Extrait du sensible et doux recueil de poésie pour la jeunesse « Colle-moi» de Véronique Grenier, publié à courte échelle en août 2020. Pour les 9 ans et +.
Lecture : Véronique Grenier
Réalisation : Farid Kassouf et Renaud Lefebvre
Musique : Sonate pour piano n 15 de Beethoven interprétée par Karine Gilanyan
Illustration : Ohara Hale
« Colle-moi » fait partie de la collection Poésie. https://www.groupecourteechelle.com/la-courte-echelle/livres/colle-moi/
Dans « Colle-moi », on suit les réflexions d'un jeune garçon dont les parents se sont séparés. Désespérément à la recherche du lien familial perdu, l'enfant partage des états d'âme nuancés, riches. On y reconnaitra l'écriture franche et sensible de la poétesse Véronique Grenier, qui n'hésite pas à décortiquer les émotions au moyen d'images étonnantes et toutes simples.
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ma paume sur le tissu pelucheux du pyjama
un coeur repousse ma main
ça me rassure de savoir que
cette chose startée dans mon ventre
se lasse pas elle de continuer de se faire aller
j'ai fabriqué un coeur qui a le goût de battre
Je t'ai laissé me poser une poignée dans le dos. Mais t'étais habitué, j'tais pas la première à qui t'en vissais une. J'pense que t'as percé mes poumons avec ta drill. Tu me traînes au bout de tes bras qui vont toucher le sol. Je sais pas si tu vois mes jambes écorchées, la trace de sang qui marque ton chemin. Je me vide.
dans le jardin
des déceptions anticipées
au travers des rosiers
on nous martèle de semer
ce qui est trop beau pour être vrai
Tu m'as dit que tu étais amoureux. De moi. Je ne t'ai pas cru. Tu m'as dit, plus tard, dans la voiture, que tu pourrais être mieux avec moi. Je ne t'ai pas cru. Mais ça a crissé la digue à terre. Depuis, je te capslock que je t'aime. Partout où je le peux.
j’me dis que je vois limité
et c’est peut-être ça l’analogie
la conclusion à laquelle il faut arriver
celle de nos perspectives étroites
on ne s’imagine pas à quel point
je pourrais tuer avec le bout de mes doigts
pour une comparaison de même
Je t'ai laissé me poser une poignée dans le dos. Mais t'étais habitué, j'tais pas la première à qui t'en vissais une. J'pense que t'as percé mes poumons avec ta drill. Tu me traînes au bout de tes bras qui vont toucher le sol. Je sais pas si tu vois mes jambes écorchées, la trace de sang qui marque ton chemin. Je me vide. Pour des duck face cheaps. Et des jumelles. Et des filles de gym. Et celles qui resteront anonymes. Et elle. Pour qui j'aurai juste des doutes et des likes.
ma p'tite
saura jamais
qu'à l'autre bout du fil
un samedi soir
ses pleurs
m'ont ramenée
du loin
où je pensais aller
Un jour, je t'ai demandé si tu allais me détruire, et ce n'était pas ton intention, il paraît. L'enfer était dans ma face pavé de ton vouloir, je me consumais, mais je le voyais pas. Des fois, les citations de Bukowski se trompent. Marcher au travers des flammes, tu peux pas bien faire ça. Ce qui te tue te tue. Tu sais.
on en vient à explorer
davantage notre tabarnak
que notre envie de rester là
à se dire que la mesure des choses
finalement
c’est plus compliqué que ça
on me dit que je cherche la marde
on me fait des gros yeux
je ne suis pas le mode d’emploi
(...) il y a eu des brèches,
puis des éclats
des miroirs morceaux
de ceux qui se logent dans les yeux
et génèrent des rivières.