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Critiques de Véronique Olmi (1494)
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Bakhita

Une petite fille, une petite africaine qui aurait pu être heureuse dans son village, entourée de ceux qu'elle aime, seulement voilà, la vie en a décidé autrement, mais la vie est parfois d'une cruauté sans borne et espérer être heureux au Soudan en 1865, c'était compter sans ces négriers cupides qui faisaient commerce de leurs frères humains.



Bakhita est né dans ce Soudan où l'on prostitue les filles, où on les vend comme esclaves, où on pratique à grande échelle, la castration des garçons, ou l'on sépare les familles,...



Bakhita, à qui on a volé l'identité ( elle ne se souviendra plus de son vrai nom), à qui on a volé la joie de vivre, à qui on a interdit de penser, d'espérer, bakhita, traitée plus bas qu'un chien comme tous ces gens expédiés en caravanes vers d'autres souffrances.



Certaines scènes de cette première partie sont vraiment insoutenables, et resteront gravées à jamais dans ma mémoire, toutefois, très attachée à cette jeune fille, j'ai cheminé, dans la deuxième moitié du récit avec celle qui grandit, fait des rencontres, s'attache aux enfants, et passe d'esclave à servante dévouée à son entourage, à un Dieu qu'on lui enseigne, même si, et cela se conçoit, elle restera marquée et sera assaillie par des rêves et des visions de cauchemar, paralysée parfois par ses anciennes terreurs qui se manifesteront souvent, perturbée jusqu'à sa mort par les souffrance endurées dans son enfance.



On remarquera que Bakhita, qui n'a pas été éduquée, si ce n'est à force de coups de fouets, a perdu la mémoire de son enfance, n'a pas reçu d'instruction, ne saura jamais lire et aura bien des difficultés à maîtriser une langue. il semble d'ailleurs que son langage soit fait d'emprunts à plusieurs langues qu'elle a dû pratiquer durant son parcours.



On notera également que quelques années après son installation en Italie, Bakhita informe une religieuse de sa situation d ‘esclave, et la religieuse lui répond qu'elle sait, sans autre commentaire. J'en déduis donc que dans un pays où à cette époque, on a déjà proclamé l'abolition de l'esclavage, on continue à considérer les gens enlevés par des négriers comme esclaves et que leur affranchissement doit faire l'objet d'un procès. La bonne société serait donc restée longtemps complice de ces pratiques… ?



Le récit est merveilleusement bien écrit, je crois avoir affirmé dans un commentaire de citation que cette écriture souvent très poétique, m'a permis de supporter ces quelques scènes difficiles à lire, même si le style se relâche un peu dans la deuxième partie .





Je laisse donc à mes amis lecteurs la possibilité de lire cette pépite de la rentrée littéraire, de cheminer à leur tour avec une femme qui termine sa vie comme elle le mérite mille fois puisqu'étant devenue croyante et pieuse, et qu'aujourd'hui encore, elle existe par les témoignages que l'on a conservés.
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Bakhita

On lui a souvent demandé de raconter sa vie. Bien sûr, elle n'a pas tout dit. Pouvaient-ils tout entendre ceux qui lui demandaient de se souvenir ?



Bakhita est née au Darfour vers 1869. Elle n'a que quelques années quand sa vie bascule. Enlevée par deux hommes, vendue à des négriers musulmans, Bakhita entre dans un univers de violence et de soumission ; celui des marches forcées, des coups, des humiliations, des tortures, des assassinats — le monde des esclaves.



Dans cet effondrement de toute normalité et de toute humanité, perdue parmi la foule des captifs, Bakhita est achetée, revendue, toujours battue, torturée. Elle vit dans un monde furieux qui la dévore. Mais se dévore aussi ; son salut après six ans de malheur. Celui qui l'achète pour la cinquième fois sera son sauveur. Il est italien, consul à Khartoum, il s'appelle Calisto Legnani.



Bakhita qui, sauf sa beauté, a tout perdu — son nom, sa langue, son village, interdisant un retour vers les siens — va partir avec son « padronne » en Italie. C'est sa volonté. Une nouvelle vie l'attend, elle le sait. Ce qu'elle ignore encore c'est que cette destination inconnue la mènera haut, très haut.



L'histoire de Bakhita est bouleversante et exemplaire. Dans ce roman pénétrant, Véronique Olmi a su trouver les mots pour dire la souffrance, l'horreur, l'abjection des hommes, autant que la beauté, la bienveillance et l'amour de Bakhita — l'audacieuse et généreuse gazelle du désert devenue sainte.
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Le Gosse

Il y a des rendez-vous manqués qui ne s'expliquent pas toujours.

Alors que ce dernier roman de Véronique Olmi avait tout pour me plaire, je suis lamentablement passée à côté de cette histoire.





Le début pourtant s'annonçait prometteur. L'histoire est celle de Joseph, sept ans élevé par sa mère et sa grand mère au sortir de la première guerre mondiale. L'enfant est choyé et enveloppé d'amour malgré la vie qui n'est pas facile. Ces premières pages m'ont beaucoup plu.





Changement de cap lorsque Joseph se retrouve orphelin et placé sous la tutelle de l'Etat. D'abord placé au près d'une famille nourricière où l'absence résonne plus fort que tout, Joseph se retrouve en prison ou en colonie pénitentiaire, entouré de jeunes, cruels les uns autant que les autres. Joseph trouvera du réconfort dans sa foi pour l'école qu'il vénère, conscient que son salut se gagnera en étant bon élève.





Plus j'avançais dans ce livre et moins l'histoire me passionnait. J'ai trouvé qu'on passait les années à toute vitesse sans nous permettre de cheminer avec ce gosse. J'ai eu aussi du mal avec cet univers exclusivement viril et trop bestial et vulgaire à mon goût. L'émotion est à la traîne sous l'écriture qui se veut enrobée à souhait, la psychologie de Joseph est sous-entendue.





Ce n'est qu'un avis très personnel d'une lectrice en attente d'un univers différent.

Il y a pourtant beaucoup de charisme dans l'écriture de Véronique Olmi ici, à la lisière d'un Victor Hugo et d'un Franck Bouysse.
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Bakhita

Joséphine Bakhita, c'est un magnifique personnage de biographie, Véronique Olmi ne s'y est pas trompée. Elle en fait une autre « storia meravigliosa » après celle consacrée de son vivant, dans un récit au présent de narration jamais essoufflée, au rythme limpide et envoûtant.

La première partie est noire comme la peau d'ébène de Bakhita : une enfance arrachée de sa tribu, de son dialecte, de ses racines et de sa mémoire, bringuebalée de bourreaux en bourreaux entre Khartoum et El Obéid, dans une vie torturée d'esclave. On peine à imaginer que l'on puisse en sortir, mais c'est sans compter sur sa flamme de vie inextinguible, son obstinée intuition d'un monde meilleur qui la guidera sur le chemin transalpin d'un ailleurs spirituel et salvateur, dévouée à un autre esclave, le crucifié. De Bakhita la chanceuse à Madre Moretta, une conversion réussie pour qui a perdu son nom sur le chemin de vie.



«  Elle voudrait leur dire comme la vie est rapide, ce n'est qu'une flèche, brûlante et fine, la vie est un seul rassemblement, furieux et miraculeux, on vit on aime et on perd ceux que l'on aime, alors on aime à nouveau et c'est toujours la même personne que l'on cherche à travers toutes les autres. Il n'y a qu'un seul amour. »



Une superbe histoire, à lire bien sûr, pour s'évader sur les traces de Bakhita.
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Les Evasions particulières

Quand je referme Les évasions particulières, je me dis que l’histoire de ces trois sœurs, Sabine, Hélène et Mariette, pourrait continuer, aller au-delà de cette nuit pleine d’espoirs du 10 mai 1981. Peut-être que Véronique Olmi qui m’avait séduit avec Bakhita, va poursuivre cette épopée sociétale qu’elle avait su bien présenter aux Correspondances de Manosque 2020 ?

Bruno et Agnès Malivieri, les parents, sont des catholiques forcenés qui se sont mariés très jeunes. Le père, instituteur dans un collège catholique est le plus rigoriste des deux mais Agnès est sur la même longueur d’ondes. Tout au long de cette saga familiale, les références et les obsessions religieuses reviennent et se confrontent à l’évolution des mœurs que Bruno et Agnès ne peuvent accepter que contraints et forcés.

Tout débute avec Hélène (11 ans), la cadette qui, régulièrement, part vivre chez David Tavel qui a épousé Michelle, la sœur d’Agnès. Cet homme est riche, vit à Neuilly, possède un domaine à Villers, au bord de la mer, en Normandie, et dirige des entreprises. Il s’est pris d’affection pour sa nièce et aide financièrement Bruno pour éponger les dettes de son père. Cette situation est un peu compliquée. Elle crée une sorte de malaise latent entre Hélène et Sabine, sa sœur aînée. Il y a aussi le problème avec un enfant mort-né qu’Agnès a mis au monde avant ses trois filles.

Une fois le décor planté à Aix-en-Provence où vivent les Malivieri, Sabine, Hélène et Mariette, la plus jeune, fille chétive qui fait de grosses crises d’asthme, le temps va passer. L’actualité, les événements sociaux, les jalousies, les rencontres, les fâcheries émaillent ce parcours familial.

Le 19 mai 1974, Giscard est élu et Bruno et Agnès ont évidemment voté pour lui. Bruno s’oppose formellement à ce que sa femme travaille. Hélène se passionne pour l’écologie, le bien-être animal et devient végétarienne.

Avec Éléonore, une lesbienne très émancipée, elle fume son premier joint. Ainsi, malgré une éducation rigoriste, les mises en garde et les interdictions basées sur le catholicisme rayonnant de l’époque, Sabine, Hélène et Mariette découvrent, expérimentent, aiment, restent solidaires.

Avec Aix-en-Provence, c’est Paris qui prend peu à peu la plus grande importance car Sabine veut être actrice, s’essaie au théâtre, passe des castings pour le cinéma. Hélène poursuit ses études toujours aidée financièrement par l’oncle David. Quant à Mariette, elle découvre la musique grâce à Laurence et surtout Joël, le disquaire, qui lui fait écouter et apprécier Léo Ferré.

En sept parties, Les évasions particulières confirme l’excellence de l’écriture de Véronique Olmi. Malgré tout, j’ai ressenti quelques longueurs, une tendance au verbiage de temps à autre, allongeant inutilement la lecture.

Par contre, j’ai beaucoup apprécié de revisiter ces années que j’ai vécues, l’emprise du catholicisme et de ses rituels et je savourais les moments où Sabine, Hélène ou Mariette se dégageaient de ce carcan pour, par exemple, se joindre aux manifestations en faveur de Gabrielle Russier, pour la libéralisation de l’avortement, pour que le Larzac reste aux paysans ou lors de l’enterrement de Jean-Paul Sartre.

Comme elle l’a expliqué à Manosque, Véronique Olmi parle de ce qu’elle a vécu et bien connu, glissant certainement une part d’autobiographie dans ce roman où l’on fume beaucoup et partout. Hélas, il en était ainsi dans les salles de réunion, dans les appartements, les voitures et personne n’osait se plaindre.

Heureusement, les choses ont évolué dans le bon sens. Quant au bien-être animal cher à Hélène qui nous gratifie d’une extraordinaire séquence détaillant l’élevage industriel des cochons, si des progrès ont été accomplis, il reste énormément à faire sans pour cela que nous devenions tous végétariens.

Dans la folie de la nuit du 10 mai 1981, la joie était immense mais la déception n’en sera que plus grande lorsque le candidat Mitterrand devenu Président cèdera aux multiples pressions des lobbies pour édulcorer son programme…


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Bakhita

Elle mérite toutes les étoiles du ciel parce qu’elle a porté en elle, sur son dos, dans son cœur, dans sa chair le ciel et la terre. Bakhita. Cette jeune enfant est enlevée à l’âge de 7 ans, enlevée dans son innocence, faute de son innocence et sa foi enfantine en l’homme. Elle va endurer les pires souffrances, ses yeux marqueront à jamais en elle la violence inouïe que les hommes auront infligé au temps de l’esclavage. La douleur et les images atroces sont habillées par tant de poésie et de talent par l'auteure, que cela permet de tenir l’insoutenable.

Véronique Olmi en magicienne, utilise la nature à bon escient. Une nature habitée d’émotions, une nature témoin des atrocités, protectrice à son tour pour Bakhita qui n’aura de cesse de plonger dans ses rêves au secours de son âme. Dans son enfer, elle imagine un bel oiseau blanc, elle le prie et le supplie de la protéger elle et son amie. Dans son isoloir, elle parle aux objets afin d’humaniser ce qui peut encore l'être. Quand l’homme n’est que démon.

Bakhita sera forte, belle, intelligente et saura mettre la chance dans ses mains pour apercevoir un peu le soleil. En Italie, la vie se fera plus douce. Là-bas, elle rencontrera de belles personnes pour finir dans les bras de dieu, celui qui aime tout le monde.



Un récit bouleversant, poignant où la barbarie des hommes est sans limite, et forgera Bakhita à briller plus fort qu’une étoile. Car la peau du chagrin et des souffrances un jour se lasse et laisse paraître la peau de l’amour et de la paix.

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Le Gosse

Le gosse n’est pas seulement Joseph Vasseur, ce sont aussi Aimé et ces malheureux détenus de La maison des supplices de Mettray qu’Alexis Danans contribue à libérer au prix d’une campagne de presse et de la création de l’oeuvre de l’enfance majuscule qui poursuit aujourd’hui un combat inachevé.



Le drame de Joseph et Aimé est dramatiquement romancé par Véronique Olmi qui, après son inoubliable Bakhita, semble se spécialiser dans les déclinaisons du martyr, et livre un récit qui retrace le sort des enfants placés par L’Assistance Publique dans la première moitié du XX siècle.



J’ai apprécié ces pages ainsi que la description du Paris d’avant guerre, les débuts du Jazz dans les cabarets, et l’atmosphère du Front Populaire.



La plume de Véronique Olmi est concise, elliptique, suggestive mais les transitions sont parfois rapides, voire relâchées, et l’intrigue devient invraisemblable quand Michel, sorti de nulle part, sans aucun lien familial ou légal avec Joseph, le libère de Mettray.



Mais je recommande la lecture de cet ouvrage qui conduit naturellement à se pencher sur les enfants victimes d’abus, de sévices et de séparations familiales.
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Les Evasions particulières

Avec Les évasions particulières c’est plus d’une décennie qui nous est donnée à revivre. Cette saga familiale nous entraîne en effet de l’après Mai 68 jusqu’au 10 mai 1981, date de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République.

Véronique Olmi a choisi le cadre d’une famille catholique modeste habitant Aix-en-Provence pour nous conter les évasions particulières des trois filles de Bruno et Agnès Malivieri.

Il y a Hélène, qui depuis sa petite enfance fait des allers-retours entre Aix chez ses parents, c’est le temps de l’école et Neuilly, chez son oncle et sa tante, c’est le temps des vacances. Elle doit à chaque fois s’adapter vite et sans montrer d’effort pour passer de la grande simplicité au luxe bourgeois, où le vouvoiement est de rigueur.

Sa sœur aînée Sabine, rêve d’être artiste et d’aller à Paris. Quant à la benjamine, Mariette, d’une nature fragile et maladive, surnommée par les siens « la souris », elle restera avec ses parents, bientôt détentrice de secrets inavouables.

Malgré quelques jalousies, les trois sœurs resteront unies et parviendront chacune à trouver leur voie et à s’affranchir non sans mal de la morale et de la religion dans laquelle elles ont été éduquées de façon tellement prégnante.

Cette saga familiale est avant tout la chronique d’une époque riche en événements et traversée par de nombreux bouleversements.

En 1971, la sortie du film Mourir d’aimer, inspirée de l’histoire vraie de Gabrielle Russier, cette professeure tombée amoureuse d’un de ses élèves est un scandale pour les parents Malivieri. Est évoqué le conflit social chez Lip, incompréhensible pour le banquier qu’est l’oncle. D’autres mouvements et revendications éclatent tout au long de la décennie et jalonnent la vie de la famille, mais c’est surtout l’émergence du féminisme que l’auteure a bien su retranscrire et bien sûr la promulgation de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse.

L’autre thème omniprésent et porté par Hélène est l’écologie avec notamment la prise en compte de la souffrance animale. La page 433 du roman relatant le sort réservé aux truies dans les élevages intensifs m’a d’ailleurs carrément révulsée bien que je sois déjà très attentive à ce sujet et déjà assez avertie me semblait-il.

Elle met en exergue les grandes figures de l’époque, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre dont nous suivrons l’enterrement, Gisèle Halimi, Simone Veil ainsi que les présidents Pompidou, Giscard, jusqu’à l’élection de Mitterrand sur laquelle se termine le roman sans oublier l’avis à la population qu’avait lancé Coluche.

Grand moment également que la montée des gens du Larzac sur Paris et me sont revenus en mémoire ces paroles « Le Larzac restera, notre terre servira à la vie, des moutons pas des canons, jamais nous ne partirons, Debré, de force, nous garderons le Larzac ! »

J’ai vraiment pris un grand plaisir à revivre cette décennie par l’intermédiaire de cette famille et j’ai apprécié pouvoir me replonger dans cette ambiance revendicatrice, à juste titre. J’ai trouvé cependant que les personnages manquaient un peu de relief, d’esprit de décision et de panache et d’autre part, je suis restée assez incrédule devant le geste d’abandon de la mère.

Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est la présence de cette religion qui maintient les gens et notamment les femmes dans un rôle secondaire, un rôle de domesticité pure et simple les empêchant tout bonnement de vivre leur vie et leur sexualité, les bloquant dans leur épanouissement. Même si cela a évolué, je reste sceptique et concernant le droit à l’avortement il faut rester toujours vigilant !


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Bakhita

Je dois avouer qu’il m’a été très difficile de lire les premiers chapitres de ce livre. Mais comme je connaissais le dénouement, j’étais curieuse de savoir comment Bakhita avait réussi à se sortir de l’Enfer.

Bakhita est écrit avec beaucoup d’empathies et de sensibilités. J’ai éprouvé tellement de compassions et d’amours pour cette femme, que j’aurais aimé la connaître et l’étreindre. J’aurais voulu consoler cette petite fille, cette femme, cette Grande Dame. Je ne vais pas m’éterniser car je peine à m’exprimer et d’autres billets défendent mieux que moi ce roman. Merci à Véronique Olmi de nous avoir fait partager cette très émouvante histoire.

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Les Evasions particulières

Si « les amitiés particulières » ont imprimé la mémoire des lecteurs, ce ne sera probablement pas le cas avec « Les évasions particulières » qui reposent sur une intrigue invraisemblable (exemple : une mère accouche et abandonne son enfant, sans que le père s’en rende compte), et ennuyeuse noyant le lecteur dans des détails insipides.



Quel dommage, car le projet de décrire la libéralisation des mœurs enclenchée par les événements de mai 68 et accélérée par le septennat giscardien, laissait espérer une réflexion sur le dilemme liberté / libération mais sombre hélas dans un catalogue de toutes les péchés imaginables (drogue, infidélité, pédophilie, prostitution, etc.) et laisse les victimes (bien naïves) aller de désillusion en désillusion jusqu’à la décomposition familiale finale.



N’est pas Zola qui veut, et Véronique OLMI dont j’ai apprécié le merveilleux « Bakhita », prend la roue de Serge JONCOUR et de « Nature humaine » ou de Grégoire DELACOURT avec « Un jour viendra couleur d’orange ». Ces romans sont tous désespérants et à mes yeux ennuyeux.
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Le Gosse

Une couverture qui sent bon la nostalgie.

Une seule leçon : ne pas se fier à cette couverture.

L'entre-guerre. La vie d'un petit garçon de 8 ans, devenu orphelin, pupille de l'état. De ce fait, officiellement, il est protégé par l'état... Mais officieusement, c'est une autre histoire. Il est le rebut, les mal-nés, la mauvaise graine, le "gitan", mais il est surtout le mal-aimé. Traité pire qu'un chien, il se rebiffe parfois, il se réfugie comme il peut dans son monde. Impression de n'être rien, il a besoin d'exister, de croire qu'il existe.

Le malheur crescendo... Petit bonhomme face à l'inhumanité des hommes. Quelle défense ?

Ecriture rythmée, Véronique Olmi nous entraîne dans sa valse des mots. Ils s'enchainent, le rythme s'accélère et le point stoppe tout. La musique se calme, puis le tempo remonte doucement, s'envole, s'élève et ça repart. Véronique Olmi a le don de l'écriture envolée, dansante... C'est un bonheur de la lire. Elle fait vivre les mots. Une porte claque, le lecteur la reçoit en pleine figure. Le personnage ressent, le lecteur a le coeur qui tambourine à tout rompre. Un paysage décrit, le lecteur observe, admire, ressent au fond de lui l'atmosphère... Bref, une grande écrivaine !
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Nous étions faits pour être heureux

Ça commence comme dans un film. Un prélude. Le dedans de Suzanne, le dedans de Serge. Ils ne se connaissent pas. Suzanne est accordeuse de piano. Serge est agent immobilier. Suzanne ne fait que passer, elle doit accorder le piano du fils de Serge et Lucie, Théo. Un regard, à peine plus et pourtant ça suffit pour allumer un brasier.



Serge et Suzanne. La morosité des vies de chacun où plane une mystérieuse menace.

Suzanne et Serge. La sonate d’une vie qui aurait pu être meilleure.

La même rengaine, un goût amer de lassitude.

C’est accentué, les maisons, l’extérieur frissonnent. L’atmosphère est pesante, comme fêlée. Antoine, le mari de Suzanne repeint les murs. En blanc cassé. Cassé.

Serge, baigné dans le luxe, auprès d’une femme et de deux enfants, le regard ailleurs.

« Face à lui le tilleul est aussi nu qu’un vieillard sculpté qui se tord vers le ciel. »

On dirait que le bonheur est tellement pressé d’entrer qu’il réveille les ombres et les habitudes en décrépitude.



Veronique Olmi avec une sensibilité et une subtilité folles décrit le quotidien de deux êtres perdus d’avance. Elle dresse une analogie intelligente et percutante entre Serge et Suzanne. Chacun mène une vie différente et pourtant, grâce à la plume de l’auteure, les images d’une rare intensité renvoient à la même fêlure.

Derrière ce mur d’angoisse se tapit l’ombre d’un secret, celui que Serge protège au fond de lui et le ronge depuis un temps fou.



Surgit alors une histoire parallèle brodant les contours d’une enfance ravagée et les conséquences sur l’âge adulte.

Serge se délie et se délivre tandis que Suzanne, dans l’ombre, devient le refuge de cet homme qu’elle aime.



Ce roman n’est pas à mettre dans toutes les mains. Il faut une attention particulière pour subtiliser les multiples corrélations, les images glaçantes d’effroi. C’est du très lourd où chaque phrase serait à noter tant elle sonne comme un uppercut. L’écriture est brillante, sensible, forte, évocatrice mais terriblement noire et désespérante aussi.



Je voulais retrouver Veronique Olmi suite à mes deux coups de cœur d’elle, Bakhita et Bord de mer. Cette troisième lecture me confirme que cette auteure détient un amour incommensurable pour la langue française. Je voulais être chiffonnée, pleine d’émotions. Je termine ce roman et je suis par terre, ko.

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Bakhita

Autant prévenir l’ami lecteur à l’émotivité chatouilleuse, la quasi première moitié de ce roman est insoutenable. En tout cas moi j’ai eu du mal à soutenir, tant se révèle terrifiant le parcours de cette toute petite-fille arrachée à sa famille et à son Darfour natal pour être vendue comme esclave.



Au-delà de son calvaire indicible, l’enfant grandira pourtant, portée par sa lumière intérieure, une puissance d’âme et de vie hors du commun qui bouleversera nombre de ceux qui l’auront approchée.



Car Bakhita a réellement existé. Avec pudeur et compassion Véronique Olmi ressuscite cette humble héroïne et lui consacre sa prose délicate et sensible, comme une offrande à Sainte Joséphine Bakhita (enfin) canonisée en ce tout début de XXIème siècle.



Les chapitres denses de cette admirable biographie romancée s’enchaînent sans trêve, tant la hâte de parvenir à un quelconque répit dans l’horreur tenaille celui qui entreprend l’exploration de ce destin ahurissant.



Un récit remarquable et poignant, qui justifie amplement le succès qui le porte depuis déjà plusieurs mois.




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La nuit en vérité

Il y a des livres ainsi qu’on se réjouit de lire car un précédent du même auteur nous a follement plu. J’ai eu un gros coup de cœur pour Bord de mer.



J’ai ouvert La nuit en vérité et j’ai retrouvé la jolie plume de Véronique Olmi qui nous relate la vie d’une jeune mère près de son fils Enzo harcelé par les élèves de sa classe.



Le gamin de douze ans obèse, habillé de noir et de baskets de seconds prix se murent dans la peur et le chagrin d’être rejeté et peu aimé. Sa mère femme de ménage essaie d’élever son fils comme elle peut, elle refuse que Enzo l’appelle maman et se dit que Enzo est sa plus longue histoire d’amour. Douze ans à vivre ensemble dans un taudis où suinte la misère.



J’ai vécu cette lecture en dent de scie. Le début m’a happée puis la magie s’est transformée en ennui. Enzo finit par être la tête de turc de ses condisciples, suite à une agression, il devient fiévreux et commence à avoir des hallucinations. Des pages et des pages peu crédibles où l’atmosphère devient lourde et ennuyante.



Un livre qui démarrait bien et qui finit malgré tout en flop. Faute à un trop plein de lourdeur, de personnages perdus dans leurs ombres, une solitude où l’amour ne sauve pas, ne protège pas. Tout est lourd et abstrait dans cette histoire. J’ai eu au final l’impression de traverser un brouillard dense sans rien apercevoir. Ni le jour ni la nuit. Une histoire trop subtile, incertaine et floue qui ne restera pas gravée dans ma mémoire.
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Bakhita

Bakhita , quel livre poignant , Véronique Olmi nous fait une description saisissante de la vie de cette jeune fille .

Comment rester indemne après cette lecture.

Ce livre est si bien critiquer que je vais me baser sur quelques thèmes qui me semblent enrichir les autres commentaires .

On est donc au Soudan dans les années 1865.Bakhita , jeune villageoise se fait enlever afin de devenir esclave à l'âge de 7 ans .

Elle prendra son entité , aura une amnésie de sa petite enfance certaine due aux chocs post traumatiques qu'elle vivra tout au long de sa captivité.

Ce qu'elle n'oubliera jamais , c'est qu'elle a une soeur jumelle.Cette gémellité , elle la recherchera chez tous les maitres ou elle passera .Elle sera toujours proche voir fusionnelle d'une jeune fille .Comme si cette relation lui donnait la force de survivre malgré les sévices psychologiques et physiques ....Elle aura la force de ne pas se laissé mourrir et ne baissera jamais les bras ..

Les rencontres avec les jeunes l'aide à avancer et à rebondir.

Elle aide ses enfants , les protège mais sans s'en rendre compte ..elle réussi à combattre face a cette brutalité humaine ..quelle soit chez les adultes ou chez les enfants.

un autre thème que je voulait mettre en avant , c'est la mise en avant de l'esclavage entre personne de même couleur , de même race , de même religion.

Par la force , le courage , sa relation aux autres Bakhita aura cette force surhumaine , ce sur-moi infaillible qui lui permettra de quitter l'Afrique ,ses racines certes et d'arriver en Italie ou elle pourra commencer une autre vie ..Même si la souffrance fera partie intégrante de sa vie ...elle parviendra à s'occuper des jeunes ..toujours comme si elle était le miroir de ces jeunes perdues ...et elle se mariera avec Dieu ...jesus ...

Je recommande ce livre , qui est une leçon de vie .Mon coup de coeur de cette rentrée littéraire .
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Bakhita

Je n'ai qu'un mot en tête : bouleversant !!!

Quelle histoire...

La 1ère partie du livre (en fait les 3/4 de l'histoire) raconte l'esclavage de Bakhita. Ses premières années sont un véritable enfer. Véronique Olmi nous délivre sa vie d'enfant avec une pudeur discrète, sans voyeurisme, sans entrer dans les détails, en omettant volontairement des actes odieux. Mais cela n'empêche pas le lecteur de comprendre ce qu'elle a vécu, ce à quoi elle a survécu.

Dans ce genre d'histoire, la question qui revient toujours est : Mais comment est ce possible ? Comment l'homme peut il être à ce point inhumain ?

Pas de réponse...

La dernière partie de ce livre, basée sur la foi de Bakhita et sa vie de religieuse, est différente. On ressent une distance, comme si elle était en observation. Une noire parmi les italiens blancs du début du XXème siècle...

La vie de cette femme a du en effet être exceptionnelle (mais pas dans le sens merveilleuse !). C'est une survivante.

Je ne peux m'empêcher de me demander si elle a vraiment été libre un jour, si elle s'est sentie libre. Elle a réussi parfois à dire non... Certes... Mais n'a-t-elle pas été "utilisée", même en tant que religieuse ?!!

Quoiqu'il en soit, cette femme force le respect pour avoir avant tout trouvé le courage de vivre...
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Bakhita

Ce roman est un uppercut dont je suis sortie complètement sonnée, je l’ai terminé il y a une semaine et j’ai encore du mal à en parler…



« Elle ne sait pas comment elle s’appelle. Elle ne sait pas dans quelle langue sont ses rêves. Elle se souvient de mots en arabe, en turc, en italien, et elle parle quelques dialectes. Plusieurs viennent du Soudan, un autre de Vénétie. Les gens disent : « un mélange ». » P 13



C’est ainsi que débute le roman de Véronique Olmi qui nous raconte l’histoire de Bakhita, que son père avait présenté à la lune, avant de lui donner un prénom qu’elle oubliera car sa vie est loin d’être un long fleuve tranquille.On va suivre son parcours de l’esclavage à la canonisation.



A l’âge de sept ans, elle est enlevée, arrachée à sa famille, pour être vendue comme esclave, et doit marcher avec son amie Binah, parcourant ainsi trois cents kilomètres, rien qu’au Soudan, pour arriver au grand centre caravanier d’El Obeid, plaque tournante de tout type de commerce… Un quart des esclaves va mourir en route…



La description de ses longues marches, dans des conditions inhumaines, est tellement belle qu’on marche avec elle, on voit les paysages évoluer à travers ses yeux, on sent les coups… elle est très émouvante, insupportable souvent.



On côtoie aussi les eunuques, les tortures immondes infligées par des maîtres, pour le plaisir, pour affirmer leur puissance et tuer dans l’œuf l’idée même d’une rébellion : le gong qui est le signal du fouet, pour rien, le jeu du torchon, sans oublier les séances de tatouage qui peuvent coûter la vie…



Elle va être vendue plusieurs fois, essayer de s’enfuir, en vain. Pour finir, elle sera ramenée en Italie, en guise de souvenir comme on ramène un trophée ou un objet du pays qu’on est allé visiter. Là, elle découvre un autre monde, où on peut se promener librement, mais la pauvreté est là.



Une seule fois elle va dire « non » et cela changera sa vie: elle préfère rester au couvent plutôt que repartir avec ses maîtres.



On va lui demander de raconter ses souvenirs, encore et encore, et cela deviendra « La storia meravigliosa », qui sera exploitée par le régime de Mussolini.



« Le feuilleton de sa Storia meravigliosa décrit « sa rencontre avec son ange gardien ». elle, ne nommait pas ainsi cette nuit de la consolation. C’était un mystère et un espoir, c’était surtout une envie de vivre encore, l’interstice par lequel passe la dernière force humaine, avec la certitude fulgurante et violente de ne pas être totalement seule. » P 67



La capacité de résilience de la petite fille, puis de la femme, la manière dont elle distribue l’amour autour d’elle suscitent l’admiration. Tout ce qu’elle a enfoui au plus profond d’elle-même, son corps tentera de l’exprimer…



Véronique Olmi a très bien réussi à retracer ce parcours et à nous faire aimer, admirer cette petite fille au destin si particulier qu’il ne peut que rester gravé dans la mémoire du lecteur.



On pouvait avoir l’illusion que l’esclavage avait été aboli, mais les évènements récents nous montrent bien qu’il n’en est rien.



Coup de cœur donc…
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Le Gosse

Une sacrée sale vie que l’enfance du gosse ! Pourtant elle a plutôt bien commencé pour Joseph, choyé par une mère aimante et une grand-mère attentionnée. Bien sûr, il y a ce père, une gueule cassée de 14 mort de la grippe espagnole. Mais sa mère a su laisser son amour de la vie prendre le dessus, rendant l'existence joyeuse malgré tout. Jusqu'à l'enchaînement fatal qui fait de Joseph un orphelin, une pupille de l'État. Un système censé le protéger. En fait une terrible machine à broyer l'innocence. À sept ans Joseph connaît la prison pour enfants puis la colonie pénitentiaire. Une véritable descente aux enfers dont le jeune garçon réussit pourtant à s'extraire, grâce à une volonté farouche et à son amour de la musique.



À travers le regard d'un enfant, le gosse met au jour la terrible cruauté des hommes. Mais pas seulement. Sur fond de Front Populaire, porteur d'espoir pour la condition ouvrière, le gosse est une magnifique histoire d'amour, celle d'une mère pour son fils et d'une musique qui estompe la souffrance et fait renaître l'espoir. Lu presque d'une traite, un roman intense, dérangeant, bouleversant.



« En 1936, le journaliste Alexis Danan crée la Fédération nationale des comités de vigilance et d'action pour la protection de l'enfance malheureuse. Ces comités Alexis Danan ont pour mission de dénoncer à la justice les mauvais traitements dont les enfants sont victimes. Moins visibles aujourd'hui, ces comités existent toujours.

 

Maisons de supplices d'Alexis Danan, recueil de cent cinquante témoignages d'enfants ayant été placés en maison de redressement en France, paraît en 1936 chez Denoël et Steele.

 

En 1937, sans prononcer de fermeture administrative, le ministère de la Justice et l'Assistance publique retirent les enfants de Mettray [colonie pénitentiaire pour enfants] : placements, engagements militaires, libérations conditionnelles, détention dans d'autres centres, retour aux familles.

Début novembre 1937, les derniers enfants quittent l'établissement. »
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Bakhita

Joséphine Bakhita, dite la "Madre moretta", dont la date de naissance est estimée à 1869 au Soudan, province du Darfour, à Olgossa, et morte le 8 février 1947 à Schio en Italie, est une ancienne esclave devenue religieuse canossienne. Elle est canonisée en l'an 2000 par le pape Jean-Paul II, et fêtée le 8 février. 



Véronique Olmi, dans cette biographie romancée, nous relate la vie de Bakhita, de son enlèvement à l'âge de 7 ans au Soudan jusqu'à son décès en 1947 en Italie. Elle nous raconte comment d'esclave elle est devenue une sainte. Ce livre se découpe en deux parties : de l'esclavage à la liberté, et de la liberté à la sainteté.



Deux parties bien distinctes, la première bien plus rude que la seconde. Tout ce qui se déroule au Soudan relate l'histoire de Bakhita en tant qu'esclave. L'autrice, de sa plume coup de poing, qui nous pèle à vif, ne ménage pas son lecteur. Certains passages sont difficiles, parfois même choquants. C'est poignant, bouleversant autant qu'immersif, malgré la dureté des événements et des mots choisis pour les raconter.



La seconde partie, parce que Bakhita a désormais une vie un peu plus paisible et non violente, est clairement plus facile à lire. Je l'ai trouvée moins prenante, sans doute parce qu'il y est essentiellement question de religion. Bakhita est ici exploitée d'une autre manière (à mon sens), qui rentre ici dans la "normalité". Souvent, j'y ai vu plus un endoctrinement qu'un choix de vie intime et personnel, ou du moins un peu influencé par les personnes qui l'entourent. Mais cette seconde partie se lit tout aussi bien et est tout autant immersive.



Il n'en aurait pas pu être autrement avec cette plume puissante, franche, sachant se mettre à la place de Bakhita. Il faut évidemment savoir faire la part du vrai et du faux dans cette biographie romancée, il n'empêche que ça finit par nous être complètement égal tellement c'est fort, émotionnellement et psychologiquement parlant.



Un mot sur le contexte historique, au Soudan comme en Italie (traite des Noirs et esclavagisme, Grande Guerre, Mussolini), et sur l'atmosphère qui en découle : dépeint justement pour l'un, éprouvante puis plus contemplative pour l'autre.



"Bakhita" est le second roman de Véronique Olmi que je lis, après "Le gosse" qui m'avait également marquée. Pourtant incomparables, j'en ressors aussi affectée, si ce n'est plus. C'est un roman puissant, qui ne laisse pas indifférent et que je ne suis pas près d'oublier.



C'est décidé, je rajoute tous les livres de l'autrice à mon "pense-nouille", je ne peux faire autrement : je viens de tomber amoureuse de cette plume intensément terrible et remarquable, qui marque les esprits et trouve les mots justes quels que soient les circonstances et les événements à dépeindre.

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Le Gosse

Avec "Le gosse", je découvre enfin Véronique Olmi, qui figurait sur ma liste des auteurs à découvrir. Je peux d'ores et déjà dire que je reviendrai vers elle à coup sûr (d'ailleurs "Bakhita" me fait de l'œil depuis un moment), car je viens de passer un très bon moment.



"Le gosse", c'est Joseph Vasseur. Orphelin de père, gueule cassée de 14-18 décédé de la tuberculose peu après son retour du front. Orphelin de mère, décédée des suites d'un avortement (illégal à cette époque). D'abord sous la tutelle de sa grand-mère sénile, il devient rapidement pupille de l'État et enfant de l'Assistance publique. De là, l'existence de Joseph "la mauvaise graine" prendra une tournure qui ira de mal en pire. Dur travail à la ferme, brimades, prison (maison de correction), colonie pénitentiaire, mauvais traitements, privations, exploitation, viols...



Joseph a 7 ans quand l'histoire débute, il n'en a que 14 quand elle se termine...



Avec des chapitres courts et une plume aussi affûtée qu'elle peut être tendre, Véronique Olmi nous entraîne dans une histoire aussi prenante que révoltante. Pourtant narrée à la troisième personne, elle réussit à la raconter sous le seul regard de Joseph, qu'on a d'ailleurs tôt fait de s'attacher. On le voit évoluer et grandir dans un milieu peu encourageant (et le mot est faible), qui l'enfonce plus qu'il ne l'aide. On est confronté à ses peurs, à ses incertitudes, à sa force et son courage aussi, à son manque d'affection et de tendresse. Joseph est un "titi" attendrissant pour qui on espère de tout cœur un avenir plus reluisant. Il s'accroche à la musique et à son camarade Aimé, qui lui apportent tous deux, chacun à leur manière, un peu de réconfort.



Et à travers le personnage de Joseph, c'est tout un système dit de "protection" des enfants pauvres que l'autrice dénonce. Nous sommes dans l'entre-deux-guerres, à la fin des années 1920 et dans les années 1930, et à cette époque, ces enfants pauvres et orphelins étaient soit placés à la campagne chez des parents nourriciers qui les exploitaient, soit admis dans des institutions à la discipline sévère. Mal nés, ces enfants étaient considérés délinquants au moindre comportement douteux. Véronique Olmi dénonce la cruauté et la maltraitance que ces nombreux enfants ont subies, jusqu'à ce que l'État se voit obligé de réagir grâce aux dénonciations d'un journaliste.



Nous sommes dans une fiction, mais qui est tout de même basée sur une réalité. Ça n'en est que plus prenant et révoltant, d'autant que le contexte historique et politique est lui aussi bien ancré (deuil et reconstruction d'après-guerre, grèves et Front populaire, montée d'Hitler au pouvoir et premiers exils des Allemands juifs).



Résumons donc : Une plume efficace et intense. Un jeune personnage principal attachant et attendrissant. Une histoire poignante et percutante. Des émotions et de la profondeur. Un contexte historique immersif.



Un roman puissant.

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Véronique Olmi

Née à Nice en...

1942
1952
1962
1972

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