique. L'avenir avait un goût pesant de sang.
Séduit par les facilités offertes par le Gouvernement fédéral pour répondre à une démographie galopante, le jeune couple avait accepté de s'expatrier. La Terre était depuis longtemps gangrenée par la pollution et la misère. La surindustrialisation avait engendré des maladies nouvelles qui décimaient les populations les plus pauvres. Sam et Milla n'avaient rien à perdre, ils étaient sans emploi et ne vivaient qu'en sursis en attendant les premiers symptômes d'une maladie dégénérative qui finirait tôt ou tard par les contaminer.
Je suis marié à Lise depuis onze ans. Je suis toujours amoureux d’elle comme au premier jour. Peut-être est-ce le fait de ne pas vivre constamment ensemble, peut-être est-ce également parce que je vis dangereusement et que cela exacerbe notre passion, je m’en fiche, j’adore son parfum, j’adore son corps, j’adore ses seins et cette façon qu’elle a de m’accueillir en elle… Je ne vais voir aucune prostituée et je n’ai aucune maîtresse, contrairement à mes nombreux frères d’armes pour lesquels nos longues périodes d’abstinence semblent impossibles à vivre. Moi, je me garde tout entier pour l’excitation de nos retrouvailles qui sont, malgré le temps qui passe, si intenses que je me sens parfois sur le point d’en pleurer.
D'ailleurs que connaissait-elle de ce père en dehors de ses principes rigoureux ?
Uniquement des souvenirs d'enfance qui avaient minutieusement forgé sa haine primordiale aise que, maintenant, une pitié qui lui révélait à quel point il était usé, désespéré, étranger à toute forme d'avenir.
Il n'avait pourtant manoeuvré que pour la rendre forte. Il lui avait construit un esprit libre pour mieux l'enfermer dans son statut d'héritière. Elle savait qu'elle ne s'évaderait jamais de ce rôle. Elle avait été façonnée pour devenir ce pouvoir dédié au trône alsybeenien. Un ancrage dans la tradition. Un sacrifice.
Pas besoin d’être architecte pour comprendre qu’à cet endroit les pierres déchaussées étaient les seuls vestiges du mur de soutènement. Chaque mouvement faisait glisser ses pieds dans la poussière. Dans son dos, la dame fluette essayait de l’aider au mieux en la retenant par son tee-shirt. Une lumière d’apocalypse les baignait, rouge et orange comme les enfers. La chaleur devenait intenable. Gabrielle tenta de réconforter tout le monde. Parler la rassurait.