Dans Le prince errant, c’est une mort qui lance les dés, et pas n’importe quelle mort.
Nous sommes près de Constantinople. Mehmet Khan, Mehmet le Conquérant, s’apprêtait à partir en campagne, à la tête d’une armée de « deux cent mille hommes – recrutés de Serbie jusqu’en Perse, musulmans ou infidèles, volontaires ou enrôlés de force. » Mais quelle direction comptait-il donner à cette armée ? Nul ne le sait. Et qui, de ses deux fils encore vivants – Bayazid et Djem – se proposait-il de privilégier comme successeur à la tête de l’empire ottoman ? Bayazid, pieux et rusé, est soutenu par les mollahs, Djem par l’armée – mais pas assez pour prendre le dessus sur son frère. Très vite, Djem devient le prince errant, une errance qui lui fait traverser toute l’Anatolie, jusqu’à l’émirat autonome de Karamanie, puis jusqu’au Caire où il est accueilli par Qa’itbay, sultan d’Egypte, avant de reprendre le sens inverse et de passer du côté chrétien, sur l’île de Rhodes. C’est là, puis en France et en Italie, que se déroule la majeure partie du roman.
Le prince errant est un roman choral, dans lequel Djem est toujours absent : il est décrit, sa parole est rapportée, mais sa voix n’apparaît jamais directement. Plus tard, s’ajoutera à ce dispositif narratif la déchéance mentale et physique de Djem, qui le prive d’autant plus de voix propre. A la place, ce sont une série de voix, impliquées dans ce qui deviendra « l’affaire Djem », qui prennent la parole, venant d’outre-tombe, comme des témoins appelés à la barre dans un procès intenté par la postérité. Saadi, le poète devenu compagnon d’infortune, Pierre d’Aubusson, grand maître de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, l’envoyé de Bayazid Hussein Bey, Philippine-Hélène de Sassenage, et d’autres personnages à l’importance plus ou moins grande pour le récit, font succéder leur déposition pour retracer, mois par mois et année par année, la destinée de Djem.
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