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Citation de enkidu_


Il n'avait pas sommeil ; il descendit dans le jardin.

Un clair de lune baignait les larges gradins de pierre devenus blancs, marmoréens. Le silence était parfait, extraordinaire. Dans l'immobilité de l'air lumineux, les arbres semblaient plongés dans un étang transparent.

Une étrange lumière, où le clair de lune se mêlait à l'aube du jour le plus long de l'année, avait envahi le ciel. À l'est, on devinait une vague tâche lumineuse, l'ouest rosissait à peine. Le ciel était blanchâtre, trouble, teinté de bleu.

Le contour de chaque feuille était net, comme ciselé dans de la pierre noire, et toute la masse des érables et des tilleuls se dessinait, ornement noir plat, sur un fond de ciel clair. La beauté du monde avait atteint son apogée cette nuit-là, et les hommes ne pouvaient plus l'ignorer. Ce triomphe de la beauté advient lorsque s'arrête, frappé par le tableau qui s'offre à lui, non seulement l'homme désœuvré, mais aussi l'ouvrier qui a fini sa journée, le voyageur aux pieds meurtris, qui en oublient leur fatigue, embrassent d'un regard lent le ciel et la terre.

Dans ces instants, l'homme ne perçoit pas séparément lumière, espace, bruissements, silence, chaleur, odeurs suaves, frôlements d'herbes et de feuilles, ces centaines, ou peut-être ces milliers, ces millions de parcelles qui composent la beauté du monde.

Une telle beauté – la beauté véritable – dit à l'homme une seule chose : la vie est un bien. (pp. 139-140)
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