C’est samedi après-midi Passage des postes. Les touristes s’attardent moins que d’habitude dans la ruelle, peut-être parce qu’il pleut par intermittence, rendant les pavés glissants, en sus de la pente déjà bien marquée de la rue. Haim est sur son lit, le regard fixé au plafond, quand je l’aperçois à travers la fenêtre. J’ai écarté doucement le volet métallique qui préserve le peu d’intimité que son logement en rez-de-chaussée lui permet. Il ne semble même pas déprimé, juste lymphatique aujourd’hui. Il me remarque, ouvre la porte, et après peu de mots, je sors les Suites françaises par Gould. Le deuxième menuet de la première suite résume parfaitement notre état d’esprit, mélancolique, mais sans trop d’abandon. Triste, mais avec une architecture. Glenn est assez bon dans ces moments- là, ses tempi hallucinants soulignant ce que Bach a à la fois de plus moderne et d’universel.