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3.9/5 (sur 43 notes)

Nationalité : Portugal
Né(e) à : Melo , le 28/01/1916
Mort(e) à : Lisbonne , le 28/01/1996
Biographie :

Écrivain portugais (Melo 1916 – Lisbonne 1996).
Lié au mouvement néoréaliste, attiré par l'existentialisme (Apparition, 1959), il fait de ses récits une méditation continue sur la condition humaine (Joie brève, 1965 ; Au nom de la terre, 1990). Son œuvre est considérable : près de vingt romans, de nombreux essais, un imposant journal.

Source : wikipédia
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Vergilio Ferreira : Lettres à Sandra
Olivier BARROT présente le livre de Vergilio FERREIRA, "Lettres à Sandra", depuis le cimetière PRADO Reposo de Porto. Il en lit quelques extraits ; images de femmes, portraits.

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Quand tout fut enfin parfait, un lourd silence s'abattit à nouveau sur nous. Cette importance soudaine que tous m'accordaient engendrait en moi un sentiment trouble, de grandeur et de solitude ; je me voyais en un instant couronné de lauriers, mais dans un royaume dévasté, livré aux spectres nocturnes de la haine et du mépris. Car je ne voyais que haine et mépris autour de moi, du haut de mon banc, comme du haut d'un trône infamant. Craignant une trahison qu'ils devinaient dans mon sang, ils mangeaient tous lentement, mettant un frein à leur appétit, me jetant de temps à autre des regards furtifs, comme des brigands en embuscade. Mais quel autre poison coule dans mes veines, pauvres gens, que celui réservé à notre race et que j'ai bu au sein de ma mère ? Un grand mur d'énormes et lourdes pierres s'élevait à nouveau devant moi, jusqu'à la plus haute étoile de ma douleur.
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Dans cette maison je suis seul avec mon corps, je me souviens très bien du temps où nous étions deux en un et nous allions créer tout l'univers, comme cela était notre obligation. (...)
Aujourd'hui j'aimerais savoir exactement ce que nous étions. Nous possédions toute la vérité puisque nous ne voulions rien d'autre. Et nous possédions la beauté puisque nous étions contents, mais nous ne savions pas bien de quoi. C'était un moment excessif où peut-être Dieu nous apparaîtrait. Un de ses instants où tout vacille à force de démesure et où la seule solution plausible est de se tuer. Sans doute n'étions-nous pas assez humains. Nous étions effroyablement proches l'un de l'autre, comme jamais, et cela était terrible. Il n'y avait personne à proximité qui eût sa part de nous.(p. 13)
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Une fois je t'ai trouvée, tu changeais de robe, cette chaleur. Et la chaleur est revenue dans mon sang, mes mains t'ont aidée à te déshabiller et dans la paume de ma main droite j'ai posé ton corps tendre et je l'ai soulevé et je l'ai étendu sur le lit. Et il était tendre et doux immaculé enfantin, bref et lumineux dans la pénombre de la chambre. Je me couche à tes côtés, je le parcours légèrement de peur de le briser. Parce que tu étais si fragile. Tes seins qui pointent, ton visage, la longueur de tes jambes. Je m'étends sur toi et dociles elles s'écartent. Et c'est horrible de plaisir profond subtil, Sandra chérie, d'entrer en toi, comment cela est-il possible ? En toi, au plus secret de toi, dans l'intimité inaccessible de ta personne. Au plus occulte et irrévélable de ce que tu es. Et je suis là répandu impétueux jaillissant dans la concavité de ton être clos. Ensuite nous nous désenlaçons, je m'étends à nouveau à tes côtés, tu me regardes un instant et tu souris. (p. 45-46)
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La vérité de toute chose apparaîtra clairement dans l'éternité. Mais nous devons nous montrer raisonnables pour pouvoir continuer à vivre. Admettons pour l'instant que le coupable est celui qui fait feu.
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Dans cette maison je suis seul avec mon corps, je me souviens très bien du temps où nous étions deux en un et nous allions créer tout l'univers, comme cela était notre obligation. Nous sortions d'un bal, par une nuit d'été, je ne sais si tu t'en souviens. Nous marchions le long de la rivière et nous étions immenses...(p.13)
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Brusquement, tout en moi devient d'un brillant incandescent. Dans mon cerveau monte une clameur stridente, d'une oreille à l'autre un cri aigu me transperce la tête et un coup de poignard sourd, absolu, finit par m'abattre. Je me replie sur moi-même, rompu, et reste là, oubliant longuement la vie, oubliant tout...
Qu'est-il arrivé ? Maintenant seulement je regarde alentour, partout je ne vois que débris : grands fantômes vaincus, les ruines du palais de mon enfance. Mais je suis vivant, ô mort, triomphant. Combien d'idoles et de mensonges emportés par la tempête! Mais, en les voyant détruits, une conscience neuve, sereine par sa force et sa grandeur, se dresse par-dessus mon destin tout entier...
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Ensuite ma mémoire ne retient que des instants épars, mais aussi frappants qu'une embûche au coin d'une rue. J'entends ainsi, brusquement, dans l'aridité des après-midi d'hiver, résonner sur les pavés du parvis les sabots solitaires de retour des champs, ou la toux des passants dans le petit matin rude ; je me remémore l'ombre des hommes, arrêtés au bord de la route, tournés vers la montagne, plongés dans un dialogue silencieux avec le temps . je me souviens de la fine poussière des gelées dans l'ombre des chemins, de la joie pure et paisible des matins fumants au soleil, du vent sidéral, enveloppé de noir, venu des frayeurs de la montagne et saccageant soudain tout le village ....
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Car la vie de la personne que nous aimons n'est pas seulement celle qui est en elle mais aussi celle que nous mettons en elle de façon à pouvoir la dépenser ensuite peu à peu. (p. 16)
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Je voulais te dire que je ne suis jamais arrivé à me coucher au milieu du lit depuis que tu es morte. Je me couche de mon côté, qui est le gauche, et je laisse ton côté pour toi. Parce qu'il est possible que tu reviennes et que j'occupe un peu de la place qui t'appartient. C'est ta place, tu es tournée vers l'extérieur. Et par les nuits plus froides tu te lovais contre moi, ton corps frileux épousant le creux de ma chaleur. Mais parfois la chaleur montait en moi et je te touchais dans ton sommeil pour te réveiller sans te réveiller, je ne sais. Et tu te réveillais vraiment, tu avais le sommeil léger, et tu me disais d'un ton bref pas aujourd'hui. Mais d'autres fois tu roulais lentement sur toi-même et je sentais ton bras autour de mon cou, ma main doucement crispée le long de ton corps, à l'intérieur du pyjama ton corps, et je te déshabillais lentement et le miracle terrible se produisait comme s'il se produisait pour la première fois. Sandra chérie. Dire ton corps enfantin, tes seins naissants, le lieu de notre rencontre dans l'inaccessible, ton petit cri quand nous le rencontrions. Et la lassitude finale - comme je t'aime. (p. 55-56)
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la passion qui s'est usée et avait presque perdu son nom
se reconstruit aussitôt dans l'intouchable de l'imaginaire...
...
C'est ainsi que je comprenais les histoires que l'on raconte sur les amants qui se tuent pour que leur amour soit éternel. Mais en moi il n'y a pas aujourd'hui de passion, ainsi ou autrement nommée, ne reste que mon envoûtement triste et tendre.
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