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Citations de Victoire de Changy (75)


"Bijan a l'air ailleurs. Je ne sais pas bien ce que peut vouloir dire ce mot.Si j'évoque ce disant le faciès de Bijan on pourait la penser davantage ma fille que celle de Tala. Elle a le cheveu fin et lustré, tendant vers le doré, celui que l'on n'a d'ordinaire qu'à la petite enfance dans nos pays et que je n'ai pour ma part jamais remplacé"
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Sans la mère, comment est-ce ? Comment tient-on sans la mère ? Sans la mère, me dit Tala, il n’y a plus personne au-dessus. À en voir d’un coup accusé le monde s’affaisser et le ciel baisser d’un cran. À en avoir les bras constamment chargés et les genoux qui trinquent. Du poids reçu tel quel : massif et accablant. Tala jure que si Bijan n’avait pas été là, si elle n’avait pas eu la chance d’avoir quelqu’un en deçà, elle aurait fini vite fait aplatie comme un tapis. Et qu’elle n’aurait pas eu la force de riposter. Mais Bijan est là, Bijan es petite, alors Tala porte lourd à son tour.
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À la toute dernière page du carnet du dehors, alors que près de la moitié des autres avaient été laissées vides, ils avaient pu lire cette phrase : je meurs curieuse.
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Et derrière la mère ? Quelle femme y avait-il derrière la mère ? Et au-dessus d’elle, qu’y avait-il ? Tala se le demande tout haut, sans même me regarder, mais la vérité, c’est que Tala ne sait pas. Comme si d’être mère néantisait toute forme de personne au regard de l’enfant.
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Après ça, les enfants ont dû apprendre et les adultes à désapprendre. Apprendre à se taire. Désapprendre à dire. C’est peut-être de là, qui sait, que le ta’arof est arrivé sur l’île longue. Cette courtoisie typiquement d’ici, cette politesse étrange qui oblige à dire non alors qu’on pense oui.
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Je ne suis pas dans une cellule.
Je n’y vois rien mais je le sens,
Qu’il n’y pas de coin dans lequel se recroqueviller.
Qu’il y a ici, autour de moi,
Des dizaines de présences en souffrance.
Pas de porte.
Pas même une toute petit porte
À deviner non loin,
Pas la possibilité d’aspirer
À ce qu’il y aurait au-delà.

Quand plus tard c’est une lumière blanche
Qui nous dévoile l’un à l’autre,
Je supplie en moi-même
Que les néons s’éteignent à nouveau.
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Le jour du départ, Tala me dit cette phrase apprise dans ma langue et dans mon dos. Elle dit je tiens à toi. Je pense: tenir à moi, c’est me tenir déjà.
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Et puis elle a des yeux noirs qui ne le sont pas vraiment. Ils sont davantage que noirs. Un peintre iconoclaste a su, un jour, nommer la couleur des yeux de Tala : l’outre-noir. Un noir augmenté, au carré, à entailles, à sillons, à ravins, à dénivelés. Un noir de nuit dehors, pas de nuit de maison, opaque et mat aux volets clos. Un noir qui n’est pas absolu, pas incomplet non plus. Un noir qui laisse de la place à autre chose que lui, autre chose de noir aussi, mais différemment. Il y a dans les yeux de Tala plusieurs rangs de noirs et, entre les couches, une sorte de lueur noire réfléchie par le noir.
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Elle se console quand même en se disant qu'un amour comme celui-là ne se trouve pas seulement dans les romans, voilà : il existe aussi dans les appartements.
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J’attrape le cadre de bois jaune qui entoure le miroir, et, voulant le décrocher, le brise aussitôt. Le bois me reste dans les doigts. Ce n’est pas du verre que le cadre libère, mais de l’eau. Une grande vague d’eau salée sur mon visage et dans mes yeux, qui me rince entièrement et me laisse hébétée.
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Toute la famille s'est vu développer un talent inouï au non-verbal. On parlait moins, on avait besoin de silence. On avait besoin de s'entendre, au sens le plus large d'entendre.
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Je sais que j'habite ici à l'odeur que je ne perçois plus en entrant dans l'appartement. Ni en enfilant les vêtements. Ici ne sent plus l'autre, le mouvement de l'autre, ne sent plus la poussière agglomérée. Ne sent plus le riz safrané et la croûte de pain crépitant dans le fond de la casserole en fonte. Ici en fait ne sent plus rien. Je ne sais plus depuis quand ici n'a plus rien senti. Peut-être depuis le début, aussi.
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Je ferme la porte.
Il y avait quelqu’un, il n’y avait personne.
C’est ainsi que commence chacun des contes perses.
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Parfois seulement elle entendait des coups de canon et sentait le danger lui frôler la joue ; une menace qu’elle accueillait, habituée et presque blasée, sans sursauter.
D’avoir vu le pire l’avait immunisée.
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Le manque rend le peu, l’avoir et la perception accru.
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Elle avait voulu s’inquiéter, à nouveau. S’inquiéter, lui semblait-il, c’était comme dire : c’était respirer. Être vraiment vivante, c’est-à-dire : revenir à cet état où l’on ne sait pas tout. Elle s’était mariée ; elle avait fait des enfants.
Elle leur a chanté des Rubaïyat en guise de berceuses et s’est toujours tue en public. Elle s’était laissé prendre par la maladie et cette fois, comme on sait, on avait réussi à lui prendre sa voix.
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Je voudrais moi aussi être garante d’un élément. Qu’il me soit confié. Que le vent m’escorte. Ou que le feu me sorte en larges volutes de la bouche ou rende chacun de mes gestes chauds. Ou que, portée à mes mains, la terre soit faite soie soudain. Et alors garder toujours de la soie dessous mes ongles trop courts, en provision. En répandre à l’envi.
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Quand le noir revient, on ne me bâillonne pas. Alors d’habitude, d’inconscience ou bien d’instinct, un Rubaïyat me sort de la gorge. Un de réconfort.
Autour de moi, à m’entendre, ça soupire de joie et de soulagement. J’ai le temps de deux strophes
-
Je te rassérène et je te tiens
Je sème des paroles dans le rien
-
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Je sais que j’habite ici à l’odeur que je ne perçois plus en entrant dans l’appartement. Ni en enfilant les vêtements. Ici ne sent plus l’autre, le mouvement de l’autre, ne sent plus la poussière agglomérée. Ne sent plus le riz safrané et la croûte de pain crépitant dans le fond de la casserole en fonte. Ici en fait ne sent plus rien. Je ne sais plus depuis quand ici n’a plus rien senti. Peut-être depuis le début, aussi.
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Je ne sais pas ce que j’entends, si le gémissement qui s’ensuit est le sien ou alors le mien. Ses doigts ont encore la température de la mer alors je les sens qui, millimètre après millimètre, avancent en moi. Évidemment, mes jambes ploient sous tout ça. Nous sommes maintenant à genoux sur le sable noir de l’île longue et Tala me pousse doucement pour que je m’allonge sur le dos. Tala m’ouvre lentement. Toujours aussi lentement, Tala m’embrasse dans les cuisses, et lorsque mon dos, de cambrure en cambrure augmentée, cesse finalement de toucher le sable noir, Tala dirige sa main au creux d’elle. Je l’entends qui se caresse et me lèche d’un même mouvement. Sa langue va et vient au rythme de sa main et remplit sa bouche et sa paume de mêmes eaux, d’un même sel. Les nôtres, d’eaux, qui se mélangent sans jamais s’atteindre, et mes doigts qui se glissent dans la bouche de Tala pour goûter ce que goûte sa salive qui me goûte, moi.
Les vagues du Golfe sont entrées dans nos ventres. Tala, la bouche toujours en moi, jouit. Et parce qu’elle jouit, Tala crie.
Tala crie puissamment à l’intérieur de moi. Son cri s’immisce et ricoche sur mes os, remonte jusqu’à ma gorge et sort de ma bouche lorsque je jouis à mon tour.
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