Jacques Rupnik - les Matins .
Jacques Rupnik, ancien conseiller du président tchèque Vaclav Havel de 1990 à 1992, conseiller à la Commission européenne depuis 2007, directeur de recherche au CERI et enseignant Sciences Po.
L'espoir ce n'est pas de croire que tout ira bien, mais de croire que les choses auront un sens.
L'identité humaine n'est pas un simple lieu de séjour confortable, mais une interrogation permanente - comment être et comment être là?
Sauver l'humanité ne dépend de rien d'autre que des actes des hommes et de la bonté de leurs coeurs.
Qu'on le veuille ou non, quand on est ici, il faut souvent se poser la question de savoir si tout cela a un sens, et quel est-il. Plus j'y pense, mieux je me rends compte que je ne trouverai pas l'ultime et décisive réponse dans les choses extérieures, dépendant de soi-disant informations ; aucune information ne nous donnera de réponse. Je ne trouve finalement cette réponse - positive - qu'en moi, en ma foi dans le sens des choses, en mon espoir. Devant quoi est-on responsable dans le fond ? A quoi cela se rapporte-t-il ? Quelle est la finalité de nos actions ? Quelle est la pierre angulaire de nos actes, comment se fait-il que la mémoire de l'être ne se laisse pas posséder ? Quelle est la conscience du monde et la dernière instance "juridique" ? Quelle est la mesure décisive, l'arrière-fond ou l'espace de toutes nos expériences existentielles ? Et quel est, en même temps, le témoin le plus important, le partenaire énigmatique de nos entretiens quotidiens avec nous-mêmes ? A qui nous adressons-nous dans chaque situation où nous nous trouvons, sur qui comptons-nous et vers quoi dirigeons-nous nos actes ? Qu'est-ce que cette existence incorruptible et omnisciente qui nous hante et qui nous sauve ? En quoi croyons-nous et vers quoi tendons-nous tous nos efforts ? Depuis mon enfance je sens que je ne serais pas moi-même - un être humain - si je n'avais pas vécu dans la tentation durable et multiple de cet "horizon", cette source du sens et de l'espoir, et depuis mon enfance j'ignore s'il s'agit d'une "expérience divine" ou non. Quoi qu'il en soit, je ne suis certainement pas un bon chrétien et un bon catholique pour des raisons diverses, par exemple parce que je ne vénère pas mon Dieu et que je ne vois absolument pas pourquoi je devrais le vénérer. Ce qu'il est - cet horizon sans lequel rien n'aurait de sens et sans lequel je n'existerais même pas -, il l'est par essence et non par un effort qui mériterait l'adoration. Il ne me semble pas qu'en le vénérant parfaitement je pourrais m'améliorer ou améliorer le monde, et l'idée que ce partenaire "intime et universel" qui un jour est ma conscience, un autre mon espoir, un troisième ma liberté, et encore après le mystère du monde, l'idée qu'il exige d'être vénéré ou me juge en fonction de cette vénération me semble plutôt absurde. Il en résulte que je dois chaque fois tout réévaluer, authentiquement, à partir de zéro, dans un dialogue direct avec mon Dieu et que je ne peux pas me faciliter la vie en me référant à une autorité vénérée, plus matérielle, même si ce devaient être les Saintes Ecritures.
L’espoir, ce n’est pas de croire que tout ira bien, mais de croire que les choses auront un sens
Vaclav Havel
Ils sont comme ces enfants qui pour faire pousser les arbres plus vite tirent sur leurs feuilles.
Die Alternative der besseren Zukunft dieser Welt ist also nicht in neuen Ideen, Projekten, Programmen und Organisationen als solchen enthalten, sondern ausschließlich in der Renaissance der elementaren menschlichen Beziehungen. Liebe, Güte, Mitgefühl, Toleranz, Verständnis, Selbstbeherrschung, Solidarität, Freundschaft, das Gefühl der Zusammengehörigkeit und das konkrete Annehmen konkreter Verantwortung für das Schicksal des Nächsten... (Brief 143)
On s'aperçoit aisément que toutes les grandes menaces qui pèsent sur le monde actuel, depuis la guerre atomique ou la catastrophe écologique jusqu'à la catastrophe sociale qui risque de s'abattre sur notre civilisation (je pense au fossé qui se creuse toujours d'avantage entre les riches, peuples ou individus, et les pauvres), tous ces risques majeurs cachent quelque part au plus profond de leurs entrailles, une cause commune: l'imperceptible mutation d'une parole humble à l'origine en une parole orgueilleuse.
C'est par orgueil qu'il est dit que lui, le sommet et le maître de la création, comprenait parfaitement la nature et pouvait en disposer à sa guise.
C'est par orgueil qu'il s'est dit que, doué de raison, il était capable de comprendre sa propre histoire et de planifier pour tous un avenir heureux; qu'il s'est arrogé le droit de balayer de son chemin tout opposant au nom d'hypothétiques lendemains qui chantent dont il prétendait avoir trouvé la seule clé véritable.
C'est par orgueil que, maître de la fission atomique, il s'est cru désormais si évolué qu'il n'avait plus à redouter le danger d'une course à l'arment atomique, voire d'une guerre nucléaire.
Dans tous les cas, il s'est lourdement trompé. Voilà qui est très grave. Mais dans tous ces cas il commence désormais à comprendre son erreur. Et voilà qui est bon.
Tirons donc des leçons de tout cela et déclarons, chacun pour soi et tous ensemble, la guerre aux paroles d'orgueil, regardons de près toute parole apparemment humble pour y déceler les oeufs de coucou déposés par l'orgueil.
Il ne s'agit pas là, et de loin, d'une tâche purement linguistique. C'est un appel à devenir responsables des mots et envers les morts, un devoir éthique par essence.
La tâche du dramaturge , du moins telle que je la sens et la pratique , n'est pas de faciliter la vie du lecteur en lui montrant des héros positifs dans lesquels il peut mettre son espoir ...mais de lui poser des questions devant lesquelles il ne devra pas s'esquiver ... j'essaie de lui montrer sa misère , ma misère , notre misère commune . Et de lui rappeller par là qu'il est grand temps de bouger .
L'élément tragique de l'homme moderne, ce n'est pas qu'il ignore le sens de la vie, c'est que cela le dérange de moins en moins.
Quel est le nom de naissance d'Henri Troyat ?