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Critiques de Vassili Axionov (47)
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L'oiseau d'acier

L’ogre Axionov donne à lire une « nouvelle avec digressions et solo de cornet à pistons », petit roman aux portes de l’absurde, centré sur Popenkov, être surnaturel à l’allure de clochard(-céleste), et son arrivée dans un immeuble communautaire moscovite un peu braque.



L’ogre Axionov aime toujours autant nous parler, commentant aux lecteurs l’histoire et sa forme, tel un réalisateur bavard lors d’une projection privée. Facétieux cabotin et sa marque de fabrique.



L’ogre Axionov sait aussi faire court, manifestement, réduisant les situations à ces quelques actions débridées, à des dialogues pétard-pirate, à des emballements vibratoires ponctués de chausse-trappes (il a dit quoi là ?), parole de médecin valant pour ordonnance.



Un régal, mangeons du métal.
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Le doux style nouveau

Vassili Axionov est un ogre, sa parenté avec Gargantua ne fait aucun doute.



Un autre livre avec beaucoup à manger dans l’assiette, un long repas qui ne manque pas de raffinement, une soirée jusqu’au petit matin peuplée de faunes et de muses, des torrents d’alcool et de références littéraires, dont la principale donne titre au livre, Dante Alighieri et sa Divine Comédie. « Dolce stil nuovo », ou selon le Larousse:

« École poétique italienne fondée par Guido Guinizelli (vers 1240-1276).

Elle réunit autour de Dante et de Cavalcanti des poètes florentins et toscans qui célébraient les vertus rédemptrices de la femme aimée. »



Vibrionnant, cabotinant, s’adressant souvent au lecteur, Axionov déroule l’histoire de l’exil forcé, celle d’une personne qui est aussi un peu lui-même, de ceux qui cherchent la liberté, des dissidents soviétiques et des juifs apatrides, de la fin de l’ère Brejnev jusqu’aux années Eltsine.

Poésies, amour, Réalisme Magique, langage cru et auto-fiction, le tout bien structuré pour ne pas nous égarer, le dénommé « lecteur-artiste » savourera ce joli morceau, bien servi par une excellente adaptation de Lily Denis, à qui on pardonnera toutefois la regrettable erreur de cette « endive de Bruxelles » qui, foi de français de Belgique, se nomme bien chicon (ou chicorée), malgré la butée hexagonale linguistique, dont la page wikipedia accueille l’un des plus beaux affrontements de la francophonie, soldé par une défaite de l’amertume, privant la France de la réelle endive…

Désolé de la digression, même si je pense qu’elle aurait pu plaire à ce cher Vassili, que l’on retrouvera bientôt pour d’autres douces rodomontades.
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Une saga moscovite

Rangement de bibliothèque et je retombe sur ce livre, en arrêt!



Tout revient...la famille Gradov, des flashs de narration, le plaisir de lecture, l'addiction, pages après pages. Impossible de lâcher, de quitter tous ces personnages ballottées par la Russie d'après la révolution .

Toute une famille qui traverse les tempêtes de la période communiste, chacun de ses membres choisissant des métiers, voire des camps différents et subissant tous un parcours dramatique. C'est une peinture historique complète de l'URSS, une gigantesque moulinette à destins, dense, oppressante, très documentée.

Réquisitoire d'un terrorisme d'état, cette fresque familiale se lit comme un roman; mais dans un coin de la tête du lecteur, l'absolue certitude que la réalité a largement dépassé la fiction.



D'autres lecteurs de Babelio ont donné brillamment une idée précise de ce gros roman en deux tomes en Livre de Poche. Osez cette lecture, elle est longue mais aisée et elle ouvre à la compréhension d'une page d'Histoire de la société russe.



Vassili Axionov, mort en 2009, enfant de déportés des années Staliniennes.

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Une saga moscovite

Coup de cœur pour le premier tome de cette saga qui retrace le destin de la famille Gradov, famille russe – de 1924 à 1953.



Le père est un éminent chirurgien, la mère une pianiste accomplie. Ils sont parents de 3 enfants aux caractères forts différents.



Nikita, le soldat, héros de la Révolution, traumatisé par ses actions passées, Kirill le bolchevique convaincu et Nina, la petite dernière, fantasque poète.



Les vicissitudes de leurs destins sont liées à un homme, Staline. On assiste dans le premier tome à sa montée en puissance, à l’évincement des courants plus modérés de la Révolution rouge.



Si les premières pages sont plutôt légères et pleines d’espoir, très vite les arrestations nocturnes se multiplient.



Pour les victimes de la répression, les caves de la Tchéka, la torture et la déportation ou la mort.



Pour les proches, débutent l’attente, l’incertitude mais aussi la peur d’être arrêté à son tour.



Parler des disparus est déjà une prise de risque. Une gymnastique mentale se met en place pour éviter les termes suspects, les allusions déviantes, les regards équivoques.



Les gens survivent, s’adaptent, adoptent un « humour de pendu », comment faire autrement ?



Régime mortifère où les ennemis sont toujours plus nombreux, dans lequel une course folle aux ennemis du peuple se déroule sans cesse.



Même lors de la seconde guerre mondiale, les officiers sont encadrés par des agents politiques consignant soigneusement toute preuve de subversion.



Récit de la responsabilité individuelle et collective, de la faillite du système communiste, mais surtout portait d’une famille si attachante, si vraie que l’empathie avec leur destin est totale.



Une première partie magistrale dont j’ai hâte de lire la suite.
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Une saga moscovite, tome 1

Lire un auteur russe est un exercice difficile. Les romans foisonnant de personnages aux noms qui se ressemblent d'où mon appréhension envers ce genre de littérature car il faut toujours se remettre dans le contexte historique et connaitre la Révolution Russe pour mieux comprendre "l'âme slave" si présente. L'auteur Vassili Axionov d'un style attachant fait parler ses idées réactionnaires. Au fil des pages, il insuffle de nouvelles vies à son histoire et le récit devient passionnant et captivant.

Je ne veux pas dévoiler les secrets de "Une saga Moscovite" qui séduit par les revirements et la passion qui s'en dégage.

Tout y est dans cette fresque : l'amour, la trahison, le bonheur et le malheur aussi, la folie des hommes et les larmes des femmes. Je ne peux que le conseiller vivement à tous mes amis Babeliotes surtout en cette saison propice à la lecture.

Laissez-vous emporter par l'histoire de la famille Gradov et de la Russie de Staline. Laissez-vous séduire par les mots, les émotions et un pan de l'histoire. Et si à la fin du roman, vous vous demandez "mais que sont devenus les autres ?" alors faites comme moi et plongez dans la deuxième partie de cette grande saga moscovite.

Un vrai coup de cœur !!!!!!
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Une saga moscovite, tome 2

Vassili Axionov poursuit le récit de la fresque familiale des Gradov. J'ai mis plus de temps à terminer cette suite qui semble fade et moins intense que la première partie.

Un personnage accapare, à lui seul, cette Saga Moscovite II et cela m'a un peu déçu car les autres membres de la famille passent au second plan.

Reste que c'est un bon moment de lecture et j'ai eu le souffle coupé aux pages 408 et 409, j'ai eu un doute quand Nina se questionne page 416 et je n'ai eu aucune compassion à la page 426.

Toutefois, j'aurai aimé que cette partie soit aussi émouvante que la précédente.

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Une saga moscovite, tome 1

Rangement de bibliothèque et je retombe sur ce livre, en arrêt!



Tout revient...la famille Gradov, des flashs de narration, le plaisir de lecture, l'addiction, pages après pages. Impossible de lâcher, de quitter tous ces personnages ballottées par la Russie d'après la Révolution .

Toute une famille qui traverse les tempêtes de la période communiste, chacun de ses membres choisissant des métiers, voire des camps différents et subissant tous un parcours dramatique. C'est une peinture historique complète de l'URSS, une gigantesque moulinette à destins, dense, oppressante, très documentée.

Réquisitoire d'un terrorisme d'état, cette fresque familiale se lit comme un roman; mais dans un coin de la tête du lecteur, l'absolue certitude que la réalité a largement dépassé la fiction.



D'autres lecteurs de Babelio ont donné brillamment une idée précise de ce gros roman en deux tomes en Livre de Poche. Osez cette lecture, elle est longue mais aisée et elle ouvre à la compréhension d'une page d'Histoire de la société russe.



Vassili Axionov, mort en 2009, enfant de déportés des années Staliniennes.
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Une saga moscovite, tome 2

1925-1953, la famille Gradov sous trois générations pendant l’ère stalinienne. Dans la capitale, sur les champs de bataille ou au goulag, ils sont médecins, poète, peintre ou général, ils adhèrent au régime en place, l’utilisent ou le subissent. Un roman fleuve (plus de 1600 pages) historique et romanesque, non exempt de longueurs ou de passages difficiles pour qui n𠆞st pas bien au courant des pensées et faits historiques, mais qui emporte le lecteur tel un ”Guerre et Paix” du 20e siècle.
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Une saga moscovite

N'hésitez pas devant l'épaisseur du livre : il vous emmènera loin. La famille Gradov, jetée dans le tourbillon de l'histoire soviétique, est si attachante que vous la quitterez avec un peu de tristesse.
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Une saga moscovite, tome 2

Vassili Axionov, disparu en juillet 2009 à Moscou, est l’un des romanciers russes contemporains les plus traduits dans le monde. Très populaire en Russie, il est surtout connu en France pour sa Saga moscovite, sorte de Guerre et Paix du XXe siècle, tragique et burlesque, qui fut un immense succès de librairie à sa sortie en 1995. Né en 1932, Axionov a connu les retournements de l’histoire russe de son temps. En 37, année de la Grande Terreur stalinienne, ses parents sont déportés au goulag et il ne retrouve sa mère Evguénia Guinzbourg, futur auteur du Vertige et du Ciel de la Kolyma, que dix ans plus tard en Sibérie. Icône des années 60, comme le chanteur Boulat Okoudjava son ami, il peint dans ses premiers textes la jeunesse des années du Dégel et fait des débuts littéraires fracassants en parlant de jazz, de jeans et de sexualité, en dehors de tout conformisme. Mais le contexte politique se durcit. Vingt ans plus tard, c’est l’exil forcé aux États-Unis et la perte de sa nationalité soviétique. Le retour en Russie ne sera possible qu’après la chute de l'URSS. Une merveilleuse saga en deux tomes, qui retracent la vie des Gradov, médecins, militaires et celles de petites gens qui les entourent. Une période dramatique durant le règne de Staline de 1924 à 1953. Un régal Nena
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Une saga moscovite, tome 1

1925-1953, la famille Gradov sous trois générations pendant l’ère stalinienne. Dans la capitale, sur les champs de bataille ou au goulag, ils sont médecins, poète, peintre ou général, ils adhèrent au régime en place, l’utilisent ou le subissent. Un roman fleuve (plus de 1600 pages) historique et romanesque, non exempt de longueurs ou de passages difficiles pour qui n𠆞st pas bien au courant des pensées et faits historiques, mais qui emporte le lecteur tel un ”Guerre et Paix” du 20e siècle.
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Une saga moscovite, tome 2

Suite et fin des aventures de la famille Gradov…



Cette saga, en deux livres, retrace la vie de cette famille de l’intelligentsia russe pendant les années durant lesquels Staline fut au pouvoir.



Ce deuxième « tome » se concentre sur les dernières années du règne stalinien, en gros de la fin de la seconde guerre mondiale à sa mort.



Cette fois-ci c’est la troisième génération des Gradov qui se retrouve au centre de l’action.



La jeunesse moscovite s’encanaille et rêve non plus de révolution mais de biens matériels, d’appartements individuels, de sports, d’alcool et de sexe.



Pour autant, il serait idiot pour eux d’occulter la réalité politique du pays. La déportation et les goulags sont toujours d’actualité, le népotisme aussi.



Mais surtout, se joue une guerre en coulisse.



Le camarade Staline voit sa santé décliner. Une lutte d’influence se joue à chaque instant pour savoir qui pourra se saisir du pouvoir à l’occasion de la mort du tyran.



Le coup de cœur ressenti avec le premier livre s’est confirmé avec cette deuxième partie.



La plume de Vassili Axionov réussie toujours à faire mouche, à émouvoir sans verser dans le pathos, à retranscrire les failles, les faiblesses et les moments de courage de ses personnages.



Sur cette période stalinienne, « une saga moscovite » est définitivement à ranger au rayon des incontournables au même titre que Vie et Destin de Grossman.
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Une saga moscovite, tome 1

Un gros roman de Vassili Axionov, fils de Evguenia Guinzbourg, elle-même auteur du "Vertige" et du "Ciel de la Kolyma" , récits fameux de son arrestation et de sa déportation au goulag avec son mari (en 1937). Ses parents étaient pourtant des communistes convaincus, persuadés au début de leur calvaire que le parti ne pouvait se tromper, que s'ils avaient été condamnés, ils devaient avoir commis quelque péché capital contre l'édification du socialisme. Leur fils vécu avec eux à Magadan, en extrême orient, puis ils furent libérés en 1953, avec la "libéralisation" khroutchévienne.

Encore un de ces romans russes sur le Stalinisme à lire absolument si vous avez encore besoin de croire que sans Staline et sa "déviation" totalitaire, le régime communiste eût pu déboucher sur une société juste.

Ce que montre précisément cet autre grand roman russe sur cette période, c'est que le système porte en lui, de manière inhérente, en raison même de la nature humaine, la fatalité de ce qu'il va devenir, comme l'attestent d'autres tentatives de construction de sociétés fondées sur cette idéologie (le Cambodge pour ne citer que cette expérience.) Ce que montre (ou plutôt illustre brillamment le livre dans la fiction), c'est que ce type de régime ne diffère que dans les objectifs annoncés de l'autre totalitarisme du vingtième siècle, qu'il ne peut que donner le pouvoir (que ce soit dans les camps ou dans les hautes spères du régime), aux individus les plus corrompus, aux instincts les plus vils.

Par exemple, Beria, le second du petit père des peuples, devient sous la plume d'Axionov, un personnage à part entière du roman, qui fait enlever des jeunes filles dans Moscou pour qu'on les livre à ses désirs de vieillard libidineux. Ceci n'est nullement une liberté que prendrait le romancier avec l'Histoire , car il semble bien en effet que la réouverture récente des archives de l'URSS confirme ce que d'autres auteurs et ce que la rue de Moscou avaient déjà largement rendu public.

D'autres romans russes ont peint cette époque à leur manière, en s'essayant à marcher sur les traces du Guerre et Paix de Tolstoi. Outre les livres de Soljenitsyne bien sûr, l'autre grande saga à lire, plus centrée elle sur la bataile de Stalingrad, est "vie et destin" de Vassili Grossman, qui lui aussi établit dans la fiction le parallèle que devait faire au niveau philosophique Hannedt Arendt entre Nazisme et Communisme.

L'originalité de ce roman là tient à ce qu'il parvienne à nous faire vivre ces événements et ces destins tragiques, d'une manière ..... comment dire ...presque "légère", ceci sans édulcorer la réalité vécue par les personnages et les soviétiques à cette période. Même au bagne, une vie s'organise, des couples se retrouvent et s'aiment. Pendant la "Grande guerre patriotique" (entendez la deuxième guere mondiale) les soviétiques retrouvent une dignité et un courage dont ils se croyaient dépourvus, eux qui, en temps de paix, se sont laissés traîner dans les camps comme un troupeau d'esclaves, et qui se soumettront à nouveau, pour la plupart, la paix revenue. Le style, proche du réalisme fantastique de Boulgakov participe ..comment dire encore .. de cette "légèreté dans l'horreur " Comme dans le "Maître et Marguerite" ou le Roman Théâtral" de Boulgakov, les personnages historiques sont des protagonistes à part entière de la narration. On a déjà vu comment le terrible Beria participait à l'histoire. Mais Staline aussi devient un héros presque crédible de la fiction. Comme son acolyte Beria, il est rendu à la fois "humain" et accessible, mais aussi Ubu plus monstrueux encore, par le semblant d'empathie qu'Axionov joue parfois à nous faire ressentir à l'égard des bourreaux, en les caricaturant parfois sous la forme de bouffons pathétiques, vulnérables, faibles devant la maladie, la vieillesse ou l'impuissance, sujets au doute métaphysique parfois.... Mais que l'on ne s'y trompe pas. Comme celle de Kundera, cette "légèreté" axionovienne est elle aussi .... insoutenable. Dostoïevski, auquel il est fait abondamment référence, n'est jamais très loin....

A Moscou, après la guerre, les déportations continuent,. Les procès de médecins (juifs la plupart !!) accusés de vouloir empoisonner les membres du bureau politique causent la perte d'un des héros, grand médecin,, qui refuse de participer à la curée contre ses collègues. Mais dans le Moscou (dans la capitale, pas dans la russie profonde !!) de l'après-guerre, une certaine prospérité permet aux moscovites de mener une existence à peu près normale, pour peu que l'on échappe aux tentacules de la pieuvre protéiforme. Une jeunesse dorée fait la nouba, du sport, sort dans les boites à la mode, écoute du jazz, fricote avec les rejetons des "organes du parti".



La patte de l'auteur de cette fresque qui porte bien son nom de saga est faite d'un curieux mélange de farce burlesque, de tragédie grecque (ou dostoïevskienne comme on voudra...) et aussi, par moment, pour le "liant" romanesque, peut-être, d'une sorte de frivolité nomenklaturienne "à visage humain", de quadrille en crinolines et au pas de l'oie apprécié dans les sphères du pouvoir. Mais plus intéressant encore que cela, l'horreur dominante est constamment tempérée par l'amour qui lie les membres de la famille Gradov, par l'humour dont font preuve les membres de cette cellule inoxydable de l'intelligentsia patriotique éclairée qui résiste à sa manière au tyran et à ses sbires ordinaires. Comme les héros "positifs" de Guerre et Paix , cette bourgeoisie progressiste et fondamentalement humaniste, puise la force de résister au mal et à la table rase culturelle imposée par les bolchéviques à la fois dans ses racines profondément slaves et dans un souci constant de rester ouverte au monde extérieur.

Ceux qui ont étudié la langue de Pouchkine ont forcément entendu dire par leurs professeurs que les meilleurs écrivains russes sont ceux qui ont su réaliser une synthèse entre les courants slavophile et occidentaliste qui traversent et enrichissent l'oeuvre des plus grands, celle de Tolstoy, de Dostoïevski, de Pasternak, etc.... Je crois qu'Axionov s'inscrit dans cette lignée, lui le "traître cosmopolite" comme étaient nommés les accusés des procès de Moscou et de Prague, lui qui a émigré aux USA, mais qui continue de puiser son inspiration dans sa culture.....



Ce gros pavé de 1600 pages se lit presque comme un roman feuilleton (en raison peut-être des "crinolines" évoquées plus haut.) L'histoire tourne autour d'une famille de grands médecins, de militaires héros de la guerre dont l'un est rappelé du goulag pour sauver la mère patrie de l'envahisseur hitlérien, de poètes, de cadres sincères du parti, qui auront tous à souffrir dans leur chair du régime, mais qui sont en même temps, du fait de leur compétence dont a besoin le parti, préservé du pire. La maison familiale, datcha héritée de l'ancien régime et curieusement jamais confisquée, sorte de croisement entre les propriétés pour personnages de Tchékhov et de maison coloniale à la "Autant en emporte le vent", est l'ultime refuge de la cellule familiale disloquée par l'Histoire mais qui s'y retrouve par moments pour y trouver la force qui permettra aux membres de cette "dynastie" de traverser les épreuves avec dignité.

Un livre optimiste finalement, contrairement à beaucoup de romans historiques russes traitant de cette époque sombre.

Les références littéraires et historiques sont nombreuses, mais, cerise sur le gâteau, la traduction de Lily Denis, dans l'édition Folio de poche, fourmille de notes documentées permettant au lecteur non spécialiste de posséder toutes les informations utiles pour la compréhension du contexte dans lequel s'inscrit l'histoire.




Lien : http://jcfvc.over-blog.com
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L'oiseau d'acier

Vassili Pavlovitch Aksionov aussi orthographié Axionov en français, est un écrivain russe né en 1932 et mort en 2009. Sa mère, Evguénia Guinzbourg, était une journaliste et éducatrice connue (plus tard elle écrira des livres comme Le Vertige ou Le Ciel de la Kolyma) et son père, Pavel Aksionov, avait une haute position dans l'administration de Kazan et tous les deux « étaient des communistes de premier plan ». En 1937, ils sont néanmoins arrêtés et jugés pour leurs liens supposés avec les trotskystes puis envoyés au Goulag avant d’être exilés et Vassili placé dans un orphelinat avant d'être secouru en 1938 par son oncle, dans la famille duquel il demeure jusqu'à ce que sa mère, après avoir purgé 10 ans de travaux forcés, soit libérée et revienne d'exil. En 1947, Vassili rejoint sa mère reléguée à Magadan, où il obtient son diplôme d'études secondaires. Il étudie d'abord la médecine, puis se consacre à l'écriture de romans. En 1980, il est déchu de la citoyenneté soviétique et expulsé. Il arrive à Washington, où il enseigne la littérature sans se présenter comme dissident. Après la dislocation de l'URSS, les autorités russes lui rendent sa nationalité et l'écrivain partage son temps entre les Etats-Unis et la Russie.

L’Oiseau d’acier, sous-titré Nouvelle avec digressions et solo de cornet à pistons, date de 1978 et vient d’être réédité. Si le titre de ce roman, ou plutôt de cette novella, laisse la porte ouverte à toutes les interprétations, son sous-titre donne le ton général : un truc un peu barjot !

Moscou, sur une période s’étendant des dernières années du stalinisme au milieu des années 60. Au 14 rue de la Lanterne, Nicolaïev gérant de l’immeuble (36 appartements et 101 locataires), veille sur son petit monde et s’applique à y faire respecter le règlement intérieur. Résidence de standing moyen, mais « fierté de la rue de la Lanterne », on y croise de petites gens mais aussi un vice-ministre qui y habite « par modestie ». Petits accrochages entre voisins, bref la vie normale en collectivité, de quoi occuper quotidiennement Nicolaïev. Jusqu’au jour où frappe à sa porte, un certain Popenkov, un homme effacé, sans domicile, qui demande au gérant l’autorisation de dormir dans l’ascenseur, entre le retour du dernier locataire le soir et le départ du premier le matin. Nicolaïev hésite se retranchant derrière les règlements mais Popenkov possède un moyen de pression efficace et son chantage obtient gain de cause…

Popenkov, surnommé l’Oiseau de fer, s’avère être un fieffé coucou ! Plus que discret au début de son séjour dans l’ascenseur, par son entregent et sa situation stratégique dans l’immeuble il va acquérir un statut de plus en plus envahissant au fil des années, allant jusqu’à occuper tout le hall de l’immeuble, installant murs et meubles… J’en ai assez dit.

Un roman un peu fou et fort délectable à lire au début, avant que la dinguerie la plus totale ne vienne perturber cette gentille pochade, la rendant bientôt incompréhensible, au propre comme au figuré, car Popenkov va se mettre à parler une langue inconnue. J’ai refermé le bouquin sans trop savoir quoi en penser, bizarrement il ne m’a pas paru mauvais mais honnêtement je ne sais pas vraiment de quoi ça parle, ni même s’il y a un message caché derrière tout cela… ?

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Une saga moscovite, tome 1

Une vraie claque littéraire que cette saga moscovite, découverte grâce à l'irremplaçable Guillaume Gallienne qui en a fait une lecture dans son émission de radio "Ça peut pas faire de mal".



Ce n'est pas un roman, c'est une cathédrale ! Impressionnante par la démesure de ses proportions tout autant que par la finesse de ses détails. Une capacité, très russe, à rendre compte de manière élégante mais truculente de l'absurdité confondante du soviétisme Stalinien (le passage qui voit Boris III Gradov venir soulager le Maître du Kremlin en proie à une violente constipation est particulièrement jubilatoire).



Pour qui, comme moi, aime les grandes fresques romanesques où le récit est savamment enchevêtré dans un contexte historique "extraordinaire", c'est une lecture obligatoire.
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Une saga moscovite

Rarement un titre ne se justifie autant.

On parcourt la terrible histoire de l'URSS de 1925 à 1953. Ce récit vaut tous les livres d'histoire. Une connaissance de l'histoire est certainement toutefois nécessaire pour apprécier le récit.... et la topographie de Moscou est un avantage pour le lecteur.
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Terres rares

Une fable sur les nouveaux oligarques russes, incluant beaucoup d'auto-fiction de l'auteur.

De bons passages, mais au final un ton un peu difficile à trouver. A réserver aux lecteurs assidus d'Axionov (ce qui n'est pas encore mon cas, même si je me suis procuré dernièrement une bonne partie de son oeuvre, dont les "majeurs")
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Une saga moscovite

Une Saga moscovite est l'oeuvre de Vassili Axionov, fils d'Evguénia Guinzbourg auteure de Vertige et du Ciel de la Kolyma. Il est probable que ce roman se soit inspiré de l'expérience de la mère, peut être aussi n'en parlait elle pas en famille, mais quoiqu'il en soit ses mémoires datent de 1959 -1960. de part ses proportions l'opus s'inscrit dans la grande tradition du roman russe massif, où les existences des personnages se mêlent à L Histoire en marche. On nous narre le destin d'une famille de médecins de renom et de héros de guerre, les Gradov, durant la période de 1924 à 1953, s'inscrivant donc durant la dictature du père des peuples, Staline, un grand philanthrope celui là. Celle-ci connaîtra le renom, l'ire, les honneurs et les condamnations du régime en place. Certains survivront, s'élèveront, mais la majorité pâtira de la machine à broyer du Stalinisme. le récit, en deux tomes, particulièrement le premier, s'imprègne étroitement de l'arrière fond historique. On regrettera que le pacte germano-soviétique ne soit traité qu'allusivement, c'est pourtant un événement majeur qui détournera beaucoup de gens de leur engagement communiste, si on excepte certains thuriféraires de la dictature du prolétariat tels l'homme politique Maurice Thorez ou l'écrivain Louis Aragon. Revenons à ce qui nous intéresse ici. La narration est entrecoupée de cours chapitres à la tonalité poétique et onirique et par des interludes où figurent des extraits de la presse principalement soviétique et anglo-saxons On peut dire que dans la chronologie du sujet traité, l'oeuvre suit de quelque années le Don paisible de Cholokhov, prix Nobel de littérature 1965, précède, chevauche et dépasse Vie et destin de Vassili Grossman. Lisez les trois çà vous fera dans les cinq milles à six milles pages selon les éditions, de quoi passer l'hiver si vous vous trouvez dans les environs de Iakoutsk. C'est toujours avec excitation, révérence et délectation que j'aborde un de ces colossales roman russe.
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Une saga moscovite

Ma critique : Vassili Axionov, disparu en juillet 2009 à Moscou, est l’un des romanciers russes contemporains les plus traduits dans le monde. Très populaire en Russie, il est surtout connu en France pour sa Saga moscovite, sorte de Guerre et Paix du XXe siècle, tragique et burlesque, qui fut un immense succès de librairie à sa sortie en 1995.

Né en 1932, Axionov a connu les retournements de l’histoire russe de son temps. En 37, année de la Grande Terreur stalinienne, ses parents sont déportés au goulag et il ne retrouve sa mère Evguénia Guinzbourg, futur auteur du Vertige et du Ciel de la Kolyma, que dix ans plus tard en Sibérie. Icône des années 60, comme le chanteur Boulat Okoudjava son ami, il peint dans ses premiers textes la jeunesse des années du Dégel et fait des débuts littéraires fracassants en parlant de jazz, de jeans et de sexualité, en dehors de tout conformisme. Mais le contexte politique se durcit. Vingt ans plus tard, c’est l’exil forcé aux États-Unis et la perte de sa nationalité soviétique. Le retour en Russie ne sera possible qu’après la chute de l'URSS. Une merveilleuse saga en deux tomes, qui retracent la vie des Gradov, médecins, militaires et celles de petites gens qui les entourent. Une période dramatique durant le règne de Staline de 1924 à 1953. Un régal Nena

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Une saga moscovite, tome 1

J’ai lu pour la première fois ce roman à sa sortie en 1995 au temps où les billets de blog n’existaient pas. L’avoir désigné auteur du mois sur le site Lecture/Ecriture est un joli hommage à rendre à cet écrivain au destin hors du commun et disparu en juillet 2009.

Pour entrer dans le monde d’Axionov il faut vous transporter en Russie, juste après la révolution, au moment où Staline va accéder au pouvoir, c’est lui qui va rythmer ce roman. Nous suivrons le destin de tous les personnages, ballotés par les évènements, maltraitrés, emprisonnés, jusqu’à la mort du Petit père des peuples.

Le chef de cette famille de la Nomenklatura soviétique : Boris Gradov " cinquante ans, un homme encore parfaitement svelte, au complet bien coupé et seyant, à la petite barbe taillée avec soin " médecin, issu de la bourgeoisie mais prudemment reconverti à un communisme discret, respecté par la communauté médicale. C’est lui qui va déclencher la tourmente, appelé en consultation auprès d’un membre du bureau politique il a le malheur de poser un diagnostic qui déplait, la victime est liquidée lors de l’intervention chirurgicale et Boris Gradov fait silence sur ce meurtre, sa conscience le poursuit.

Il s'est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, sa famille et lui vont en payer le prix.



Tous vont connaitre un destin tragique mais tous d’une façon différente, chacun d’eux représentant une part des horreurs de la dictature stalinienne.

Le fils aîné Nikita a embrassé la carrière militaire et sera très tôt nommé général. Il a participé à la répression du soulèvement des marins de Cronstadt en 1921, cela serait à son crédit s’il n’en éprouvait pas un remord profond, persuadé que l’on a fusillé des innocents. Son épouse Véronika est connue pour ses goûts de luxe, pour tout dire des goûts bourgeois, ce qui n’est pas bon pour l’avenir d’un Général de l’Armée Rouge.

Il connaitra la prison de Lefortovo et le goulag et ne retrouvera la liberté que pour aller combattre les allemands.

Kyrill lui est le parfait bolchevique stalinien, pur, dur, sans état d’âme. Il travaille dans les villages où les populations sont soumises de gré ou de force à la collectivisation.Les paysans, les femmes, les enfants sont déplacés comme du bétail vers l’abattoir. Il parait à l’abri de la tempête, mais c’est sans compter sur un sursaut d'humanité envers un enfant, ce geste lui coûtera sa liberté. Il se marie avec Tsilla communiste convaincue qui affirme " j'aime mon père, mais en tant que communiste, j'aime encore plus mon parti " mais communiste ou pas Tsilla est juive et le régime stalinien profondément antisémite lui en fera payer le prix.

Enfin Nina, poétesse, communisme mais qui réserve sa ferveur à la poésie plutôt qu’au régime, que son soutien à Trotsky contraindra à quitter Moscou, elle partira vivre en Géorgie où elle croisera Mandelstam mais aussi le terrible Lavrenti Béria

La guerre viendra s'ajouter aux souffrances et aux horreurs.



C’est à travers le sort de ces personnages que Vassili Axionov nous dresse un tableau gigantesque de cette période. Sa fresque historique que l’on a qualifiée de « Guerre et paix » du XXè siècle est pleine de « bruit et de fureur », Axionov ne nous épargne rien : dénonciations, surveillance, torture, déportations, goulag, massacre de la population juive. Il nous fait ressentir la peur qui nait chez chacun et fait dire à Mandelstam " Ces grosses voitures noires....Quand je les vois, quelque chose d'aussi gros et d'aussi noir s'élève du fond de mon âme. Je suis poursuivi par la vision de quelque chose de terrible qui, inévitablement, nous étouffera tous.."



Réquisitoire absolu contre tous les totalitarismes, ce récit ample est plein d’émotions et passionnant de bout en bout, les digressions lors de certains URSS_Staline.jpgchapitres, loin d’affaiblir le récit, nous rendent parfaitement présente la propagande de l’époque.

Ce roman n’est pas une autobiographie mais plusieurs éléments ressemblent de troublante façon au destin de la famille de Vassili Axionov et à son enfance marquée par la condamnation de ses parents.

Cela nous a valu deux chefs d’oeuvre : Une Saga moscovite et le récit d’Eugénia Guinzburg Le Ciel de la Kolyma
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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