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4.38/5 (sur 17 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Rome , 1984
Biographie :

Né à Rome, diplômé en Philosophie à l' Université de Milan avec Paolo Valore en soutenant une thèse sur les arguments ontologiques soutenant l'existence de Dieu, il a ensuite travaillé comme traducteur sur des œuvres de PG Wodehouse , Hanif Kureishi (avec Ivan Cotroneo ), Daniel Spoerri , AR Ammons, Max Beerbohm , Francis Scott Fitzgerald et Rudolf Carnap (avec Renato Pettoello).
En 2008, il publie son premier roman Gymnastique et Révolution ( Bompiani ), suivi de La conspiration des colombes ( Bompiani 2011 ).
Toujours pour Bompiani , en juin 2009, il publie un texte théâtral : Lignes directrices sur la férocité , avec Rosella Postorino et Chiara Valerio . En anglais, il a publié les livres Remedies to the absence of Reiner Ruthenbeck (Archive Books, 2011 ) (également traduit en allemand et en italien) et Criticism as fiction?
Pendant un an, il anime une chronique satirique, intitulée "Plus jamais ça", sur Radio Onda d'Urto , dans le cadre de l'émission de livres Flatlandia, chronique inspirée de Kurt Vonnegut .
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Source : Wikipedia
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Bibliographie de Vincenzo Latronico   (1)Voir plus

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ils auraient aimé avoir vingt ans en 68, ou manifester à la chute du Mur. Pour les générations passées, il avait été beaucoup plus facile de décider qui être, quel camp rallier. Les problèmes d'alors, bien que plus pressants, paraissaient également plus faciles à résoudre. Aujourd'hui, les choix étaient trop nombreux et chacun se dilatait dans une jungle de bifurcations qui finissait par exclure toute possibilité de changement drastique. L'avenir le plus révolutionnaire qu'ils étaient capables de projeter, c'était la parité dans les conseils d'administration, les voitures électriques et le végétarisme. Anna et Tom enviaient non seulement ceux qui avaient pu lutter pour un monde radicalement différent, mais aussi ceux qui avaient été capables de l'imaginer.
Cette nostalgie était quelque peu hypocrite. Depuis des années déjà, la crise migratoire clignotait à la une des journaux, mais ils étaient parvenus à la remiser au statut de problème local, propre aux pays méditerranéens - plus le leur. À Berlin, cela ne les concernait pas, sinon de la même façon, abstraite, dont ils se sentaient concernés par des injustices lointaines.
(p.100 101)
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Sur Instagram comme sur InDesign, le temps disparaissait.
Cela n'engendrait pas que des émotions négatives. De quelle nature était ce frisson qu'ils éprouvaient après un post particulièrement réussi ? Et cet enthousiasme impatient qui les forçait à interrompre leur travail toutes les vingt secondes, toutes les minutes, pour aller recharger la page et suivre l'accumulation des likes comme un indice boursier en hausse ou un score au tableau d'affichage ? Ils éprouvaient ça tous les jours, sans pouvoir le nommer. Ce n'était pas une compétition, on n'y gagnait rien. Sa retombée économique n'était que très indirecte. Les sociologues de cinquante ans, aveuglés par leur propre expérience, parlaient de narcissisme. Les vulgarisateurs en neurosciences avaient recours au lexique de la dépendance aux drogues et au sucre, à celui de la dépression. Anna et Tom y voyaient des simplifications de technophobes. Ils sentaient que ce n'était pas ça. Mais ce n'était pas non plus pas ça.
(p.78-79)
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Du jour au lendemain, les plantes étaient apparues dans leur vie comme une compétence qu'ils avaient déjà développée.
Un phénomène semblable s'était produit avec la cuisine. Comment cela avait-il commencé ? Étudiants, ils ne s'y étaient intéressés que de loin. Ils étaient capables de préparer quelques recettes familiales mais la plupart du temps, quand ils étaient tout seuls, ils s'alimentaient de junk food et de sandwichs. Leur talent atteignait son apogée lorsqu'ils parvenaient à rassasier les groupes de huit ou dix camarades de cours qui se réunissaient le dimanche avant les partiels - un minestrone, un curry, une bolognaise, des plats salés et caloriques, à la consistance pâteuse et à la teinte brun-roux. Ils les servaient dans des assiettes et des bols Ikea, dépareillés, bleus ou pistache. Les portions étaient très généreuses.
À présent, ils avaient presque honte en y repensant. Leurs écrans les avaient initiés à un monde de différences dont ils ignoraient auparavant l'existence même. Le vert profond du chou kale et l'émeraude de l'avocat se détachaient sur des assiettes émaillées à motifs bleu et blanc, ou dans les bols gris clairs de céramique artisanale, constellés d’arilles de grenade et d'éclats de vinaigre dense noir. La patine opaque d'une lame d'ardoise faisait ressortir le brillant des bouquets de fromage frais saupoudrés d'herbes aromatiques et de grains de raisin. Les mets étaient tous décorés d'éclaboussures de graines, de jaillissements de sauce, de perles de réduction.
[…] Anna et Tom consacraient beaucoup d'énergie mentale à cette passion née soudainement et d'une certaine façon déjà parfaitement aboutie. Ils y consacraient également une somme d'argent considérable. Ils n'étaient pourtant pas mus par une pulsion consumériste. Ne répondaient pas au désir d'exhiber une certaine marque de vaisselle ou d'acquérir des produits de luxe. Ils privilégiaient des ingrédients simples, adaptés à des préparations qui en feraient ressortir les particularités gustatives comme la faïence blanche faisait ressortir le violet marbré d'or d'une betterave caramélisée.
[…] Un intérêt identique s'était manifesté chez leurs amis, qui avaient découvert en même temps qu'eux (et cette simultanéité relevait presque du surnaturel) les fermentations maison, le chou-fleur bruni à la gazinière, l'umami. À mesure qu'ils s'engageaient tous dans la vie adulte, les soirées en boîtes - harassantes car nécessitant la consommation de drogues, saturées de touristes - se voyaient remplacées par de longs déjeuners pendant les après-midis d'été ou par des dîners aux chandelles tandis que le givre fleurissait aux fenêtres.
(p.82-85)
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Ils fréquentaient des bars où la bière artisanale coûtait le triple d'une Pils cesse dans les Kneipen du quartier ; ils se pressaient devant des galeries d'art qui conservaient ironiquement au-dessus des vitrines les enseignes des ferrailleurs et des coordonnées qu'elles avaient expulsées ; ils avaient succédé à des locataires qui payaient leur loyer en marks de l'Est. Ils se rendaient compte qu'ils avaient contribué à alimenter le problème qui commençait à guetter leur propre monde, mais ils s’en rendaient compte d'une manière inavouée et liminaire, comme lorsqu'un fumeur pense au cancer. Au moment de leur arrivée, les prix étaient encore bas. Le cordonnier était encore là, jusqu'à ce que les Américains arrivent. La seule gentrification dont ils étaient vraiment conscients, c'était les autres qui la causaient.
(p.96-97)
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