Chanteur, être maléfique, esclave stupide et maléfique de la voix, de cet instrument qui n'a pas été inventé par l'esprit humain, mais créé par son corps, et qui, au lieu d'émouvoir l'âme, se contente d'agiter la lie de notre nature! Car qu'est-ce que la voix sinon la Bête qui appelle, la Bête qui éveille cette autre Bête qui dort dans les profondeurs de l'humanité, la Bête que tout grand art a toujours essayé d'enchaîner, de même que l'archange enchaîne dans les vieilles images le démon à face de femme ?
Comment la créature attachée à cette voix, son possesseur et sa victime, le chanteur, le grand, le vrai chanteur qui jadis régnait sur tous les coeurs, pourrait-elle être autre chose que maléfique et méprisable ?
Une voix maléfique
La nuit s'installait sur le monde, sauf là où la clarté d'une fenêtre ou d'une cour illuminée annonçait les préparatifs pour les réjouissances du lendemain. L'air était glacial, comme rempli de minuscules flocons de neige de la montagne. Les chants joyeux s'étaient tus. Et d'une église voisine tombait un glas lugubre, celui d'une cloche fêlée. Un frisson traversa Don Juan.
La Vierge aux sept poignards