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Critiques de Virginie Greiner (115)
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Méfie-toi d'une femme qui lit

"Méfie-toi d'une femme qui lit"

L'affirmation n'est-elle pas un peu péremptoire tant elle laisse pantois !

Voilà le titre de ce bel album, élégant, raffiné et cultivé, qui se veut à l'image d'une femme qui lit.

Un collectif de plus de quarante "davikenautes", scénaristes, dessinateurs, coloristes et illustrateurs, a imaginé et conçu cet album paru le 14 avril dernier.

Cent-quarante pages empreintes de "ces contes, murmurés par des femmes, où se mêlent poésie, enchantement et faiblesse des hommes".

Le propos central est de montrer l'importance de l'accès à la connaissance pour l'égalité et l'émancipation.

L'album est à la croisée de nombreux chemins, à la fois bande-dessinée et album à textes illustrés, à la fois fiction et biographie, à la fois portrait et introspection.

Rien n'est austère dans la lecture de cet album, tout est ici souffle magique, à la fois beauté et intelligence.

Et quand était-il avant ?

La préface est judicieuse.

Elle place, elle replace pourrait-on même dire, la femme à l'exacte verticale du rôle jouée en faveur du savoir et de l'instruction.

Puis, l'on vient à ouvrir fugitivement le grimoire de Korylfand en compagnie d'Ysrildin ...

Là est est une première invitation à la lecture, un rebond vers le livre de Michel Borderie.

Mais c'est avec "la chasse" de Jean-Paul Krassinsky que vient la véritable première émotion de lecture.

Six planches splendides où Krassinski a su mettre dans les yeux d'une enfant devant une peinture toute la révélation qui lui est faite, à travers les siècles, d'un destin possible.

Et que dire de cette aïeule qui tient le crayon dans cette grotte antédiluvienne ?

Sinon qu'elle est craquante et qu'elle semble porter dans sa malice apparente toute l'espérance d'un futur ...

Tout dans cet album est émotion qui rebondit, et virevolte au fil des pages.

La petite fille au chien est le moment de quiétude, celui qui traverse les générations, l'instant de lecture gagné avec le club des cinq, Fantômette, one pièce ou Naruto ...

Les six planches, "avancer quand même" de Gildas Java sont un splendide hommage à Elizabeth Eckford, cette jeune afro-américaine qui devint l'une des icônes de la lutte contre la ségrégation.

Le jeu des couleurs y donne au dessin et au texte une force et une expression exceptionnelle.

On apprend aussi, ici, qu'il faut se méfier des contes.

Décidément !

Le texte de Pauline Kalioujny vient donner de grands coups de pieds aux acquis ronflants du patriarcat.

Et, Damien Roudeau nous offre un portrait magnifique de Grisélidis Réal, la "putain" libertaire qui créa la polémique contre les tenants d'une certaine respectabilité ...

Hypatie, Agnès, Anne-Josèphe, Nush Eluard, Gabrielle, Hedy Lamarr, Virginia Woolf, Valérie André, Adèle Blanc Sec , Carla ... et Anjela Duval, la bardesse du Trégor ...

En six planches magnfiques, Gwendal Lemercier et à Thierry Jigourel racontent la belle histoire, l'univers de cette femme celte, de cette souveraine.

Et puis, ce cadeau inattendu , un beau moment d'espoir, une évocation par Chiara di Francia et Nicolas Antona de Carla Lonzi et de ses amies féministes, avec en point d'ouverture le Campo de' Fiori et sa belle et ténébreuse statue de Giordano Bruno.

Mais, "méfie-toi d'une femme qui lit" est un album qui n'en finit pas d'offrir.

Je n'ai fait ici que l'effleurer.

"Entre le lecteur et la lecture, il y a toujours ce compagnon invisible qui vous promène quelque-part. C'est l'auteur".

Ils sont ici nombreux et talentueux.

Et si vous vous méfiez encore un peu, venez faire connaissance avec la femme qui lit.

Sa lecture n'est une activité innocente, même si elle belle et séduisante.

Elle est aussi brillante et intelligente ...









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Roxelane la joyeuse, tome 1

La collection des "Reines de Sang" continue de s'agrandir et n'est pas prête de s'arrêter avec une nouvelle série consacrée à Roxelane la Joyeuse qui fit passer l'Empire ottoman de la chance à la décadence… Autant Simona Mogavino avait sérieusement améliorer la qualité de son travail entre "Aliénor, la Légende Noire" et "Catherine de Médicis, la Reine Maudite", autant je ne peux pas écrire la même chose avec Virginie Greiner qui passe de "Frédégonde la Sanguinaire" à "Roxelane la Joyeuse" car on peut jouer au bingo de la romance historique turque…



Le harem est un microcosme stérile où des dizaines voire des centaines de femme n'ont pas d'autres objectifs que de plaire à homme qu'elles n'ont jamais vu et qu'elle ne feront sans doute jamais, car la plupart d'entre elles ne sont que objets de collection éventuellement destinées à satisfaire un jour ses désirs. Et elles n'ont d'autres occupations que de s'épier, s'espionner, s'évaluer, se jalouser et se critiquer, donc à l'intérieur de leur huis-clos elles s'inventent une hiérarchie sociale à la con avec des règles à la con comme dans le monde extérieur dont le but d'atteindre les classes supérieures par n'importe quels moyens pour écraser les classes inférieures par n'importe quelles méthodes. Et la meilleure voie pour grimper les échelons c'est de se faire engrosser par le souverain… Soupirs...

On nous présente Roxelane comme une héroïne de telenova : elle est belle et séduisante, intelligente et cultivée, humble et modeste, travailleuse et généreuse. Elle attire la sympathie et/ou se met dans la poche l'eunuque en chef et la gouvernante en chef du harem qui lui donnent de précieux conseils pour monter en grade, comme acheter l'attention et l'affection des espionnes de la validè (la cheftaine du harem, à savoir la sultane-reine, bien contente d'avoir maté la Hasséki, à savoir la sultane en titre). Sauf qu'a tous les moments-clés elle force le destin avec un sourire en coin pour passer les obstacles et éliminer ses rivales avec des ruses de renarde pour ne pas dire de crevarde. Car Roxelane est une esclave polonaise selon la tradition ukrainienne et une esclave ukrainienne selon la tradition polonaise, dont comme elle part du plus bas des échelons sociaux de la hiérarchie du harem dans les games of thrones à la con elle n'a rien à perdre et tout à gagner à devenir un monstre d'ambition prête à tout et au reste aux écraser les autres monstres d'ambition du harem… Et pour ça pour un Grand Sultan bisexuel voire gay, vu les scène où il converse le coeur ouvert et le corps à demi-nu avec le jeune et brillant Ibrahim Pacha… Car oui la guerre est déclarée entre le Padichah, l'eunuque en chef et la gouvernante en chef d'un côté, le Pacha, la Validé et la Hasséki d'un autre côté !



J'ai eu du mal à accrocher aux dessins d'Olivier Roman colorisés par Filippo Rizzu, les décors et les costumes sont réussis voire très réussis mais malheureusement le charadesign n'est pas à leur niveau…
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Rendez-vous avec X : Mata Hari

C'est au musée Guimet, à Paris, que le journaliste Patrick Pesnot rencontre Monsieur X qui, à l'occasion d'une expo sur Mata Hari, lui conte la vie de cette dernière.

Mata Hari est l'espionne ou présumée telle, certainement, la plus connue du grand public mais aussi effeuilleuse, courtisane et grande amoureuse.

Elle fut la première à exécuter, sous prétexte de danse indienne, un strip tease qui révolutionna la danse de l'époque et fit beaucoup d'émules.

De déconvenue en déconvenue dues à son trop grand égo, pour conserver son train de vie, elle fut contrainte de travaillet pour un ou plusieurs services secrets, ce qui lui coûta la vie.

Nous avons, ici, une BD de fort bon aloi, intéressante au sens où si tout un chacun à entendu parler de cette dame, peu, dont je fais partie, savent, exactement, quel aura été sa vie, qui est fort bien contée.

Le scénario est intéressant, la mise en place aérée ce qui permet une lecture confortable.

Le dessin, et bravo tout particulier à la dessinatrice, est excellent, les personnages sont bien campés, visages expressifs, situations misent ne scène avec classe, notamment la double page où Mata Hari s'effeuille et où le lecteur suit les différentes phases de la danse sans aucune vulgarité, ce qui était le risque, bref du tout bon.

La couleur un peu comme vernie, un glacis, donne une apparence de relief aux vignettes.

Un cahier en fin d'album n'apporte rien de plus ne reprenant, en fait, en doublon, que ce qui le précède. Donc inutile.

Pour ceux que cela intéresse : le musée de l'Asie Guimet à Paris vient de rouvrir après rénovation. C'est une réussite.
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Roxelane la joyeuse, tome 2

BANDE DESSINÉE HISTOIRE / XVIe SIÈCLE.

Toutes les séries de la collection se caractérise par de bons dialogues et celle-ci ne déroge pas à la règle. Après le scénario n'arrive pas à se débarrasser de quelques gimmicks télénovelas propres à la saga. Et je ne suis toujours pas arrivé à m'emballer pour les graphismes avec un découpage sympa, remplis de détails certes, mais également avec un charadesgin pas toujours voire pas vraiment à la hauteur du propos...
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Isabelle Eberhardt : La vagabonde des sables

Dans la famille Explora, je voudrais une exploratrice.

Je pioche une inconnue : Isabelle Eberhardt. Jamais entendu parler.



Et je découvre une personnalité du début du 20ème siècle absolument fascinante. Isabelle est d’origine russo-suisse. Elle se retrouve amenée à vivre en Algérie et tombe amoureuse de cette culture, du pays, et surtout du désert.

Elle se coupe les cheveux et s’habille en homme pour se mêler aux « autochtones ». Et, chose que je trouve surprenante, elle est acceptée par les hommes musulmans qui la dénomme Si Mahmoud. Profitant de cette acceptation et du respect profond qu’elle éprouve pour les maghrébins, elle s’enfonce dans des terres où même l’armée française hésite d’aller. Elle se convertit à l’Islam et parvient même à intégrer une confrérie soufie et échappe de peu à la mort qu’un membre d’une confrérie rivale tente de lui donner (je croyais les soufis non-violents).

Elle forme un couple avec Slimène, un Français d’origine algérienne. Evidemment ce choix et son comportement général pro-autochtone la place automatiquement à l’écart d’une population de colons qui ne mélange pas les torchons du coin avec les serviettes de chez eux. Cependant, son travail de journaliste la fait apprécier de nombreux membres de l’armée française, dont le fameux général Lyautey.

Elle meurt très jeune, à 27 ans, emportée par une crue soudaine avec l’essentiel de sa maison.



L’album rayonne d’une sérénité qu’il emprunte au désert. J’ai été un peu perturbé par le texte des bulles, qui reprend des extraits de ses journaux personnels. Trop littéraire, cela manque de vie vraie. Mais j’ai fini par laisser ça de côté, alangui par le rythme du désert et l’exotisme de ses populations.



Le très bon dossier qui suit la BD revient sur l’aventure de la colonisation française au Maghreb et nous montre quelques photos de la vraie Isabelle en costume traditionnel berbère.



Encore une excellente pioche.

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Willow Place, tome 1 : Réincarnations

C'est en regardant un peu dans les innombrables bandes-dessinées de mon mari que j'ai trouvé cette dernière et, après avoir lu, la quatrième de couverture, je me suis laissée tenter. Non seulement dans cet ouvrage, il est question de Sir Arthur Conan Doyle mais aussi d'égyptologie et de spiritisme. Trois éléments qui ne pouvaient que me plaire et qui m'ont convaincu de me plonger, sans regrets, dans cette aventure.



Laissez-moi planter un peu le décor : l'histoire se déroule à Londres à la fin du XIXe siècle où le Sir Arthur Conan Doyle s'adonne avec son ami, Horstead, un célèbre médium, à d'étranges séances de spiritisme. Ils sont d'abord rejoint par Lord Alton puis par Cate - qui n'est autre que la fiancée d'Arthur - pour une séance qu'ils ne sont pas près d'oublier. En effet, voulant en apprendre plus sur les étranges meurtres qui sévissent en ce moment au British Muséum, nos amis vont invoquer des forces qui les dépassent et se trouver confrontés à l'un des grands prêtres d'Osiris en personne...mais des forces obscures s'étant emparées de ce dernier, le voyage que feront Arthur et ses amis dans l'au-delà risque de se trouver plus dangereux que prévu...



Un scénario intéressant et passionnant (même si j'ai trouvé que vers la fin, il avait tendance à plus se rapprocher de la science-fiction que du paranormal - d'où le fait que je n'ai pas mis la note maximum à cet ouvrage) avec un graphisme extrêmement bien travaillé ! Je ne regrette vraiment pas ma découverte et ne peux que vous inviter à en faire autant !
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Tamara de Lempicka

Une artiste doit tout expérimenter, mais ne doit jamais tout révéler.

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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première édition date de 2017. Cette bande dessinée a été réalisée par Virginie Greiner pour le scénario, et Daphné Collignon pour les dessins et les couleurs. Elle comprend quarante-six pages. L’ouvrage se termine avec un dossier de sept pages, écrit par Dimitri Joannidès, une biographie de l’artiste Tamara de Lempicka, en six parties : Une jeunesse cosmopolite, À la conquête de Paris, Le style garçonne, La vanité du paraître, La belle Rafaëla, La fin d’un monde, Une reconnaissance posthume. Chaque page est illustrée, par une photographie dans la première page, et par un tableau pour les six pages suivantes : Vierge bleue (1934), La chemise rose ou Jeune femme les seins dénudés vêtue d’une combinaison de dentelle transparente (1933), Roses dans un vase (1950), La belle Rafaëla (1927), Chambre d’hôtel (1951), Adam et Ève (1932).



En 1923, dans un café huppé, Tamara de Lempicka est assise à une table avec une autre femme et deux hommes, tous en habits. Elle prend une cigarette dans l’étui d’un des deux gentlemen. Celui-ci fait observer que les femmes bien élevées ne se servent pas par elles-mêmes. Elle lui rétorque qu’elle prend ça comme un compliment. Son amie lui demande si elle a repéré le mâle idéal parmi les autres clients. Elle répond qu’il n’y a rien d’intéressant pour le moment. Un homme s’approche de leur table pour inviter Tamara à danser. Elle le toise lentement et répond par un simple non, sans façon. Les autres observent qu’en voilà un qui ne reviendra pas de sitôt, et souhaitent savoir pour quelle raison elle l’a congédié car il était pourtant très séduisant. Elle répond qu’il n’était pas assez italien à son goût, les Italiens sont les seuls hommes qui baisent plus longtemps que n’importe quels autres. À l’invitation d’un des deux hommes, elle se lève pour aller danser avec l’autre invitée. Bientôt un petit groupe se forme pour les regarder, en particulier les ondulations de Tamara.



Une fois la danse terminée, le prince Yusuov, travestie en femme, vient les saluer. Il explique que sa belle robe noire est du dernier chic parmi les gens qui comptent ici et en nomme plusieurs assis à une table : la duchesse de la Salle, Natalie Barney, Jean Cocteau, Gide et Colette. Il continue : Natalie Barney tient le meilleur salon saphique de la capitale, et il espère vivement qu’elle y viendra. Puis il s’avance vers la table et leur présente Tamara de Lempicka : une talentueuse peintre de ses amies, ses toiles accèderont bientôt à une gloire méritée. La conversation s’engage évoquant la Révolution russe, à laquelle Tamara a survécu, le champagne à la cour du tsar, Tadeusz Lempicka, le mari de Tamara. En réponse à une question, elle explique qu’elle essaye d’aller au-delà de l’image. Elle peint les gens comme ils sont, mais surtout ce qu’ils ont dedans. Elle utilise son intuition pour capturer leur vraie personnalité. Elle accepte de faire le portrait de la duchesse de La Salle, et elle accepte l’invitation de Natalie Barney de se rendre à son prochain vendredi.



Même si la date de la première séquence n’est pas explicite, le lecteur découvre la peintre dans son atelier à Paris, et le récit semble se dérouler sur quelques jours, s’achevant avec la présentation de la toile La belle Rafaëla qui date de 1927. Les autrices ont donc choisi de concentrer leur récit sur cette courte période, plutôt que de réaliser une biographie complète. Le lecteur accompagne Tamara de Lempicka dans sa vie quotidienne, et elle est présente sur toutes les planches de l’album. Il observe une femme menant une vie de bohème quelque peu dissolue, mais sans souci matériel grâce à son succès. C’est d’ailleurs d’elle que provient la source de revenu de la famille. Elle vit une vie aussi libre que celle d’un homme, une vie d’artiste, une femme libérée (quasi) ouvertement bisexuelle, qui parle parfois d’elle à la troisième personne du singulier, par exemple quand elle s’adresse à sa fille Marie-Christine (1916-1980, surnommé Kizette) alors âgée d’environ dix ans. Les autrices n’insistent pas trop sur le poids des interdits de la société, ni sur le coût de les braver, le contrecoup étant d’une autre nature.



Dans un premier temps, le lecteur remarque surtout le caractère feutré de la mise en couleurs, propices aux conversations dans les cafés en soirée, et dans les alcôves. La coloriste a choisi une palette volontairement réduite. Dans la première scène, les personnages et le décor sont rendus avec des bruns de type alezan, acajou, auburn, bronze, café au lait, cannelle, chaudron, lavallière, tabac, terre de Sienne, etc. Un personnage peut parfois ressortir par contraste dans une teinte plus orangée. Il ne s’agit pas d’une mise en couleur naturaliste, mais axée sur l’ambiance lumineuse, pour transcrire un état d’esprit, et s’approcher également de certaines couleurs des tableaux de l’artiste. Il en va ainsi tout le long de l’album, avec des glissements dans des tons plus gris, ou plus vert, en fonction de la nature de la séquence. Cela a pour effet d’établir une continuité forte, comme s’il s’agissait de l’état d’esprit de Tamara de Lempicka tout du long. Par voie de conséquence, cette approche accentue également ce qui est représenté dans chaque case, ce qui fait rapidement prendre conscience au lecteur que beaucoup sont consacrées à des visages ou des bustes des personnages en train de parler. Tout en ayant bien conscience de cet effet limité de têtes en train de parler, le lecteur se rend compte qu’il ne produit pas un effet répétitif ou appauvrissant, car il confère plus de présence aux personnages.



Le parti pris de la colorisation étant très affirmé, il imprègne les traits encrés au point d’en devenir indissociable. En se concentrant sur ces derniers, le lecteur perçoit des traits de contour assez arrondis ce qui rend les dessins plus agréables à l’œil, ainsi que des simplifications dans la représentation des personnages et des décors. Par exemple, les pupilles et les iris se retrouvent réduits à un simple point noir dans certaines cases. Les très gros plans sur les visages ou sur les corps peuvent affranchir l’artiste de représenter quelque arrière-plan que ce soit, ou même le laisser juste en blanc, vierge de tout trait. Dans le même temps, ces choix graphiques apportent une sorte de légèreté et de grâce à la narration visuelle. Pour autant, Daphné Collignon représente des personnages aisément reconnaissables. Elle prend de toujours planter le décor dans plusieurs cases, ne laissant jamais le lecteur dans l’incertitude du lieu où se déroule la scène, évitant de réduire les personnages à des acteurs interprétant leur rôle sur une scène vide et interchangeable.



L’apparence visuelle de Tamara de Lempicka rend bien compte de son caractère affirmé, de sa sensualité sans tomber dans l’exagération ou la vulgarité. Les autres personnages se comportent comme de vrais adultes que ce soit dans leurs postures, leur langage corporel ou l’expression de leur visage. Loin de se réduire à une succession monotone de têtes en train de parler, la narration visuelle emmène le lecteur vers des moments mémorables : Tamara de Lempicka dansant avec une femme dans un boîte très consciente du regard des hommes, la peintre prenant du recul sur le tableau qu’elle est en train de réaliser, les tentatives de son mari pour prendre le dessus de la conversation avec elle, sa concentration en observant les toiles de maître au Louvre, l’intimité artistique qui s’installe entre elle et André Gide (1869-1951), Tamara expliquant à sa fille en quoi sa vie d’artiste est différente de celle des autres femmes, la peintre abordant sa future muse Rafaëla, la réaction des invités lors du dévoilement du tableau La belle Rafaëla. Au fur et à mesure, le lecteur succombe au magnétisme que dégage Tamara de Lempicka, telle que mise en scène par la dessinatrice.



Dans un premier temps, le lecteur peut s’interroger sur le choix réducteur de s’intéresser à une très courte période de la vie de la peintre, sans évoquer ses années de formation, les aspects concrets de son succès, l’impact de son œuvre sur les artistes de l’époque, ou simplement la pertinence de son expression artistique comme incarnation de l’esprit du moment, et ce qu’elle comportait également d’universel. Mais en fait si, tous ces éléments s’y trouve bien, sous une forme elliptique, le temps d’un dialogue ou d’une case, sans pour autant prendre la forme d’un exposé exhaustif, plus d’évocations allusives. Au fur et à mesure, il apparaît que cette focalisation sur cette courte période permet de cristalliser comment sa peinture constitue à la fois l’expression de la personnalité de l’artiste, ainsi que sa recherche d’un idéal de beauté et de la façon d’en rendre compte par sa peinture, de se montrer à la hauteur de ce qu’elle souhaite exprimer.



L’exercice de la biographie peut parfois paraître vain du fait que personne ne peut réellement savoir ce que pensait un autre individu au cours de sa vie. En effectuant un choix clair dans la reconstitution de la vie de Tamara de Lempicka, les autrices indiquent explicitement qu’il ne s’agit pas d’une œuvre exhaustive, tout en concentrant leur vision de ce qu’incarne cette artiste pour elles. Grâce à une narration visuelle douce qui parvient à être sensuelle, elles parviennent à donner vie à cette femme, à la faire s’incarner, le lecteur tombant sous son charme et quelque peu sous sa domination, sans en avoir forcément bien conscience.
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Frédégonde, la sanguinaire, tome 1

Tremblez, nobles gens, voici venue Frédégonde la sanguinaire...



Après avoir évincé Audovère, la première épouse de Chilpéric, Frédégonde s'est taillée une place de choix auprès de ce dernier. Elle est sa maîtresse en titre et entend bien devenir plus encore. Reine...



Siegebert, le frère de Chilpéric, épouse Brunehaut, princesse venue de Tolède, belle et intelligente. En frère jaloux, Chilpéric convoite la soeur de cette dernière, Galswinthe ; ce qui ne manque pas d'attiser la colère de notre terrible Frédégonde.



Les auteurs ont donc choisi d'occulter toute une partie de la jeunesse de Frédégonde, ce moment de sa vie où paysanne gauloise puis servante d'Audovère, elle apparait plus humaine et peut être plus vulnérable.

Ainsi, cet album qui ne rend guère hommage à la fameuse reine ( et pour cause !) n'y va pas par quatre chemins. Frédégonde est présentée comme cruelle, cupide, assoiffée de pouvoir et prête à tout pour parvenir à ses fins.

Certes, au regard de ce que nous savons d'elle, ce portrait est justifié. Cependant, j'ai trouvé que cela manquait d'un peu de nuances. On frôle parfois le "too much" lorsque le scénariste fait dire à Frédégonde au cours d'une partie de chasse : " C'est un tel plaisir de sentir ce liquide chaud et épais couler entre mes doigts", en parlant du sang d'un animal tué.



Espérons que ce manque de subtilité se fasse moins sentir dans le deuxième tome.

Affaire à suivre !
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Frédégonde, la sanguinaire, tome 2

Ce deuxième tome est la poursuite des ambitions sans limite de l’épouse du roi franc de Neustrie Chipéric. Frédégonde a poussé à la guerre entre les frères régnant chacun sur une part des royaumes francs. Malheur à Sigebert, assassiné alors qu’il avait gagné ces combats fratricides. La vindicte de de son épouse Brunehaut grossit. Mais Frédégonde n’est jamais en reste de poisons et autres armes lui ouvrant le pouvoir.



Le sixième siècle était sanglant dans les familles royales. Il fallait se faire sa place et éliminer les autres prétendants. Finalement, Frédégonde se comporte comme d’autres rois oubliés l’ont fait. Mais elle c’est une femme et elle est de basse extraction. Double scandale.



Le scénario choisi rend la situation confuse. Les personnages sont sans finesse. Frédégonde remporte un oscar de l’avidité haineuse. Les dessins ne rehaussent pas l’intrigue. Le manque de sentiments humains, allié à un manque de clarté dans l’histoire, rendent cet album sans grand intérêt.

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Roxelane la joyeuse, tome 1

L'histoire, célèbre, de Roxelane l'esclave et de Soliman le magnifique est ici contée dans ce qui est le tome premier de leurs amours. Mièvrement sans autrement attirer le lecteur (moi) que dans l'attente d'une suite, éventuelle, plus attachante. J'aurais dû me méfier, mais bon, difficile de consulter un album que superficiellement avant de l'acheter ou l'emprunter.

Avant toute chose ce qui m'a intrigué sur la qualité, c'est dès la page première, Validé, la sultane régnant sur le harem, porte, sut la première vignette, une robe verte, sur la seconde, une bleue et ensuite de nouveau verte. Je trouve que cela fait désordre! Ce qui m'a fâcheusement déplu.

Ensuite, dans une histoire riche, telle que celle de Soliman, nous avons droit à des bavardages de Harem, des confrontations de favorites ou de prétendues favorites, mais bon, mea culpa, le titre porte le nom de la reine, alors pourquoi se plaindre? C'est que cela ne vole pas bien haut et que je me suis bien ennuyé ou plutôt que j'attendais tout autre chose.

Le récit est plus accès, comme dit plus haut, sur du bavardage -et il y en a- que sur un récit épique.

Agencement des vignettes est bon, entre 5 et 9 par page. La conception des personnages laisse à désirer - je n'aime pas ces coups de crayons sur visage et corps qui gêne plutôt qu'embellissent, des ombres sont préférables-.

Couleurs pastel un peu trop abondantes.

La couverture, en revanche, est belle.

Peuvent mieux faire.
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Isabelle Eberhardt : La vagabonde des sables

Cette BD de la série Explora met en avant la (courte) vie de Isabelle Eberhardt, exploratrice du désert, amie des populations locales, partageant leur vie et allant même jusqu'à épouser un des leurs. En cette fin de XIX éme siècle, dans l'Algérie colonisée et alors que la France lorgne le Maroc, son attitude est incompréhensible pour ses contemporains européens. Voilà une femme qui s'habille en homme, qui apprend l'arabe, prend la religion musulmane et s'enfonce toujours plus loin dans le désert pour avancer au rythme des bédouins.



Je n'avais jamais entendu parler de cette femme de caractère, d'origine russe, avant il y a quelques semaines. Étonnant comment parfois nos lectures s'enchaînent par hasard, mais avec logique. Le personnage est il est vrai original. Il est présenté dans cette BD sous une forme valorisant ses actes et ses choix de vie. Il manque à cette présentation laudative un peu de recul, qu'on trouvera en partie dans le dossier final. Les dessins et couleurs conviennent au récit.



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Isabelle Eberhardt : La vagabonde des sables

J'aime terminer mon année littéraire par quelques albums de bandes dessinées,  2019 fut particulièrement riche pour moi dans ce domaine, j'ai eu notamment l'occasion de rencontrer plusieurs dessinateurs ou scénaristes pour de merveilleux échanges et, bien sûr,  de magnifiques dédicaces.

Lors d'un récent salon, j'ai ainsi fait la connaissance de Virginie Greiner auteurs du scénario de Isabelle Eberhardt, la vagabonde des sables.

Je ne connaissais ni Virginie, ni Isabelle d'ailleurs...

Et bien les deux m'ont embarqué dans un merveilleux voyage au coeur de l'Afrique du Nord en ce tout début de 20ème siècle.

C'est là qu'Isabelle Eberhardt passera à la postérité, un séjour éphémère puisqu'elle y trouvera, après l'amour, la mort dans de dramatiques circonstances à l'âge de 27 ans.

Véritablement envoûtée par cette région, elle ira jusqu'à se travestir en homme pour vivre au plus près de ses communautés. Allant parfois jusqu'à choquer les Occidentaux, être suspectée par les autorités colonialistes, ou même être blessée par un fanatique au nom d'Allah.

On découvre à travers cet album un personnage d'une très forte personnalité vouant une passion sans failles à cette région du monde qu'elle était prête à défendre coûte que coûte.

Alors voilà une façon différente d'apprendre et de s'enrichir, la BD, c'est aussi ça et en plus, ça m'a fortement donné envie de découvrir les autres albums de la série consacrée à  d'autres... explorateurs...

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Frédégonde, la sanguinaire, tome 2

La bande dessinée, le neuvième art, ne cesse de m'émerveiller et de m'impressionner par son côté artistique novateur et par son émancipation.

À l'heure de l'émergence d'un nouveau genre faisant place à un style de narration différent et surtout à un format qui ne ressemble plus du tout au schéma classique, j'avoue avoir été déçue par cette série des Reines de sang.

Tout y est trop "plan-plan". C'en est presque un comble quand on sait à quel point l'histoire des reines mérovingiennes, Frédégonde et Brunehaut, fut loin d'être un long fleuve tranquille.

Je l'avais déjà dit, lors de ma critique du 1er tome : les personnages manquent cruellement de subtilité et le scénario n'offre guère au lecteur de moments surprenants. Les vignettes défilent sagement devant nous en rang bien serré, avec monotonie.

Les personnages féminins m'ont fait l'effet de poupées Barbie souriantes auxquelles des enfants se seraient amuser à faire proférer des méchancetés et leur faire commettre les pires atrocités.



J'aime également lorsque les auteurs de Bd historique ajoutent en fin d'album un carnet de notes ou quelques précisions apportant un éclairage plus documenté du contexte. Ici, il n'y en a point. Cela est bien dommage d'autant plus que les auteurs ont choisi une fin plutôt abrupte qui ne donne pas du tout d'enseignements sur la fin de la vie de Frédégonde. Un petit texte reprenant toute la biographie de Frédégonde et même celle de Brunehaut aurait été le bienvenu.



Voilà, je quitte cette série des Reines de sang avec une impression de travail bâclé et sans saveur...

Cela ne m'empêchera pas de lire les autres albums de la série relatifs à Aliénor d'Aquitaine et à Isabelle de France ; espérons qu'ils soient moins décevants !
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Tamara de Lempicka

Une bande dessinée qui retrace la vie très libertine de Tamara de Lempicka et illustre son désir bisexuel comme force créatrice dans son oeuvre.

On y voit également son mariage raté et les célébrités de l'époque qu'elle côtoie (André Gide, Jean Cocteau, ...) dans un esprit très mondain des années 1920.



Une présentation sympathique, mais sans plus à mon goût.

Toutefois le dossier à la fin de l'ouvrage est très intéressant et élargit les perspectives données dans la BD.
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Rendez-vous avec X : Mata Hari

Une fois encore, résumer une vie, si courte fût-elle, n'est pas aisé, c'est bien là le reproche que l'on pourrait faire à cet album signé Virginie Greiner et Olivier Roman.

Mata Hari,  mythe et réalité.

Née Hollandaise, morte sous les balles françaises pour des soupçons d'espionnage qui n'ont pourtant jamais été clairement établis. (D'aucuns prétendront qu'elle fut au service des Allemands, quand d'autres diront qu'elle travaillait pour la France).

Bref, fusillée, mais à jamais dans l'histoire.

Entrée dans le "grand monde" grâce à son talent de danseuse, pionnière à cette époque, dévoilant sans hésitations les charmes de son corps parfait sur les plus grandes scènes du pays, elle finira par se brûler les ailes.

Amoureuse d'un soldat, pour lequel elle sacrifiera sa carrière et qu'elle suivra en Allemagne, elle se verra rejetée par lui et expulsée lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale.

Elle tente de revenir et de retrouver sa place en France, mais les choses ont changées, d'autres artistes se sont emparée de son art, on ne veut plus d'elle qui devra d'ailleurs se battre pour réussir à rentrer en France.

Son comportement, dans les mois qui suivent, lui vaudra de se retrouver au poteau, clamant son innocence, jusqu'à son dernier souffle.

Cet album de la série "Rendez-vous avec X" de Patrick Penost, nous raconte un personnage hors du commun et fascinant, au destin dramatique.

À découvrir.



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Rendez-vous avec X : Mata Hari

Troisième volume de la série BD inspirée par l'émission radio de France Inter « Rendez-vous avec X », basée sur des moments d’histoire, d’espionnage et de géopolitique, revus par Patrick Pesnot avec le concours d’un individu anonyme, M. X, très au courant du dessous des cartes.



Ce tome reprend l’histoire de Mata-Hari, courtisane, danseuse vedette, espionne limitée, exécutée par les services secrets français pour avoir servi leurs homologues allemands pendant le première guerre mondiale.

La vie tumultueuse de cette hollandaise mythomane, née Margaretha Zell, habituée au grand luxe et dépensière, est reconstituée. Sa chute viendra lorsque ces atouts physiques ne suffiront plus, et qu’il lui faudra composer avec les services secrets.



Pas vraiment de scoops dans cette bonne reconstitution de l’histoire de cette espionne célèbre, mais qui fait fut surtout une mondaine cherchant continuellement à se placer.



Les dessins sont meilleurs que dans les premiers tomes de la série et le scénario explique bien l’enchaînement des faits. Du coup, le petit dossier final fait un peu doublon avec la BD.
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Sorcières, tome 2 : Hypathie

Dans cet album, on suit la vie d'Hypathie D'Alexandrie, mathématicienne et philosophe de l'antiquité.



C'est un personnage qui m’étais inconnu et j'ai apprécié la découvrir.



C'est une femme qui a su tenir tête a beaucoup d'homme et s'imposer. Malheureusement cela lui sera fatal. Les femmes instruites et de pouvoir faisaient peur a l’époque.



L'époque, justement, est très bien décrite et l'on est transporté. On y découvre les conflits et les complots qui régissent la société.



Coté dessins, je suis plus partagée. Je ne peux pas dire qu'ils soient ratés ou laids mais ils ne sont pas non plus très réussis a mon gout. Je pense qu'ils auraient pu être davantage travaillés et soignés. J'ai eu un sentiment de dessins fait parfois rapidement.



En tout cas c'est un tres bel album que je vous recommande pour découvrir la vie Hypathie.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Roxelane la joyeuse, tome 2

Dans la série les Reines de sang des éditions Delcourt, voici Roxelane, esclave chrétienne qui par sa beauté a conquis le sultan Soliman le Magnifique dans le premier tome. Elle donne naissance à un fils alors que Soliman assiège Rhodes. Dés lors elle n’est plus uniquement la favorite du moment au sein du harem, mais la potentielle mère du prochain sultan, si jamais le fils aîné de Soliman disparaissait. Mais ce fils est protégé par la validé sultane (la mère de Soliman) et par l’ami du sultan, Pargali Ibrahim, qui va renforcer son pouvoir en devenant vizir. Malgré ces puissantes oppositions, Roxelane manœuvre dans l’ombre, distille ses messages en partageant la couche du sultan, et cherche à quitter le statut d’esclave favorite pour devenir une femme libre. Les lois musulmanes vont l’aider à y parvenir.



Le contenu proprement historique de la BD est intéressant, mais est un peu gâché par des dessins incertains et le caractère constamment manœuvrier de Rolexane, mais sans doute est-ce ainsi que cette esclave a pu sortir de sa condition.
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Roxelane la joyeuse, tome 1

Roxelane est une esclave au harem de Soliman le magnifique. Sa seule ambition est de devenir une femme modèle pour gravir les échelons jusqu'à plaire au sultan lui même. Quitte à évincer toute ses rivales jusqu'à la favorite elle-même.



Encore une personnalité que je connaissais peu. On découvre une femme à la fois charmante, cultivée mais aussi ambitieuse et qui se donne les moyens d'atteindre son but.

Par moment l'histoire a un côté romance à la mode turque. Le côté noir de Roxelane n'est pas spécialement mis en avant dans ce premier tome.

J'ai été un peu déçue par le dessin qui, malgré des décors soignés, reste un peu disgracieux au niveau des visages des personnages. Et surtout toutes les femmes sont superposables, difficile de les reconnaître. Heureusement que notre héroïne est la seule rouquine du harem !
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Sorcières, tome 2 : Hypathie

Après un premier album prenant place dans l'Italie de la Renaissance (« Bianca »), voici le second tome de « Sorcières », la nouvelle collection de chez Dupuis parue en 2010. Chaque volume étant censé pouvoir se lire indépendamment des autres, on assiste avec « Hypatie » à un changement radical, tant au niveau de l'époque traitée que de l'équipe en charge de la réalisation de l'album. Autre modification de taille : cette fois nous n'avons plus à faire à une héroïne fictive mais à un personnage historique bel et bien réel, la fameuse Hypatie d'Alexandrie. Et quel personnage ! Fille de Théon, dernier directeur de la Bibliothèque d'Alexandrie avant sa destruction par les Chrétiens, très probablement elle-même directrice de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie, mathématicienne, philosophe... la jeune femme est un modèle d'érudition dans cette Égypte de la fin du IVe siècle de notre ère, et, pour cette raison, sera condamnée par l'évêque Cyrille à mourir lapidée.



L'époque comme le personnage sont fascinants, bien que peu aisés à traiter, et les concepteurs de l'album s'en sortent remarquablement bien. Les épisodes les plus célèbres de la vie d'Hypatie sont bien présents et l'ambiance particulière de cette Alexandrie de la fin de l'Antiquité, tiraillée entre paganisme et christianisme, est très bien rendue. Cet album n'est toutefois pas exempt de tout reproche, loin de là. Si le sujet est, certes, intéressant et plutôt bien traité, les graphismes sont ainsi assez décevants car trop simplistes. Il devient dès lors plus difficile d'accrocher à l'histoire, même si les couleurs sont, pour leur part, très bien utilisées. Je pointerais également du doigt un autre défaut, moins lié à cet album précis qu'à la collection elle-même à propos de laquelle on peut questionner la cohérence. En effet, si l'héroïne du premier tome pouvait bel et bien revendiquer le statut de « sorcière » de part ses pouvoirs surnaturels, il n'en est rien pour Hypatie, uniquement considérée comme telle par ses ennemis les plus véhéments. Quel est donc sa place ici?



Au final, un album au sujet original et passionnant mais malgré tout un peu décevant, notamment au niveau des graphismes. J'attends tout de même avec impatience les prochains volumes de la collection qui, espérons-le, seront davantage à la hauteur.
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Détective consultant britannique, je suis connu pour mon sens aigu de l'observation. J'acquiers la célébrité grâce à mon collègue et ami, le docteur Watson, qui aime relater mes exploits dans le Strand Magazine. Quand je n'enquête pas pour arrêter de redoutables criminels comme Moriarty ou le Colonel Sebastian Moran, j'aime jouer du violon ou écrire de « passionnantes » monographies sur les cendres de cigarettes. Je suis... (Indice : c'est presque moi !)

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