Le philosophe Franco « Bifo » Berardi soutient que notre langage court le risque de devenir de plus en plus codifié. En définissant le code en tant que « connexion de souches syntaxiques pré-définies », il nous prévient que : « le code stipule l’avenir en tant que seul avenir possible ». La poésie, quant à elle, a ce pouvoir de transformation avec lequel elle peut lutter. « Plutôt qu’une fonctionnalité lisse, la poésie crée de nouvelles erreurs, livrant d’éblouissantes contradictions qui nous hantent et qui élargissent le sens de ce que signifie être humain ». Les bribes de mots et phrases dans les films de Oshii sont non seulement surchargées d’infirmation, elles occupent également l’espace urbain. Cela peut être perçu comme la visualisation de la poésie troublant le paysage futuriste de la ville cyber, remplie de possibilités qui existent à l’extérieur des coquilles.
C’est là le cinéma qu’il faut faire, celui qui dévoile la beauté du monde, et non dessiner ces mangas qui n’en retiennent que le cynisme. Il déploie alors toute son énergie à développer une œuvre contre la complaisance dans la description du désespoir qui irriguait aussi une partie de la production de l’époque.
Depuis lors, tout le travail de Miyazaki va s’orienter vers cet unique horizon : retrouver cet émerveillement primitif dans un geste vitaliste, décrit avec le plus de détails et de méticulosité possible.