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Citation de Laureaimelire


Un geste impulsif peut infléchir à jamais la trajectoire d’un vaisseau, et le cours d’un destin. Notre futur s’enracine dans notre passé : le plus sommaire aperçu de ma vie suffira à expliquer pourquoi je réagis de la sorte au mot “sauvage” et chus ainsi dans les rets de l’île. Il ne pouvait en être autrement.

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Trop souvent, c’est la lassitude de la chair qui obscurcit l’esprit.

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L’un des inconvénients majeurs de la vie civilisée est que toutes les portes y sont défendues de verrous et de loquets, et que les gens de bonnes moeurs se soumettent tous d’un commun accord à huit heures d’emprisonnement quotidien, durant lesquelles ils dorment sur leurs deux oreilles, sourds à la voix qui nous convie à flâner à travers champs “quand se tait le monde industrieux”, et à nous agenouiller sous le clair de lune qui tisse d’argent la brume sur la vallée. Il est plus aisé de rentrer lorsque l’on a pu humer un instant l’air de la liberté, à l’heure où l’âme s’éveille et déploie ses ailes.

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A se tourmenter pour des vétilles, l’on ferait du paradis lui-même un enfer. Il n’est que trop fréquent que nous gâchions, par notre ostentation, des sacrifices que nous sommes imposés et que nous contraignons nos amis les plus chers à partager les souffrances qu’ils ne nous ont jamais demandé d’endurer.

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Quel meilleur service rendre à un ami que de l’amener à marquer une pause et écouter le chant des alouettes ?

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Nous ne pouvons mesurer sans frémir notre part de responsabilité dans le comportement d’autrui. Si le spectacle d’une mauvaise action excite autrui à mal à faire à son tour, ce n’est pas là le pire. Quelle appréhension bien plus cruelle nous saisit, quand nous constatons les réactions vicieuses que nos initiatives les mieux intentionnées engendrent chez notre prochain ! On ne se mue pas en despote sans y avoir été passivement encouragé. Ce sont les gens débonnaires et pusillanimes qui sont fautifs. Je tends la joue gauche, car je veux la paix à tout prix. Mais cette mansuétude n’est tenable qu’auprès de ceux qui partagent nos principes. Pour les autres, elle n’est qu’une provocation à laquelle succombent tous les tyrans potentiels, pour leur perte. Chercher à amadouer autrui, afin de préserver notre tranquillité, baptiser notre mollesse “amour de la paix”, voilà l’erreur coupable que nous avons dû expier par une seconde guerre mondiale.

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Tout au long de notre vie, nous amassons des trésors, matériels et immatériels. Nous sommes d’abord séduits et comblés par nos acquisitions, que nous considérons comme un cadre de vie ou un investissement. Plus ils s’accumulent, plus nous croyons exprimer par leur truchement notre personnalité. Peu à peu, toutefois, nous nous en lassons et voilà que que perce en nous le désir de nous en séparer. Or on ne peut vider sa maison de tout ce qui l’encombre sans chasser de son esprit tout ce qui l’encombre également. Le temps nous enseigne qu’il est inutile de chercher à renforcer le soi, car c’est en l’oubliant que l’on progresse sur le chemin de la sérénité. L’on ne parvient à la paix que par le renoncement absolu à soi-même. Quiconque veut sauver sa vie doit d’abord la perdre.

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Or ce n’était pas, m’avisai-je soudain, de toutes mes attaches humaines que j’aspirais à être délivrée mais de la seule et ultime entrave à notre liberté humaine : mon individualité.
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