AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Cielvariable


Je n'ai jamais connu une telle colère. Pas même quand mes frères sont partis, pas même quand Kilorn m'a annoncé la nouvelle. Pas même quand ils ont fracturé la main de Gisa.

Une plainte stridente résonne dans la maison tandis que le réfrigérateur, les ampoules et les fils encastrés dans les murs sont parcourus d'un courant de plus en plus intense. Ce flux me nourrit : je suis vivante, en colère et dangereuse. Je crée cette énergie, alimentant moi-même l'installation électrique qui m'entoure, ainsi que Julian me l'a appris.

Cal hurle et me secoue de toutes ses forces pour tenter de m'atteindre, d'une façon ou d'une autre. Il n'en a pas les moyens. Je refuse d'abandonner le pouvoir qui est en moi. Ça ne fais pas mal, contrairement au chagrin.

Des bris de verre pleuvent sur nous lorsque les ampoules explosent avec un bruit de pop-corn. Pop Pop Pop. Ce son noie presque les cris de ma mère.

Quelqu'un me relève d'un geste brusque. Je sens ses mains sur mon visage, il m'immobilise tout en parlant. Il n'est pas là pour me rassurer ni pour compatir. Il est là pour m'arracher à ma transe. je reconnaîtrais cette voix entre toutes...

-Mare, ressaisis-toi maintenant!

J'ouvre les yeux sur des prunelles vert clair et un visage plissé par l'inquiétude.

-Kilorn.

Ses mains, bien que rêches, m'apaisent. Il me ramène à la réalité, à ce monde où mon frère est mort. La dernière ampoule intacte oscille au-dessus de nous. Sa lumière suffit à peine à éclairer la pièce et ma famille ahurie.

Une autre source lumineuse dissipe l'obscurité. Des étincelles blanches et violettes s'enroulent autour de mes mains, faiblissant de seconde en seconde, mais parfaitement visibles. Mon pouvoir. Jamais je ne pourrai m'en sortir avec un mensonge.

Kilorn m'attire vers une chaise. Son visage est un abîme de perplexité. Les autres se contentent de me fixer et, avec un pincement de tristesse, je comprends qu'ils ont peur. Kilorn, lui, n'éprouve rien de tel. Il est furieux.

-Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? gronde-t-il, ses mains à quelques centimètres des miennes.

Les dernières étincelles disparaissent, abandonnant ma peau et mes doigts frémissants.

-Ils n'ont rien fait.

Si seulement ça pouvait être leur faute. Si seulement je pouvais accuser quelqu'un.

Je croise le regard de Cal, au-dessus de visage de Kilorn. D'un hochement de tête presque imperceptible, il m'encourage sans le moindre mot. Je n'ai pas à mentir.

-Je suis comme ça.
Commenter  J’apprécie          70





Ont apprécié cette citation (5)voir plus




{* *}