Dans les campagnes du nord du lac Saint-Jean, les souvenirs hantent le présent, les morts de la route arpentent les fossés, les maisons anciennes appartiendront toujours à ceux qui les ont bâties. Le poids de toute l'Amérique profonde, sa démesure, sa solitude, voûte les épaules, creuse les joues, durcit les regards. La neige et les canicules donnent soif toute l'année. Le Nord, ici, est la frontière du monde
L'agriculture, ç'a beau être un cauchemar, c'est toute ce que j'ai. Un cauchemar au beau milieu de l'enfer sur terre, c'est pas si pire que ça, quand on y pense.
Mon histoire commence au Déluge du Saguenay. J'ai eu six ans le 19 juillet, le premier jour des grandes pluies. Je suis mort beaucoup plus tard, mais ça n'a pas d'importance pour le moment.
"Si tu veux savoir l'histoire officielle, t'as juste à aller au cimetière. Mais je te préviens, tes ancêtres y sont muets comme des tombes."
Au fond, la mort, c'est un prétexte pour se voir. C'est un reminder d'amour envers ceux qui restent.