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Critiques de Vincent Borel (71)
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Un curieux à l'opéra. Abécédaire impertinent de l..

Partant de l’idée de “l’opéra lieu de vie et non de muséographie” et retrouver cet opéra-là, art et lieux populaires où l’on se rendait comme de nos jours au bar, au cinéma où au night-club, Borel vulgarise l’art lyrique devenue aujourd’hui « un art qu’on adule avec un respect souvent fastidieux ».

Sous forme d’abécédaire, une exploration insolite de l’opéra non comme un ensemble d’œuvres formant un répertoire, mais comme une culture dont le centre serait son bâtiment, le théâtre lyrique.



De l’architecture typique du théâtre à l’italienne, baignoires, loges, parterre.....,

Aux garçons privés de leur patrimoine intime pour le seul plaisir des temples, chapelles et théâtres, les castrats,



De l’importance du visuel autant que du chanté, où on se soucie peu de vraisemblance,

Aux compositeurs qui jusqu’aux débuts du XIX éme siècle vécurent de gloire et d’eau fraîche sans un sous de gain, (les droits d’auteur étant inexistant et presque une honte),



De l’opéra poids lourd au poids plume, de Montserrat Caballé à Elina Garanca,

Au rôle du souffleur désormais disparu,



De l’habillement sophistiqué devenu de plus en plus décontracté,

Aux légendes des divas, les rossignols du paradis dont le culte immodéré est inversement proportionnel à la qualité des destins qu’elles incarnent ( coupeuse de tête, castatrice, vierge sacrifiée....)......,



Une ballade plaisante et intéressante dans le temps, dans les coulisses d’une institution au répertoire infini et à l’architecture, moeurs et codes sociaux bien particuliers. Une lecture pour curieuses, curieux et mélomanes.

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Antoine et Isabelle

juin 2022- Librairie Fontaine - Paris Auteuil- // 26 octobre 2022



Lecture datant déjà de juin dernier... mes notes manuscrites attendaient patiemment dans un coin !



Lecture passionnante... à "mériter" cependant...!!

(***Une relecture me sera sûrement bénéfique)



Une promenade imprévue dans le quartier de la Porte d'Auteuil m'a fait rentrer dans la Librairie Fontaine, celle-ci ayant eu la très bonne idée de réserver un coin pour "honorer" les "20 ans " d'existence de la la maison d'édition de Sabine Wespiesser...devant laquelle je me suis longuement attardée !



C'est ainsi que j'ai choisi ce roman d'un écrivain connu de nom, mais encore jamais lu !



J'ai débuté aussitôt ce généreux roman (en épaisseur, du moins, dans un premier temps !), qui, à travers l'histoire des grands-parents de l'écrivain, Antonio et Isabel, nous fait parcourir l'histoire européenne du XXe siècle ...



Antonio rencontre Isabel à Barcelone, en 1925.



Parallèlement aux vies des grands-parents, nous sommes entraînés dans le tourbillon de la grande Histoire : Misère noire de l'Andalousie dans les années 1917-1920, au moment de la Révolution russe... , la jeune République espagnole, le départ d'Espagne en 1936, le maquis, l'arrestation par les Allemands en 1943, l'envoi au camp de Mathausen... Voilà, dans les grandes lignes, le parcours tumultueux D Antonio, le grand-père vaillant et déterminé de l'écrivain !



Ce grand-père regrettera toujours d'avoir abandonné l'école, même si il saura se rattraper de toutes les manières; ainsi, à ses débuts, une connaissance lui propose un petit travail fort singulier :" claqueur": "Aller applaudir à des concerts, des opéras"...Il se prendra au jeu et se passionnera ensuite pour l'opéra !



Stylé, beau garçon, intelligent et compétent de surcroît, il sera embauché dans un hôtel -restaurant de luxe, il prendra ainsi le chemin des "Hautes sphères".... Et par de drôle de détours , et réunions de hasards, il croisera Isabel, et tombera amoureux...ils ne se quitteront plus et se battront ensemble !



Un superbe texte, foisonnant... qui sauve de l'oubli des vies courageuses, anonymes et toutefois exemplaires, comme Antonio et Isabel, les grands-parents du narrateur, qui ont vécu tous les soubressauts de l'Histoire du XXe, avec ses guerres, ses exils....ses combats politiques et sociaux, ainsi que ses nombreuses désillusions !!



"Barcelone- Automne 1933



Après des funérailles grandioses comme on n'en avait pas vu depuis la mort de Gaudi, la Barcelone d'en-bas était entrée dans la nouvelle année commencée comme on retourne en prison.Le sifflet des usines, le piétinement des hommes en bleu de travail pesaient terriblement. Tout retrouvait son rang ancien, la hâte menaçante du contremaître, l'amertume et la frustration. Ceux de 1931 avaient eu l'espoir du grand soir. Leur printemps est froid et ressemble à la nuit."



En parallèle de l'existence D Antonio et d'Isabel, nous faisons également connaissance avec l'histoire incroyable d'industriels lyonnais, Les Gillet, rencontrés très brièvement par Antonio, qui travaillait dans "la Claque"**** de l'opéra de Lisbonne. L'auteur décortique et analyse fort bien les comportements de ces "capitaines d'industrie", qui, fort indifférents au sort du monde, s'occupent, avant tout, de leurs intérêts, ainsi que de leur prospérité personnelle !....



Vincent Borel, en plus du tourbillon de l'histoire , nous emporte dans le bouillonnement artistiques des différentes époques: Gaudi, et sa mort brutale, les architectes, musiciens, vedettes du 7ème Art... sans omettre les tenants et aboutissants de l'Histoire économique et sociale au fil des chocs et renversements des gouvernements !



Pour dire simplement, qu'une seule lecture est insuffisante, tant ce roman est foisonnant d'informations, de personnages emblématiques, connus ou anonymes ! Une fresque immense du XXe européen...



Toutefois, je me suis plus particulièrement "attachée" au couple D Antonio et Isabel, même si le grand-père très charismatique, garde souvent "la vedette" ; on ne peut être qu'admiratif de son courage, de sa détermination à s'élever socialement, tout en restant fidèle à la fois à ses convictions, et à ses camarades !!!



"Barcelone- 1934

- Je me vois mal devenir leur patron, aux gars, songe Antonio.Ah bien sûr, ça ne serait pas pareil si c'était moi qui choisissais avec qui travailler.

Insensiblement, sans s'en rendre vraiment compte, il passe de l'autre côté. Cela signifie quoi, l'autre côté ? La barrière des classes est-elle infranchissable ? Serait- ce pécher contre son camp que de changer de position ? Y songer, n'est-ce pas déjà changer un peu...Soudain il se rend compte qu'il n'est ni pour ni contre rien."





****"La Claque est, au théâtre ou à l'opéra, un ensemble de personnes (les « claqueurs ») engagé pour soutenir ou faire choir une pièce par des manifestations bruyantes (applaudissements, rires, sifflets, huées, etc.). "





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Vie et mort d'un crabe

Le titre, "Vie et mort d'un crabe", résume bien le contenu de ce roman autobiographique. Ce texte c'est la descente aux enfers d'un trentenaire atteint d'un lymphome. Ce texte c'est aussi la dissection de son parcours hospitalier, des symptômes de la maladie, des moyens utilisés pour la combattre : trithérapie, chimiothérapie, radiothérapie. C'est le jargon médical, accompagné d'un certain voyeurisme détaillant sans complaisance tous les symptômes et manifestations physiques de la maladie. Ce sont trois étapes cruciales dans la vie d'un patient : la maladie, la rémission, la guérison. Ce livre n'a pas été sans me rappeler les oeuvres de Hervé Guibert... mais heureusement pour l'auteur, Vincent Borel, la fin est plus heureuse.

Beaucoup de force dans ce témoignage.
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La vigne écarlate

Retrouvant ce jeudi soir un ami musicien confirmé et passionné... J'étais très joyeuse d'avoir déniché ce roman consacré au compositeur-musicien, Anton Bruckner, dont il m'avait parlé à plusieurs reprises, avec enthousiasme, même si il m'a expliqué que l'appréciation ne se fit pas d'emblée; que ce fut une découverte sensationnelle mais progressive. !..



Vincent Borel dans cet ouvrage lui rend une sorte d'hommage, nous offre le récit d'une vie âpre, solitaire de vieux garçon, heureusement absorbé par son poste de professeur du Conservatoire, ses recherches musicales personnelles, et sa vie avec sa chère soeur,Nanni, vieille fille aussi.

" Anton tire, Anton trime, Anton rythme, Anton est un métronome. Compter et décompter ses pas occupe son quotidien maussade. (p. 64)



Le roman fait des allers et retours entre passé et présent... Une vie parsemée de déceptions, de non-reconnaissance , de mal-d'être [ au bord de la folie, souvent]; pour se donner du courage et poursuivre son chemin musical , Anton Bruckner songe à son père . Il sera d'ailleurs , comme ce dernier, au début de sa carrière, instituteur et musicien !



Ensuite, professeur de musique au Conservatoire, il aura comme élève le jeune Malher et Hans Rott, à peine âgé de 17 ans...



Ses deux maîtres absolus : Wagner et Beethoven ...



" ...Si Wagner a enfin pu y accomplir son oeuvre après 50 années de critiques et d'épreuves, Bruckner, qui a lui-même dépassé la cinquantaine, connaît toujours l'opprobre des cercles viennois. Tel un Christ condamné

au Golgotha, Anton poursuit son calvaire personnel (...) Ce constant mépris nourrit sa folie rampante. " (p. 180)



Ces quelques lignes pour marquer ma première lecture de Vincent Borel,

passionné de musique et d'opéra... Un roman tout à fait bouleversant sur une destinée musicale, bien orpheline et méconnue... même si les choses évoluent... quant à la connaissance d'Anton Bruckner...

Texte qui est passé bien brièvement entre mes mains... Je n'ai fait qu'effleurer ce roman, le parcourant en diagonale , avant de l'offrir à l'Ami, qui était très heureux de la surprise, me précisant qu'il existait bien peu

d'écrits sur cet artiste !!



Grand MERCI donc à Vincent Borel, pour ce texte-hommage, de qualité !





*****Voir pour plus de renseignements sur ce musicien :



https://www.musicologie.org/Biographies/b/bruckner_anton.html



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Richard W.

Ce livre est passionnant. Mêlant la description des faits à une analyse exigeante et poussée, Vincent Borel nous raconte la vie de Wagner sous tous les angles possibles, familial, artistique, politique, social, littéraire et j'en oublie sûrement. On est saisi, happé par l'écriture et on ne s'ennuie pas une minute, plongé que l'on est dans le contexte de l'époque et dans la vision d'une oeuvre gigantissime et puissante. C'est l'occasion de redécouvrir un musicien d'exception et un visionnaire injustement tombé dans l'oubli, à cause d'un Hitler qui a pourri tout ce qu'il touchait. On voit toutefois très bien à la fin de ce livre comment l'oeuvre de Wagner a pu être récupéré par ce triste personnage et sa clique.

Wagner a tout (ré)inventé, et même le cinéma avant l'heure. Sa conception de l'art total, à la limite quelquefois de la démesure, prone une réconciliation totale de l'homme avec la nature et avec le monde, dans une fraternité révolutionnaire bien loin de l'idéal nazi. Il est juste de réhabiliter ce musicien, quelquefois lassant pour moi personnellement, mais toujours génial. Merci à Vincent Borel de l'avoir fait avec son si beau style qui mêle poésie et réalité, ses images qui font mouche, ses mots précis et justes, son humour décapant, rendant ainsi justice à l'homme tel qu'il était, avec ses qualités et ses défauts.
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Antoine et Isabelle

Dieu que je me suis ennuyée en lisant ce livre. Je l’avais choisi car j’avais beaucoup aimé un autre livre publié par cette maison d’édition (L’ami de Tiphaine Tavernier édité par Sabine Wespieser). J’avais lu de bonnes critiques sur le catalogue de cette maison.  Donc quand je suis tombée sur un de leurs livres, reconnaissables à leur désign sobre et identique pour tous leurs livre, j’ai foncé. Ni une, ni deux, je l’ai emprunté à la médiathèque.

Et bien autant j’ai aimé L’ami de Tiphaine Tavernier autant j’ai peiné en lisant Antoine et Isabelle.

 

Un style très inégal, parfois intéressant, parfois pompeux… je vous livre des exemples.

 

« Cette âcreté vomitive était un drôle de parfum à l’anus de la civilisation blanche.» p18

 

« Il regrette surtout de ne pas être peintre. Dans les souks, les longs vêtements laissent flotter les désirs. Les regards brulent, des senteurs de magie bousculent les narines, les couleurs ont des turbulences traîtres. La chaire du désert est brute et sans fard, incandescente. Elle palpite d’une vérité que n’atteigne pas les atouts du bordel bourgeois. Dans les cours, les femmes, libres et suantes, le mamelon palpitant, enduisent leurs cuisses d’une huile ambrée. Ces mêmes mains roulent les boulettes de viande, coupent les légumes. Elles rient aux éclats et leurs voix rauques bousculent l’homme hispanique. S’il n’y avait à heure fixe les mélismes ophidiens du muezzin, le garçon du vieux Barcelone pourrait se croire chez lui dans cette ville de terrasses où s’épanouit la proximité de l’intime. De mystérieuses profondeurs l’appellent à chaque porte entrouverte. » p173 

 

Je me suis forcée à lire cet ouvrage, qui aurait pu être intéressant si l’auteur avait été moins dichotomique pour la présentation de ces deux familles.

 

Pourtant cela avait bien commencé, le narrateur ne se présente pas sous son meilleur jour. Lors dans une soirée dans un pays exotique, discutant avec un négationniste, lui fils d’un réchappé d’un camp de concentration, il ne confronte pas vraiment cet interlocuteur, il ne s’en explique pas vraiment. Par contre lorsque son patron, qui a assisté au débat, et qui attendait un combat de coqs, décide de lui raconter l’histoire de sa famille… Alors le narrateur va prendre sa plume et raconter ces deux histoires en parallèle.  



Les deux histoires s’entremêlent.

 

Antonio et Isabel, les grands parents du narrateur / auteur. Arrivés à Barcelone pour fuir la misère de leurs campagnes d’origines (respectivement la Catalogne rurale et l’Andalousie), ils vont se marier après maintes péripéties. Antonio va entrer dans un grand hôtel et gravir les échelons. En tant que républicain, condamné par le franquisme, Antonio fuit en France. Il s’engage dans l’armée française. Fais prisonnier, comme communiste il est envoyé dans un camp de concentration. Il s’en sortira miraculeusement et livre un témoignage très fort de cette expérience. Antonio et Isabel, naturalisés Français, deviennent Antonio et Isabelle. Tiré de l’histoire familiale de l’auteur, il y a de la poésie, de la vie, de l’émotion dans cette partie.

 

En parallèle, les chapitres alternent avec l’histoire de la famille Gillet lyonnaise. Etant Lyonnaise depuis plus de 20 ans, j’ai été intéressée par cette partie surtout que la Villa Gillet est connue et abrite une fondation. Elle héberge les assises internationales du roman.

Cette famille Gillet a un nom prédestiné. Elle a fait fortune dans le textile. Grâce au traité de Versailles puis la collaboration, leur fortune va exploser. Il est question de meurtre d’un jardinier qui aurait compromis la fille de la famille. Dans cette famille, c’est la grand-mère Léonie qui mène son petit monde à la baguette après la mort du patriarche. Aux hommes, les affaires. Elle, elle s’occupe du personnel. Elle visite l’Allemagne nazie dans les années 30 et revient impressionnée par l’ordre. N’oublions pas l’impact du front populaire. Interpellée par cette charge contre cette famille, j’ai fait quelques recherches. L’auteur semble s’être inspiré d’un livre édité par Hervé Joly, les Gillet de Lyon. Cette partie est la moins réussie des deux. C’est trop manichéen. Trop méchants riches…

 

En ce qui concerne l’histoire de l’Espagne « romancée », je préfère nettement les romans de Javier Cercas. Et pour en savoir plus sur la guerre d’Espagne d’un point de vue plus académique, j’ai lu « La guerre d’Espagne et ses lendemains de Bartolomé Bennassar, qui était très bien.

 

Et vous quels romans sur la guerre d’Espagne vous ont émus, plu* ? Lesquels conseillerez-vous ?

 

*Je viens de découvrir que plaire est invariable au passé composé. Quelle émotion

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Fraternels

Un gros pavé de cette rentrée littéraire 2016, qui mérite de ne pas passer inaperçu. En effet, Vincent Borel livre un récit picaresque, un regard humoristique et décalé sur la société de sur-consommation et d'hyper-connectivite.

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Richard W.

Un très bon roman/biographie pour qui veut approfondir ou même découvrir Wagner.

Personnellement, à part quelques airs bien célèbres, je ne connaissais pas l'oeuvre de Wagner. Ma technique pour lire ce livre? Mettre en fond sonore l'opéra dont parle le passage en lecture. J'ai franchement passé d'agréables moments. L'écriture est intelligente, et pas trop lourde malgré les va et vient parfois dans le temps. Le portrait dressé de Richard est sans complaisance, sans haine non plus. Je crois que Vincent Borel a cherché à nous montrer les différentes facettes de l'homme sans pour autant nous imposer son propre avis sur le personnage. J'ai beaucoup aimé vivre avec lui la création de ses oeuvres, sa recherche de reconnaissance, d'épanouissement.

Pourquoi pas 4 étoiles? Parce que j'ai dû chercher moi même la musique! Na!
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Antoine et Isabelle

Vincent BOREL profite d'un séjour en Jamaïque, invité par le patron de presse Michel Ferlié. Lors d'une soirée plutôt arrosée, il est pris à partie par Florian, un jeune branché parisien, futur animateur-télé. Porté par l'inconscience de sa jeunesse et un brin de crânerie, le jeune homme nie avec véhémence l'existence des chambres à gaz face à un Vincent BOREL excédé par de tels propos. Il sait bien que les chambres à gaz ont existé, lui qui y accompagnait son grand-père lors de son pèlerinage annuel à Mauthausen. Un grand-père qui s'activait pour perpétuer la mémoire des horreurs des camps de concentration et dont la seule crainte était qu'un jour le monde oublie.

Alors, pour apporter sa pierre à l'édifice et laisser son propre témoignage, Vincent BOREL décide de raconter ses grands-parents, Antonio le catalan et Isabel l'andalouse, leurs rêves, leurs idéaux, leurs combats, leurs guerres. Entre l'enfance marquée par la pauvreté à l'exil forcé en France, il y a eu l'espoir d'une vie meilleure, d'une société plus juste, l'engagement républicain, la guerre civile, la défaite. En France, ce sera les camps, la résistance et pour Antonio, le communiste, la déportation. La guerre terminée, Antonio, devenu Antoine, parcourras son département pour apporter son témoignage au sujets des camps.

Michel Ferlié, l'hôte de Vincent Borel, est quant à lui issu d'une grande famille d'industriels lyonnais: les Gillet. Ils ont bâti leur fortune sur le textile, la chimie, les relations et l'opportunisme. Cynisme et sens des affaires, coups bas et retournements de veste, les Gillet ont su tourner à leur avantage aussi bien la crise de 1929 que des deux conflits mondiaux.





Petite-fille d'un républicain espagnol, je suis toujours très touchée quand je lis sur le sujet de la guerre d'Espagne. En découvrant la vie d'Antonio, j'ai bien sûr pensé à mon grand-père. Chaque histoire de vie est différente mais j'ai reconnu un parcours assez similaire. Comme Antonio, mon grand-père s'est engagé très jeune aux côtés des républicains. Il a connu la guerre civile, les combats, la bataille de l'Ebre et bien sûr la Retirada. Comme lui, il s'est retrouvé dans les Alpes, dans un camp dont il s'est enfui pour lutter contre le nazisme...

Pourtant, malgré une histoire familiale si proche de la mienne, rien ne m'a émue dans l'écriture de Vincent BOREL. Sans doute pour rester au plus proche de la vérité historique et éviter le pathos, il a mis de la distance entre lui et ses personnages et du coup ils sont peu attachants. Ils traversent les évènements sans qu'on ressente de l'empathie et c'est bien dommage.

De plus, il a choisi d'alterner les chapitres de la vie d'Antonio et d'Isabelle avec celle des Gillet. Je n'ai pas compris pourquoi. Jamais les deux familles ne se rencontrent et le lien entre elles est ténu. Et puis, j'avoue que ces chapitres m'ont moins intéressée.

Côté émotions, BOREL se rattrape sur la fin. Laissant la parole à son grand-père, il retranscrit les textes écrits par Antonio sur son expérience à Mauthausen. Sans prétention littéraire, comme il le dit lui-même, le républicain espagnol livre un témoignage poignant, sans concessions et sans souci d'édulcorer l'horreur, sur ce qu'ont du subir les prisonniers des camps.

Mon avis est donc mitigé mais je pense qu'il faut lire Antoine et Isabelle pour en apprendre plus sur notre histoire récente mais sans en attendre le souffle romanesque qui fait d'un bon livre un grand livre.
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Antoine et Isabelle

Dans ce magnifique roman, Vincent Borel expose avec brio les conditions politiques, sociales et économiques qui conduisirent ses grand-parents espagnols à choisir le communisme, à vivre la guerre civile, l'exil, puis les camps d'extermination nazis ; il nous raconte parallèlement le destin en tous points contraire d'une famille de grands industriels lyonnais, rois du textile synthétique, richissimes et opportunistes.

L'auteur fait revivre la Barcelone du début du siècle quand Gaudi construisait la Sagrada Familia, quand les anarchistes faisaient régner la méfiance, sinon la terreur, quand les femmes vivaient recluses chez elles et n'avaient pas le droit de vote. Évocation pittoresque et attachante d'un passé révolu dans une ville crasseuse aux multiples visages, évocation d'un peuple luttant âprement pour sa liberté, évocation enfin des totalitarismes qui s'abattirent sur l'Europe, le fascisme italien, le nazisme hitlérien, le franquisme espagnol...

J'ai beaucoup aimé ce roman au style journalistique plus que lyrique, mais empreint d'un grande force d'évocation, qui expose avec une grande puissance descriptive 25 années de grandes mutations sociales, politiques et économiques.

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La vigne écarlate

Après Lully et Wagner,Vincent Borel consacre son roman (mais en est-ce un vraiment?) à un autre grand compositeur : Anton Bruckner. Il excelle à nous faire revivre ce grand bonhomme de condition modeste, habité par la musique et la foi religieuse, souvent incompris par ses contemporains, maladroit dans le monde, en proie à des troubles obsessionnels compulsifs,

Un livre à lire pour les mélomanes.
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Antoine et Isabelle

Cette lecture m'a touchée pour plusieurs raisons car elle fait écho à mon histoire familiale et personnelle.



Antoine et Isabelle émigrent en France quand Franco prend le pouvoir en Espagne, leurs espoirs d'une nouvelle République s'effondrent, ils fuient. J'ai des origines espagnoles par mon grand-père paternel. D'ailleurs je porte un nom espagnol. Par contre, concernant mes arrières-grands-parents, ils ont émigré en France bien avant 1936, probablement pour des raisons économiques (ou politiques?). Je ne sais pas trop. Mes arrières-grands-parents sont nés en Espagne à Finestrat (fin 19ème)mais mon grand-père est né en France en 1916.



Aspres-sur-Buëch est évoqué dans le roman, mon père y est né. Le rationnement était moins "sévère" en montagne pendant la seconde guerre mondiale! Dans le roman, Antoine et Isabelle y vivent car il y avait un camp de réfugiés espagnols.



Puis enfin, le roman évoque également l'histoire de la famille Gillet à Lyon. J'ai passé des heures et des heures à la villa Gillet avec mes enfants. (Vous pouvez voir des photos ICI).



J'ai donc apprécié cette lecture très très documentée historiquement à la fois sur l'histoire de l'immigration espagnole vers la France, la période Franco et l'histoire de la famille Gillet (et ses rapports à l'Allemagne pendant la seconde guerre).

L'écriture est très soignée, tellement (et c'est ma seule réserve) que je me suis sentie parfois un peu trop spectatrice des personnages (comme si l'auteur avait une distance avec eux).
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Richard W.

Désolée de ne pas souscrire aux concerts de louange à la lecture de "Richard W".

J'avais entendu son auteur en parler lors de la Comédie du Livre de Montpellier. Certes le roman est très documenté, très précis sur les différentes phases de la vie du célèbre compositeur.

Mais autant le dire tout de suite : la musique de Richard Wagner n'est pas ma tasse de thé. Or l'auteur, dans un souci louable de "coller" à son sujet, a utilisé une prose lyrique et onirique pour décrire tous les états d'âme du compositeur. De longues pages sont consacrées à ces amours, de la belle Cosi qu'il va arracher aux griffes de Hans, son mari, mais aussi complice artistique de Wagner, jusqu'aux dernières pages rocambolesques pour ne pas dire scabreuses.

Personnellement j'ai bien eu du mal à terminer le roman, ressentant la sensation identique à celle de l'ingestion d'un "Kougloff étouffe-chrétien". Mais il en va de même avec ses opéras : personnellement je donnerai tout le ring pour quelques minutes de Debussy ou de Ravel, renvoyant les lecteurs de Babelio à l'excellent portrait (beaucoup plus concis dans l'écriture) qu'en a fait Jean Echenoz.

A chacun son style musical et sa prose correspondante.
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Fraternels

Vincent Borel, l'auteur de "Fraternels" s'est posé devant les journaux, a lu et regardé le monde tel qu'on arrive à se le représenter dans le prisme d'articles divers et variés. De ce magma d'informations loin d'être rassurantes, il a fermé ses yeux de créateur et s'est imaginé ce que ces fous furieux d'intégristes religieux, ces esclaves des nouvelles technologies, ces grands chefs d'entreprises cyniques, ces industriels qui pillent notre planète allaient pouvoir devenir dans une bonne décennie. Et comme il se refuse de céder au pessimisme, ce vraisemblable adepte du siècle des lumières a imaginé un avenir qui ne chante pas forcément mais où quelques humains arrivent à avoir un sursaut de bon sens, voire d'humanité. Bienvenue dans 550 pages d'anticipation romanesque échevelées.

Alors, il nous voit comment Mr Borel en 2030 ? ( En fait le roman n'est pas daté, sauf erreur de ma part, du coup, je le place où bon me semble). En 2030, le monde n'est plus géré que par trois ou quatre multinationales très généralistes comme "Opié", l'heureuse détentrice de l'Ifone 12. En plus de fliquer quasi la planète entière entière avec son engin, elle gère également toute l'énergie dont ont besoin les peuples alentours. Travailler pour "Opié" consiste le plus souvent à vivre sur un siège éjectable. Nombreux sont ceux qui restent sur le bord du chemin, venant rejoindre la masse de chômeurs d'une industrie manufacturière laminée par l'arrivée des imprimantes 3D. Pour noircir le tableau, vous rajoutez des problèmes de ravitaillement en minerai précieux, l'Amérique du Sud qui prend soudain la décision de faire tourner les aiguilles de ses montres à l'envers, des émanations de gaz puants en Sibérie signe de changement climatique et des fanatiques religieux toujours aussi présents. Pas gai le monde en 2030 ! Et pourtant, ici ou là, quelques hommes vont se dresser seuls, en groupes semi organisés ou sponsorisés en douce par quelques mécènes humanistes. Ainsi Tyapsa magnétique jeune femme traversera le continent vers un destin emblématique, Yaqut, jeune français passé du catholicisme à l'islam, gay et séropositif, deviendra le leader d'un djihad libertaire prônant le sexe en toute liberté ou un groupe de laissés pour compte se regroupera entre Durance et Verdon pour sauvegarder plantes, légumes et même livres en papier.

"Fraternels", on le devine est un roman choral. Nous suivrons ces destins dans un monde trouble, dangereux, en proie à un consumérisme porté à son paroxysme. Mais une sorte de chaos pointera son nez, remettant presque les compteurs à zéro. Notre conteur lui s'en donne à coeur joie, jouant comme un démiurge rigolo à faire vivre ses personnages avec autant de brio que d'acuité.

La suite sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Richard W.

Un roman qui nous conte Richard Wagner, sa vie, son oeuvre.

On sent où penchent les goûts de l'auteur: une adoration pour l'oeuvre, du mépris pour l'auteur. Il faut dire qu'il y a matière à: antisémitisme, prétention, légèreté, jalousie vis-à-vis des autres musiciens et le ridicule de la mise en scène qu'il organise autour de lui, du culte dont il fait l'objet.

Un défilé de personnages célèbres: Liszt, Louis II de Bavière, Nietzche... Le défilé des femmes: Minna, Cosima et toutes les autres, pour finir par l'afffreuse Winifred, l'épouse choisie pour éteindre les rumeurs d'homosexualité qui courent autour du fils. On comprend comment Hitler et les nazis ont pu s'emparer de son oeuvre et pour quoi.

Demeurent ses opéras: "Tristan" et tous les autres. Nous assistons à une version romancée de leur création. Le livre offre aussi une intéressante discographie.
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Antoine et Isabelle

L’étincelle qui semble avoir décidé Vincent Borel à écrire ce livre, entre autofiction et roman historique, est une joute verbale entre lui et un jeune trentenaire branché, sous le regard mi-figue mi-raisin de leur hôte, grand patron de la presse underground. L’un défend la cause révisionniste, soutenue par certains historiens peu recommandables, l’autre met en avant le témoignage de son grand-père, rescapé du camp de Mauthausen. Le patron millionnaire, lui racontera par la suite, avec dégoût, l’histoire de sa famille, un clan d’industriels lyonnais, de ceux qui ont toujours su rester du "bon" côté, celui de l’argent. Cette discussion sert alors de "prétexte" à l’auteur pour évoquer l’Histoire de la première moitié du XXème siècle, en France et en Espagne, et surtout à rendre hommage à ses courageux grands-parents, Antoine et Isabelle, dont le destin personnel s’est toujours confondu avec l’Histoire…



Ce projet tout à fait louable ne m’a pourtant guère convaincue. Je partage l’avis d’Alienor (voir lien ci-dessous). On est davantage dans la description que dans la narration et c’est à mes yeux le gros défaut de cet ouvrage : il manque d’épaisseur romanesque et on se concentre davantage sur l’histoire avec un grand H que sur les personnages. Ce livre peut donc tout à fait se lire comme un témoignage, j’ai d’ailleurs apprécié à cet égard l’insertion par le narrateur du témoignage poignant écrit par son grand-père à sa sortie du camp.



Je ne nie pas les qualités de ce livre, mais pour ce qui est du style, force est de constater que j’y suis restée insensible : l’écriture m’a paru sans relief et plutôt ennuyeuse. Dommage…
Lien : http://tassedethe.unblog.fr/..
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Fraternels

Roman épique ou d'anticipation ? On pense un peu, beaucoup à Rainbow Warriors le fantastique roman d'Ayerdhal. Le jihad de l'amour est une belle invention et les personnages sont très attachants. L'histoire, un peu alambiquée, ne séduira peut être pas toujours, mais on ne peut être qu'étonné par tant d'imagination et les différents contes qui se croisent.

À lire pour rêver d'un monde qui basculerait dans le merveilleux plutôt que dans la guerre.
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Richard W.

Livre que j'ai lu, mais qui ne m'a pas passionné plus que cela. Quand je l'avais entre les mains, la lecture allait toute seule (je l'ai lu pendant le quart d'heure lecture au collège), cependant je ne ressentais pas le besoin de reprendre la lecture après.

Richard W. est la biographie romancée de Richard Wagner. Je dois dire qu'elle est très bien documentée, très précise, même pour quelqu'un qui, comme moi, a subi une formation de six heures sur Lohengrin de Wagner. Cependant, en dépit d'un style lyrique, je n'ai pas apprécié cette oeuvre, sans doute parce que je n'apprécie pas tant que cela la musique de Richard Wagner, sans doute aussi parce que je n'éprouve pas d'admiration, ni même d'empathie pour l'homme. Il a aimé, certes, il a fait souffrir aussi, beaucoup. Il était antisémite, aussi. Il n'était pas le seul, je le sais pas, cependant ce n'est en rien une excuse. Je n'ai pas apprécié non plus la construction de l'oeuvre, qui, après une première partie consacrée à la création de Tristan (voir notamment le sort du ténor qui créa l'opéra), le récit nous ramène en arrière pour suivre le destin de Mina, sa première femme, avant de revenir sur son histoire d'amour avec Cosima.

Cependant, Richard W permet une très bonne découverte de la vie et des opéras du compositeur.
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Richard W.

"Richard W." (W pour Wagner, bien sûr) est un excellent roman, qui confortera les fanatiques du Maître dans leur admiration et intéressera les autres lecteurs. Il raconte la vie et l'oeuvre de ce personnage vraiment extraordinaire, compositeur, poète, chef d'orchestre, musicien visionnaire, théoricien... Mais il a été également le favori d'un roi un peu fou (Louis II de Bavière), un révolutionnaire (...ce qui lui a valu un bannissement en 1849), polémiste anti-judaïque (à une époque où cela ne portait pas à conséquences)... Homme à femmes, il a été l'amant puis le mari de Cosima, l'épouse de... son ami von Bülow. De son vivant, Wagner a été méprisé ou, en tout cas, critiqué par ses ennemis. Mais il a aussi suscité une fascination sans bornes chez ses admirateurs. C'est d'ailleurs encore le cas, de nos jours.

Face au "cas W.", le lecteur peut éprouver de la méfiance pour son exaltation poétique et artistique, pour son mysticisme suspect, pour son ambiguïté face aux grands de ce monde, pour son abusive prodigalité, pour ses sincérités successives. Malgré ces particularités, le personnage demeure inoubliable.

Il me semble que l'auteur a fait un travail préparatoire sérieux avant d'entamer la rédaction de cette biographie romancée. De plus, il écrit de très belles pages, dans un style qui m'a généralement beaucoup plu. Sur le fond comme sur la forme, il s'agit selon moi d'un livre tout à fait recommandable.

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Antoine et Isabelle

Comme pour beaucoup d'autres lecteurs de ce livre, il fait écho pour moi à mon histoire personnelle étant petite fille de réfugiés espagnols...

Mais les deux histoires en parallèle de ces espagnols et de ces industriels lyonnais est vraiment un plus. A chaque fois que je lis un livre traitant de cette partie de l'histoire de l'Espagne, j'ai l'impression qu'il s'agit de mon histoire et cela m'aide à la compléter mais l'histoire de ces industriels que je ne connais pas me donnent un éclairage sur l'histoire de la France...

J'ai apprécié le style de l’auteur, ce détachement apparent de l'auteur par rapport à son texte et ses personnages, il relate un histoire presque comme un reportage qui cacherait une grande émotion...

La fin est particulièrement difficile mais nécessaire, pour la mémoire, pour ne pas oublier...

Un très beau livre qui trottera longtemps dans mon esprit...
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