Véronique PIERRON. Les miracles de l’Ourcq.
Non, ce roman ne se déroule pas dans les favellas des banlieues brésiliennes mais à Paris, sur les bords du canal de l’Ourcq. C’est une véritable cour des miracles qui subsiste sur ces friches industrielles, aux portes de la capitale. Quel univers surréaliste et quelle population : un véritable « melting pot ». Oui deux campements se sont installés, chacun sur leur rive, d’un côté les roms, tziganes, de l’autre, les pauvres, les blessés de la vie, ceux qui ont choisi ce style de vie. Dans ce « village » une grande solidarité existe. Et dans chaque camp, Vlad, règne sur sa communauté, les roms ; du côté des abandonnés, c’est le vieux qui fait office de dirigeant. Suite au décès de son épouse, il a sombré dans l’alcoolisme. Ces hommes, ces femmes vivent dans ces misérables caravanes, ces cabanes faites de bric et de broc, sans cesse rafistolées à l’aide de matériaux hétéroclites, de bâches, de bois. Parmi eux nous trouvons Juno, poète brésilien, qui a quitté les favellas de Sao Paulo et qui exerce, au noir, un poste de plongeur dans une brasserie du quartier de la Défense à Paris. Noury et son violon Kulik, fait la manche dans le métro. Sandra, atteinte du syndrome Gilles de Tourette se promène avec les clés de sa voiture. Anna, veuve de Zoli, le fils de Vlad, est également présente dans ce camp de fortune avec ses deux enfants. Son beau-père l’a bannie du campement des gens du voyage, suite à la mort de son époux. Bella la célèbre voyante, très sollicitée même par les nantis, Cosmin, celui qui veille sur tous, etc, … Toute cette population dépareillée vit sur les berges du canal.
Et Isabelle, écrivaine, enlevée par Juno va séjourner deux jours dans ce camp de fortune. Pourquoi a-t-elle été kidnappée? Quels sont les liens qui l’unissent à ces pauvres malheureux ? Handicapée suite à un accident de la route causée par une vitesse excessive, elle va connaître un destin incroyable. Le Vieux décède. Nous assistons à la veillée funèbre, à ses obsèques, Peu de temps après sa mort une pêche miraculeuse va se produire…. Les esturgeons , le caviar, vont produire des revenus à ces laissés pour compte…. Est-ce le Vieux qui depuis son nuage permet tous ces miracles ? Mais cette manne céleste fait des envieux. La guerre des clans est déclarée : chacun veut sa part de butin. Des évènements extraordinaires vont se produire en grand nombre !
Véronique PIERRON fait ici preuve d’une imagination débordante afin de nous narrer une belle histoire de solidarité, de partage, d’humanité, d’empathie, de liens sociaux, sous forme d’un conte. Beaucoup d’espoir, d’amour véritable. Tous ces migrants, cette population vivant, plus exactement tentant de survivre tant bien que mal, dans des conditions indignes nous émeut. Un peu de considération pour ces hommes, ces femmes, ces enfants, qui ne désirent obtenir qu’une vie meilleure avec le minimum de salubrité, un travail leur permettant d’obtenir un logement décent, un salaire. Un message d’amour, de droit à la différence, de reconnaissance des qualités de chaque être. Ouvrons les yeux et tentons de les aider, tendons leur la main…. Intégrons les dans la communauté, selon leur compétence, offrons leur du travail, vivons en harmonie…. Une belle leçon de vie !
( 29/08/2023).
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