« Les dernières pages sont un véritable choc ! À tel point que le lecteur est immédiatement tenté de revenir au début pour comprendre comment l'auteure a réussi si brillamment ce qu'elle a entrepris avec cet exceptionnel premier roman ! » The New York Times
Mrs March vit oisive dans un appartement huppé de New York. Alors que George, son mari, atteint la consécration littéraire avec son dernier roman, l'existence de Mrs March se met à vaciller. Aurait-elle, comme on le dit, servi de modèle à l'un des personnages peu reluisant du livre de son mari ? Impossible, connaissant George. Mais le connaît-elle vraiment ? N'aurait-elle pas été aveuglée, toutes ces années, par son existence dorée ? Mrs March se met alors à enquêter sur la vie intime de l'homme qui partage sa vie. Et elle découvre que celui-ci se passionne pour l'étrange disparition d'une jeune femme. Simple travail de romancier ? Peu à peu, le doute s'installe, et ses soupçons la mènent bien au-delà de ce qu'elle pensait. Au-delà même de la raison ?
Avec ce portrait d'une femme dont le monde s'effondre, Virginia Feito nous offre un récit à la tension extrême. Un coup de maître, pour un premier roman, qui la place d'emblée en digne héritière de Patricia Highsmith. Les droits d'adaptation du livre ont été achetés par l'actrice Elisabeth Moss.
« Ce livre m'a tellement captivée que je n'ai plus eu qu'une envie : l'adapter et jouer Mrs March. C'est un personnage fascinant, complexe, profondément humain et je brûle d'impatience de m'y faire les dents ! » Elisabeth Moss
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Le bruit d'un poing fermé sur la porte d'entrée ponctua la fin de la chanson. La fête était sur le point de commencer.
Qu'as-tu fait ? se demanda-t-elle, Agatha March, qu'as-tu fait ?
Dans l'école planait une odeur de métal et de bois humide. Ça ne sentait pas les enfants, ce dont Mrs March fut soulagée.
Sa vie durant, Mrs March, née Kirby, avait vécu dans une maison avec du personnel. La procession de femmes de chambre, de cuisinières et de nourrices qui avaient défilé dans son enfance avait été longue et globalement insignifiante – à une exception près.
Alma avait été leur dernière domestique à demeure. Plus précisément elle vivait dans une chambre exiguë et sans fenêtre attenante à la cuisine. Mrs Kirby avait rénové cette pièce, censée au départ être la buanderie, pour installer une douche étroite et un lavabo fixé au mur.
Alma, grassouillette, avait le teint olive. Elle cachait toujours ses longs cheveux noirs nattés, épais comme du cordage, car la mère de Mrs March considérait les splendides crinières détachées comme un affront personnel. Elle parlait d’une voix douce et passionnée, presque chantante, et émaillait ses phrases de termes mexicains. Mrs March, âgée d’une dizaine d’années à l’époque, n’avait jamais rencontré une femme humble et insignifiante aussi prompte à rire, sans gêne aucune, de ses propres défauts – voire à les embrasser.
« Tu manges vraiment beaucoup, avait-elle dit à Alma un jour en la regardant engloutir des samosas sur la table haute de la cuisine.
Mrs March avait été emmenée chez un psychologue pour enfants -si secrètement qu'elle-même ignorait où elle se rendait-, qui avait révélé qu'elle souffrait d'un "manque d'attention parentale", ainsi que d'une "insuffisance d'outils émotionnels pour contraindre son imagination excessive". Sa mère avait écouté d'un air contrarié ces diagnostics.
La main de son fils serrée dans la sienne, elle pénétra dans le royaume des enfants en pleurs, des vendeurs surmenés et des femmes qui jetaient toutes sortes d'articles dans de petits paniers en maille, tandis que les enceintes diffusaient des chants de Noël enjoués qu’entonnait un chœur strident.
Elle aurait aimé pouvoir retourner à son élégante apathie, à la retouche de son maquillage sans une once de sentiment, sans une once de faiblesse, imitant l'insouciance gracieuse de sa mère, qu'elle n'avait jamais vu faillir.
Tandis qu’elle invitait chaleureusement le couple à entrer, elle constata avec jubilation que les hanches de Lisa, serrées dans une hideuse jupe en laine, s’étaient élargies. Le signe de toute détérioration physique chez sa sœur, aussi infime fût-il, lui procurait toujours de la joie. Leur mère, qui les avait comparées depuis l’enfance, trouvait invariablement que Mrs March était un cran en dessous.
On s’évapore tellement au fil des ans, songea-t-elle.
Il arrive que le diable inversé apparaisse quand on se replie dans ses retranchements les plus profonds, les plus sombres, ou quand on dissimule aux autres son moi le plus profond, le plus sombre. Vous refusez de confier votre âme aux autres parce que vous êtes gênée, emplie de honte, alors elle s'est déformée en vous dans l'obscurité...
L'Art est intention, avait un jour déclaré sa professeur préférée. L'art doit vous émouvoir. De n'importe qu'elle manière - positive ou négative. Apprécier l'art c'est simplement comprendre la visée de l’œuvre. Il n'est pas nécessaire d'avoir envie de l'accrocher dans son salon.