Citations de Victor Margueritte (159)
La chasteté forcée ne mène qu'à de stériles tourments. Ceux qui la prônent sont les premiers à y faillir, sous le manteau. Je ne vois pas au profit de qui ni de quoi une jeune fille se consumerait sans vivre, ni pourquoi, librement, elle n'enfanterait pas, si cela lui plait...
Moyens d'éviter la grossesse. Vous saviez à quoi cela vous exposait?
- S'il était caché, personne que moi ne pouvait le lire...S'instruire n'est pas un crime.
- Mais répandre cet enseignement antisocial est un délit criminel qui peut vous valoir... Tenez, voici la loi: art 3.- Sera puni d'un mois à six mois de prison et d'une amende de 100 francs à 5000 francs quiconque, dans un but de propagande anticonceptionnelle, aura, par l'un des moyens spécifiés aux articles 1 et 3... (Il daigna expliquer) ...Ils visent la provocation au crime d'avortement et, là-dessus, non plus, vous n'êtes pas quitte! - ...aura décrit ou divulgué ou offert de révéler des moyens propres à prévenir la grossesse, ou encore facilité l'usage de ces procédés...."
- La loi dit ça! (Elle ne pouvait contenir son indignation)...Mais c'est une monstruosité! Les députés qui l'ont faite n'ont donc jamais regardé la vie, questionné des femmes!
- Oui, oui, nous savons! Vous êtes une petite anarchiste.
Elle rejeta d'un haussement d'épaules, l'étiquette qu'il lui collait:
- Anarchiste! Par que je n'aime pas voir la souffrance, et que la bêtise me dégoûte? Que les fabricants de votre loi aillent donc se renseigner chez les pauvres gens! S'ils étaient comme moi, ils sauraient pouvoir, chez les ouvriers comme à la campagne, des quantités de femmes se prêtent la main pour se débarrasser de leur charge, quand elles ne se percent pas elles-mêmes le ventre, avec la première pointe venue!
Enfin,si tu revois ce bon curé, souviens toi bien de lui rappeler la parole de Nietzsche : " Il y a trop peu d'amour et de bonté dans le monde pour en donner à des êtres imaginaires. "
- Voyons, Briscot ! C'est donc si extraordinaire qu'en matière ...d'amour- (...)-une femme pense et agisse comme un homme ? Il faut vous faire à cette idée, et me prendre pour ce que je suis : un garçon.
Il eut, au bout des lèvres: une garce, et par politesse, acheva le mot :
-Une garçonne, je sais. -La- garçonne ! (p.126-127)
On n'a de droits sur la personne qu'on aime, que ceux qu'elle vous donne. (p.367)
La maternité n'a de raison d'être, et de grandeur, que consentie. Mieux : voulue.
- [...] L'amour, d'abord, ça n'existe pas, c'est des bruits qu'on fait courir ! Y a que des bêtes qui se déchirent, quand elles ne se baisent pas. Le plaisir ?... oui, le cul ! Un cul-de-sac, on en voit vite le fond... [...]
...la musique,ça s'ouvre donc?
La musique,c'est le chant qui sort de tout...de soi quand on est heureux...du vent quand il souffke sur ka forêt et sur la mer...C'est aussi le concert des instruments,qui rappelle tout ça...Et l'ouverture,c'est comme celle d'une grande fenêtre sur le ciek,pour que la musique entre,et qu'on l'entende.
- Il faut n'avoir jamais aimé pour croire qu'à la première tromperie un sentiment véritable peut disparaître, comme une allumette s'éteint.
La pénitence, c'est un balai qui fait d'la place pour les péchés nouveaux.
Tous les maux que la guerre prétend guérir sont moins épouvantables que la guerre elle-même.
Il est vrai s'attristait-il, que si le sériculteur n'agissent que les quantités utiles à ses besoins, l'état,grand consommateur de chair à canon,et les intermédiaires qu'en vivent n'y regardent pas de si près. Ils ont un intérêt capital (c'est le mot!) à recruter pèle mêle, jusque dans l'œuf,pour la plus grande multiplication du matériel humain. L'obus tourné,il faut le vendre!...
Il faut n'avoir jamais aimé pour croire qu'à la première tromperie un sentiment véritable peut disparaître, comme une allumette s'éteint.
Ce qu'on en dira, c'est cela, n'est-ce pas ? Les conséquences ?... Je m'en moque. la société ? Je la récuse. Je romps avec elle pour vivre comme une indépendante, selon ma conscience ! Pour vivre, moi femme, comme... tenez ! ce que vous ne serez jamais : un honnête homme. (p.146)
L'idée qu'une partie de l'humanité saigne, tandis que l'autre s'amuse et s'enrichit, la bouleverse. Les grands mots agités sur tout cela comme des drapeaux : "Ordre, Droit, Justice !" achèvent de fortifier en elle sa naissante révolte contre le mensonge social.
Qu'est-ce, en effet, qu'une révolution, - qu'elle soit morale, politique ou sociale ? - Je l'ai dit d'ailleurs : "Une réaction de l'énergie contre l'oppression d'injustes forces. la femme, prisonnière depuis des siècles, esclave habituée à la résignation et à l'ombre, titube au seuil brusquement ouvert de la lumière et de la liberté."
(...)
Donnons à nos fille et à nos femmes, dans l'usage comme dans la loi, donnons à toutes les mères (fille-mères comprises) les libertés dont on ne conçoit plus que l'homme se réserve, despotiquement, le monopole.
(Note de l'auteur - 1922)
Le mariage sans l'amour n'est pour moi qu'une forme de prostitution. (p.125)
On peut encore pardonner une erreur, une faute qu'on regrette et qu'on avoue !... On ne peut pas pardonner le mensonge ! C'est cela, la vraie tromperie. Et c'est dégradant, c'est bas (p.77)
Quelles sont tes peines?
Elle secoua la tête, soudain en défense : je n'en ai pas.
Il prit un maintien grave: Dieu t'écoute,ma fille, dis- les lui.
J'ai pas besoin de les lui raconter...S'il existe, il les connaît, et S'il n'existe pas...
Les morts qu'on aime ne sont pas morts ; ils ne disparaissent qu'avec le dernier souvenir !...