Vernon Lee

Vernon Lee, née en France sous le nom de Violet Paget de parents anglais, était une femme de lettres voyageuse et cosmopolite. Mais passionnée d’art et d’histoire, c’est surtout en Italie qu’elle vécut et qu’elle situa la plupart de ses nouvelles. Dans « la voix maudite » elle s’inspira de la vie de Farinelli et c’est à Venise, au milieu des eaux de la lagune, dans les salons de ses palais, si raffinés qu’ils en paraissent exotiques, qu’une voix fantôme resurgit, une voix qui envoûte et qui tue. Dans la première nouvelle de ce recueil, un vieux portrait, comme dans un roman gothique, ouvre la porte aux souvenirs et aux drames ; tandis que dans la dernière, « la vierge aux sept poignards », Don Juan, autre figure du 18éme siècle, descend dans de profonds labyrinthes où il finira décapité. Vernon Lee aimait donc susciter l’effroi, comme nombre d’écrivains de la période Victorienne, mais dans un style presque précieux, fait de longues arabesques, de descriptions précises, de mélopées pareilles à des rêveries.

Vernon Lee est le pseudonyme de l'écrivaine anglaise Violet Paget née le 14 octobre 1856. Violet était pacifiste, féministe, musicienne, auteure d'oeuvres à la facture classique et empreintes d'une ambiance surnaturelle.

Son roman, "Alice Oke" met en scène un peintre accueilli quelques temps par un lord anglais, Sir Oke dans son manoir : il lui a en effet passé commande de deux portraits, le sien et celui de son épouse. Le lord est un homme ordinaire, mais sa femme, Mrs Alicia Oke, est dotée d'une grande distinction et d'un charme puissant, plus proche du charisme que de la séduction. Ses tenues vestimentaires sont originales et un brin surannées. Pourtant cette femme remarquable semble totalement indifférente à ceux qui l'entourent Son regard est absent, elle s'exprime peu. Son indifférence d'ailleurs confine à la cruauté envers son époux, manifestement très amoureux. Au fil des jours, l'atmosphère du manoir devient de plus en plus mystérieuse et oppressante. Mrs Oke fait de plus en plus souvent allusion à un drame survenu deux siècles plus tôt et qui mit en scène des ancêtres communs (les deux époux sont cousins). Ces allusions terrorisent manifestement son mari, ce dont Mrs Oke se joue avec une certaine délectation. Je ne révèlerai pas le mystère du livre pour celles et ceux qui ne le connaissent pas encore et désireraient le lire. J'ajouterai simplement que la tension va fortissimo, que le dénouement est romanesque à souhait, mais non invraisemblable, selon la façon dont on l'interprète. Je le conseille, il est très court et fort bien écrit : un agréable moment en compagnie de ces trois personnages engagés dans un inquiétant huis-clos.