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3.8/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Vincent Estellon est maître de conférences à l’Université Paris-Descartes.
Psychologue clinicien, il est membre du Laboratoire LPCP de l’Université Paris-Descartes.
Il est l'auteur de 2 "Que sais-je" :
- " Les 100 mots de la sexualité ", PUF, 2011
- " Les états limites ", PUF, 2011

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La société moderne occidentale dans laquelle nous évoluons conditionne lentement mais sûrement femmes et hommes – enfants ou adultes – à un monde où ce qui est désiré doit pouvoir s’acquérir et apparaître dans l’instant. Plus d’attentes, plus de frustration, mais des offres à profusion de produits de consommation « illimités ». Dans cette optique, ne voulant rien savoir du sentiment de frustration lié au manque, les comportements sexuels eux aussi se soumettent à la loi de l’offre et de la demande, à la règle de libre concurrence, accordant à l’objet « sexe » le même statut que n’importe quelle autre marchandise. Sur ce marché libéral du sexe, il faudrait aussi, comme un parfait consommateur, maintenir en surrégime les performances sexuelles sur un mode quantitatif et assurer le remplacement de l’objet usagé avant même sa perte.
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La confusion des langues entre les adultes et les enfants provient de la rencontre de deux types différents de communication : celle de l’adulte privilégiant l’hypocrisie ordinaire et le langage de la passion et celle de l’enfant en demande de tendresse et de vérité.
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"Dans ces sociétés riches où les deux parents travaillent, où les familles éclatées sont banalisées, où la loi a du mal à être incarnée par les figures parentales, auprès de qui les enfants sont-ils amenés à prendre des repères stables ? L'affaiblissement des idéologies, la quasi-disparition du poids des valeurs religieuses traditionnelles, des rituels sociaux, des normes sociales et institutionnelles ne permettent plus d'étayer la fragilité de certains fonctionnement parentaux. Par ailleurs, le modèle dominant proposé en échange - celui de la réussite matérielle - n'offre pas d'alternatives pour une valorisation des limites. De plus en plus, tandis que dans les générations passées, les parents avaient tendance à s'identifier - plus ou moins bien certes - à leurs propres parents, les consultations thérapeutiques d'enfants laissent découvrir bien souvent des parents identifiés à leurs enfants. De ce fait, ils éprouvent de grandes difficultés à tenir leur place d'exigence et de limitation. Au sein de ces configurations familiales, l'immaturité infantile de l'enfant a de la peine à être reconnu et respectée.
Un tel parent ne parviendra pas à comprendre aisément que son attente n'est pas compatible avec la maturité de l'enfant. Le parent, en voulant être aimé inconditionnellement, ne permet pas à l'enfant de construire des limites structurantes.
Dans un contexte technologique et social où les divers écrans (télévision, ordinateur, console de jeux) ont pris le pas sur les jeux collectifs (cartes, jeux de société, etc.) et parfois même sur l'éducation, l'impact du virtuel sur le réel ne saurait être ignoré du point de vue du fonctionnement psychique. Dans cette dynamique où le pouvoir des images ne cesse de croître, le travail d'élaboration de la pensée n'est pas facilité. Lorsque la société fictionnelle décrite par Georges Orwell dans 1984 devient réalité, qu'advient-il pour le sujet ? Lorsque le pouvoir politique, pour asseoir sa suprématie, fait tout ce qu'il peut pour promouvoir les images au détriment de la langue ou de la pensée, que devient le sujet ? Dans le roman 1984, parmi les principes du Novlangue (langue universelle destinée à écraser les différences), on retient l'appauvrissement de la langue - rendant impossible l'expression ou la formulation des pensées subversives.
Lorsque la société dominante tente d'écraser les singularités, ce sont les limites qui s'estompes ou s'effacent."
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[Comment se construisent les limites pour l'humain ? Ce que nous enseignent les mythes théogoniques des origines

Comment sortir de la confusion pour fabriquer des limites qui tiennent ? A cette question, les mythes théogoniques d'Hésiode nous aident à concevoir comment les formes vivantes pour survivre et se reproduire ont dû construire des limites pour sortir du chaos originel. Les mythes qui rendent compte de l'origine de l'univers évoquent tout d'abord "Chaos" - nom de genre neutre - béance, abîme, gouffre où rien ne tient, rien n'a de forme, où tout est englouti dans l'obscurité sans fond. Lorsque naît "Gaïa" - nom de genre féminin - la Terre, un contour ferme est posé sur ce gouffre aspirant : un sol sur lequel les hommes comme les bêtes peuvent marcher. Ce plancher présente des reliefs : montagnes qui s'élèvent vers le ciel ou souterrains qui s'enfoncent vers le bas pour retrouver l'abîme. Ainsi va la terre ! Engendrée par l'abîme, elle donne une assise tout en s'appuyant sur la béance, se rattachant par le bas aux obscures profondeurs. Apparaît "Eros", l'amour, force vive, pulsion érotique (impliquant la bisexualité et la dynamique du mouvement) qui permettra à "Gaïa" d'engendrer deux êtres, deux fils qui se complètent : "Ouranos", le grand ciel nocturne, sombre, étoilé - nom de genre masculin - et "Pontos", le flot marin - nom de genre masculin. Tandis que l'élément fluide va s'écouler dans les profondeurs, tel un immense brouillard obscur "Ouranos" va recouvrir sa mère entièrement. Vautré sur elle, il la couvre en permanence. Entre les deux, il n'y a pas d'espace, "Gaïa" n'a pas d'autres horizons qu' "Ouranos" qui lui fait subir une activité sexuelle ininterrompue. Les progénitures qua "Gaïa" porte en elle ne peuvent d'ailleurs pas sortir, car "Ouranos" bouche tout passage. C'est la nuit sombre qui recouvre "Gaïa" de plus en plus encombrée d'enfants qu'elle ne peut mettre au monde. Parmi ses enfants, de plus en plus nombreux et étouffant de ne pas pouvoir sortir de son giron, son dernier fils, "Cronos", complice de sa mère, décide à l'aide d'une serpe fabriquée par "Gaïa" de castrer "Ouranos" ; ce qui aura pour effet de séparer le ciel de la terre. "Ouranos", hurlant de douleur, s'en va vers les hauteurs du monde. Des gouttes de sang qui sont tombées de son sexe naissent, avec le temps, les "Erinyes", êtres, déesses infernales qui ont pour fonction de faire payer aux enfants ou aux parents les fautes commises contre le père ou aux consanguins ; elles sont la mémoire des fautes, elles ne pardonnent pas, et feront payer ceux qui ont porté atteinte à l'intégralité de la génération antérieure. Du sexe d' "Ouranos" tombé dans la mer naîtront des gouttes de sperme mélangées à l'écume "Aphrodite", créature merveilleuse, déesse de la beauté et de l'amour qui, portée par les vents, arrivera à Chypre. Grâce à l'action de "Cronos", la lumière naît, tout les enfants de "Gaïa" peuvent désormais sortir du giron maternel. Un espace s'est créé, un nouveau temps aussi, puisque désormais les générations successives peuvent se développer. "Cronos" écarte, permet le mouvement, la libération des enfants et des générations. Cette libération se combine avec un forfait. Lorsque "Chronos" sera lui-même père, il mangera ses enfants de peur que ces derniers lui fassent subir un sort comparable à celui qu'il fit connaître à son père "Ouranos". Seul le dernier de ses enfants, "Zeus", avec la complicité de sa mère, n'ira pas dans la panse de son père.
Ce récit des origines indique quelques pistes concernant notre réflexion sur les limites :

- une limite ne se crée pas sans effort ni douleur ;
- une limite sépare et contient ;
- une limite induit un écart, un intervalle ;
- une limite dans le temps induit une limite dans l'espace ;
- une limite crée du lien ;
- au plan psychologique, elle nécessite l'épreuve symbolique de la castration ;
- cette castration douloureuse permet l'amour, la beauté ;
- mais cette aspiration à l'amour sera perturbée par la violence, la vengeance, le souvenir des fautes commises.]

Cette citation ne reflète certes pas le livre mais, j'ai trouvé qu'elle expliquait très bien le concept des limites. De plus, se la mythologie permet une bonne compréhension, elle permet surtout un peu de légèreté dans une pathologie qui ne l'est pas (et encore moins à assimiler)
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C’est souvent l’épuisement du corps qui sert de limitation à ces activités plutôt qu’un « non » qui viendrait de l’intérieur de la psyché. Là encore, ce sont les sensations corporelles qui décident l’emploi du temps du sujet : l’ivresse, la douleur, la fatigue sont des expériences sensorielles solipsistes par lesquelles le sujet, pragmatiquement centré sur son propre monde, se coupe subjectivement de l’autre.
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Du côté philosophique, Épicure et ses disciples ont défendu l’idée selon laquelle la recherche du plaisir et la suppression de la douleur sont des quêtes naturelles chez l’homme. Au-delà de son actualité étonnante, le Chant IV du De natura rerum – écrit par le poète Lucrèce au Ier siècle av. J.-C. – invite à réfléchir sur le caractère intemporel de la blessure sexuelle des hommes, en tant qu’intime déchirure :La volupté est plus grande et plus pure pour ceux qui pensent froidement, qu’aux âmes malheureuses, dont l’ardeur est ballotée dans les flots de l’incertitude à l’instant de la possession. Leurs yeux, leurs mains, leurs corps ne savent pas de quoi d’abord jouir.
Ce corps tellement convoité, ils le pressent étroitement jusqu’à le faire crier. Leurs dents impriment leur marque sur les lèvres qu’ils aiment. Parce qu’elle n’est pas pure, leur volupté est cruelle et les incite à blesser le corps quel qu’il soit, qui a fait se lever en eux les germes de cette rage. Nul n’éteint la flamme de l’incendie. La nature s’y oppose.
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Et le psychanalyste est bien placé pour entendre comment les premières amours, les excitations, les haines, les blessures, les conflits, et même les rêves, sont déterminants dans les choix de la vie amoureuse et sexuelle de l’adulte.
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Si la « libération sexuelle » a modifié un certain nombre de pratiques et d’usages, la sexualité humaine reste un domaine qui occasionne de multiples troubles, inhibitions, conflits, symptômes et angoisses. Pour la psychanalyse, certaines problématiques psychologiques traversent le temps sans trop bouger : au plan psychique, la liberté sexuelle est toujours difficile à conquérir.
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Il est difficile d’assister au jour qui vous précède. Nous dépendons d’une posture qui a eu lieu de façon nécessaire, mais qui ne se révélera jamais à nos yeux [2]. » Cette image qui manque l’origine tourmente l’âme humaine. Pour l’approcher, certains vont tenter de la peindre, de la symboliser, d’autres s’y adonnent à corps perdu.
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Boire, manger, ces désirs-là se comblent, et le corps absorbe plus que l’image d’eau ou l’image de pain. Mais de beauté d’un visage, de l’éclat du teint, le corps ne peut rien absorber. Rien. Il mange des simulacres, des espoirs extrêmement légers que le vent rapte. De même un homme que la soif dévore au milieu de son rêve.
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