Virginie T.

« Il a été mon rayon de soleil dans les ténèbres, ma raison de me lever le matin, de me battre contre le destin qui a le chic pour me mettre des bâtons dans les roues, ma rédemption. »

« On est simplement un groupe de bikers qui ont la même passion, la même soif de liberté.  »

Je n'ai d'yeux que pour l'amour de ma vie, qui a mal boutonné sa chemise. Il a mis lundi avec mardi. Cela me fait sourire. Il est sans doute aussi stressé que moi, d'où l'erreur. Arrivée devant lui, je me penche en avant pour lui en faire la remarque et il blanchit légèrement. Sa réaction est bizarre. Je veux lui embrasser la joue pour le rassurer, car cela n'a aucune importance pour moi. Toutefois, je m'arrête avant d'avoir collé mes lèvres à sa peau. Pour le coup, c'est moi qui perds toute couleur. Je deviens carrément livide en regardant tour à tour Beth et Nick. Je dois être aussi blanche que ma robe. La honte qui transparaît sur le visage de ma demoiselle d'honneur confirme mes soupçons et ce qui devait être le plus beau jour de ma vie se transforme en horreur absolue. L'apogée de ma descente aux enfers a lieu aujourd'hui, devant des dizaines de personnes.

Mon attention est entièrement accaparée par la beauté qui vient de passer la porte. De longues jambes galbées, complètement découvertes par son short en jean me font presque sortir les yeux de la tête. Je passe ma main sur ma barbe pour vérifier que je ne suis pas en train de baver et ce n’est pas en relevant les yeux que mon état va s’arranger. Sa poitrine est compressée dans un tee-shirt col en V un brin sage qui laisse toute la place à l’imagination. Mon regard suit la courbe de son épaule, passe le cap de son cou gracile, et stoppe sur sa peau sans la moindre imperfection. Ses lèvres pulpeuses m’appellent et je me retrouve à l’étroit dans mon pantalon. Mon imagination me fait divaguer et une vision de cette bouche cerise sur mon membre me coupe le souffle.

Je suis complètement paumée, larguée, perdue, et tous les synonymes du même acabit. Pour reprendre depuis le début, moi qui déteste Noël, je suis en Laponie, pays d'origine du bonhomme rouge. Je dois y incarner la mère Noël auprès d'un père Noël bien trop séduisant pour mon salut. Et, pour finir, je possède évidemment les rennes du gentil monsieur, en plus d'une armée de chiens, alors que j'ai une peur bleue des bêtes à poil. Je crois que je n'ai rien oublié. Je tente de garder l'esprit ouvert, mais, là, c'est au-dessus de mes forces.

Depuis la naissance d’Océane, je ne suis plus aux yeux du monde qu’une maman, et les hommes ne font pas exception à la règle. Je suis encore jeune et j’ai longtemps aspiré à rencontrer quelqu’un qui me ferait vibrer, seulement la gent masculine ne voyait que les responsabilités qu’engendrait la paternité et partait donc en courant dès qu’il avait vent de l’existence de ma progéniture et, comme je ne suis pas du genre à fonder une relation sur un mensonge, autant dire qu’il n’avait pas le temps d’apprendre à me connaître.

Une nouvelle fois, je me retrouve blottie dans ses bras. Peut-être est-ce là ma place ? Ou peut-être ce pays ne me réussit-il pas. Je fais une allergie à la Laponie ?

Océane, ma charmante adolescente de quatorze ans, tout en sourire et en bonne humeur. Je plaisante, bien sûr ! Elle est comme toutes les ados de son âge : perpétuellement insatisfaite et en colère. Bref, un vrai rayon de soleil qui n’a pas levé le nez de son portable depuis que nous avons pris la route il y a dix heures, hormis pour les pauses pipi et notre repas du midi.

J'ai eu l'impression de trouver ma place. Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien. Dans ma tête, un tableau se construit petit à petit. La liste des « pour » côté Laponie s'allonge tandis que celle des « contres » se résume en un mot: peur. J'ai peur de me lancer dans une nouvelle aventure au risque de me planter une nouvelle fois.

« Tu oublies qui sont les membres de ma famille, Lia. Les liens du sang, c’est très surfait. Je choisis les liens du cœur.  »