AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Victor Hugo (8662)


Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper.
Commenter  J’apprécie          00
L'oeil de l'homme est une fenêtre par laquelle on voit les pensées qui vont et viennent dans sa tête.
Commenter  J’apprécie          10
Les canards et les poules jasent sur le chemin, on entend des chants de bateliers sur la rivière ; de fraîches jeunes filles, les bras nus jusqu'à l'épaule, passent avec des paniers chargés d'herbe sur leurs têtes, et de temps en temps un cimetière de village vient coudoyer mélancoliquement cette route pleine de joie, de lumière et de vie.

- Lettre VI, Les bords de la Meuse, Dinant, Namur -
Commenter  J’apprécie          00
De toutes parts débordent les houblonnières, les vergers, les arbres qui ont plus de fruits que de feuilles, les pruniers violets, les pommiers rouges, et à chaque instant apparaissent par touffes énormes les grappes écarlates du sorbier des oiseaux, ce corail végétal.

-Lettre VI, Les bords de la Meuse, Dinant, Namur-
Commenter  J’apprécie          00
Après Dinant, la vallée s'ouvre, la Meuse s'élargit ; on distingue sur deux croupes lointaines de la rive droite deux châteaux en ruine ; puis la vallée s'évase encore, les rochers n'apparaissent plus que çà et là sous de riches caparaçons de verdure ; une housse de velours vert, brodée de fleurs, couvre tout le paysage.

- Lettre VI, Les bords de la Meuse, Dinant, Namur -
Commenter  J’apprécie          00
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
Commenter  J’apprécie          146
Victor Hugo
« Les mots sont les passants mystérieux de l’âme » (Victor Hugo)


Il y a ces mots que l’on ne veut entendre

Pour tous ces maux que l’on ne souhaite comprendre…

Car ces mots nous font admettre

Tous ces maux qui traduisent un possible mal être…



Il y a en chaque mot le symbole de nos maux

Pour nous libérer d’un fardeau…

Tous ces maux qui prennent sens au travers de ces mots

Pour mieux accepter ce renouveau…



Il y a ces mots qui nous bouleversent

Pour oublier nos maux avec allégresse…

Ces mots qui nous font prendre conscience

Que ces maux ne sont qu’une expérience…



Il y a ces mots qui nous délivrent

Pour apaiser ces maux et nous permettre de vivre…

Ces mots et ces maux qui nous font être

Et ne plus seulement paraître…
Commenter  J’apprécie          294
“Il pouvait beaucoup pour les malheureux. Il les faisait rire. Et, nous l’avons dit, faire rire, c’est faire oublier”
Commenter  J’apprécie          390
Qu’on se représente maintenant cette immense salle oblongue, éclairée de la clarté blafarde d’un jour de janvier, envahie par une foule bariolée et bruyante qui dérive le long des murs et tournoie autour des sept piliers, et l’on aura déjà une idée confuse de l’ensemble du tableau dont nous allons essayer d’indiquer plus précisément les curieux détails.

Il est certain que, si Ravaillac n’avait point assassiné Henri IV, il n’y aurait point eu de pièces du procès de Ravaillac déposées au greffe du Palais de Justice ; point de complices intéressés à faire disparaître lesdites pièces ; partant, point d’incendiaires obligés, faute de meilleur moyen, à brûler le greffe pour brûler les pièces, et à brûler le Palais de Justice pour brûler le greffe ; par conséquent enfin, point d’incendie de 1618. Le vieux Palais serait encore debout avec sa vieille grand’salle ; je pourrais dire au lecteur : Allez la voir ; et nous serions ainsi dispensés tous deux, moi d’en faire, lui d’en lire une description telle quelle. — Ce qui prouve cette vérité neuve : que les grands événements ont des suites incalculables.

Il est vrai qu’il serait fort possible d’abord que Ravaillac n’eût pas de complices, ensuite que ses complices, si par hasard il en avait, ne fussent pour rien dans l’incendie de 1618. Il en existe deux autres explications très plausibles. Premièrement, la grande étoile enflammée, large d’un pied, haute d’une coudée, qui tomba, comme chacun sait, du ciel sur le Palais, le 7 mars après minuit. Deuxièmement, le quatrain de Théophile :

Certes, ce fut un triste jeu
Quand à Paris dame Justice,
Pour avoir mangé trop d’épice,
Se mit tout le palais en feu.
Commenter  J’apprécie          20
Le vieillard laissa disparaître Halmalo, puis serra son manteau de mer autour de lui, et se mit en marche. Il cheminait à pas lents, pensif. Il se dirigeait vers Huisnes, pendant que Halmalo s’en allait vers Beauvoir.

Derrière lui se dressait, énorme triangle noir, avec sa tiare de cathédrale et sa cuirasse de forteresse, avec ses deux grosses tours du levant, l’une ronde, l’autre carrée, qui aident la montagne à porter le poids de l’église et du village, le mont Saint-Michel, qui est à l’océan ce que Chéops est au désert.

Les sables mouvants de la baie du mont Saint-Michel déplacent insensiblement leurs dunes. Il y avait à cette époque entre Huisnes et Ardevon une dune très haute, effacée aujourd’hui. Cette dune, qu’un coup d’équinoxe a nivelée, avait cette rareté d’être ancienne et de porter à son sommet une pierre milliaire érigée au douzième siècle en commémoration du concile tenu à Avranches contre les assassins de saint Thomas de Cantorbéry. Du haut de cette dune on découvrait tout le pays, et l’on pouvait s’orienter.

Le vieillard marcha vers cette dune et y monta.
Commenter  J’apprécie          10
Nous venons de dire que Quasimodo avait disparu de Notre-Dame le jour de la mort de l’égyptienne et de l’archidiacre. On ne le revit plus en effet, on ne sut ce qu’il était devenu.

Dans la nuit qui suivit le supplice de la Esmeralda, les gens des basses œuvres avaient détaché son corps du gibet et l’avaient porté, selon l’usage, dans la cave de Montfaucon.

Montfaucon était, comme dit Sauval, « le plus ancien et le plus superbe gibet du Royaume ». Entre les faubourgs du Temple et de Saint-Martin, à environ cent soixante toises des murailles de Paris, à quelques portées d’arbalète de la Courtille, on voyait au sommet d’une éminence douce, insensible, assez élevée pour être aperçue de quelques lieues à la ronde, un édifice de forme étrange, qui ressemblait assez à un cromlech celtique, et où il se faisait aussi des sacrifices humains.

Qu’on se figure, au couronnement d’une butte de plâtre, un gros parallélépipède de maçonnerie, haut de quinze pieds, large de trente, long de quarante, avec une porte, une rampe extérieure et une plate-forme ; sur cette plate-forme seize énormes piliers de pierre brute, debout, hauts de trente pieds, disposés en colonnade autour de trois des quatre côtés du massif qui les supporte, liés entre eux à leur sommet par de fortes poutres où pendent des chaînes d’intervalle en intervalle ; à toutes ces chaînes, des squelettes ; aux alentours dans la plaine, une croix de pierre et deux gibets de second ordre qui semblent pousser de bouture autour de la fourche centrale ; au-dessus de tout cela, dans le ciel, un vol perpétuel de corbeaux. Voilà Montfaucon.
Commenter  J’apprécie          10
Il y a quelques années qu’en visitant, ou, pour mieux dire, en furetant Notre-Dame, l’auteur de ce livre trouva, dans un recoin obscur de l’une des tours, ce mot gravé à la main sur le mur :

ἈΝΆΓΚΗ.
Ces majuscules grecques, noires de vétusté et assez profondément entaillées dans la pierre, je ne sais quels signes propres à la calligraphie gothique empreints dans leurs formes et dans leurs attitudes, comme pour révéler que c’était une main du moyen-âge qui les avait écrites là, surtout le sens lugubre et fatal qu’elles renferment, frappèrent vivement l’auteur.

Il se demanda, il chercha à deviner quelle pouvait être l’âme en peine qui n’avait pas voulu quitter ce monde sans laisser ce stigmate de crime ou de malheur au front de la vieille église.

Depuis, on a badigeonné ou gratté (je ne sais plus lequel) le mur, et l’inscription a disparu. Car c’est ainsi qu’on agit depuis tantôt deux cents ans avec les merveilleuses églises du moyen-âge. Les mutilations leur viennent de toutes parts, du dedans comme du dehors. Le prêtre les badigeonne, l’architecte les gratte, puis le peuple survient, qui les démolit.

Ainsi, hormis le fragile souvenir que lui consacre ici l’auteur de ce livre, il ne reste plus rien aujourd’hui du mot mystérieux gravé dans la sombre tour de Notre-Dame, rien de la destinée inconnue qu’il résumait si mélancoliquement. L’homme qui a écrit ce mot sur ce mur s’est effacé, il y a plusieurs siècles, du milieu des générations, le mot s’est à son tour effacé du mur de l’église, l’église elle-même s’effacera bientôt peut-être de la terre.

C’est sur ce mot qu’on a fait ce livre
Commenter  J’apprécie          10
De l’hôtel de ville !… — Ainsi j’y suis. Le trajet exécrable est fait. La place est là, et au-dessous de la fenêtre l’horrible peuple qui aboie, et m’attend, et rit.

J’ai eu beau me roidir, beau me crisper, le cœur m’a failli. Quand j’ai vu au-dessus des têtes ces deux bras rouges, avec leur triangle noir au bout, dressés entre les deux lanternes du quai, le cœur m’a failli. J’ai demandé à faire une dernière déclaration. On m’a déposé ici, et l’on est allé chercher quelque procureur du roi. Je l’attends, c’est toujours cela de gagné.

Voici :

Trois heures sonnaient, on est venu m’avertir qu’il était temps. J’ai tremblé, comme si j’eusse pensé à autre chose depuis six heures, depuis six semaines, depuis six mois. Cela m’a fait l’effet de quelque chose d’inattendu.

Ils m’ont fait traverser leurs corridors et descendre leurs escaliers. Ils m’ont poussé entre deux guichets du rez-de-chaussée, salle sombre, étroite, voûtée, à peine éclairée d’un jour de pluie et de brouillard. Une chaise était au milieu. Ils m’ont dit de m’asseoir ; je me suis assis.

Il y avait près de la porte et le long des murs quelques personnes debout, outre le prêtre et les gendarmes, et il y avait aussi trois hommes.

Le premier, le plus grand, le plus vieux, était gras et avait la face rouge. Il portait une redingote et un chapeau à trois cornes déformé. C’était lui.

C’était le bourreau, le valet de la guillotine. Les deux autres étaient ses valets, à lui.

À peine assis, les deux autres se sont approchés de moi, par derrière, comme des chats ; puis tout à coup j’ai senti un froid d’acier dans mes cheveux, et les ciseaux ont grincé à mes oreilles.
Commenter  J’apprécie          20
Une bise opiniâtre du nord souffla sans discontinuer sur le continent européen, et plus rudement encore sur l’Angleterre, pendant tout le mois de décembre 1689 et tout le mois de janvier 1690. De là le froid calamiteux qui a fait noter cet hiver comme « mémorable aux pauvres » sur les marges de la vieille bible de la chapelle presbytérienne des Non Jurors de Londres. Grâce à la solidité utile de l’antique parchemin monarchique employé aux registres officiels, de longues listes d’indigents trouvés morts de famine et de nudité sont encore lisibles aujourd’hui dans beaucoup de répertoires locaux, particulièrement dans les pouillés de la Clink liberty Court du bourg de Southwark, de la Pie powder Court, ce qui veut dire Cour des pieds poudreux, et de la White Chapel Court, tenue au village de Stapney par le bailli du seigneur. La Tamise prit, ce qui n’arrive pas une fois par siècle, la glace s’y formant difficilement à cause de la secousse de la mer. Les chariots roulèrent sur la rivière gelée ; il y eut sur la Tamise foire avec tentes, et combats d’ours et de taureaux ; on y rôtit un bœuf entier sur la glace. Cette épaisseur de glace dura deux mois. La pénible année 1690 dépassa en rigueur même les hivers célèbres du commencement du dix-septième siècle, si minutieusement observés par le docteur Gédéon Delaun, lequel a été honoré par la ville de Londres d’un buste avec piédouche en qualité d’apothicaire du roi Jacques Ier.
Commenter  J’apprécie          20
C'est devant cette maison Gorbeau que Jean Valjean s'arrêta. Comme les oiseaux sauvages, il avait choisi cet endroit désertique pour construire son nid.
Il fouilla dans la poche de son gilet, en sortit une sorte de passe-partout, ouvrit la porte, entra, la referma soigneusement, et monta l'escalier, portant toujours Cosette.
En haut de l'escalier, il sortit de sa poche une autre clé avec laquelle il ouvrit une autre porte. La chambre dans laquelle il entra, et qu'il referma aussitôt, était une sorte de grenier moyennement spacieux, meublé d'un matelas posé à terre, d'une table et de plusieurs chaises ; un poêle dans lequel brûlait un feu et dont les braises étaient visibles se trouvait dans un coin. Une lanterne sur le boulevard jetait une vague lumière dans cette pauvre chambre. A l'extrémité, il y avait un dressing avec un lit pliant ; Jean Valjean porta l'enfant jusqu'à ce lit et l'y coucha sans la réveiller. Il craqua une allumette et alluma une bougie. Tout cela était préparé d'avance sur la table, et, comme la veille au soir, il se mit à scruter le visage de Cosette avec un regard plein d'extase, où l'expression de bonté et de tendresse allait presque jusqu'à l'aberration. La petite fille, avec cette confiance tranquille qui n'appartient qu'à l'extrême force et à l'extrême faiblesse, s'était endormie sans savoir avec qui elle était, et continuait à dormir sans savoir où elle était.
Jean Valjean se pencha et baisa la main de cet enfant.
Neuf mois auparavant, il avait baisé la main de la mère, qui venait elle aussi de s'endormir.
Le même sentiment triste, perçant et religieux remplissait son cœur.
Il s'agenouilla près du lit de Cosette.
Il faisait grand jour et l'enfant dormait encore. Un pâle rayon du soleil de décembre pénétrait par la fenêtre du grenier et s'étendait sur le plafond en longs filets d'ombre et de lumière. Tout à coup, une charrette lourdement chargée, qui passait sur le boulevard, secoua le lit frêle, comme un coup de tonnerre, et le fit frémir de haut en bas.
"Oui madame!" s'écria Cosette en se réveillant en sursaut, me voici ! me voici !
Et elle sauta du lit, les yeux encore à moitié fermés par la lourdeur du sommeil, étendant les bras vers le coin du mur.
"Ah ! mon Dieu, mon balai !" dit-elle.
Commenter  J’apprécie          40
Victor Hugo
J'appartiens sans retour à cette sombre nuit qu'on appelle l'amour.
Commenter  J’apprécie          500
Ce silence est trop noir, ce calme est trop profond.
Dis, ne voudrais-tu point voir une étoile au fond ?
Ou qu’une voix des nuits, tendre et délicieuse,
S’élevant tout-à-coup, chantât ?…
(Dona Sol à Hernani, Acte V, Scène III)
Commenter  J’apprécie          30
Victor Hugo
Le moment de la représentation est arrivé ; ce soir le drame de M. Victor Hugo va être livré au public.
Trouvera-t-il des juges ? C’est douteux.

Les ennemis du genre romantique et de l’auteur d’Hernani viendront au théâtre avec des idées de parodie qu’ils nourrissent joyeusement depuis six mois ; les amis de M. Hugo et ses partisans du romantisme auront à défendre un homme et une cause qui leur sont chers.

C’est plutôt une lutte qu’un jugement qui se prépare.
Point de spectateurs indifférents, point d’auditeurs calmes et désintéressées.
Vous verrez la salle et le théâtre ressembler à ces assemblées passionnées, à ces prétoires politiques où les partis nouveaux, les nouvelles opinions sont traduits pour s’entendre condamner et proscrire, quel que soit le mérite des défenseurs et la loyauté des prévenus.

C’est devant la cour prévôtale de la littérature classique que M. Victor Hugo va paraître ; il ne manquera ni de talent ni de bonne foi pour convaincre le tribunal ; puisse-t-il trouver le tribunal assez calme pour l’écouter, assez impartial pour ne prononcer un arrêt qu’après avoir examiné !

Tous les ressorts de la tactique ont été mis en jeu pour déconsidérer l’ouvrage et le poète.

Avant que la pièce fût achevée, messieurs les beaux esprits qui jurent par Racine et Boileau, et contre lesquels Racine et Boileau n’auraient pas assez d’épigrammes s’ils vivaient corne aujourd’hui, se mirent à faire des vers, des scènes, des mots, et à les semer dans les salons afin de ridiculiser d’avance une oeuvre qu’ils craignent de voir réussir.

Des hommes, dont les productions meurent d’estime sur tous les théâtres de Paris, se firent parodistes, au nom de ce qu’ils appellent le bon goût, et se liguèrent pour sauver, disaient-ils, l’art tragique du naufrage.

Cette congrégation de l’Aubignacs écrivit sur son drapeau : Corneilles, Voltaire et Racine, et se crut composée de Racines, de Voltaires, de Corneilles, comme M. Genou, de la Gazette, se croit noble, parce qu’il a besoin pour être quelque chose de se faire le champion de la noblesse.

Les vers, les charges, les fragments de dialogue coururent le monde, des journaux les accréditèrent, et le blâme, chez les gens qui ont parlé depuis sept ans de M. Hugo sans avoir lu ses ouvrages, s’attacha à Hernani comme à une production folle et sotte.

On ne s’en tint pas là. La fabrique de vers burlesques ayant été dénoncée, il fallut trouver quelque chose qui remontât la cabale déroutée.

Un coup de maître fut imaginé ; c’était de déloyauté habile qu’il était nécessaire de faire preuve : un censeur se creusa la tête et inventa la plus belle perfidie :

« On ne croît pas aux vers que nous répandons, parce qu’ils sont détachés et que nous ne produisons rien de complet ; si nous avions la pièce entière, nous aurions gain de cause ; nous la bourrerions d’obscénités, de jocrisses, de bouffonneries stupides : alors il faudrait bien qu’on nous crût. »

L’idée était sublime, on l’a mit à exécution.

Le manuscrit d’Hernani fut pris, copié, amendé pour l’effet qu’on espérait, et colporté partout où on avait intérêt à faire passer pour une chose extravagante le drame dont la chute importe apparemment beaucoup aux honnêtes cabaleurs.

Les lectures furent multipliées, des commentaires furent ajoutés à chaque hémistiche ; on fit beaucoup d’esprit sur les situations, les caractères, les expressions ; on nota les endroits où il faudrait rire le jour de la représentation, et on se donna rendez-vous aux loges du Théâtre-Français pour sacrifier, le plus gaiement du monde, une pièce faite avec conscience, et que l’on reconnaissait sans doute digne d’un succès ; car aurait-on pris tant de peine, si c’eût été une chose méprisable et dépourvue des grandes qualités qui recommandent une oeuvre politique.

Que dites-vous de cette conduite ? Que pensez-vous du censeur ?

M. Hugo s’est plaint ; on lui a répondu à peu près qu’on n’avait communiqué que quelques vers, et que d’ailleurs, eût-on montré toute la pièce, il n’y avait pas grand mal à cela.

J’aime assez l’excuse ! Ainsi, la censure sera indiscrète, déloyale ; elle fournira des armes à l’intimité, aux cabales ; elle se fera entremetteuse de chutes ; elle s’arrangera de manière à faire naître des préventions contre une pièce, à susciter des querelles, entre les railleurs qu’elle aura stylés à l’avance et les amis d’un auteur, qui ne pourront voir de sang-froid immoler leur camarade ; et il n’y aura pas grand mal à tout cela !

Il y a grand mal, au contraire ; et le censeur qui a eu l’imprudence de se laisser aller à ce mouvement d’esprit de parti peut être responsable de fâcheuses conséquences de sa conduite.

(Le Figaro, 25 février 1830, p.2 et 3, article précédant le jour même la première représentation d'Hernani)
Commenter  J’apprécie          170
La vie est un mets qui n’agrée que par la sauce. Rien n’est plus intrépide qu’un forçat. Dans ce monde, ce n’est pas à sa peau que l’on tient, c’est à son habit. Celui qui est tout nu ne tient à rien.

- Lettre I. - De Paris à La Ferté-sous-Jouarre -
Commenter  J’apprécie          10
Sur tous les murs, des affiches, grandes, petites, blanches, jaunes, vertes, rouges, imprimées, manuscrites, où on lisait ce cri : Vive la république ! Les petits enfants bégayaient ça ira. Ces petits enfants, c'était l'immense avenir.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Victor Hugo Voir plus

Quiz Voir plus

Victor Hugo (niveau facile)

Lequel de ces livres n'est pas de Victor Hugo ?

Les Misérables
Notre-Dame de Paris
Germinal
Les Contemplations

10 questions
1237 lecteurs ont répondu
Thème : Victor HugoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}