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Citations de Vassili Peskov (47)


Akoulina Karpovna ne possédait rien de tout cela, mais elle avait, en revanche, de l'écorce de bouleau et du jus de chèvrefeuille. Trempez-y une tige bien taillée et vous pourrez tracer sur le côté jaune de l'écorce de pâles lettres bleues.
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En détail Agafia nous a parlé de serpents aperçus dans le potager, et de toute une nichée au bord de l'eau.
-Tu l'as eu au bâton, le serpent ? a demandé Erofeï en sortant de sa somnolence. Et Dieu, qu'en dit-il des serpents ?
Dieu avait tout prévu. Agafia a ouvert un infolio qui sentait la vieille isba pour nous lire à voix haute :
_ " Je vous donne le pouvoir d'écraser le serpent et le scorpion et toute force hostile".
_ Et alors, as-tu écouté Dieu ?
_J'ai eu pitié. Car la vie est douce à toute créature.
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Les hommes? Les jeunes Lykov ne les connaissaient que par les récits et le souvenir de leurs aînés. Ils appelaient " siècle" toute cette vie à laquelle ils n'avaient jamais pris part. " Ce siècle
est plein de tentations, de péchés, d'outrages à Dieu. Il faut fuir et craindre les hommes "
Voilà ce qu'on leur enseignait.
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"Qui s'apprête à mourir doit semer le blé", répéta-t-il plusieurs fois, comme pour prévenir la question : à quoi bon bâtir à quatre-vingts ans passés ?
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Au moment de leur rencontre avec les géologues la famille était si éreintée par la lutte pour l'existence qu'elle n'eut plus le courage de fuir, préférant accepter le destin...
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Comme par le passé, il y a beaucoup de choses qu'elle refuse : elle ne mange que son propre pain, pas de saucisson, ni de conserves, ni d'huile en bouteille, ni de poisson nettoyé. Pas de confitures, pas de bonbons, pas de thé, pas de sucre. Pour cette raison nous avons transvasé les flocons d'avoine dans un tissu frais et mis le miel dans un seau d'écorce. Notre "pupille" accepte les cadeaux avec gratitude - "Dieu vous garde" - mais avec dignité, sans obséquiosité. Il est très rare qu'elle réclame quelque chose.
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J'achève mon récit par un soir d'automne et j'essaie d'imaginer ce qui se passe là-bas, en ce moment, dans les montagnes sauvages. La rivière n'est pas encore gelée, elle rebondit sur les pierres par une nuit de lune. Le silence enveloppe la taïga. Parmi les arbres perce la lumière d'une lucarne. Nul ne viendra y frapper. La personne qui, dans cette isba, récite sa prière à la chandelle, ne sera pas entendue s'il arrive un malheur. Seules, peut-être, les chèvres béguèteront et le chien jappera.. La Grande Ourse coiffe les montagnes. Agafia la nomme l'Elan. Chez les Mongols c'est le Char de l'Eternité.
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N'y tenant plus, je sortis prendre l'air. La pleine lune trônait sur la taïga. Un silence absolu. La joue appuyée contre une serviette fraîche, je croyais vivre un rêve. Karp Ossipovitch, sorti pour uriner, me rappela à la réalité. Nous passâmes un quart d'heure à deviser sur les voyages spatiaux. Je lui demandai s'il savait que l'homme avait marché sur la Lune, qu'il y avait même roulé sur des chars. Le vieillard me dit en avoir entendu parler mais n'en pas croire un mot. La Lune n'était-elle pas un astre divin ? Qui d'autre que les dieux et les anges pouvaient s'y rendre ? Et comment pouvait-on marcher et rouler la tête en bas ?
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Je suis entré dans leur masure. Je leur ai parlé comme je vous parle. Mon impression ? Un mélange de préhistoire et de Russie d’avant Pierre le Grand ! Ils font du feu au silex… Ils s’éclairent avec des mèches de bois… Nu-pieds l’été, chaussés d’écorces de bouleau l’hiver. Pas de sel, pas de pain. Ils n’ont rien perdu de la langue, mais on a du mal à comprendre les cadets…
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Quand j'ai demandé à Karp Ossipovitch quelle avait été la plus grande des difficultés de son existence dans la Taïga, il m'a dit :
Vivre sans sel. Une souffrance en vérité !

Agafia :
Vivre dans le monde est impur, vivre dans le monde nous est interdit. Cela nous est défendu !

Le jardin donnait de la pomme de terre, du navet, de l'oignon, des pois, du chanvre et du seigle. Les graines provenaient de l'ancien domaine aujourd'hui avalé par la taïga, apportées quarante-six ans auparavant comme des pierres précieuses avec la même précaution que le fer et les livres religieux. Jamais aucune culture en ce demi-siècle ne les a lâchés par dégénérescence, chacune leur donnant nourriture et semence.
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La télévision. Elle est entrée chez les géologues l'an passé et l'on imagine avec quelle impatience on attendait la prochaine visite à la base du vieux et de sa fille. "Le spectacle était double, se souvient Erofeï. Pour les Lykov, c'était la télévision; pour tous les autres c'étaient les Lykov devant la télévision". Ils s'intéressaient à tout : un train qui passe, des moissonneuses-batteuses dans un champ, les gens dans la rue ("Seigneur, qu'ils sont nombreux ! Comme un nuage de moustiques !"), de grands immeubles, un navire. Le cœur d'Agafia chavira à l'image d'un cheval. "Un cheval ! Petit papa, un cheval !" Elle n'en avait jamais vu et ne les imaginait que par les récits. Le vieux fut épaté par un hydroglisseur. "Comme c'est bien ! En voilà une barque!" En voyant sur une scène un ensemble amateur de vieilles danseuses cosaques du Kouban, Karp s'indigna :"Ah ! Les pécheresses ! Voilà qu'elles dansent quand il faut prier !" Des boxeurs en lice horrifièrent Agafia. Elle se leva d'un bond et se sauva. Et comme je la comprends : torses nus, deux mastocs se tapaient dessus avec leurs poings énormes sous les regards de tous.
"C'est un péché", dirent la fille et son père de la télévision. Mais ce péché-là se révéla pour eux d'un attrait insurmontable. En visite à la base ils ne manquaient jamais de prendre place devant le poste et de le regarder.
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Dans ma longue vie de grand reporter, aime à dire Vassili Peskov qui travaille depuis plus d'un demi-siècle pour le même quotidien moscovite, la Komsomolskaya Pravda, j'ai pu côtoyer de près des célébrités hors pair qui m'ont beaucoup impressionné. Je pense entre autres au maréchal Joukov, au cosmonaute Youri Gagarine, au savant voyageur Thor Heyerdhal... Mais la personnalité la plus intéressante que j'aie connue, la plus fascinante, la plus attachante aussi, reste à mes yeux celle d'Agafia Lykova.
[préface d'Yves Gauthier, traducteur]
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Elle écoute tout le monde, mais prend seule sa décision en s'en remettant uniquement à sa conception des choses
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Les vieux-croyants les plus récalcitrants furent jetés dans des oubliettes, on leur coupa la langue, on les brûa vifs dans des constructions de bois. [...]
Pourquoi ce déchaînement de passions? En apparence, pour des broutilles. Dans sa volonté de renforcer la foi orthodoxe et l'Etat, le tsar Alexis et le patriarche Nikon avaient envisagé et mis en oeuvre une réforme de l'église (1653) qui reposait sur le collationnement et la correction de textes religieux. Traduits du grec à l'époque où le prince Vladimir christianisait la Russie païenne (988), ces textes avaient été dénaturés à force d'être copiés. Les traducteurs avaient compris certaines choses de travers et les copistes bâclé leur travail, des contresens avaient surgi... En six siècles et demi une foule d'inexactitudes et d'incohérences s'étaient accumulée. Aussi fut-il décidé de se tourner vers le texte source et de tout corriger.
Et ça commença! Car les incohérences étaient entrées dans es habitudes. Les corrections choquaient l'oreille et semblaient miner la foi.
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Les visiteurs furent accueillis avec méfiance. Mais ils purent établir qu'il s'agissait d'une famille de vieux croyants retirée dans la taïga dans les années trente.
Leur quotidien était d'une précarité extrême où se mêlaient les prières, la lecture des livres d'Eglise et une lutte véritable pour la survie dans un contexte presque primitif.
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Arrive-t-il à cette personne si peu commune de songer à la mort qui, mais le comprend-elle, la guette à chaque instant? Oui, elle y songe, oui, elle le comprend. Mais la mort pour Agafia, ce n'est pas la même chose que pour la plupart d'entre nous. Ce n'est qu'une frontière vers un autre royaume. "Et si tu rencontres un ours et qu'il te déchiquette, de quelle résurrection peux-tu parler?" Mais cette éventualité n'alarme point Agafia. "Ah! Vassili Mikhaïlovitch, tout se recoudra là-haut."
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Les Lykov ne se disaient point - begouny-,fuyards.Il est possible que ce mot n'ait jamais été employé par les intéressés eux-mêmes, ou qu'il se soit évaporé avec le temps.Mais tout le passé de la famille s'inscrit dans cette fuite: le refus du siècle, le rejet de tous les pouvoirs,la négation des lois,des papiers,de la nourriture et des coutumes de ce "siècle ".(p.70)
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Ce bois de quarante ans qui occupait les deux hectares de l'ancien jardin aurait effrayé , jeune et dru comme il était ,toute une brigade de bûcherons. Mais pas Agafia !Seule avec sa hache , sa scie (de sa fabrication ) , une corde et une pelle, elle a entrepris de déboiser .
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Quand j'ai demandé à Karp Ossipovitch quelle avait été la plus grande des difficultés de son existence dans la Taïga, il m'a dit : " Vivre sans sel. Une souffrance en vérité! "
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Pour Agafia, qui n’a rien connu d’autre que la forêt pendant trente-six ans, la taïga n’est pas un cadre hostile. Au contraire, tout y est familier, attachant. En comparant ce qu’elle découvre avec son milieu natal, elle ne fait que constater l’avantage de celui-ci. Et elle y retourne. À ce choix s’ajoute une foi que rien ni personne ne peut entamer, des habitudes quotidiennes, les tombes de ses parents, de sa sœur, de ses frères tant pleurés.
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