Rien n’irrite plus les Américains que la résistance du vaillant peuple coréen. Les impérialistes ont une obsession, prendre en défaut notre système de défense dans le but de nous mettre à leur merci. Ils déploient d’énormes moyens pour obtenir des renseignements ; ils surveillent le pays en permanence. Ils ont des espions à leur solde qui finissent toujours par être démasqués, car nous restons constamment sur nos gardes. Ce bateau montre que nous n’hésitons pas à répondre coup pour coup. Nous sommes aussi capables de nous infiltrer jusqu’au cœur de leur dispositif pour étouffer dans l’œuf leurs manœuvres perfides.
La Corée est jalouse de son indépendance. Pendant la colonisation, les Japonais ont tout fait pour éradiquer l’identité culturelle du pays. Ils forçaient les gens à parler japonais. Ensuite, les impérialistes américains ont tenté d’écraser sous les bombes leur soif de liberté. Mais rien ne peut étouffer la volonté d’un peuple uni derrière un dirigeant de génie.
L'affectueuse et paternelle bienveillance de Kim Il Sung, sous laquelle les membres du groupe se plaçaient et à laquelle ils rendaient grâce en toutes occasions faisait de lui l'égal d'un sauveur, d'un bouddha. Le paradis socialiste dans lequel les militants japonais prétendaient avoir été accueillis n'était qu'une réplique révolutionnaire de la Terre pure de Shinran. Sans être totalement dupe, Julie s'était laissée gagner par leur piété, leur enthousiasme, leur idéalisme, au point de comprendre leur point de vue, de ne pas condamner leurs méthodes, dont pourtant elle était victime, d'avoir part à leurs espoirs et à leur lutte. Elle se persuada que son emprisonnement n'était pas une punition injuste mais une épreuve, destinée à tester la sincérité de son engagement et sa loyauté.
Le mont Paektu est un lieu sacré aux yeux des Coréens. Le fils de l’Empereur du Ciel s’y est installé pour bâtir la Cité de Dieu et enseigner aux hommes les arts et les lois. De son union avec une ourse transformée en femme est né Tangun, le fondateur de la première dynastie coréenne. Le Dirigeant bien-aimé Kim Jong Il lui-même a vu le jour sur les bords du lac qui remplit son cratère.
Les mots « capitalisme », « socialisme », « impérialisme », revinrent avec insistance dans sa bouche pour vilipender la société de consommation occidentale. Elle lui décrivit avec véhémence l’envers du décor du Japon hypermoderne et fier de ses traditions. Elle lui parla avec une compassion contagieuse de l’exploitation des travailleurs précaires à laquelle la deuxième économie mondiale devait sa prospérité, de la position subalterne des femmes, des discriminations à l’encontre des minorités : des burakumin, descendants de la caste des parias de l’époque féodale, toujours considérés comme impurs et ostracisés, du peuple aïnou, refoulé dans le nord du pays et réduit à l’état de phénomène de foire, des immigrés coréens de deuxième ou troisième génération, dont les parents ou les grands-parents avaient été déracinés de gré ou de force par le colonisateur nippon et qui étaient obligés de dissimuler leur origine pour pouvoir s’intégrer.
« De même qu’un chacal ne peut se transformer en agneau, les impérialistes ne cesseront jamais d’être des rapaces. »
La tradition veut qu’on mange les nouilles sans les couper, car elles sont un symbole de longévité !
Pourquoi kidnapper une Française ? Quel sort attendait Julie Duval dans un pays plus hermétiquement fermé qu’une prison, entre les mains d’un Etat totalitaire, monolithique, concentrationnaire, en état de guerre permanente contre le monde entier ?
— Kim Il Sung, le dictateur ?
— Kim Il Sung n’est pas un dictateur. Tu dois oublier immédiatement les ragots colportés par les médias occidentaux sur la République populaire démocratique de Corée.