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Critiques de Vincent Tholomé (8)
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Cavalcade poème anthropophage

On hurle. On court. On dévaste le monde. On le repeuple. Les mots prolifèrent ou disparaissent sur la feuille, et tout à coup c'est un chant qui s'élève, une ruée, une tempête, et puis plus rien, le désert. Tholomé nous fait vivre une expérience unique. Il a testé pour nous la cavalcade. Elle fonctionne. Il nous la livre. Mais il faut faire très attention. Nous risquons de ne pas en revenir indemnes. Ecoutez ce que Tholomé fait de son livre sur scène avec des musiciens. Traversez l'océan et découvrez comme son livre mute en voyageant. Tholomé est un de ces auteurs qui nous apprennent à lire.
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Kirkjubaejarklaustur suivi de The John Cage..

J'ai reçu cet ouvrage via une opération Mass Critique et je remercie chaleureusement les éditions de la FWB avec leur collection Espace Nord de me l'avoir fait parvenir.



Travail titanesque sur le rapport à l'écriture et à la lecture je vous laisserai entre les bonnes mains de la postface de Jan Baetens qui explique ce que mes yeux de profane n'avaient pas vu. Pour le reste :

J'ai adoré le premier texte : "Kirkjubaejarklaustur". Ce travail sur la syntaxe m'a fortement plu, étant donné que je suis un lecteur rapide, ce texte était parfait pour moi. Il faut le lire à une vitesse élevée pour pouvoir se rendre compte que, certes le texte est particulier, mais que toutes les connexions se font quand-même. Vous savez comme ces tests qui pullulent sur le net dans lesquels, même s'il manque des lettres ou si les mots sont coupés différemment, notre cerveau arrive à rétablir une certaine compréhension.



Ici c'est pareil, qu'importe les mots manquants, les découpages barbares, le texte, lu à une relative vitesse est compréhensible et agréable. J'ai trouvé aussi une belle allégorie à cette société qui essaye de mettre une étiquette unique à un (ou un groupe d') individu(s) venant du fait que tous les personnages du roman, avec une même fonction ou caractéristique principale, ont le même prénom. Mais on ne s'y perd pas :



" ... car le nom propre devient ... un nom accordéon [rappelé par le titre en islandais une langue agglutinante NDLR] : il y a ainsi en guise d'exemple, "Jon. L'amoureux de Thora" et "Jon. L'ami fidèle" et le texte ne manque jamais de donner les précisions qu'il faut pour que le lecteur s'y retrouve..." Jan Baetens, Postface, p. 227



Le deuxième texte "The John Cage Experiences" découle aussi de contraintes que l'auteur s'est imposé et est destiné à être lu à haute voix et selon les indications données par Vincent Tholomé. Si j'ai été très charmé par la première partie, la deuxième par contre m'a moins emballé. On ressent néanmoins que l'auteur essaye de repousser les limites de la définition d'un texte littéraire. On sent un texte brut (mais il est loin de l'être) dans lequel les mots viendraient directement dans une sorte d'écriture orale. Ces lignes doivent se lire à un rythme moins élevé et oralement ce qui mettrait en exergue le travail de l'auteur mais je n'y ai pas porté attention lors de ma lecture.



"... dans le texte contemporain, la dimension sonore mais aussi la dimension écrite du texte acquièrent une forme d'autonomie, qui se manifeste à tous les niveaux. Le texte, c'est aussi un ton, un rythme, une voix, indépendamment de la signification du texte[...] le texte c'est aussi une forme visuelle, une figure émergeant sur la page[...]" Op cit, p. 210



Une très belle découverte don. Je m'empresserai de lire d'autres récits de cet auteur à la bibliothèque
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Histoire secrète des prairies du Nord-Est asi..

Un flot - ou des éléments pris dans un flot, puisque le livre est constitué de récits (l'histoire du général Kouropatkine et de son camarade Goitre avant qu'il devienne le chef de la troupe de "gamins" ou chiens et de petites nanas courant, venus de la steppe, avec pétoires et motos ou autos parfois - des chants, quasi hymnes, choeurs - l'histoire des gamins et celle des nanas - la saleté, la précarité, et le retour obsessionnel du mot lavabo - le dédain pour les sédentaires et la brutalité - l'ironie des nanas - la tendresse niée - les affrontements dans la troupe - un peu de grotesque - la matière omniprésente etc...) liés par des courts paragraphes, disant que le grand dire STEPPE, continue "Nuit après nuit. Déversant les choses dans le noir." ou "c'est n'importe quoi", et on reprend.

Et il y a aussi l'histoire d'une terre que l'on baptise, ou on plante tente, et moutons, pour laquelle on meurt, et plus tard, avec prêt cette terre devient le centre d'une richesse, d'une puissance, et source d'intérêts, avant d'être pillée à nouveau etc... (et c'est d'une autre troupe qu'il s'agit mais toujours de la steppe, mais pour les deux troupes ce même désir d'une installation dans une maison).

De très courtes phrases, ou, quand elles se font longues (et dans un cas elle s'élance sur plusieurs pages), hachées de virgules, de groupes de mots, juxtaposés, progressant, avec des répétitions qui sont variations infimes, - refrains, ruptures légères.

Rythme d'une poésie, au goût fort, qui emporte, et fait que ce n'est jamais l'horreur qui est là, mais une humanité, une jeunesse, une séduction barbare, avec pourtant, avec l'âge, le désir d'une autre vie, et la crainte qu'elle soit imposée, au prix de cette merveilleuse liberté, vraie ou crue.
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La ligne blanche

Vingt-trois artistes belges, français, turcs, italiens et congolais ont répondu à l’invitation d’Antoine Wauters, qui leur a demandés de rédiger un texte en s’interrogeant sur la signification de « la ligne blanche ». Qu’évoque-t-elle à leurs yeux, au fond d’eux-mêmes, dans leur intimité, dans le reflet des souvenirs ou au présent ? Retrait, brèche, soustraction, trait d’union, elle s’assimile parfois à la perfection ou à un lieu magique abstrait de toute contingence. Egalement, imperfection, elle devient un faix à traîner. Mais, le plus souvent, elle se métamorphose en portée, sorte de cordon et support pour accueillir l’écriture. Au fil des textes (plus ou moins courts), le lecteur se familiarise avec des états d’esprit et des idées qui ricochent pour voltiger avec passion et ardeur, afin de se transformer en prose cohérente ou en poésie pure. Des instants suspendus à la croisée des genres et des styles. Un livre façonné à quarante-six mains et dû au talent de Philippe Marzewski, Serge Delaive, Aline Dethise, Annick Walachniewicz, Carl Norac, Laurent Demoulin, Vincent Tholomé, Pascal Leclercq, Nathalie Skowronck, Aurélie William Levaux, Aliette Gritz, Carole Zalberg, Fixton Mwanza Mujila, Myriam Leroy, Inatello Passi, Karel Logist, Alexis Alvarez Barbosa, Lisette Lombé, Julie Remacle, Anne Versaille, Yadel, Ysaline Parisis et David Giannoni.
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Kirkjubaejarklaustur suivi de The John Cage..

On a coutume de dire qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture mais je dois reconnaître que la couverture de l’ouvrage m’a beaucoup plu. Sobre tout en flattant l’œil, elle présente en outre des caractères en relief très agréables au toucher. Bref, l’aspect du livre m’a donné envie de me plonger rapidement dans sa lecture.



L’éditeur classe ce livre dans la catégorie poésie ce qui m’a au début un peu déroutée car sa typologie diffère nettement des poésies classiques. A vrai dire, ce livre ne ressemble à aucun autre qu’il m’ait été donné de lire.



Dès les premières secondes de lecture, j’ai été très perturbée par la présentation du texte : des mots ponctués par des points s’alignent tels que le feraient les lignes d’un livre classique à la nuance près qu’ici, pas de constructions grammaticales recherchées, pas de belles envolées lyriques, juste la juxtaposition de mots pour donner vie au récit.



Est-ce que ce choix de l’auteur permet de classifier son ouvrage dans la catégorie « poésie » ? Je dois reconnaître ne pas vraiment avoir de réponse. La poésie est un genre littéraire que je connais très peu si ce n’est pas du tout si l’on met de côté les classiques poèmes comme « Mignonne, allons voir si la rose » (Pierre de Ronsard) que l’Éducation Nationale française s’est évertuée à nous imprimer dans la tête.



Privée de repères, j’ai donc eu du mal à aborder la lecture à tel point qu’au bout d’une vingtaine de pages, je me suis résolue à lire la postface dans l’espoir d’y recueillir quelques éléments d’informations afin de guider voire faciliter ma lecture. Ce fut en effet le cas, la postface permet vraiment de mieux comprendre la démarche de Vincent Tholomé mais également d’en apprendre plus sur, par exemple, les techniques d’écriture.



Si vous n’êtes pas totalement réfractaire à cette idée, je ne peux donc que vous conseiller de commencer le livre par la postface ou au moins, d’aller la consulter si la lecture de Kirkjubaejarklaustur suivi de The John Cage Experiences vous déconcerte tellement que vous êtes prêts à déclarer forfait.



Parcourir le livre a été difficile dans le sens où il sort tellement des sentiers battus que cela m’a demandé un vrai « travail » de lecture. L’absence de phrase avec une construction grammaticale classique ne permet pas de mettre en place les mécanismes automatiques qui permettent de lire rapidement un texte en le « scannant ». Il faut prendre le temps de lire chaque mot ou groupe de mots avec attention ce qui demande un effort plus important et prend également plus de temps que pour une lecture classique.



Ce ralentissement de mon rythme de lecture habituel m’a au final plutôt plu car il m’a permis de me recentrer sur les mots, leur sens, leur musicalité, et la manière dont leur juxtaposition brute, sans interférence de mots parasites, peut tout autant avoir d’impact qu’une phrase bien tournée. Et rien que pour ça, je suis contente d’avoir lu ce livre.



Enfin, je ne peux pas dire que ce livre est un coup de cœur car sa plus grande force, son originalité dans sa composition, demeure pour moi son plus grand défaut. Peu coutumière de la poésie et encore moins d’une forme aussi originale, je suis restée trop attachée à la forme pour en apprécier pleinement le fond. Une fois la dernière page tournée, j’étais bel et bien incapable de pouvoir formuler un résumé clair du livre ce qui ne m’est encore jamais vraiment arrivé.



Si je répugne à lire plusieurs fois le même livre, sauf à de rares exceptions près et à plusieurs années d’intervalle, ce livre a tellement perturbé mes habitudes de lecture que je pense le relire d’ici quelques mois avec, sûrement, le secret espoir d’en capturer un peu mieux l’essence.



Pour conclure, je suis sortie de ma lecture frustrée car je ne pense pas avoir su saisir tout le contenu du livre ce qui ne m’a pas empêchée d’apprécier la qualité du travail de Vincent Tholomé. Si vous désirez une lecture qui vous permet de vous libérer des carcans habituels de la littérature classique, ce livre devrait vous plaire, l’auteur vous offrant une expérience littéraire inédite.



En quelques mots, Kirkjubaejarklaustur suivi de The John Cage Experiences est sans aucun doute un ovni littéraire à mettre entre les mains des plus curieux.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Kaapshljmurslis

Amateurs de psalmodies nouvelles, de descentes dans les lieux de la marge (...) pour le plaisir de jouer avec la langue, avec les frontières de la vie, KAAPSHLJMURSLISez sans crainte, c’est Vincent Tholomé qui vous y invite.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Kirkjubaejarklaustur suivi de The John Cage..

Je connais la voix de Vincent Tholomé. J'ai déjà eu le plaisir de l'entendre lors d'une de ses performances publiques. Alors quand je lis ces mots, j'entends sa voix. Sa voix faite de répétitions, d'hésitations, d'errements. Comme la vie. La voix de Vincent Tholomé est comme une narration de la vie qui avance d'accroc en aspérité, de perle perdue en collier dépareillé. Qui se construit comme on reprend sa respiration avant de parler. Aurais-je lu le même livre si je ne connaissais pas la voix de Vincent Tholomé? Question absurde. Absurde tant sa voix et ses mots sont mêlés. Absurde comme Kirkjubaejarklaustur où tous les étrangers s'appellent Sven, toutes les femmes mariées s'appellent Thora, toutes les mères Birgit et les mouettes Olaf. Kirkjubaejarklaustur où tous les flics s'appellent Jon et écrasent la terre dans leur voiture noire qui pourrait la réduire en miettes, à rien. Kirkjubaejarklaustur où les esprits des chiens s'appellent Harald et effraient tous les Sven qui sont sourds à l'absurdité de cette Islande du bout du monde. Un monde que rien ne pourra sauver. J'aurais pu me perdre dans la lande de ces absurdités. Mais j'ai eu la chance d'aimer la langue de Vincent Tholomé.
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Kirkjubaejarklaustur suivi de The John Cage..

Vincent Tholomé est un auteur performeur, tel qu'il se présente lui-même. Il a déjà fait plusieurs spectacles. Ce n'est pas un auteur Oulipien mais, comme eux, il écrit sous contrainte.

Il y a deux parties dans ce livre et chaque partie utilise une technique d'écriture différente.

La première partie : Kirkjubaejar-klaustur est le nom d'un village islandais. Les mots islandais sont créés par agglutination : des mots sont collés au mot de base pour les préciser et créer le contexte. Le texte qui y est relié est comme cela aussi. Les phrases sont minimalistes, les mots inutiles ont été abandonnés. Pourtant à la lecture notre cerveau reconstitue normalement les phrase ce qui fait que le texte reste très compréhensible. Chaque phrase vient ensuite agglutiner des détails, des précisions et cela crée le récit. C'est une histoire très cinématographique. On commence par un tout petit détail et ensuite on ajoute un détail qui élargie notre vision de la scène, puis un autre détail et on élargit de plus en plus jusqu'à créer l"histoire. Une autre particularité est que tous les personnages ayant le même rôle ont le même prénom : les policiers s'appellent Jon, les femmes mariées Thora et les mères Birgit par exemple. Pour différencier les personnages l'auteur ajoute ensuite des contextes. Ainsi les deux Jon deviennent Jon l'amoureux de Thora et Jon l'ami fidèle. Donc on s'y retrouve plutôt bien.

Ce texte est intéressant parce qu'il met l'accent sur l'importance des mots ainsi que sur la place de la ponctuation. C'est un travail sur une histoire mais aussi sur l'écriture en elle-même, l'esthétisme du texte et sa place sur la feuille.

La deuxième partie utilise la méthodologie du musicien et auteur John Cage. John Cage a théorisé une méthode de composition par le hasard. Vincent Tholomé a utilisé cette méthode pour écrire son texte dont le personnage principal est John Cage lui-même. C'est une partie que j'ai moins aimé et qui ressemble beaucoup à une pièce de théâtre avec des improvisations et des indications scéniques. Donc c'est moins surprenant que la première partie.

J'ai beaucoup plus aimé la première partie que la deuxième, même si les deux sont intéressantes.

Il est intéressant également de lire la postface de Jan Baestan qui explique en détail les techniques utilisées.
Lien : https://youtu.be/L2mOHhafTnQ
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