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Critiques de Victor Cohen Hadria (57)
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Les trois saisons de la rage

Voila un bon bout de temps que ce roman est dans ma PAL et c'est avec un challenge que je ne suis décidée à l'en sortir. Je ne suis pas totalement conquise mais mon bilan n'est pas complètement négatif.



La forme est un peu complexe et il m'a été difficile de m'y retrouver. On a d'abord un échange de lettres entre plusieurs personnages puis vient ensuite le journal intime d'un médecin de campagne qui retourne en arrière dans la passé. Heureusement l'écriture de l'auteur est belle et on se prend finalement au jeu. Le médecin brosse également un portrait de la médecine de XIXe siècle et l'on ne peut qu'être ravie d'être nés a notre époque. Saignées, peu d'hygiène, pas d'anesthésiant.... bref on se dit que la médecine a beaucoup évoluée.



Ce personnage qui nous livre ses pensées est attachant et j'ai pris plaisir a le suivre. On se rend compte que son métier est épuisant et que mémé s'il voit un montagne de patient chaque jour, il est bien seul dans la vie. Heureusement, il a quelques maîtresses pour se consoler.



Bref, c'est une bonne découverte a déguster par petites touches. Il faut bien prendre son temps, pour vraiment apprécier le récit. Pour terminer, je dirais que la fin m'a surprise, elle arrive rapidement, et de manière brutale. Je ne m'y attendais pas, mais je n'en dis pas plus et je vous laisse découvrir le roman et vous en faire une idée.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Les trois saisons de la rage

Une jeune femme revient dans la maison où s’est déroulée son enfance et sa jeunesse jusqu’à son mariage. Elle vient d’hériter des biens de sa famille suite à la mort de son père. Son mari qui les gérait est également décédé.
 Elle se sent libre, «orpheline, veuve et libre.» Elle reçoit les condoléances des trois métayers qui cultivent les terres de son père. Le notaire est présent qui leur dit qu’elle ne vendra pas. Ils ne verront donc pas leur vie bouleversée. Elle, dans quelques jours, après avoir tout mis en ordre et clos les volets de la maison, va s’embarquer pour l’Amérique.



Sur le bureau de son père se trouve un cahier à la couverture toilée marqué 1859 et une chemise de maroquin vert contenant des lettres. «Elle prend le tout, qu’elle lira pendant la traversée.»


Ainsi débute «Les trois saisons de la rage», hiver, printemps et été 1859. Nous allons, en quelque sorte, lire par-dessus l’épaule de cette jeune femme qui redécouvre la vie quotidienne de son père, médecin et propriétaire terrien, sillonnant la campagne normande au XIXe siècle, dans un triangle Flers, Condé-sur-Noireau, Falaise avec quelques incursions à Caen et Dives-sur-mer.

L’échange de lettres permet de découvrir le destin de Brutus délicieux fils d’un fermier de Bazoches-au-Houlme dans l’Orne, analphabète, qui va partir pour la campagne d’Italie à la place du «gars Dunant», fils lui du propriétaire des terres qui emploie la famille de Brutus, dont il a pris le numéro de conscription.

«Notre ami Brutus en prenant le numéro du gars Durant a vraiment sauvé sa famille de la ruine» p 20

Deux médecins Charles Rochambaud médecin-major, chirurgien aux armées et le docteur Le Coeur sis à Rapilly village du Calvados, se chargent d’écrire et échanger les missives et de les transmettre et les lire aux intéressés.

Le journal qui constitue la seconde partie, la plus volumineuse, du roman relate la vie quotidienne du docteur Le Coeur qui va de visites en visites, médicales et libertines.

p 201 «J’ai passé mon après-midi de vendredi à inspecter des vulves et des vagins, mais je n’en ai pas moins aperçu, dans l’ouverture des peignoirs, la rondeur d’un sein, le galbe d’une hanche, la proéminence d’un ventre ou d’un nombril. Plus encore, j’ai trouvé de l’enfance dans l’éclat d’une pupille, de la douceur dans le mordillement anxieux d’une lèvre. Toute une géographie émouvante s’est dévoilée à moi au coeur de ces bouges, et ce n’était pas celle du mal, non, mais cette magnifique ascension du désir que les imbéciles appellent luxure»

Le Coeur est en contact direct avec tout ce qui fait la vie de la naissance à la mort en passant par les accidents.

«J’ai vu trépasser nombre d’humains, mais jamais je ne suis parvenu à m’habituer à ce vide qui entre dans le regard.» p 158

Un médecin qui veut avant tout soulager, qui veut comprendre, améliorer mais en évitant même si elles le révoltent parfois, de heurter les superstitions et la religion. Un homme aussi, veuf, qui avait mis ses désirs entre parenthèse après la mort de sa femme, et va renouer avec le plaisir dans les bras, entre autres, de Colette à Condé-sur Noireau et Honorine sa bonne.


«Il n’est pas plus de courtisanes que de saints en ce monde. Ce ne sont tous que de pauvres êtres en quête de ce qui nous manque le plus, la certitude d’être et de pouvoir aimer.» p 199


Il fait un peu partie de la famille de ses patients dont il connait l’intimité puisqu’il les accompagne de leur naissance à leur mort et partage leurs confidences. Il doit composer avec l’abbé Bucard qui maintient dans le corset de l’obscurantisme et pense que la souffrance est rédemptrice, avec le père Duchaume de la Forêt-Auvray, guérisseur.

Ce livre est une radiographie d’une époque et d’un lieu car tous les noms de hameaux sont bien réels. Nous savons précisément le nombre de lieues que parcourt Le Coeur de l’un à l’autre. Les faits historiques, les découvertes concernant les avancées de la médecine, l’hygiène font prévoir l’évolution de la société archaïque où le rebouteux et le curé gardent encore leur pouvoir que sait contourner ou utiliser Le Coeur selon les circonstances.

Je ne me suis pas ennuyée en lisant ce livre. J’y ai parfois trouver des longueurs et des répétitions mais après tout un journal en comporte forcément et ce qui peut sembler au prime abord un défaut peut aussi être considéré comme naturel. Le récit s’interrompt avec l’arrivée de la fille du docteur Le Coeur en vue de Long Island et quelques pans du récit qui avait pu paraître obscurs sont alors éclaircis.

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Les trois saisons de la rage

1859, Second Empire, Napoléon III se lance dans une offensive guerrière en Italie .Pour cela l’enrôlement bat son plein. C’est ainsi que Brutus Désirieux pour sauver sa famille de la ruine a pris le numéro du fils Durant, riche fermier dont le terres jouxtent celles de sa famille .La vallée de l’Orne abrite quelques hobereaux rétrogrades et beaucoup de paysans illettrés.Se retrouvant ordonnance du médecin major, Brutus va pouvoir écrire à sa famille grâce à celui-ci qui va prendre contact avec le Dr Le Cœur médecin à Rapilly. Une correspondance commence.

Cette échange de lettres par personnes interposées et de bonne volonté nous permet de suivre cette armée jusqu’à Castiglione et Solferino d’y rencontrer Henri Dunant le futur fondateur de la Croix rouge .Que de misères, que de morts de blessés …

A Rapilly Le Dr Le Cœur , veuf depuis quelques années exerce son métier j’oserais dire comme un sacerdoce laïc faisant payer les riches pour soigner les pauvres , menant une guerre continuelle contre la misère, la crasse, l’ignorance ,les traditions chrétiennes , la « sorcellerie » et le clergé omniprésent.

Grâce à son journal nous le suivons dans ses tournées, dans son cabinet, dans ses travaux sur la rage et dans ses agapes .Chaud lapin, vous avez dit ?Mais non voyons : » Mon mémoire renferme l’idée centrale que la rage est due à la contention sexuelle .Le retour des gonades à l’origine construit l’infection. » (p300) D’où la nécessité d’être toujours à la pointe du vit si je puis me permettre.

Son journal nous apprend beaucoup sur cette période, sur la vie dans les campagnes sur celle de ces hobereaux ou nobliaux de province infatués par leur argent et leur pouvoir politique qu’ils utilisent le plus souvent à leur profit.

Oserais-je dire que ce Le Cœur m’ a par moment agacée , trop bon, trop dévoué à tous , toujours là où l’on a besoin de lui, trop beau pour être plausible .Seul petit péché mignon, après un deuil fort long suite à la mort de sa femme il se rattrape et nous le fait savoir , Colette ,Marguerite , Angèle, femmes de la bonne société ou tenancière qu’importe .Mon Dieu ce nombrilisme au bout d’un moment m’a porté sur le système !.

Que ce livre à priori considéré comme un roman , je pencherais plutôt pour un essai historique ai pu récolter autant de récompenses me surprend .Certes j’ai beaucoup appris sur l’histoire de ma médecine , des noms fameux Velpeau ,Bretonneau, Trousseau pour n’en citer que quelque uns, mais que de longueurs , de répétitions (le propre d’un journal ?) qui m’ont rendues cette lecture pesante bien que très instructive

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Les trois saisons de la rage

C’est au travers d’un échange épistolaire puis d’un journal que nous sommes conviés à recevoir les confidences d’un médecin de campagne exerçant en Normandie au milieu du 19è siècle. La tentation est grande de mettre en parallèle l’exercice de cette profession à cette époque et de nos jours.



Bien entendu ce qui frappe d’emblée et le manque de connaissance et de moyens pour venir en aide aux patients, lorsque l’on a à sa disposition essentiellement de l’opium, et des plantes. D’autre part, il n’y avait pas de limites aux interventions : appendicite, césarienne : le bloc opératoire de fortune était la pièce principale de la demeure. La distance parcourue par journée, quand on a pour véhicule un cheval, limite le nombre des malades secourus. C’est aussi pourquoi il était nécessaire d’avoir d’autres sources de revenus que la médecine, d’autant que le serment d’Hippocrate stipule que le malade qui n’a pas les moyens ne doit pas payer (pas de sécu en ces temps passés). C’est pourquoi notre praticien possédait 3 fermages lui permettant de subsister.



Malgré cela, bien des points communs peuvent être mis en évidence : le rôle de la parole ou du geste (serrer une main, palper un pouls) dans la démarche thérapeutique, la nécessité de croire à ce que l’on prescrit «il est évident que le praticien qui n’a pas confiance dans la vertu de son adresse ne saurait apporter à l’étude et à l’exercice de son art, le zèle, l’attention, le dévouement et la persévérance nécessaire». De même la confrontation avec la mort ne fait l’objet d’aucune accoutumance «j’ai vu trépasser nombre d’humains, mais jamais je ne suis parvenu à m’habituer à ce vide qui entre dans le regard».



Déjà des précautions étaient nécessaires pour pratiquer un examen intime chez une femme, et notre bon docteur exigeait d’avoir un témoin.

Deux obstacles se dressent devant la bonne volonté du docteur : l’hygiène et les croyances, auxquelles, pour rejoindre les opinions très anticléricales de notre narrateur, on peut rattacher la religion.

Car en ce qui concerne l’hygiène, «un homme un vrai, se doit de rester sale, ne raconte-t-on pas que l’odeur du bouc attire les femelles? La crasse, l’huile comme ils disent, favorise la pousse des cheveux, soutient l’intégrité du corps et des organes, les puces assainissent le sang». A la même époque, Semmelweiss en Autriche perdra la raison pour n’avoir pu instaurer le lavage des mains entre la pratique d’une autopsie et celle d’un accouchement...(cf la thèse de Louis Ferdinand Destouches, dit Céline...).

Le veuvage et la confrontation régulière avec la mort, échauffent les sangs de Dr Le Coeur, et il confie volontiers à son journal les péripéties de sa vie amoureuse On pourrait considérer que c’est son hobby, seule activité pratiquée en dehors de son travail!

Bien d’autres aspects sont abordés dans ces écrits, la rédaction d’un mémoire sur la rage et ses origines, les balbutiements de la vaccination, ou encore les relations avec les aristocrates de la médecine siégeant da s la capitale ou les villes

L’ensemble est porté par une écriture élégante, avec un style délicieusement suranné. L’on ne serait pas surpris si l’officier de santé Bovary demandait une consultation pour sa femme! Si l’on ajoute à cela un travail important de recherches historiques, l’ensemble est totalement crédible et pourrait passer pour un récit inspiré de faits réels.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Les trois saisons de la rage

Le roman se déroule au XIXème siècle. Il commence par un très long flash back. Hortense, la fille de Jean Baptiste Lecoeur, médecin à Rapilly en Normandie, dans la vallée de l’Orne précisément, vient de solder l’héritage de son père et va s’embarquer sur un bateau pour les Amériques où elle va rejoindre son frère, François : «qui s’était embarqué (...) comme médecin navigant au commerce, (et a ) choisi après son contrat de s’exiler à Boston aux Amériques, où il pratique loin de son père.»



Hortense regarde une dernière fois, avant de partir, cette maison où elle a grandi et où son père a vécu jusqu’au dernier jour :

«Elle pensera qu’elle n’est jamais partie.

Qu’importe tout cela, à présent elle est libre.

Orpheline, veuve et libre.»

Dans l’héritage, outre la maison et la ferme que son père gérait comme un modèle inspirée des théories hygiénistes de l’époque, elle trouve :

Une pile de lettres entre son père et le Médecin Major Charles Rochambaud, en partance pour l’Italie où les troupes de Napoléon III sont engagées dans la bataille pour l’Unité Italienne et vont stationner près de Solferino...

Le journal de bord de son père qui décrit de façon scrupuleuse les tournées du médecin dans la campagne normande, ses relations avec les autorités, les interrogations qui le hantent quant à la volonté de ces dernières à promouvoir une politique de santé à même de garantir le bien être des populations en luttant contre les obscurantismes encore très présents malgré les progrès de la science médicale.



A bord du bateau, Hortense va lire ces documents qui retracent de façon détaillée la vie de son père qui a fait de son métier de médecin un véritable sacerdoce. Comme le curé, (on ne parle pas encore d’instituteur) il est au service de la population et plus particulièrement au service des pauvres et des indigents.

Qu'importe en effet la douleur des malades si son abrogation met en péril un confort établi depuis longtemps ?» écrit-il au colonel Rochambaud.



Hortense découvre un père différent de celui qu’elle a connu «(...) enfant, il n’était pas rare que, descendant en pleine obscurité pour se dérober à un cauchemar, elle le trouve étendu à cette place, parfois riant tout seul de sa lecture. Il se levait et la prenait dans ses bras pour la consoler.»



Le Coeur a perdu sa femme , il s’inquiète pour Hortense devenue la femme d’un notaire qu’il n'apprécie guère :

«Mon gendre, l'ineffable Mortier a émis les plus fermes réserves sur l’air «la femme dont le coeur rêve» joyeusement interprété par Sophie du Veran, charmante Eurydice, et qua joliment accompagnée mon Hortense au clavier. Je ne sais pas ce qu’elle peut trouver à ce notaire de mari, rabat-joie et triste comme un abat-jour. J’ignore pourquoi ces jeunes gens ont choisi ma demeure pour se retrouver .»



Il porte sur la conscience la mort de son fils Gaston, médecin lui aussi, : «Mon pauvre Gaston qui dort sous les sables ou les cailloux de quelque djebel algérien.»

Le Coeur a refusé de racheter le numéro de son fils qui le contraignait à être enrôlé : «Gaston est mort parce que je n’ai pas été capable de sacrifier mon opinion à son destin.»



La confrontation entre les échanges épistolaires et le journal offre des éclairages différents sur les mêmes événements, permettant de mesurer ce que pense le docteur Le Coeur et ce qu’il en dit à son collègue Rochambaud.

Le Coeur a été formé à ce métier dès le plus jeune âge, adolescent, il suivait son père médecin lui-même,

Rochambaud lui est médecin par défaut.

L’échange entre les deux hommes (15 février 1859 - 28 juin 1859 ; Solferino ayant eu lieu le 24 juin) concerne essentiellement la situation d’un jeune de Rapilly, Brutus Delicieux, dont les parents sont fermiers des Durant, de riches propriétaires. Le fils de ce dernier a payé Brutus pour prendre sa place dans la conscription.

«Brutus en prenant le numéro du sieur Durant a vraiment sauvé sa famille de la ruine.»

«Les parents Délicieux demeurent à Bazoches-au-Houlme, dans la dernière ferme du village sur la route de Falaise.»

Le jeune Brutus est amoureux de Louise, la fille du patron de l’auberge «(...) Au chien qui fume, au lieu dit le Détroit.» Le père Bayard est un monstre qui considère sa fille comme sa chose.

«Depuis plus de dix ans, le père de Louise abuse d’elle et la vend aux clients de passage Au chien qui fume.»



Ces lettres révèlent les pratiques des familles paysannes en matière d’éducation. La soeur de Brutus, Françoise est jugée trop libre de caractère : «Elle a, je crois, hérité des compositions de ton grand-père, ces dispositions qui semblent celles d’un heureux et viril caractère quand on les regarde de loin et qui indisposent chacun quand elles surviennent dans le sein de la famille.», elle ira au couvent : «la mère supérieures a accepté de la prendre, même sans dot. Si tout va bien elle prononcera ses voeux l’année prochaine et en attendant restera au couvent.»

L’autre soeur, Marguerite épousera le fils Durant avec en dot «(...) le champ de Bourdeuil qui est mitoyen au bois des Flagues.»



Les deux hommes abordent librement entre eux la question de leur sexualité :

«Le nécessaire exutoire de ma virilité fut de conjugaisons stipendiées et abritées par des maisons réservées. Jusqu’à présent, mon ardeur n’a jamais eu les moyens de se contenter d’une seule amante, et il me fallait aller de corps en corps pour tenter d’épuiser ma singulière vigueur.» dit le colonel Rochambaud.

«Nous sommes tous ainsi dominés par notre sexe. Pourtant nous autres médecins devrions être indemnes de cette gourmandise insatiable que nous constatons si bine chez les autres, mais point ! Ce qui s’impose alors est si violent que l’esprit en est tout submergé.», écrit Le Coeur dans son journal.



Il y avoue par ailleurs ses relations avec plusieurs patientes :

«Il est à Condé une certaine veuve, Colette de Framon, un peu plus jeune que moi. Je la suis plus pour sa conversation que pour ses maux.»

«Je sentis ses doigts se promener dans mes cheveux. Nous sommes ainsi passés d’un acte qui se voulait méthodique à une douce intimité.»



«Je suis descendu à l’Hôtel du Lion. Marguerite Renoir, la veuve de l’ancien propriétaire, est une femme que je connais un peu.»

«Le lendemain, après un sommeil de plomb, j’ai été étonné de découvrir cette femme nue dans mes draps, sa chevelure rousse répandue sur l’oreiller.»



«Madame Vernaison a blanchi de toute son infection. (...) Contre mon habitude, je l’ai ausculté sans autre témoin et maintenant qu’elle est guérie, j’ai découvert un certain charme à ses intimités.»



Le Coeur est un honnête homme, intègre et scrupuleux :

«Quelquefois je me demande si je vaux tellement mieux que le sorcier de la forêt-d’Auvray que je traite. il prétend soigner les fluxions et les inflammations à l’aide de décoctions ignobles qu’il administre avec force Ave et Notre-Père à ses fidèles,(...)»

«Je me suis arrêté à la forêt-d’Auvray chez mon sorcier et, (...)nous avons éclusé un ou deux litres de calva jusqu'à la nuit.»

Il tient à son rôle social, et rend compte de son activité de façon précise :

«Jour d’examen et de marché. Trois poules et deux jambons.»

«Mercredi, consultation et marché. Dix clients, trois chapons, un lapin, le tout vivant, Dix sous.»

Il livre à son journal son bilan financier et patrimonial, les revenus des ses trois fermes, de ses deux coupes de bois de Mayange, la rémunération de ses activités médicales financées par le département, et celle de son activité médicale privée :

«(...) ce qui fait que je vois à peu près mille patients réguliers. La moyenne de mon revenu d’examen est donc d’un franc cinquante par acte. Si je n’avais que ma pratique (...) je ne sais si j’aurais pu soigner gratis les indigents et élever mes enfants.»

Il confie à son journal les contraintes et le limites des connaissances scientifiques et les difficultés d’approvisionnement des zones éloignées de la ville, en remèdes :

«Ce matin, le courrier m’a apporté la fiole d’essence virginale de Catinée que j’avais commandé voilà trois mois. Le remède arrive un peut tard ; le patient est mort voici dix jours.»

Son travail est sans cesse remis en cause par l’obscurantisme et la naïveté des populations qu’il soigne :

«Malheureusement, une trop grande hâte dans l’introduction de nouvelles habitudes entraîne souvent un retrait de l’instruction. (...) ce qui avait demandé des années d’effort(...)se trouve rejeté à un état pire que le précédent. Et l’on voit les sorciers, les thaumaturges et les prêtres rattraper en un seul moment tout le terrain que nous leur avions arraché.»

Il s’efforce de convaincre son fermier «(...) d’adopter des mesures d’hygiène à la pointe de la modernité, ce qu’il considère comme une illumination de ma part par laquelle il lui faut bien passer ; d’ailleurs il m’en laisse toute la féminité supposée. Pourtant, notre lait tourne moins rapidement, notre beurre rancit plus tard et nos fromages ne s’en trouvent pas plus mal.»

«(...) et depuis une semaine, il avale au réveil à jeun un gran verre d’urien de jeune fille vierge.»

Le Coeur est lucide sur la religion et les prêtres :

«Si mettre une soutane ouvrait une communication directe avec le Bien, tous ceux qui se prétendent hommes de Dieu, auraient depuis longtemps éradiqué la terrible misère dans laquelle se trouvent les humains.»

Cela ne l’empêche pas d’apprécier l’abbé Bucard, le curé de Taillebois :

«j’ai de la sympathie pour cet homme tant qu’il ne tente pas de me convertir ou de prêcher.»

Il n’en va pas de même en ce qui concerne l’abbé Rouvre qui ne recueille pas non plus les grâces de Bucard :

«La médisance est un péché véniel qui se substitue fort bien aux passions tristes comme la colère ou la jalousie, surtout quand elle s’attache à des personnes qui y prêtent si évidemment le flanc que l’injustice serait de ne pas s’y adonner.»

Si Le Coeur est un homme public, il s’est engagé pour servir ce qu’il croit juste et fondé, la possibilité pour lui d’apporter ses connaissances à une population qui ne peut se permettre de payer des honoraires. Pour cela, il rétablit, selon ses propres critères, un équilibre entre les riches et les pauvres de sa clientèle.

«Lorsque j’avais décidé à la mort de mon père, de m’impliquer dans la vie publique, j’en voyais plus les honneurs que les astreintes. Les fonctions qui me sont échues m’ont apporté une certaine notoriété, et même une accroissement de ma clientèle parmi les notables de la région. S’il me faut soigner les indigents en raison de leurs moyens, il est utile d’avoir cette classe de patients bien nourris et sans surprise, qui languissent de pléthore et son capables de débourser pour ceux qui ne le peuvent.»

Il accepte des charges peu rémunérées mais permettant d’accroitre sa notoriété.

«Demain donc je préside le conseil de révision à Caen»

Il assure le suivi médical des prostituées de deux établissements réservés :

«Le surplus, plus secret, c’est la fréquentation des tolérances et, à chaque fois, un risque réitéré de voir se propager les maladies, que ce soit à la maison Duchâtel, consignée à la troupe mais non aux officiers, ou à la maison Fernier, ouverte à tous sur instruction de Fortier qui tente, autant que faire se peut de maintenir le calme dans sa ville.»



Il fait preuve d’un lucidité extrême sur sa place parmi les notables et les politiques :

«Les politiques, eux, imaginent que je suis un homme sans conviction. Les idéologies baroques dont ils marquent leurs ambitions détraquées, leur goût de la breloque et des honneurs me laissent froid, c’est vrai. Il est tout aussi exact que je regarde avec effroi leur esprit de système, leurs fantasmes d’ordre et les moyens démesurés que leurs stratégies s’y procurent.»

Sa pratique médicale, sa volonté de généraliser la vaccination dans son canton, le font remarquer des politiques qui l’utilisent pour briller auprès de la représentation nationale et le font nommer au sein d’une commission chargée par «L’Empereur (...) d’étudier les mesures à prendre pour le cas où se renouvellerait une épidémie comme celle de 1855, (...)»

«La présidence de cette commission était assurée par Alfred Velpeau et ses deux inséparables Pierre Bretonneau et Armand trousseau, appelés par les autres «la bande des Tourangeaux.»

Il arrive au sommet, «Au courrier, j’ai trouvé une copie du décret, signé de l’Empereur, qui me faisait membre de l’Académie de Médecine et commandeur de la Légion d’honneur.», mais n’en tire aucune gloire, d’autant plus qu’il constate que sa pratique et sa vie privée sont sous surveillance :

«Ce n’est que sur le chemin du retour que j’ai compris le sens de tout cela : une aimable démonstration de force. Soyez avec nous et vous aurez tout ce que vous désirez, soyez contre nous et nous vous briserons. Je n’imaginais pas avoir tant d’importance dans le canton.»

Le roman de Vitor Cohen Hadria écrit au XXIème siècle, se déroule en 1859 et fait référence à une période allant de 1815 à 1859. Il propose un contrepoint précieux et étonnant aux romans du XIXème, que ce soit la comédie Humaine de Balzac, ou les Rougon-Macquart de Zola.

Le personnage de JB Le Coeur, un médecin éclairé qui exerce au profit des indigents et des sans grades, se démarque des personnages souvent roués et tortueux qui émaillent les deux oeuvres citées. Il rappelle par le contexte, le sujet et les personnages, le roman de Balzac, Le médecin de campagne, écrit en 1834.

Le roman est crédible et bien documenté. Il décortique avec talent les relations sociales complexes entre les tenants d’un pouvoir fort mais frileux et les tenants d’une libéralisation de la société, défenseurs du progrès économique et du développement de politiques tournées vers l’amélioration des conditions de vie de la population.

le roman montre parfaitement le dilemme d’un homme qui se démarque de ses origines sociales dans une société où les classes les plus favorisées sont peu enclines à le faire.

Ce roman est à lire absolument.





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Les trois saisons de la rage

Oh! quel magnifique moment de lecture.

Dans la France des années 1860, le serment d'Hippocrate vécu au jour le jour par un médecin de campagne, entre des croyances tenaces, l'obscurantisme des curés et une hygiène à ses balbutiements, le Docteur le Coeur se bat pour sauver les corps envers et contre tout.





Une découverte de la médecine qui progresse avec vigueur, vaccinations, hygiène...Et parallèlement celle de la chirurgie, que l'on suit à travers une correspondance de deux anciens internes, et amis, l'un est au front en Italie l'autre dans la campagne Normande.





Pour rendre la fiction plaisante à suivre, notre médecin livre une joute amicale parfois cruelle avec deux curés , l'un ne voyant dans les guérisons que la main de Dieu, quand l'autre voit dans l'adultère l'origine des maladies les plus diverses qui frappent le diocèse.





Dialogues savoureux, où le plus calotin finit par accepter d'aller à la maison close muni d'une ordonnance médicale, pour soigner ses hallucinations.



Quant aux pratiques, largement répandues chez les chrétiens et auprès des villageois non pratiquants, ils se rendaient chez le médecin en dernier recours, car on ne sait jamais. Les rebouteux, les faiseuses d'anges, les guérisseurs, captaient l'inquiétude des malades.



"Évidemment les vers sont toujours là". constate le Cœur page 351, il poursuit, "Je lui ai demandé à qui il s'était adressé pour ses remèdes, il m'a cité le forgeron de Champcerie, La mère Caillotte qui s'occupe du ménage du curé, et Flambard, un Charretier de Pierrefite. Il a ajouté que deux prêtres n'avaient pas répugné à dire des prières", dans l'espoir d'une guérison biblique.





Humour et perfidie se conjuguent dans la vie du médecin le Cœur, car avec ses amies, souvent aristocrates après des ébats oh combien enthousiastes, il se fait lui aussi éconduire comme un simple laquais!





Nous voila un peu avec du Maupassant très anticlérical, sachant faire feu de tout pour mener le progrès de la médecine jusque chez les rebouteux.

Une très belle prose, drôle souvent, moderne aussi parfois, et d'une très grande rigueur de style.



Encore une perle restée coincée dans les bassins ostréicoles

d'Albin ou de Michel.



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Les trois saisons de la rage

Ce livre a pour trame principale le journal intime d'un médecin de campagne normand, de janvier à juin 1859.

Un qui ne compte ni son temps ni son argent pour soigner les habitants de sa région, qu'ils soient paysans, hobereaux, tenanciers de maison close ou artisans.

Avec du coeur pour ses malades, une aversion certaine pour toutes les manigances politiques autour de Napoléon III, et une lutte sans cesse renouvelée contre les superstitions et les traditions des paysans de l'époque, malmenés dans leur vie quotidienne, et maltraitants eux-même. Tout y passe: viols, inceste, sorts jetés et exorcismes, femmes épuisées par leurs grossesses successives (quand elles ne meurent pas en couches), hygiène déplorable parce qu'on pense que la crasse isole des maladies, influence excessive du clergé, et maladies non traitées parce que sans remède à l'époque: la tuberculose, la vérole, et autres joyeusetés...

C'est l'époque où un fils de notable qui a tiré un mauvais numéro pour la conscription, peut payer un jeune paysan pour aller risquer de mourir à sa place pendant 5 ans.

C'est l'époque où un homme quand on l'avertit que sa femme enceinte pour la troisième fois en deux ans de mariage risque de ne pas supporter tous ces accouchements en si peu de temps, répond quelque chose du genre: Pas grave, j'en choisirai une autre.

Ce roman nous décrit tout cela de façon à la fois violente et compatissante. Il y a une grande humanité chez ce médecin, en dépit de ses faiblesses et de ses erreurs.

Et malgré quelques longueurs dans la deuxième partie, cela reste un roman très fort qui vaut d'être lu.





Challenge des 50 objets 2021-2022
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Les trois saisons de la rage

J'ai dévoré ce livre. Superbement bien écrit, dans une langue riche et précise. Si j'en avais le temps, j'en sortirais plein de citations, tant il y a de passages que j'ai eu envie de relire deux fois, trois fois, tellement l'idée qu'ils portaient était pleine de vérité. On y apprend beaucoup de choses sur la société du Second Empire, sur les paysans, les notables. Sur la médecine aussi et le constat d'impuissance face à la maladie, à la mort ou aux superstitions. Mais on y apprend aussi beaucoup sur l'être humain ...
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Les trois saisons de la rage

Un vrai bonheur ! Un petit pavé qui se dévore en moins de deux. L’histoire du docteur Le Cœur, médecin de campagne qui passe son temps à parcourir la campagne normande. De consultation en consultation, il consigne chacune de ses rencontres dans un journal intime où se mêlent et se rencontrent différentes intrigues et autres personnages. Des histoires de cœur et de corps, qui révèlent une médecine encore dans un stade de balbutiement, une médecine contrainte souvent de composer avec les superstitions. La langue est superbement classique. On en oublie que le texte a été écrit récemment, très récemment.
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Les trois saisons de la rage

Ce livre a été un très grand moment de lecture en effet, j’ai vraiment aimé l’histoire, les personnages, l’époque ; tout y est ! L’histoire ? Ce livre décrit la vie d’un médecin de campagne dans la deuxième partie du XIXème siècle, ses relations complexes qu’il a avec ses malades, sa vue de la médecine, ses obligations à la « grande ville » et ses idées quant à la guerre entre autres.



La force de ce roman, c’est le médecin. C’est le personnage principal du livre : un personnage fort en émotions, attendrissant, respecté, respectueux et un homme foncièrement bon. En plus d’être moderne pour son époque, il croit en l’ « homme ». Ce médecin malgré les croyances et superstitions de ces patients, ne les juge en aucun cas et s’évertue à les soigner et à leur prodiguer des soins mais jamais contre leur avis. Il fait des kilomètres tous les jours pour aller les soigner, il est tout le temps sur le chemin. Une de ces connaissances n’est autre que le « sorcier » du village avec qui quelque fois il échange quelques avis sur leurs patients communs ! Cet homme est fort moralement mais reste un homme avec ses faiblesses et ses besoins… C’est difficile d’en dire plus sans dévoiler l’histoire.



Un autre côté intéressant de ce livre est de voir comment on soignait à l’époque et même si c’est une période où on a fait beaucoup de progrès, mais les saignements sont encore d’actualité… Les opérations commencent à faire leur apparition, mais c’est intéressant de voir les réticences qu’ont les patients à y avoir recours (en même temps, on peut les comprendre l'anesthésie n'en est qu'à ses balbutiements...), certains refusent tout simplement et mettent leur vie en danger en refusant les soins. Et enfin, les diverses herbes ont un rôle très important et font partie intégrante de la trousse à pharmacie à cette époque.



Le troisième volet qui mérite le détour est la construction du livre assez atypique et permet, d’apporter des points de vue différents de l’histoire. Tout d’abord un premier paragraphe décrit une jeune femme dont nous ne savons pas grand-chose. Ensuite nous avons un roman épistolaire assez drôle entre notre médecin et un militaire - je ne vous en dis pas plus-. Puis suit le journal de notre médecin - partie la plus longue mais aussi pour moi la plus instructive et intéressante - . Et finalement nous retrouvons la jeune femme du début du livre.



Enfin bon, tout cela pour dire que c’est un grand livre, passionnant et instructif ; on ne s’ennuie pas une minute.
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Les trois saisons de la rage

Un livre du genre roman régionaliste qui raconte la vie d’un médecin rural dans le nord-ouest de la France du XIXe siècle. Un thème sur la vie et sur la force morale dans une société campagnarde. Le protagoniste est un médecin d’environ cinquante ans qui est près de sa retraite. Il vit seule, bien qu’une bonne habite chez lui qui prend soin du ménage. Il fait son boulot, il reçoit des patients chez lui et il rend visite à des malades tout en analysant ses observations et ses sentiments. Ses patients sont surtout des paysans très pauvres. Il raconte ses « aventures galantes et professionnelles » dans un journal.

Bien que les affaires amoureuses soient pertinentes du thème de l’histoire de « Trois saisons de la rage », je ne les trouve pas très piquantes. En effet, c’est la même chose pour les pensées du médecin sur la rage, sur les motivations et les envies des hommes. Quoique tous ces sujets soient très importants pour le livre, j’aime plus la description des événements quotidiens. Ce sont les descriptions de la vie rurale, les portraits des paysans pauvres, les exposés sur les conditions misérables des gens et des femmes particulièrement, que j’estime beaucoup plus captivants.

Le livre offre une histoire simple mais captivante avec une fin fortement surprenante. C’est seulement un peu plus tard que j’ai compris cette fin. Je dois avouer que, d’abord, je n’ai pas compris pourquoi le livre a dû finir comme ça, bien qu’on trouve après coup des indications et des suggestions que l’histoire pourrait avoir une fin inattendue. Donc, c’est pour moi vraiment un très bon livre qui a gagné le Prix des libraires en 2011.
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Les trois saisons de la rage

La première partie est composée de la correspondance entre un médecin de campagne, le Docteur Le Coeur, et un médecin engagé dans la campagne d'Italie de Napoléon III.



Les deux hommes sont en premier lieu les messagers de deux jeunes amoureux séparés par la guerrre mais peu à peu ils commencent à échanger sur leur quotidien professionnel et personnel.



La deuxième partie est dédiée au journal du Docteur Le Coeur.

Les épidémies, les grossesses, les histoires de famille, les drames... tout ce qui compose son quotidien, il le consigne soigneusement dans son journal. Ainsi, il dépeint avec beaucoup de réalisme et de sensibilité la vie de cette campagne normande au XIXe siècle.



La troisième partie, je ne peux rien en dire...



Mon avis :

Mais qu'est ce qu'il m'arrive ?



Ce roman combinait tous les ingrédients que j'adore : un peu de XIXe siècle, une chronique sociale, une histoire de la médecine, une belle plume... et je n'ai finalement pas accroché.
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Les trois saisons de la rage

Lu dans le cadre du prix Livre de poche 2012 et j'en ressors mitigée. J'ai été emballée au début, puis passé les 300 premières pages j'ai commencé à trouver cela un peu long, et mise à part les quelques évènements qui s'ajoutent pour un temps à l'histoire, on a vite l'impression de lire souvent la même chose.

Sans compter que pour ma part, j'ai trouvé le personnage parfois trop humain ou trop crétin (ça dépend comment on voit les choses) du coup je dois dire que le livre a perdu un peu plus de son charme. Cela dit comme la fin sonne un peu comme une terrible ironie du destin, je ne suis pas mécontente de cette lecture. Bon on va me dire que je suis horrible avec ce que je viens de dire, mais j'y vois une certaine leçon dans cette fin, donc...

En résumé à lire si l'envie vous vient sinon ben tant pis.



http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2012/05/21/24313952.html
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Les trois saisons de la rage

Ce roman est un véritable bijou!

Tant par la forme que par le fond, l'auteur met son incroyable talent au service d'une profonde et riche peinture de l'humain, dans la vie et face à la mort. On rit, on pleure, on frémit de plaisir à la lecture de ces pages! Parallèlement à la fatalité de la mort, inéluctable, ce roman célèbre la vie et ses bonheurs.

Une fois commencé, il vous emporte dans un vent d'émotions et de réflexion, et on voudrait que cela n'en finisse pas...

Mais on n'en finit pas, de cette rage de vivre et d'aimer!
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Les trois saisons de la rage

Un petit trésor de littérature qui nous parle de la vie ; celle des gens du peuple, des gens de biens, des gens de droit dans la campagne normande au milieu du XIXème siècle.

Les mots chantent la vie, hurlent la haine, pleurent la douleur, peignent l'amour dans ce roman plein de tendresse et de profondeur. L'auteur utilise un vocabulaire riche pour nous transmettre une petite part de notre histoire à tous et ce, à travers le journal d'un médecin de campagne. Histoire de nos ancêtres qui des villes ou des champs vivaient entre sciences nouvelles et anciennes croyances, entre vie de châteaux et vie de masures et où la bonté un peu naïve des uns côtoyait la cupidité et l’âpreté des autres.

Un premier roman vrai, riche, captivant et tellement « humain ».
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Les trois saisons de la rage

Ce livre comporte deux parties, la rage de vivre, la rage d'aimer et .... je m'attendais à avoir une troisième saison de la rage comme le dit le titre, une subtilité a du m'échapper.



J'ai bien aimé la première partie qui est composée de lettres d'un paysan à sa famille et leurs réponses ainsi que la correspondance des deux médecins qui servent d'intermédiaire, tout ceci se passe pendant la campagne d'Italie en 1859. Cette partie qui est 'la rage de vivre' est très intéressante, bien rythmée et j'étais donc très optimiste pour la suite.



La deuxième partie, 'la rage d'aimer', relate le journal de l'un des deux médecins, celui qui est médecin de campagne en Normandie. J'ai aimé découvrir ses journées, ses visites dans les familles des alentours, son travail de recherches scientifiques. Il est veuf et au gré de ses visites, il fait aussi des rencontres galantes car il est clair qu'il est en manque de ce côté-là.

Après avoir lu une centaine de pages de cette deuxième partie, j'ai trouvé que ça tournait en rond et que c'était toujours pareil : les visites et entre deux, hop, une petite visite galante, et on recommence. Je me suis lassée et pourtant c'est bien écrit. J'ai quand même lu la fin vite fait pour connaître la chute de ce qui était annoncé dans le prologue, mais je n'étais vraiment plus dans l'histoire et j'avais hâte de passer à autre chose.



Je vais avoir bien du mal à voter ce mois-ci pour le prix des lecteurs du Livre de Poche, il va pourtant bien falloir que je fasse un choix et malgré tout je pense que ce sera celui-ci mais sans enthousiasme.
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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Les trois saisons de la rage

J’ai été complètement séduite par ce livre étonnant et je sais que je ne serai pas toute seule à l’apprécier. Je l’ai absolument dévoré sans jamais me lasser.

Le roman est particulièrement bien construit, et permet de revisiter la société du 3° empire. Il est vrai que, comme nous sommes dans la société rurale normande, on pense souvent, ainsi que le dit la 4° de couverture, à Maupassant.

Dans la première partie nous suivons les troupes impériales en Italie avec toutes les horreurs de la guerre et l’injustice de la conscription.

Se mettre dans la peau d’un médecin, cela permet un tour d’horizon assez complet sur la société du temps : la médecine militaire plonge le lecteur dans la réalité historique, puis on voit le début du modernisme avec la science médicale qui commence à s’installer, on rentre dans toutes les maisons et on voit de près la misère et la mesquinerie des uns et des autres.

Comme ce qui se passe dans la vie, les histoires sont touchantes, révoltantes, émouvantes.

Il y a une foule de personnages, mais le roman est bien fait et on s’y retrouve assez vite. Ce qui m’a le plus intéressé ce sont les réflexions sur le sens de la vie. Une profonde humanité se dégage de ce livre qui correspond certainement plus à nos valeurs d’aujourd’hui qu’à celle d’un médecin de 1859 mais peu importe ou au contraire c’est la raison pour laquelle ce llivre m’a tant plu..

Les conversations entre le guérisseur sorcier, les deux prêtres, et le médecin athées permettent de faire revivre l’ensemble des opinions du temps.

Victor Cohen Hadria raconte bien l’amour : les sentiments et la réalité physique. Le docteur Le Cœur veuf qui a aimé sa femme a encore besoin de présence féminine à ses côté, il y a de beaux passages à ce propos, jamais choquants mais très humains : du Maupassant !!


Lien : http://luocine.over-blog.com/
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Les trois saisons de la rage

Une réussite, autant au niveau de la reconstitution de cette période de la France provinciale comme celle de la description des savoirs et pouvoirs de la médecine de cette époque. Et comme s'il n'était pas assez d'être un excellent transcripteur d'événements et de moeurs, Victor Cohen Hadria a littéralement épousé l'écriture magnifique du 19ème siècle pour nous faire suivre et aimer la vie de ce médecin éclairé, libre-penseur et sensuel mais surtout profondément humaniste.
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Les trois saisons de la rage

Un excellent moment de lecture : on plonge dans le quotidien, parfois très prosaïque (et très détaillé) d’un médecin de campagne au siècle passé (en 1859, il y a quasi 2 siècles en fait). On découvre des paysans tiraillés entre le curé, le rebouteux et en dernier recours, le médecin. La médecine sociale : si notre bon docteur peut se permettre de soigner gratuitement ses patients indigents (et c’est sa 1re vocation), c’est parce qu’il a du bien. Les progrès de la médecine, de la vaccination… La société française et ses nouvelles élites d’après la Révolution. En arrière-fond la guerre menée par Napoléon 3 en Italie… Tout ça dans une langue qui donne l’impression d’être authentiquement d’époque. Roman épistolaire dans la 1re partie, journal intime dans la seconde, le livre est à la fois très bien documenté et passionnant. Je n’ai deviné la fin qu’en tournant la dernière page, je n’en dirai pas plus…
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Les trois saisons de la rage

J’ai adoré ce livre, pleins de vérités. Des citations proches de nos sentiments.

Un médecin de campagne en plein 19ème siècle connait presque tout des corps de ses clients et s’il leur annonce la vérité, il ne les juge pas de leur choix, ne les pousse pas dans une voie. La seule incitation de sa part c’est de prendre un abonnement, pour ainsi être sûr de prévenir la maladie. Il aimerait tant que l’hygiène soit de mise. Il étudie, écrit un essai de façon acharné sur la rage. Il veut oublier sa femme qu’il a aimée et est décédée. Il reste un homme plein de tendresse, de sagesse et s’évertue à garder une analyse critique devant la main mise de la religion sur les paroissiens qui sont aussi ses clients.

Nous suivons son périple de notable qui se retrouve l’écrivain d’une famille de paysan. Leur fils est parti à la guerre à la place du fils d’un riche propriétaire contre de l’argent. On assiste d’abord à un échange épistolaire entre le médecin des champs de bataille qui écrit pour le jeune soldat, et le médecin de campagne. Puis tout prend forme et on se passionne pour ce médecin qui reste humble, gentil, toujours présent et serviable quelque soit l’heure.

Un roman passionnant de la condition des hommes et surtout des relations hommes-femmes de l’époque dans les campagnes.

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