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Citations de Vilhelm Moberg (135)


Tout ce qui est lointain est dangereux, alors que le pays natal offre la sécurité de ce qui est familier.
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Elle poussa le soupir le plus long et le plus agréable que peut pousser un être humain : celui du soulagement.
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Qu'est-ce que la mort peut bien nous répondre? Il serait sage de ne pas trop se fier à son message. Peut-être qu'il n'y a pas de message du tout. Je me représente la mort comme le canon d'un fusil pointé sur moi, un long canon de fusil qui va d'un bout de la terre à l'autre. Où que je me trouve, où que j'aille, quoi que je fasse, l'orifice du canon est dirigé sur mon corps. La mort vise, mais elle ne fait pas que viser. Un jour, le coup de feu partira, personne ne sait quand, mais ce que je sais surement c'est qu'il partira.
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Dans les régions les plus saines, les Indiens vivaient si longtemps qu'ils ne mouraient pas comme les gens d'ici: ils se desséchaient petit à petit au point de finir par être si légers que le vent les emportait.
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Dieu était dur envers les hommes et ceux-ci, à leur tour, étaient durs envers les animaux.
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Ces maudites impulsions ont fait de moi ce que je suis, elles ont fait de ma vie un enfer. Je ne comprends pas pourquoi j'y ai cédé, encore et toujours. Maintenant je vais regretter, une fois de plus. Je vais encore les connaitre, ces journées lourdes et pénibles. Regretter, c'est comme si on se vautrait sans cesse dans sa propre humiliation, c'est comme si on lapait sans cesse ses propres vieux crachats. C'est ça, l'enfer.
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Mais, pour chaque pin abattu et transformé en mât, il en est une centaine qui restent sur place, à jamais condamné à la triste et pénible existence de leur lieu d'origine. Ils y passent cinquante ou soixante ans, puis sont abattus et taillés pour en faire du bois de charpente ou de construction qui prendra place dans une maison, une grange ou une étable. Ils restent dans cet état humiliant pendant un siècle ou plus, se couvrent de mousse ou de moisissure, tachés de brun par le fumier, troués presque de part en part par les punaises. Ils pourrissent lentement mais sûrement, sans pouvoir bouger, dans les parois des étables et des écuries. Et, une fois que ce vieux bâtiment a fini se servir et qu'on l'abat, ils se retrouvent à l'état de bois de chauffage, condamnés à brûler et à mourir sous la marmotte d'un paysan faisant cuire des patates pour ses cochons et à partir en fumée, ou plutôt se décomposer dans la cheminée sous forme de suie.
Tel est le sort des arbres qui restent au pays.
Alors que les autres ont la chance de porter des voiles sur les mers. Ils aident les hommes à aller de continent en continent, dans leur recherche de nouvelles terres et de nouveaux foyers. Leurs graciles sommets portent les ailes des navires, ce sont les talons ailés des bateaux à voiles. Ils risquent certes d'êtres brisées avant terme ou de couler et de périr dans des naufrages, sur leurs vieux jours, mais ils ne sont pas réduits en cendres et en suie, sous une marmotte de patates, comme à terre. Et, lorsque le navire qui les porte sombre corps et biens, ils le suivent au fond de la mer et reposent fièrement au fond de la plus grande et de la plus profonde de toutes les tombes au monde.
Tel est le sort des arbres qui prennent la mer.
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Il y avait toujours une tombe qui vous attendait quelque part, il y aurait toujours un coin de terre qui s'ouvrirait pour accueillir votre corps.
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C'étaient toujours les petits qui devaient aller se tuer les uns les autres quand les grands ne parvenaient pas à s'entendre.
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Le crépuscule commençait à tomber sur la mer. Autour d'eux, l'eau virait au noir, les nuages descendaient de plus en plus bas et commençaient à dissimuler voiles et manoeuvres, tandis que la brume gagnait lentement le pont. Le monde rétrécissait, on ne voyait plus aucun bateau à la ronde et le petit voilier était soudain seul et abandonné sur cette mer qui s'obscurcissait de plus en plus et d'où on ne voyait plus la côte.
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Charles O. Nelson leva la tête de son oreiller et regarda à l'extérieur. Il entendait des rires et des cris en provenance du bâtiment qui se trouvait en face de lui. C'étaient ceux de l'enfance, c'étaient de petits êtres qui étaient la cause de ce tapage, dans le verger planté autour de la maison neuve.
C'étaient les petits enfants du vieux Nelson qui jouaient dans leur maison. Le journalier rentré chez lui une fois pour toutes, sa tâche accomplie, entendait les bruits d'une nouvelle génération qui avait commencé à grandir.
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Les maisons grises ne se dressaient guère au-dessus du sol, mais elles étaient bâties pour durer des siècles et les gens passaient leur vie entière, depuis leur naissance jusqu'à leur mort, sous le même toit d'écorce de bouleau recouvert de tourbe. Mariages, baptêmes et enterrements se succédaient, la flamme de la vie s'allumait et s'éteignait entre les quatre mêmes murs faits de troncs de pin équarris. En dehors des grands événements de l'existence, on ne connaissait guère d'autre péripétie que l'alternance des saisons. Au printemps, le blé en herbe était vert dans le champ, en automne le chaume était jaune. la vie s'écoulait paisiblement, tandis que le paysan voyait se déroule le cycle des années.
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Bientôt, sa souche donnerait naissance à une troisième génération et le monde suivrait son cours sans la présence de l'ancêtre, le vieux Nelson. Sa disparition ne changerait rien. Chaque jour une foule de gens redevenaient poussière et, quand son tour serait venu, cela passerait aussi inaperçu que le reste.
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Si Nils Fils-de-Jakob avait pu voir cette kyrielle d'arrière-petits-enfants, à Nelson Settlement, sans doute aurait-il pensé : tu n'as pas seulement emmené ma descendance hors du pays, Karl Osckar, tu lui as également fait perdre sa nature profonde, en mêlant son sang à celui d'autres peuples. Je ne reconnais pas ma propre lignée, dans ces petits qui grouillent autour de toi.
Seul le Siegneur savait ce qu'il adviendrait de ce petit méli-mélo de peuples venus d'horizons divers.
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Aucun tentateur n'est aussi dangereux pour l'être humain que celui qui est capable de capter sa confiance en se prévalant d'actes qui étaient en eux-mêmes bons, voire dignes d'éloges, mais mis au service de fins perverses.
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Les passagers qui montèrent à bord de la Charlotta à Karlshamm...avancèrent à pas lents sur le pont, perdus, apeurés: ils avaient l'impression qu'ils étaient irrémédiablement entre les mains d'une force devant laquelle ils étaient impuissants, d'un maître dont ils ne pouvaient s'affranchir- la mer, cette monture gigantesque qui les avaient pris sur son dos vaste comme le monde pour les emmener vers un autre continent.
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Nous ne pouvons nous maintenir en vie sans nourriture. Si nous n'avons pas à manger, nous sommes condamnés à périr. De même que les cerfs dans la forêt et les poissons dans les lacs, notre peuple disparaîtra, mais à jamais.
Nous vous avons cédé nos terrains de chasse et les tombes de nos ancêtres. Bientôt, nous n'aurons nulle part où enterrer nos morts, dans ce pays. Nous ne disposons plus de terre pour nos propres sépultures. Ton peuple nous l'a prise et ne veut même pas nous laisser d'endroit où déposer nos cadavres.
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Que faire alors, si Dieu n'existait pas? À qui s'en remettre? Qui viendrait à son secours? Qui la protégerait? Qui lui donnerait, à l'avenir, la force de tenir son ménage et de prendre soin de leurs enfants? Qui l'aiderait à endurer son existence sur une terre qui lui serait toujours étrangère et ne serait jamais son pays? Et qui l'accueillerait, finalement, après sa mort?
Si Dieu n'existait pas... ?
Non, elle ne pouvait s'y résigner.
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Elle avait foi en Dieu, mais Il l'a trompée. c'était une enfant candide qui s'était remise entre les mains du Père céleste. Mais ce Père l'a abandonnée. Il l'a laissée mourir sur son lit de douleur. Je sais donc, maintenant, ce qui arrive à ceux qui se fient en Dieu Tout-Puissant. Si elle ne l'avait pas fait, elle serait encore en vie. Elle nous a été enlevée, à moi et à nos enfants, parce qu'elle avait enlevée, à moi et à nos enfants, parce qu'elle avait confiance dans le Seigneur.
Je le sais maintenant : Dieu ne mérite pas la confiance des hommes.
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J'ai capté pour toi le vent du désert. L'entends-tu souffler sur les espaces inhabités du pays de la pierre, du sable et de la soif ? Il souffle là où il veut, sur la terre, pendant toute la nuit. Il a vite fait de recouvrir les traces du marcheur et de dissimuler à la vue un pauvre petit doigt solitaire et décharné qui sort du sable du désert et pointe comme un bâton, pour t'indiquer ta destination.
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