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Citations de Virginie Deloffre (76)


page 196 [...] Il reste une étape cruciale : une station spatiale [...]. Pour cela il faut sortir. Il faut sortir. Il faut qu'un homme seul au milieu de l'univers, sans autre protection que son dérisoire scaphandre, soit capable d'y survivre et d'y travailler.
C'est à Alexeï Leonov que fut réservée la première sortie hors d'un vaisseau. L'espace à nu, sans vitre ni obstacle. [...]
Son copilote Pavel Belaïev a fait le vide dans le sas. Il s'approche de la porte. Lorsqu'elle s'ouvre, un flot de lumière crue jaillit, presque insupportable. Le soleil là-haut ne ressemble en rien à celui que nous connaissons. Il n'y a ni auréole ni rayons : c'est une fantastique boule de feu.
La sortie a été prévue d'une durée de dix minutes exactement, avec des exercices à faire. Il les exécute et constate que tout est fatigant là-haut, au moindre mouvement le cœur s'emballe. Alors Aliocha s'est reposé. Il s'est étendu les membres en croix, au-dessus de la terre. Douze minutes, le temps est dépassé. Son compagnon l'appelle mais il ne répond pas. Il n'a pas envie de rentrer. Il écoute le silence. Il est bien plus profond que celui du fond des mers. Il n'y a même pas de vent là-haut, rien que le vide. C'est un silence comme il n'en existe pas sur la terre. Il a peur de le profaner. [...]
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Je ne sais pas pourquoi les hommes veulent aller plus loin. Mais ils l'ont toujours fait, ils ont toujours marché droit devant eux. Ils se sont heurtés à des déserts, puis à des montagnes, et ils les ont franchis. Ils sont arrivés à la mer et cet obstacle leur a pris des siècles. Mais ils ont appris à construire des bateaux et ils sont partis sur la mer au milieu des tempêtes, droit devant vers l'inconnu. Vers l'inconnu terrifiant toujours.Chaque étape de leur progression était jonchée de cadavres et pourtant ils ont continué jusqu'à couvrir la surface de la terre, et maintenant la terre ne leur suffit plus. Ils sont ensorcelés par les lointains. C'est une force en eux, sans doute semblable à celle qui habite les oies sauvages au printemps. L'étendue les attire, elle les appelle. Et ils se mettent en marche.
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Parce que imaginez seulement...si on ne pouvait plus croire que ça ira mieux, que nos malheurs ça va quelque part, qu'on bâtit la route et que nos petits drilles après nous la trouveront plus douce à marcher... Mais les hommes ne pourraient plus vivre !
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« Il n'y a rien à pousser ni à remiser parce que la place il la prend toute, d'un coup. C'est comme une autre maison et une autre vie en fait, quand il est revenu. Et je ne sais pas comment m'y prendre. C'est singulier l'incursion du bonheur, j'ai si peu l'habitude. Il va falloir se dépouiller de ses vêtements d'absence, nombreux ils sont en couches successives, nombreux je m'en suis recouverte au fil du manque. Maintenant comment les ôter sans crainte, me dénuder de ma carapace, mon armure d'absence. »
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Le bonheur est-il comme la pâte dont on fait le pain, qui se lève, puis bientôt se rassit ?
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C'est la fameuse Laideur Soviétique, inimitable, minutieusement programmée par le plan, torchonnée cahin-caha dans l'ivrognerie générale, d'une tristesse inusable. Un mélange d'indifférence obstinée, de carrelages mal lavés, de façades monotones aux couleurs uniques -gris-bleu, gris-vert, gris-jaune-, témoins d'un probable oukase secret ordonnant le grisaillement égalitaire de toutes les résines destinées à la construction du socialisme avancé. Un genre de laideur qu'on ne trouve que chez nous, que l'Ouest n'égalera jamais, malgré les efforts qu'il déploie à la périphérie de ses villes (p.49/50)
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Vas- y Lioubotchka, lui dit- il, lance- toi! L'espace......
Une patte puis l'autre, c'est tout!
Tu iras plus loin,Toujours plus Loin! Les frontières sont ouvertes pour toi, tu n'auras pas besoin de quitter la terre pour te sentir libre.Tu iras en Amérique si tu veux, tu iras voir les églises de France.....Vas- y , ose!
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Citations - Léna – Virginie Deloffre – Albin Michel
Page 24
La guerre, les enfants à élever, les plans quinquennaux à boucler en quatre ans selon l’arithmétique personnelle du Petit Père.

Page 36
D’un côté, dans une ville de province de la Russie centrale, il y a une fenêtre et un arbre sous la fenêtre. De l’autre, dans le nord de la Sibérie, se dresse une maison en rondins de bois, rudimentaire et solide, une de ces maisons capables de résister à bien des intempéries.

Page 46
Maintenant, comment les ôter sans crainte, me dénuder de ma carapace, mon armure d’absence ?

Page 49
C’est la fameuse Laideur Soviétique, inimitable, minutieusement programmé par le plan, torchonnée cahin-caha dans l’ivrognerie générale, d’une tristesse inusable.

Page 56
C’est une maladie qu’ils ont à l’Ouest ça la solitude, paraît que ça s’est propagé chez eux comme une véritable infection, mais chez nous c’est une rareté.

Page 58
C’était une histoire commune que la sienne, même à cette époque où la dissidence était à peine naissante. Celle d’intellectuels, mais aussi de gens de toutes sortes, qui n’arrivaient pas au minimum d’hypocrisie ou d’indifférence requis pour survivre.

Page 66
, tu ne dis rien. Mais c’est un silence plus dur, plus pesant que la moindre plainte !

Page 68
Il n’y a que toi qui me suffis. Un mystère pour la durée d’une vie. De quoi chercher sans se lasser avec la certitude de ne jamais saisir tout à fait.

Page 98
C’est le parti qui a choisi. Oui c’est ça, le plus crétin de tous…
(…)
Parce qu’à l’Ouest pour choisir le plus crétin de tous, ils se donnent du mal, un vrai casse-tête ! C’est tellement serré qu’au bout du compte ça fait des chipotis de chiffres, des 50,6%, des 49,é% c’est ridicule honnêtement.

Page 140
J’ai compris que le fruit qu’avaient mangé Adam et Eve venait de l’Arbre de la Connaissance. Oh j’ai bien retenu. Alors j’ai choisi l’ignorance et je pensais que moi, protégée par elle, je pourrais rester toujours dans le jardin d’Eden.

Page 152
Mais quitter la terre ! Le plus extraordinaire n’est pas qu’un projet aussi fou ait pu naître dans la tête des humains, c’est qu’ils l’aient réalisé.

Page 179
Pour Tsiolkovski, ce qui est à la base de toute innovation scientifique, c’est la féerie.

Page 212
On avait dit d’accord, on est tous frères, alors maintenant on va mettre ça en pratique. De force. Parce que pour contraindre les hommes à partager, il faut leur mettre un revolver sur la tempe.

Page 230
Ca sortait des gens, c’est tout. Ils parlaient sans arrêts, sans aucun souci de vérité. Puisqu’ils avaient enfin le droit à la parole, ils se jetaient dessus. De la même façon que sur les gazettes, qu’ils s’arrachaient dès leur sortie comme des affamés.

Page 240
J’ai lu quelque chose là-dessus dans un des livres de Dimitri. Le problème en Russie, qu’y avait écrit, c’est que 5000 kilomètres séparent une idée de la suivante.

Page 245
Et puis après. Quand ils existeront, ils vont aller où avec leur existence sous le bras ? Il y a une petite chose qu’ils ont oubliée : les hommes, ça marche sur deux pattes, mais ça ne tient pas debout tout seul. Il faut mettre une armature à l’intérieur. (…) Parce que sinon ça vaut rien du tout, c’est tout mou et ça s’effondre. (…) les bipèdes, c’est pareil : il faut que ça croie à quelque chose.
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Mais je sais comment ils reviennent. Je sais comment ils sont après, cet air absent, les yeux vides qu'ils ont. Ils on vu ce qu'on n'a pas le droit de voir et plus rien ne peut ranimer leur regard. Oh j'imagine comme elle est belle de là-haut, comme elle est bleue ! C'est pour cela qu'ils partent, n'est-ce pas ?

Mais c'est défendu. L'homme est enchaîné à notre Mère la Terre humide, comme nous l'appelons en russe. Elle le serre, elle le tient plaqué contre elle par une force invisible. Celui qui s'en arrache pour aller contempler sa beauté nue est un banni. Il reviendra de ce voyage avec des yeux éteints, brûlés par les couleurs qui n'existent que là-haut et les seize couchers de soleil par jour. Il errera parmi nous habité de visions inaccessibles, avec un coeur mort que la nostalgie a empoisonné pour toujours. C'est ainsi que la Terre punit ceux qui échappent à son étreinte.

On ne revient pas de là-bas. On me rendra une enveloppe vide. On me rendra une ombre. Que vais-je devenir ?
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C'était une histoire commune que la sienne, même à cette époque où la dissidence était à peine naissante. Celle d'intellectuels, mais aussi de gens de toute sorte, qui n'arrivaient pas au minimum d'hypocrisie ou d'indifférence requis pour survivre. Qui ne pouvaient se résoudre à ce que certains mots qui avaient éclairé une génération fussent devenus des coques creuses, ânonnées à longueur d'éditorial de L'Étoile rouge ou lors des innombrables réunions qui encrassaient la vie quotidienne. Qui n'arrivaient pas à renoncer. Des idéalistes, ahuris par le visage qu'avait pris le paradis promis mais sans illusions sur l'Occident, à qui il ne restait que le désespoir.
Page 58, éditions Albin Michel, 2011 (impression en 2012)
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Elle découvrait que la caractéristique principale des familles heureuses, c'est un égoïsme féroce, une indifférence têtue à tout ce qui n'est pas leur bonheur.
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J'ai des rêves moi aussi. Oh, pas le cosmos ni les étoiles. Seulement devenir institutrice dans un village perdu au bout de la Russie, voir grandir des générations d'enfants à qui j'aurais appris la lecture, transmis la connaissance et le pouvoir des mots... De petits rêves à ma portée.
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Il s'en était plutôt bien tiré avec cette mutation dans un trou et une restriction de déplacement. C'était une histoire commune que la sienne, même à cette époque où la dissidence était à peine naissante. Celle d'intellectuels, mais aussi de gens de toute sorte, qui n'arrivaient pas au minimum d'hypocrisie ou d'indifférence requis pour survivre. (p. 58)
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C'est trop grand, ce pays, c'est démesuré à la fin ! C'est ça qui nous porte sur le système. J'ai lu quelque chose là-dessus dans un des livres de Dimitri : le problème en Russie, qu'y avait écrit, c'est que 5 000 kilomètres séparent une idée de la suivante.
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- Pensez donc, elle n'est pas venue depuis son mariage ! Ca fait au moins cinq ans.
- Six, a corrigé Varvara, six ans ça fait. Il a fallu qu'on lui spoutnike son mari pour qu'elle se souvienne de nous.
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Mais c'est à cause de lui, aussi. Il vient, puis il repart à la Base. Il vient et il recouvre tout avec sa force, ses tourbillons d'écume, son énergie. Puis il se retire, il ne reste qu'une immensité déserte, jonchée d'instants échoués sur le sable, où je marche seule. Vassia, il est la marée.
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- Pourquoi nous avons perdu la guerre froide ? Parce qu’elle était froide justement. Nous, les Russes, nous ne gagnons que les guerres brûlantes.
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Te rappelles-tu, mon oncle, quand tu partais pour tes relevés topographiques et que tu m'enmenait avec toi pour plusieurs jours. Nous allions vers le nord. Tu m'avais fabriqué des skis. Le soir tu montais la tente et tu étendais pour moi une peau de renne dans laquelle j'arrivais à m'enrouler toute entière. Il y faisait bon. Quand on revenait, Varvara se précipitait sur moi pour m'examiner le nez, les joues, les orteils. Elle me déshabillait, me frictionnait sans cesser de brailler: " C'est-y des idées de camper sur la neige avec une gamine de huit ans par des moins trente ! Attendez voir que je lui trouve la moindre petite engelure, je vous dénoncerai à la cellule... Je vous ferai expédier dans les mines de la Kolyma !"
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C'est que la langue c'est comme les chaussures, ça ne s'use point pardi!
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Je m’y suis habituée. Et même je préfère ainsi. Il me semble que l’absence de Vassili serait moins pure sinon, comme entachée par la connaissance du moment exact de son retour. Lorsqu’il tire la porte, puis tourne le coin de la rue, il disparaît dans un monde qui se conserve inconnu. Alors le temps s’enraye, et je m’enfonce en son absence. Elle est telle une longue, longue plaine, facile à marcher. Si haut que l’on cherche à grimper, on ne peut en voir la fin. Et c’est son infini qui me protège. La ligne des montagnes à l’horizon qui clame que la steppe a une borne, il ne faut pas l’imaginer. Abolir en soi l’instant qui ramènera Vassia, l’espérance aux couleurs trop vives et son déchirement, pour se recueillir en attente suspendue, éternelle.
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