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Citation de Charybde2


Comme un courrier qui file et se hâte avec une missive cousue dans le pan de son manteau, la rivière a conservé dans ses ondes bleues la lettre à la Volga écrite par le nord.
Quelqu’un là-bas a ri dans la profondeur des eaux et avec défi a lancé le crâne et sylvestre « ohé ! » à qui de là-haut penchait la tête, à l’étranger venu de là-bas, du monde des hommes ; quand le fleuve s’est retiré de son lit creusé dans la pierre, sur le fond marécageux à demi asséché on a pu voir les larges griffures que l’ours y avait esquissées librement, puis imprimées et dont le fleuve avait fait une édition somptueuse avec de larges marges et les magnifiques vignettes des pins dans une couverture de rives sablonneuses et de cimes neigeuses au loin coiffées de pins noirs.
Ce sont les chants inspirés de l’homme d’autrefois, ces petites chansonnettes pleines du souffle de la vie qui laissaient deviner l’âge de leur créateur, où il allait, quelle était son humeur, s’il était courroucé ou pensif, si l’univers lui semblait une sinistre malédiction ou une bénédiction apportant à foison les graines des mots argentés, s’il lui semblait le sabre d’un ivrogne s’abattant sur sa tête ou une poignée de main rêveuse la nuit ?
Le nom des éditions de la forêt était imprimé sur les livres du marais noir. Non seulement les ours, mais les chasseurs aussi savent lire les couplets populaires dans l’édition des marais fangeux qui datent des premiers temps du monde.
Quelle Laure lira les chants de son sylvestre Pétrarque ?
Et nous, nous remontons le cours du fleuve, allons toujours plus haut jusqu’au faîte austère des monts. (« Razine », 1922)
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