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Citations de Valérie Zenatti (408)


Le latin, comme un jeu, comme une langue qui s’amuse, qui étonne mon père, fait sourire ma mère, à quoi ça sert le latin, à être instruit, à comprendre le français, autrement, il est la loupe qui permet de distinguer les subtilités de la langue, il est le soleil qui fait miroiter les éclats de la langue.
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Le jour où je travaillerai dans un hôpital uniquement pour des patients qui auront le cancer, une maladie du coeur, des jambes cassées, ça voudra dire que tout va bien, qu'on a un pays normal. Ca fait trois ans qu'on soigne les blessés par balles, par éclats de missile. Quand j'ai choisi de devenir infirmier, je pensais soulager les souffrances inévitables, celles qui proviennent du dérèglement mystérieux des corps, pas du dérèglement des hommes. Qui va arrêter ça? Et quand?
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Il souriait souvent, sans raison particulière, c’était comme des guillemets au début et à la fin de ses phrases, ses yeux se mettaient à briller, son visage s’ouvrait. J’avais l’impression que son sourire se faufilait en ondulant dans mon corps comme une liane douce, se blottissait dans mon ventre et le fécondait pour donner naissance à mon propre sourire.
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Un petit bureau, une dernière page écrite, un stylo encore ouvert, des mots tracés à la main d'une écriture que je connais si bien, des lignes penchant de la droite vers la gauche, les derniers mots d'un écrivain sont déjà une relique, une adresse à ceux qui restent, ils ont sans doute la même importance que les millions de mots qu'il a écrits tout au long d'une vie mais ils prennent la valeur bouleversante de ce qui demeure interrompu et à jamais inachevé.

Page 20
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Chaque début d’année, je les scrutais pour relier leur prénom à leurs traits et distinguais deux catégories d’élèves : ceux qui étaient des esquisses très nettes sur lesquelles on devinait les adultes tout proches. Encore quelques pas et hop, ils auraient pleinement l’allure qu’ils conserveraient peu ou prou une cinquantaine d’années avant d’entamer leur dernière métamorphose, celle qui est inenvisageable pour tous, car s’il est parfois possible d’apercevoir l’adulte niché dans l’adolescent, il est impossible d’augurer le parchemin de la vieillesse – et les autres, aux traits et personnalité serrés dans un bourgeon opaque, dont je me demandais si la fleur allait éclore ou se dessécher.
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Aharon disait "l'écriture est une prière ou l'écriture est la musique de l'âme", cela venait de ce maître (Rabbi Nachman). Il s'est arrêté de lire, a attendu quelques longues secondes avant de me dire "Tu vois, je suis persuadé que Kafka avait lu cette histoire, il venait d'une famille juive assimilée, comme moi, mais je sens qu'il avait lu Rabbi Nachman, il avait intégré la culpabilité effroyable des innocents.

page 71
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Pourtant, monsieur Baumert leur avait dit que la poésie résiste à tout, au temps, à la maladie, à la pauvreté, à la mémoire qui boîte ,elle s'inscrit en nous comme une encoche que l'on aime caresser...
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Nous avons gagné la guerre, oui, mais pour tant et tant d’hommes, de femmes et d’enfants, nous sommes arrivés trop tard.
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L'importance des livres, et peut-être même leur vérité, se mesure à la trace qu'ils laissent en nous et aux interprétations qu'ils font naître, me semble-t-il.
Page 31
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Le marié-qui-n'avait-pas-eu-le-temps-de-se-marier était abasourdi devant le cercueil. Il a voulu passer l'alliance au doigt de sa fiancée mais le rabbin a refusé, il a dit que la loi religieuse interdit de célébrer une union avec une morte.
Je me demande si la loi religieuse a consacré un chapitre à la conduite qu'il faut tenir en cas de désespoir.
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Nous sommes nés là où la terre brûle, où les jeunes se sentent vieux très tôt, où c'est presque un miracle lorsque quelqu'un meurt de mort naturelle. et moi, je veux continuer à croire que, si lui et moi parvenons à nous "parler" vraiment, ce sera la preuve que nous ne sommes pas des peuples condamnés à perpétuité à la haine, sans remise de peine possible
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Nos vies ne peuvent pas s’achever ici, ainsi. La mort dans cette nuit de vacarme n’est pas dans l’ordre des choses, ne peut pas clore les années écoulées depuis notre naissance. Je ne perçois aucun enchainement logique entre ce que nous avons vécu et cette conclusion.
Je refuse de m’y résoudre.
Pas encore.
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C'est troublant. Qui se trouve en face, réellement ? C'est si facile, si trompeur, le mail. Nous sommes tous uniques, paraît-il, mais on peut avoir dix, cent, mille adresses, mille pseudos, on peut s'inventer des identités, mentir, discuter avec des gens qui mentent peut-être eux-mêmes. Tout le monde est bien planqué derrière son écran, personne ne prend de risque. (p. 70)
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Les rêves, c'est ce qui nous fait avancer.
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J'ai aimé te lire et t'écrire,Tal. Tu comprends peut-être aujourd'hui que, parfois, ça n'a pas été facile pour moi de le faire, et pas pour des raisons politiques.
Tu es une fille bien. Généreuse. Et fragile.
Bien sûr, on pourrait continuer à s'écrire, la Toile le permet, mais je veux effacer, pour un temps, ces dernières années de ma mémoire, et tu en fais partie. Je veux être neuf là-bas, au Canada. Ne pas être rattaché à cette terre qui tremble jour et nuit, cette terre qui t'empêche de dormir, d'être égoïste. Un jour, vous, nous, nous nous apercevrons qu'il n'y a pas de gagnant possible dans la violence, que c'est une guerre de perdants. Un gâchis.
Mais je ne t'oublierais pas complètement, Tal.
Un jour, tu m'as dit qu'il fallait tout répéter avec moi. C'était vrai.
Alors, toi et moi, on va répéter le miracle de la bouteille. Je l'emporte avec moi. Et je te donne rendez-vous dans trois ans, le 13 septembre 2007, à midi, à Rome, devant la fontaine de Trévise. Paolo m'a longuement parlé de cet endroit, et ce sera en souvenir du film avec Audrey Hepburn que tu es allée voir à la cinémathèque. J'aurai la bouteille sous le bras. C'est très romantique, n'est-ce pas ? Mais l'idée me plaît, je suis même impatient de pouvoir être romantique.
Dans trois ans, c'est une promesse.
D'ici là, bonne route à toi,
Naïm
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Par un étrange effet d’association, le moteur de recherche me proposa (...) une vidéo de Leonard Cohen. Quatre minutes et deux secondes captées à la fin de sa tournée européenne en 1972, miraculeusement préservées, à l’infini, si l’infini est cette boucle qui relie le mystère et l’évidence.
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M'attendant à disparaître sous le déferlement obscur je reste figée, je n'ai entendu aucune sirène annonciatrice de danger, aucune explosion, mais des cliquètements strient les airs, j'ai enfin la présence d'esprit de lever les yeux pour voir le ciel envahi par une gigantesque colonie d'oiseaux, des milliers de cigognes aux ailes déployées, becs et cous tendus dans la même direction, dignes, volontaires, organisées. Jamais je n'ai vu un ciel aussi palpitant, je m'attends à être soulevée pour les rejoindre, l'ordre des choses est peut-être enfin inversé comme il se doit, N'aie pas peur d'être légère, Mama, j'accélère le pas pour ne pas les perdre de vue, mais, plus rapide que moi, la nuée disparaît derrière une ligne d'immeubles tapissés de tricots blancs, de chemises blanches et de chaussettes noires, j'entends la voix de Leonard Cohen,

"it's said in the Kabbala that when you can't fly, you must stay on the ground."
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Je venais d'emménager dans mon nouvel appartement, pas loin d'ici, rue Dupetit-Thouars. Le plafond s'est mis à goutter sur mes cartons. Un dégât des eaux banal, mais pour moi, un désastre. L'idée des papiers à remplir ou des travaux à faire me donne envie de fuir. C'est comme ça. Le courrier administratif m'épuise, tout ce qui ne m'intéresse pas me semble au-dessus de mes forces. Pour le reste, j'ai énormément d'énergie.
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p. 7 "Elle a fait comme d'habitude quatre choses à la fois : elle a allumé la télé, la radio, Internet, et s'est jetée sur son téléphone portable. C'est ce que j'appelle une réaction hautement technologique."

p. 15 3ils ne s'aperçoivent même plus que leurs guerres blessent chaque fois plus violemment , celle qu'ils prétendent aimer, et qu'ils détruisent, d'une certaine façon."

p. 23 "Si tu penses comme moi que nous devons apprendre à nous connaître, pour mille bonnes raisons, à commencer par nos vies que nous voulons construire dans la paix parce que nous sommes jeunes. Alors réponds-moi."

p. 29 "Bon je ne vais pas te raconter ma vie. C'est ce que tu veux mais moi, je ne le veux pas. Je ne suis pas un singe qu'on observe pour déterminer ses ressemblances avec l'homme. Pour ça, tu as ta prof de biologie."

p. 31 "Si des gens comme toi et moi essaient de se connaître, l'avenir aura des chances d'avoir d'autres couleurs que le rouge du sang et le noir de la haine."

p. 38 "Quand on a un contact pas trop agressif avec des Israéliens, ici, on est vite pris pour un collabo. Et le soupçon équivaut à une condamnation à mort."

p. 39 "Je m'énerve vite quand je pense trop, mais je ne veux pas arrêter de penser. Ma tête, c'est le seul endroit où pas un soldat de Tsahal, pas un type du Hamas, ni mon père, ni ma mère ne peuvent entrer. Ma tête, c'est chez moi, mon seul chez-moi, trop petit pour tout ce que j'ai à y mettre et c'est pour ça que je me suis mis à écrire, il y a plusieurs années déjà, j'ai pas attendu la petite Tal gâtée de Jérusalem pour m'y mettre. J'écris puis je brûle, je déchire, je mouille le papier et je le jette aux toilettes, j'ai trop peur que quelqu'un tombe dessus. Mais au moins, ça me fait du bien, ça m'allège un peu."

p. 69 "Je veux continuer à croire que, si lui et moi parvenons à nous "parler" vraiment, ce sera la preuve que nous ne sommes pas deux peuples condamnés à perpétuité à la haine, sans remise de peine possible."

p. 83 "Nous sommes en Orient. Ou dans le monde arabe. Ou en Méditerranée. dans les trois cas, ça veut dire que les gens te prennent pour un malade si tu n'aimes pas être 24h sur 24 avec ta famille, avec tes mais, avec les autres à la mosquée. Ensemble. Toujours ensemble. Moi, je pense que je deviendrais fou si je n'étais jamais seul."

p. 99 "J'ai décidé de ne plus retourner au cybercafé. C'est trop dangereux. En ce moment surtout, la haine est plus brûlante que jamais. Si on découvre que je corresponds avec une Israélienne sans l'insulter, sans la menacer, en la considérant presque comme une amie, je risque ma peau, et ma famille aussi peut-être. Il faut que je trouve une autre solution."

p. 123 "On ne peut pas empêcher les conflits, on n peut pas distribuer de l'argent à tout le monde. Mais quand on écoute les gens, quand on peut les aider à trouver les déchirures qu'ils ont en eux, on arrive à raccommoder un peu les blessures, à faire en sorte que ces personnes se sentent plus fortes, même dans une situation très difficile."

p. 151 "N'importe quel être humain normalement constitué a besoin de savoir qu'il n'est pas cerné par des ennemis prêts à le dévorer."

p. 153 "Les rêves, c'est ce qui nous fait avancer."
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Tu t’appelles Jacob, lui demande Maryse. Oui. Alors tu es juif. Oui. Elle le dévisage, entre peine et effroi. Pourquoi vous me regardez comme ça ? Elle secoue la tête. Jacob voudrait comprendre pourquoi le mot juif semble si effrayant dans la bouche de Maryse, il ne sait pas comment lui poser la question, qu’est-ce qu’on a fait aux juifs, ici, après les avoir chassés de l’école comme en Algérie ?
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