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Citation de enkidu_


On tenta à de nombreuses reprises de trouver dans le caractère de Hitler les raisons du rôle qu'il joua dans l'histoire. On connaît bien des aspects de son caractère, mais ni sa hargne vindicative, ni son penchant pour les pâtisseries à la crème fouettée, ni sa sinistre habileté à jouer sur les bas instincts de la foule, ni son amour des chiens, ni sa folle énergie alliée à de la méfiance, ni son mysticisme, ni son intelligence et sa mémoire puissante, ni la versatilité capricieuse qu'il montra dans le choix de ses favoris, ni sa cruelle perfidie et son pendant, une sentimentalité exaltée,
ni ses dizaines d'autres propriétés et de traits ordinaires ou repoussants ne peuvent à eux seuls expliquer ce qu'il a commis.

S'il put accéder au pouvoir, ce n'était pas parce que l'Allemagne convenait à son caractère, mais bien parce que cette Allemagne fascisante d'après-guerre avait besoin d'un Hitler.

L'Allemagne, vaincue dans une guerre impérialiste, cherchait un Hitler, et elle l'avait trouvé.

Mais la connaissance du caractère de Hitler permet de comprendre les mécanismes de son accession au rôle de chef de l'État nazi.

Dans sa biographie et dans la nature de ses actes il faut noter une constante: l'échec. De manière étonnante, son succès fut bâti précisément sur ses échecs. Lycéen et étudiant médiocre qui avait échoué à deux reprises aux examens d'entrée à l'Académie des beaux-arts de Vienne et de Munich, homme politique malchanceux qui avait commencé sa carrière comme éclaireur de l'armée bavaroise et comme instructeur auprès d'un parti dont il finit par devenir le chef, Hitler n'avait pas connu de chance non plus dans ses relations avec les femmes.

Dans son for intérieur, il garda toujours sa timidité de mauvais élève et n'oublia jamais que, dans les conditions d'une libre compétition des talents, il n'avait point été admis même dans le cercle le plus modeste des peintres de province.

L'échec trace devant les gens des chemins différents : les uns capitulent et se ratatinent, acceptent leur sort, les autres sombrent dans le mysticisme, les troisièmes, désespérés, se laissent aller, les quatrièmes deviennent aigris et envieux, les cinquièmes hypocrites et vils, les sixièmes soupçonneux, timides, manquent de confiance en eux, les septièmes se projettent dans l'histoire, les huitièmes trouvent leur compte dans un mépris stérile, les neuvièmes dans une ambition maniaque, les dixièmes choisissent la voie du crime et du banditisme. (pp. 599-600)
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