Vincent Coquaz

Un pactole obtenu par un jeu de partenariats avec plusieurs autres géants numériques. Comme PayPal. Selon les conditions d'utilisation du service de paiement en ligne, à chaque transaction que vous effectuez, PayPal est susceptible de partager les informations suivantes - avec les bases de données administrées par Experian - : Nom, adresse, numéro de téléphone, adresse e-mail, date de naissance, durée de résidence au domicile, pièces d'identité, ... lieu de naissance, ... informations de compte bancaire et de carte bancaire le cas échéant, ainsi que les informations relatives à la transaction concernée s'il y a lieu, et le numéro fiscal ou numéro de carte d'identité le cas échéant.

Ces sites ont un autre point commun : leur équipe présentée sur la page - À propos - du site est fictive. Adrien de Consolab, par exemple, censé rédiger les avis, n'a pas de nom de famille et sa photo est un leurre. Elle a été récupéré dans une banque d'images. Le même visage, sous le nom de Charles, a par exemple été utilisé pour donner 5 étoiles à des déménageurs d'Arcachon. La soi-disant fondatrice de Consolab, Marine, a usurpé le visage d'une ancienne responsable digitale du Washington Post qui s'appelle Jessica. Pour savoir qui se cache derrière ces sites d'aspirateurs, rien à espérer non plus du coté du Whois, la base de données mondiale qui permet de se renseigner sur l'identité des propriétaires d'un nom de domaine. Tous ont payé pour ne pas y figurer.
Ces quatre sites sont en fait des fermes à lien d'affiliation Amazon qui n'ont rien à voir avec Dyson ou d'autres grades marques. Derrière ces termes barbares se cache un principe tout simple : lorsqu'un internaute clique sur un lien qui renvoie vers Amazon, les auteurs du site touchent une commission si l'internaute achète le produit en question. On comprend dès lors mieux l'intérêt de tester un grand nombre de références d'aspirateurs ou d'autres produits ménagers. On comprends surtout pourquoi sur ces sites, conçus uniquement pour générer des ventes Amazon, tous les produits ont de bonnes notes.

C'est le cas par exemple de l'anglais EY - anciennement Ernst & Young -. Le cabinet demande ainsi à ses quelque 250. 000 salaries disséminés à travers le monde d'évaluer leurs managers, mais aussi leurs pairs. Dans l'entreprise, les salaries se notent donc entre eux. Autre tendance, qui va en général de pair, le - feed-back en continu -, c'est -à-dire une évaluation permanente, qui n'est plus cantonnée à un seul entretien annuel. En d'autres termes, un contrôle continu plutôt qu'examen final. Les salaries sont ainsi évalué grâce à une note évoluant de 1 à 7 sur six compétences, telles que la capacité à travailler en équipe par exemple. Pour ne pas tomber dans une démarche trop scolaire, aucune note moyenne n'est calculée, précise la DRH en France. Audrey Deconclois. Mais chaque salarié peut d'ores et déjà - se situer par rapport aux autres collaborateurs sur chacune de ses notes -.

Les données de certaines de ces entreprises ont pourtant été dérobées par le passé. En 2015, le géant Experian à révélé un piratage d'ampleur. Entre 2013 et 2015, l'entreprise s'est fait voler les données de 15 millions de consommateurs américains. Deux ans plus tard, en 2017, c'est son concurrent direct, Equifax, qui se vante pourtant d'être spécialiste dans le domaine de la sécurité informatique et de la détection de fraude, qui a été hacké et a donc exposé les données personnelles de la quasi-totalité de la base, soit 143 millions d'Américains. Depuis, une pièce du dossier de l'enquête concernant ce piratage, souvent considéré comme l'un des pires de l'histoire, a révélé le peu de cas que faisait Equifax de la sécurité : les donnés personnelles n'étaient protégées que par le login - admin - et le mot de passe - admin -. Soit les identifiants par défaut.

Une autre entreprise, décidément accro à la notation, a totalement intégré le - feed-back permanent - à son quotidien : Amazon. Comme l'a révélé le New-York Times, l'entreprises pionnière dans le domaine de la notation des produits vendus en ligne a mis en place un système de notation entre salaries. Avec des dérives édifiantes. Une salariée témoigne ainsi que plusieurs collègues la notaient négativement parce qu'elle partait plus tôt qu'elle le soir... sans se rendre compte qu'elle arrivait bien plus tôt le matin. La notation entre pairs donnait un argument managérial imparable à son chef, qui lui avait alors assuré - ne pas pouvoir la défendre si ses collègues eux-mêmes considéraient qu'elle ne faisait pas son travail -. Ici, comme à l'école, la note permet de - mettre fin à la discussion -.

Avec la note, on met les individus sous pression, on crée du stress, de l'anxiété, de l'injustice.

À cette époque, Emmanuel Macron n'est pas encore candidat, mais son équipe est déjà au travail et en pleine effervescence. Dans son message Thomas Cazenave, chargé de réfléchir à la réforme de l'état, évoque une - proposition concrète - que pourrait faire Emmanuel Macron : - révolution -qui - pourrait prendre la forme de la publication de tous les services publics de leurs résultats à tous les niveaux - chaque école, chaque commissariat, hôpital, CAF -de façon transparente et régulière - enquête de satisfaction, résultats... -.
Une reforme qui permettrait, entre autres, un - service public personnalisé, différencié, à l'image du virage pris par les entreprises -. L'inspiration de Thomas Cazenave est alors évidente.

Afin de calculer une moyenne entre plusieurs notes et de pouvoir ainsi comparer et sélectionner les candidats, devenus trop nombreux pour être jugés par un examinateur unique. Comme dans les collèges jésuites, les élèves sont donc classés en fonction d'un total de points obtenu en compilant leurs différentes notes. Ce barème va ensuite mécaniquement se diffuser dans le système scolaire français, chaque échelon se conformant à, l'échelon supérieur pour mieux préparer les élèves. En 1890, le baccalauréat adopte le barème sur 2, puis, très vite, par capillarité, le lycée, le collège et enfin l'école primaire font de même.

Les algorithmes utilisent la note pour connaitre nos gouts et nos dégouts, pour classer ce que l'on voit, ce que l'on achète. La facilité avec laquelle ces notes peuvent être manipulées, par des personnes malintentionnées ou par des concepteurs mêmes qui peuvent modifier critères et pondération à leur guise, devrait nous amener à prendre de la distance.
À réfléchir à deux fois avant de les considérer comme un indicateur fiable et objectif. À pousser les plateformes à être plus transparentes. À demander des comptes, des explications sur les notes, visibles ou non, qui nous sont attribuées ou qu'on attribue.

Dans leur sociétés françaises et européennes, chaque consultant est désormais évalué par - toutes les personnes avec lesquelles il travaille -de façon anonyme : - Son manager. Ses pairs. L'équipe encadrée par le manager. L'assistante. -
Cela - permet une appréciation permanente. Toutes les personnes qui travaillent avec un consultant peuvent donner leur avis en temps réel. La somme de leurs avis fait ressortir les qualités professionnelles du collaborateur, les points qu'il doit améliorer -.