Joëlle était jeune et bien-portante. Elle n’abîmait pas son corps à l’usine comme les ouvriers exploités, ne se levait pas au milieu de la nuit pour rejoindre chaque matin un travail pénible, n’avait pas à affronter les remontrances d’un petit chef acariâtre. Pourtant, elle se sentait lasse. À ce moment précis, les yeux clos dans le creux de son bras, elle aurait tout donné pour s’arrêter, ne plus rien faire, ni penser ni réfléchir, ni combattre et ni lutter.