Virginie E. Gérard

Dos au mur, je m’écroule au sol comme une poupée de chiffon. Tout en silence, j’enlace mes genoux repliés contre ma poitrine en laissant les larmes brouiller ma vue.

Je veux te rendre heureuse, être le responsable de tes sourires tout en étant celui qui, dans les moments difficiles, t'épaulera, te consolera et essuiera tes larmes. Laisse-moi être ton roc.

Un violent désir vrille mes reins et échauffe chacun de mes sens. Aussi dur qu’une barre de fer, proche de l’explosion, je ne réfléchis plus. Là, je suis à bout de patience ! J’écarte ses jambes, prêt à m’enfouir en elle d’une profonde poussée.

De toute façon…
Quoi que je fasse, ça n’aurait pas marché. C’est douloureux de le reconnaître, mais c’était foutu d’avance. Je le savais, mais j’ai cru que l’amour nous rendrait plus forts… Je me suis trompé. Par ma faute, notre rupture n’était qu’une question de temps. Pour la première fois de ma vie, je regrette d’être qui je suis, un homme trop épris de sa liberté et de son confort pour vouloir changer quoi que ce soit. Je prends son visage dans mes mains pour fondre sur ses lèvres avec une passion renouvelée. Nos larmes s’unissent et mouillent nos bouches. Elles ont le goût du désespoir et d’un chagrin amer qui signe la fin de notre histoire.

- Je t'ai choisi toi, le reste a peu d'importance. Et tu sais pourquoi ?
- Parce que lorsque je te regarde, que je t'embrasse, que nos deux corps ne font plus qu'un, tu as la saveur du bonheur. Avec toi à mes côtés, je peux tout traverser.

Rien de doux. C’est sauvage comme si on libérait notre frustration du moment. Elle rompt le baiser en arborant une expression coquine. Julia me chevauche et ondule sur ma queue qui ne tarde pas à réagir. Quand elle se lâche, elle est aussi insatiable que moi. Elle soulève le bassin et s’empale dessus tout en rejetant la tête en arrière, les yeux fermés. Elle cherche son propre plaisir avant tout. Sa sensualité et son attitude décomplexée agissent toujours comme un aphrodisiaque sur mes sens. Je perçois la sonnerie d’un téléphone qui retentit dans le salon. Je ne reconnais pas la mélodie, ça doit être celui de Julia.

Il y a tellement de souvenirs heureux que j’oscille entre le sourire, les pleurs, le rire étranglé et les reniflements peu gracieux. Il y a même une boîte en métal avec le nom de Hunter inscrit dessus. Je l’ouvre et tombe sur les premiers objets de sa vie : une tétine, un doudou, une empreinte de sa main,un minuscule bonnet. Mes lèvres s’étirent de bonheur à ce souvenir. C’est celui qu’il portait juste après l’accouchement. Il tient au creux de ma main. Je le caresse, ainsi que le bracelet de naissance de l’hôpital. Tout me paraît si petit !

Depuis trois jours, je sombre dans un gouffre sans fond où je hurle sans fin ma détresse. Je ferme les paupières pour endiguer une nouvelle montée de larmes, mais c’est encore pire, les souvenirs des jours heureux avec Beth m’assaillent et me rappellent l’impensable. Le drame. Encore et encore. Sans relâche. La nuit reste le plus insupportable à endurer quand je suis dans mon lit, confrontée à mes pensées emplies de noirceur, à mon futur sans ma sœur. Je cligne des yeux lorsqu’un sanglot m’étrangle et lacère ma gorge de milliers d’aiguilles.

Il est préférable qu’elle se déshabille sans mon aide. Je m’éloigne et tourne le robinet du pommeau de douche. Je m’exhorte au calme en cherchant la bonne température de l’eau et me rends compte que je me suis retourné bien trop vite lorsque debout, elle se trémousse pour faire glisser son minuscule bout de dentelle le long de ses jambes. Elle soulève un pied puis l’autre pour s’en débarrasser. Mon cerveau bugge face à l’assaut d’images débridées et indécentes qui me submergent quand elle se plante nue devant moi.

« Je plonge pleinement dans la luxure et m’y noie avec délectation. C’est la première fois qu’une femme prends aussi vite le pouvoir sur mes sens à m’en faire perdre mon self-contrôl »